Né à Dijon en 1591, il est nommé architecte du roi en 1616, sous la régence de Marie de Médicis. Il a d'abord été «architecte ordinaire du roi et conducteur des desseins des fortifications de la province de Picardie». Ingénieur militaire, il a travaillé sous les ordres de Pierre de Conty d'Argencour.
Il est issu d'une famille d'épée et de robe et non d'une famille de maçons. En 1632, il épouse Marie Autissier, fille de Jean Autissier, entrepreneur maître maçon parisien et promoteur, en 1607, du lotissement de la rue Dauphine dans l'actuel VIe arrondissement de Paris. Jean Autissier a été l'entrepreneur chargé de la construction de l'hôtel de la Reine Marguerite de Valois le long du quai Malaquais. Il a aussi construit à Suresnes, au mont Valérien, la crypte de l'ermite Séraphin de la Noüe (ou crypte de la reine Margot), entre 1610 et 1615, à la demande de la reine Marguerite de Valois.
Non loin de là, rue Christine, les époux Le Muet sont propriétaires de deux maisons (actuels no2 et no6). Ils demeurent au no6 jusqu'en 1669, année du décès de Pierre Le Muet[2],[3].
Pierre Le Muet a également fourni les plans des hôtels particuliers suivants:
1639: hôtel Coquet (1639-1644), ultérieurement hôtel Desmarets, construit pour Jacques Coquet, trésorier de France, agrandi par Jacques Bruand en 1658-1661 puis transformé au XIXesiècle; rue Vivien, actuelle rue Vivienne (no18), Paris;
1643: trois petites maisons, connues aussi sous la désignation petit hôtel Tubeuf (1643-1644) construites pour Jacques Tubeuf, futur surintendant des finances, familier et prête-nom de Mazarin, lorsqu'il loua à ce dernier l'ancien hôtel Duret de Chevry, qu'il avait acquis en 1641; maisons détruites lors de la construction de la Bibliothèque impériale; rue Neuve-des-Petits-Champs, actuelle rue des Petits-Champs, Paris;
1644: hôtel d'Avaux (1644-1650), ultérieurement hôtel de Beauvilliers ou hôtel de Saint-Aignan, construit pour Claude de Mesme, comte d'Avaux, puis transformé pour Paul de Beauvilliers, duc de Saint-Aignan, qui l'acheta en 1688; no71 rue Saint-Avoye, actuelle rue du Temple, Paris;
1646: écuries et bibliothèque de l'ancien hôtel Duret de Chevy, cité ci-dessus, pour Jacques Tubeuf, rue Neuve des Petits-Champs, détruites;
1649: hôtel Tubeuf (1649-1655), ultérieurement hôtel Colbert de Torcy construit pour Jacques Tubeuf, rue Vivien, actuelle rue Vivienne (no16), Paris;
1650: Hôtel de Luynes, dit aussi hôtel de Chevreuse, construit pour Marie de Rohan-Montbazon, duchesse de Chevreuse. Cet hôtel, qui fut également habité par Louis Charles, duc de Luynes, fils du premier lit de la duchesse, a été détruit lors du percement du boulevard Saint-Germain. Il était situé à l'emplacement de l'actuelle rue de Luynes, à Paris;
1644-1647: hôtel de Comans d'Astry construit pour Thomas de Comans d'Astry, conseiller du roi, Quai de Béthune (no18), Paris; En contradiction avec Maurice Dumolin (1868-1935) qui avait avancé le nom de Louis Le Vau en se fondant sur la mention d'une dette de cet architecte envers la veuve de Thomas de Comans d'Astry[4], Anthony Blunt (1907-1983) attribua la conception de l'hôtel de Comans d'Astry à Pierre Le Muet, en raison de considérations d'ordre stylistique[5] et fut à son tour critiqué par Claude Mignot (né en 1943), universitairehistorien de l'architecture françaiseclassique (1540-1708)[6]. Plus récemment «un retour aux documents d'archives» a permis à Alexandre Cojannot (né en 1974), de conclure «qu'à partir de ces éléments, on peut avancer sans risque que Louis Le Vau a bien été l'architecte de l'hôtel d'Astry, au moins depuis le début de l'année 1645 et jusqu'à la fin du chantier[7].»
Claude-Xavier Girault, Manuel de l'étranger à Dijon: ou Essais historiques et biographiques sur la capitale de la Bourgogne et sur cette ancienne province, Dijon, V. Lagier, , 564p., in-duodecimo (OCLC25737850, BNF30512253, lire en ligne), p.515.
«Protections Patrimoines du VIe arrondissement de Paris», dans Règlement du PLU, t.II, annexe VI, Paris, s.d. (lire en ligne), p.163-432
«6 rue Christine: Maison du XVIIesiècle. Elle fut la propriété et la résidence jusqu'à son décès de l'architecte du roi Pierre Le Muet et de son épouse Marie Autissier, petite fille du maître-maçon Jean Autissier, promoteur du lotissement de la rue Dauphine en 1607. Elle présente une façade composée de deux travées et élevée de trois étages carrés conservant à rez-de-chaussée l'arcade d'une ancienne porte cochère. Appuis de fenêtre Louis XVI à rez-de-chaussée. Rue ouverte en 1607 en même temps que la rue Dauphine et la rue d'Anjou (de Nesle) sur les terrains de l'hôtel et collège de Saint-Denis.»
Anthony Blunt: Art et architecture en France (1500-1700), Ire ed., Londres, 1953, dernière éd. révisée par l'auteur, trad. M. Chatenet, Paris, 1984, p. 142 et p. 247 n. 13.
Alexandre Cojannot, L'hôtel d'Astry sur l'Île Saint-Louis: Le Vau et les paradoxes de la lecture de Palladio à Paris au XVIIesiècle. In: Bulletin Monumental, tome 69, n° 3, année 2011, pp.209-232» (en ligne).
Pierre Le Muet, Manière de bien bastir pour toutes sortes de personnes, augmentée et enrichie, en cette 2e édition, de plusieurs figures, de beaux bastiments & édifices, de l'invention & conduitte dudit sieur Le Muet, & autres, Paris, François Langlois, (lire en ligne)
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Bibliographie
Louis Hautecœur, Histoire de l'architecture classique en France, Paris, Picard, 1948-1967
Claude Mignot, Pierre le Muet, ingénieur et architecte du roi (1591-1669), Paris, Le Passage, , 256p. (ISBN978-2-84742-491-1), compte-rendu de Bertrand Jestaz, «Claude Mignot, Pierre Le Muet ingénieur et architecte du roi (1591-1669)», Bulletin monumental, t.182, no1, , p.90-91 (ISBN978-2-36919-205-3).