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entrepreneur français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Pierre-Édouard Stérin, né le à Évreux (Eure), est un entrepreneur, exilé fiscal et milliardaire français, catholique traditionaliste, proche de la droite et de l'extrême droite française.
Président TheFork | |
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- | |
Président-directeur général Smartbox | |
depuis |
Naissance | |
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Nom de naissance |
Pierre-Édouard Robert Raymond Marie-Joseph Stérin |
Nationalité | |
Domicile | |
Formation |
Université Paris-I-Panthéon-Sorbonne (- EM Lyon Business School (- Lycée Aristide-Briand d'Evreux (d) |
Activités | |
Père |
Claude Stérin (d) |
Organisation | |
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A travaillé pour | |
Propriétaire de |
Otium Capital (d) |
Idéologie | |
Membre de |
Emlyon alumni (d) |
Partenaires |
Il est le cofondateur et le principal actionnaire du groupe Smartbox, entreprise spécialisée dans la vente de coffrets cadeaux. À la suite de son premier investissement dans LaFourchette — devenue TheFork et qu'il a depuis revendue —, il crée son family office : Otium Capital. Il figure au capital de médias comme Neo et Le Crayon.
En 2024, son projet Périclès visant à financer le Rassemblement national pour favoriser une victoire électorale de l'extrême droite, est dévoilé.
Son père est expert comptable et sa mère travaille dans une banque[1]. Stérin est élève au lycée Aristide-Briand d'Evreux (d) (Eure) en section économique[2]. Après des études à la Sorbonne, il rentre à l'EM Lyon Business School[3] et en sort diplômé en [4].
Il a cinq enfants. Sa femme a fait l'école à la maison pour les deux aînés[5]. Il est catholique traditionaliste[6],[5].
En 2012, Stérin quitte la France avec sa famille pour un exil fiscal en Belgique, afin d'échapper aux impôts sur les plus-values : il se justifie en affirmant que la gestion privée est plus efficace que la gestion publique, et qu'il est plus utile de donner que payer des impôts[3],[7],[8].
En 1998, il débute dans la salle des marchés de la Société générale - un poste qu'il quitte au bout de six mois - où il vend des produits dérivés[9],[10]. Il travaille ensuite pour une courte durée comme analyste chez Exane, une société d'investissements financiers[9],[11], puis démissionne[12].
En 1999, il fonde avec deux amis la société de distribution de logiciels à domicile Black Orange[9],[13], qui devient leader en France[3]. Mais, en raison d'une mésentente[11], les associés cèdent l'affaire deux ans plus tard pour « trois fois rien », au moment où la bulle Internet éclate[3],[9],[14]. Entre 2001 et 2002, Stérin est à l’initiative d’une vingtaine de projets entrepreneuriaux qui se soldent par des échecs[15],[3],[16].
Notamment, il se rend aux États-Unis pour y observer les tendances du marché et rencontre à Boston un entrepreneur créateur qui propose un système d'épargne alimenté par des points de fidélité acquis en consommant. Pierre-Édouard Stérin tente d'en adapter une variante, approche plusieurs sociétés, mais n'obtient que des refus. Il tente ensuite de développer avec Philippe Denef, entrepreneur belge, un système de cartes de fidélité valable dans plusieurs enseignes, et démarche pour cela de grands groupes français, mais à nouveau sans succès[17].
En 2003, Stérin s'associe avec Philippe Deneef[11] pour lancer en France le concept de coffret cadeau créé par la société belge Weekendesk, dont ils lancent la franchise française[18],[15]. En 2004, dès les premières ventes de coffrets cadeau, l'administration française tente de les interdire, au motif qu'une telle activité nécessite une licence d'agent de voyages, que Pierre-édouard Stérin n'a pas[12],[19]. Il est mis en examen[20]. La préfecture police intervient par téléphone pour dissuader les magasins. Les ventes des coffrets retombent à zéro[12]. Il écrit au président Jacques Chirac et au ministre Nicolas Sarkozy[12]. Après 18 mois de procédure pénale[20], il est relaxé[12],[19].
À partir de 2006, sa société s'implante à l'étranger, en Europe, aux États-Unis et au Canada[18]. En 2007, il rachète les parts de ses associés[11]. Il rachète également la maison mère belge avec l'aide de la société Naxicap[11],[15]. Il rebaptise sa société Smart&Co et crée la marque Smartbox[21].
En 2013, il quitte la direction de Smart&Co mais en reste actionnaire[3]. L'année suivante, le fonds d'investissement Naxicap lui cède sa participation ainsi qu'aux dirigeants de Smart&Co[22]. Il délocalise en Irlande le siège de l'entreprise[23].[Quand ?] Selon un journaliste de L'Express, c'est « un patron aussi intelligent que tranchant » qui « ne s'embarrasse pas de morale chrétienne » quand il s'agit de licenciement[24].
En 2008, il investit une partie des dividendes issus de la Smartbox dans la start-up LaFourchette, service en ligne de réservation de restaurants pour les particuliers[15],[25]. Alors en difficulté, les dirigeants sont accompagnés par Stérin et ses équipes dans la transformation de la société. En quatre ans, le nombre de réservations quotidiennes serait passé de 20 à plus de 20 000, à travers un réseau de plus de 12 000 restaurants partenaires en Europe. En 2014, Tripadvisor rachète LaFourchette pour un montant estimé à 110 millions d'euros. Le bénéfice de cette vente rapporte à Stérin 58 millions d'euros, qu'il réinvestit immédiatement[3],[26].
En 2009, il lance la société d'investissement Smart Co Ventures, entièrement alimentée par ses propres fonds, les bénéfices réalisés dans le groupe Smartbox[27],[3]. Smart & Co Ventures œuvre dans le domaine des start-up du secteur de la distribution de loisirs, investissant 25 millions d'euros dans sept sociétés, dont cinq spécialisées dans la réservation en ligne. Fin 2011, Smart & Co Ventures devient Otium Capital (du latin otium, signifiant « loisir » en français) afin d'affirmer l'indépendance opérationnelle du fonds d'investissement vis-à-vis de la société Smart&Co[27]. Les Échos qualifient Otium Capital de « family office » de Stérin[28]. En 2018, Stérin possède, via Otium Capital, des participations dans une trentaine de sociétés, pour un montant total de 200 millions d'euros investis. La revente en 2014 de LaFourchette a permis de récupérer huit fois la mise de départ. Il s'agit, en 2018, de la seule revente positive[15],[29].
En 2020, avec les fondateurs de BirchBox France, il rachète Birchbox France, filiale française du groupe américain BirchBox qui commercialise des coffrets cosmétiques en ligne[30], et finance la startup Tekyn (production de vêtements à la demande en circuit court)[31],[32].
Fin 2022, Otium Capital lance le fonds Resonance, dédié à des investissements dans le secteur de la French Tech[33],[28]. Le choix des projets financés par Resonance est supervisé par Stérin, et les bénéfices sont soit réinvestis soit reversés au Fonds du bien commun[34]. Le fonds Resonance a été doté de 150 millions d'euros à sa création, sans date prédéterminée pour sa clôture[35]. Plusieurs start-up à succès ont reçu des fonds d'Otium : TheFork, Payfit, Owkin, Doctrine, Dentelia, Polène, Jimmy[36],[37].
En 2024, Otium Capital recourt aux services d'Anne Méaux qui mène un lobbying pour faire progresser les causes soutenues par le Fonds du bien commun du milliardaire conservateur[38].
Stérin finance le média en ligne Neo[6], et à partir de 2023 un média en ligne de l’extrême droite, Factuel[39], puis entre au capital du « Crayon », une chaîne YouTube de débats[40]. Il finance aussi l’Institut libre du journalisme, tenu par deux journalistes de Radio Notre-Dame et qui accueille notamment Geoffroy Lejeune, journaliste d'extrême droite de Valeurs actuelles[40],[41]. L'Institut libre du journalisme est abrité à l’Institut de formation politique, que Le Monde décrit comme « une pépinière parisienne de la droite catholique et identitaire, [qui] forme une jeunesse de conviction conservatrice pour réinvestir le champ journalistique »[40]. D'après Mediapart, la Nuit du bien commun a financé l'Institut libre du journalisme à hauteur de 33 000 euros en 2017 puis 61 000 euros en 2020[41].
En 2023, Pierre-Édouard Stérin est candidat au rachat d’Editis un groupe d'édition français. Mais finalement c'est Daniel Kretinsky qui s'en porte acquéreur [42],[24].
En février 2024, il rachète le groupe Marmeladz, une agence d'influenceurs web[43]. En mai 2024, il se porte acquéreur du magazine Marianne, avec laquelle, selon Le Monde, il partage la ligne « antiwokiste » et anti-Macron[40]. À la suite de la mise en avant des liens entre Stérin et le Rassemblement national, la rédaction de Marianne s'oppose à l’unanimité à ce rachat[44]. En juillet, Daniel Kretinsky met fin aux négociations avec Pierre-Edouard Stérin pour la vente de l’hebdomadaire[45].
Stérin envisage, à partir de 2024, la constitution d'un réseau de plus de 300 librairies « multi-activités rentables en proposant une vaste offre culturelle et commerciale en centre-ville ou dans des zones de rencontre », il y serait organisé « 5 000 événements culturels locaux » [42].
Challenges estime sa fortune à 100 millions d'euros en 2017, puis 800 millions d'euros de 2018 à 2020. En 2022, elle est d'un milliard d'euros, faisant de Stérin le 113e Français le plus fortuné[9]. En 2024, elle est estimée à 1,2 milliard d’euros[46].
À partir de 2017, Stérin est plusieurs fois 1er business angel de France devant Xavier Niel aux classements AngelSquare-Challenges : en 2017 avec 70 millions d'euros investis dans 30 participations[47], en 2019 avec 42 millions d'euros investis dans 24 projets[48], en 2020, avec 80 millions d'euros investis dans 20 participations[49],[50] et en 2022, avec 155 millions d'euros investis dans 30 startups[51].
En 2017, il cofonde la Nuit du Bien Commun, un fonds de dotation à visée sociale et humanitaire et à but non lucratif. Le fonds a pour objectif de collecter des financements auprès d'entreprises et particuliers et de les reverser à des associations d'intérêt général[9],[52],[53],[54].
Médiapart révèle que la Nuit du Bien commun finance des structures idéologiquement très homogènes, parmi lesquelles figurent des établissements privés hors contrat du réseau Espérance banlieues visés par des accusations de violences volontaires sur mineurs et de racisme, la chaîne YouTube « Je révise avec toi » qui enseigne l'histoire avec une vision politique de droite[4], ou encore l’application « Canto » accusée de diffuser des chants militaires fascistes espagnols ainsi que de l'Allemagne nazie[41],[55].
L'Express estime que certaines associations financées sont identitaires ou anti-avortement[24].
Stérin se dit peu attaché aux biens matériels[15],[56]. Il signe en 2018 l'appel « Changer par le don » qui incite les « Français aisés à donner au moins 10 % de leurs revenus annuels ou de leur patrimoine à des fins philanthropiques »[note 1],[57]. La même année, il commence à préparer sa reconversion vers le domaine caritatif en rendant son patrimoine plus liquide, afin de pouvoir le céder en 2021, année de ses 50 ans[15].
Fin 2021, Stérin crée le « Fonds du bien commun », auquel il annonce qu'il donnera sa fortune en déshéritant ses enfants[40],[58],[56],[59]. Les organisations soutenues par le Fonds du Bien commun comptent l’association Talents et foi, l'association SOS Calvaires qui restaure des calvaires, le réseau associatif Familya qui se donne pour mission de « prévenir les ruptures conjugales »[41], l'association Lazare, l'enseigne Café Joyeux, et le programme "Je Bouge pour mon moral" qui lutte contre la dépression[60]. Pour Mediapart , Stérin est un bailleur de fonds antigenre dont on peut « questionner le bien commun »[41] et qui finance des organisations « dispensant la bonne parole »[61]. Mediapart note que le soutien à ces organisations permet au Fonds du bien commun de bénéficier d'une déduction fiscale alors que Stérin est un exilé fiscal[41].
Stérin se revendique libertarien, défavorable à toute intervention de l’État dans l’économie[14]. L'Express et Le Monde le décrivent comme conservateur social, anti-avortement, proche de La Manif pour tous, favorable à ce que son épouse reste à la maison[24],[40] et adepte de la théorie du complot raciste du grand remplacement[62]. Stérin finance le site Maman vogue qui suggère aux femmes de s'abstenir de tout recours à l'interruption volontaire de grossesse (IVG)[61]. Selon Mediapart, la « charte RH du Bien commun » prône « une politique chrétienne, antiprogressiste », l'adoption d'un calendrier rythmé par les fêtes du calendrier liturgique chrétien, la prohibition de l’écriture inclusive[61]. Aussi, d'après Mediapart Stérin suit l'exemple de Vincent Bolloré, et « utilise sa fortune pour évangéliser la France »[61].
Depuis 2015, il souhaite investir une partie de sa fortune sur une personnalité politique et mène dans ce but ce qu'il nomme un « tour du marché politique ». Il rencontre diverses personnalités, essentiellement de droite et d'extrême droite telles que Marion Maréchal, François-Xavier Bellamy, Bruno Retailleau, Virginie Calmels, David Lisnard et Éric Zemmour. Selon L'Express, à l'issue de ces entretiens, il leur aurait attribué une note, mais a toujours été déçu[24]. Il organise par ailleurs régulièrement des « apéros du bien commun » réunissant grands patrons, acteurs du monde associatif catholique et responsables politiques de droite et d’extrême droite[24],[40].
En 2021, pendant la campagne pour l'élection présidentielle française de 2022, la presse le présente comme sympathisant d'Éric Zemmour[63],[64]. Paris Match le décrit comme « appréciant les envolées traditionalistes du journaliste », et Stérin aurait « approuvé » l'engagement de Zemmour dans la course présidentielle[65]. Mais Stérin dément tout soutien ou contribution à la campagne d’Éric Zemmour et à son parti politique[63],[64],[1]. Il affirme avoir rencontré Éric Zemmour « comme une vingtaine d’hommes et de femmes politiques du centre et de droite au cours de ces dernières années », mais aussi « des responsables de gauche patriotes » avec lesquels il partage nombre de valeurs[1],[64]. Il rencontre plusieurs fois Éric Zemmour, mais s'en éloigne lorsque la campagne commence, étant en particulier méfiant au sujet de la place accordée à sa compagne et conseillère, Sarah Knafo : « Un homme qui choisit mal sa femme choisira mal ses ministres. Et celui qui la trompe, trompera aussi les Français »[24]. En 2022, il approche Arnaud Montebourg et Bernard Cazeneuve sur le thème de la souveraineté industrielle[5].
D'après Le Monde et Challenges, Stérin joue un rôle influent au sein du Rassemblement national (RN). En 2024, il facilite la vente de la propriété de la famille Le Pen à Rueil-Malmaison pour 2,5 millions d'euros en finançant son achat par François Durvye, numéro deux d'Otium Capital. Celui-ci serait également le conseiller économique de Marine Le Pen[66],[62],[67] et assiste Jean-Philippe Tanguy dans la rédaction du programme des élections légistlatives[68]. En outre, plusieurs candidats de l'alliance menée par le RN et le président contesté des Républicains Éric Ciotti lors des élections législatives de 2024, notamment Typhanie Degois ou Vincent Trébuchet - employé de la « start-up studio » de la Fondation du bien commun -, sont plus ou moins des « proches »[69] de Stérin[62].
Avec son projet Périclès[note 2], dévoilé le 19 juillet 2024 par le quotidien L'Humanité[70], Pierre-Édouard Stérin a pour objectif de mettre au pouvoir en France ce qu'il présente comme une alliance de l’extrême droite et de la droite libérale conservatrice. Le projet est de « permettre la victoire idéologique, électorale et politique » de l’extrême droite tout en combattant « socialisme, wokisme, islamisme, immigration » ou la « laïcité agressive ». La stratégie de l'équipe de Pierre-Edouard Stérin est d'imposer ses thèmes à travers les médias, médias sociaux et la « production intellectuelle ». En 2024, elle prévoit des « baromètres » sur l'« islam et insécurité », l'« immigration » et l'« extrême gauche », en partenariat avec des médias pour relayer « massivement ces résultats pour toucher toute la population française »[71]. Une enveloppe totale de 3,5 millions d’euros ont déjà été engagés, avec comme priorités le « wokisme » (35 % du montant total alloué), l'immigration (30 %), le socialisme (12 %), la culture et morale chrétienne (10 %) et l'islamisme (8 %)[70].
Un financement à hauteur de 150 millions d'euros sur dix ans est programmé à cet effet et été financé indépendamment du Fonds du bien commun. S'il bénéficie en priorité au Rassemblement National, il prévoit également de former et soutenir des candidats indépendants pour remporter les élections municipales françaises de 2026, dans une stratégie d'action beaucoup plus large qui prévoit d'agir « à tous les niveaux de la société – juridique, médiatique, politique et administratif »[72],[73],[74],[75].
Le 27 juin 2024, les négociations exclusives pour la vente du magazine Marianne détenu par le groupe CMI à Pierre-Edouard Stérin est suspendue[44]. En raison, une grève des journalistes, qui ont validé à 80% des votants l’idée d’une grève reconductible pour empêcher cette cession, afin de garantir l'indépendance du magazine et malgré des garanties sur le choix du directeur de rédaction. « On veut l’arrêt total de la vente », expliquait une journaliste sous le couvert de l’anonymat, quelques minutes après le vote de la grève [76].
Le 28 août 2024, la Fondation Roi Baudouin a suspendu son soutien au fonds de Pierre-Edouard Stérin[77], en opposition aux « valeurs réactionnaires » de ce dernier[78].
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