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courant du christianisme social De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Le personnalisme, ou personnalisme communautaire, est un courant d'idées spiritualiste. Le personnalisme est une position intellectuelle qui met l'accent sur l'importance des personnes humaines. Le personnalisme existe dans de nombreuses versions différentes, ce qui le rend quelque peu difficile à définir comme un mouvement philosophique et théologique[1]. Friedrich Schleiermacher a utilisé pour la première fois le terme personnalisme (allemand : Personalismus) dans la presse en 1799. Le personnalisme considère l'homme comme un être relationnel, essentiellement social et communautaire, un être libre, transcendant et avec une valeur en soi qui l'empêche de devenir un objet en tant que tel ; un être moral, capable d'aimer, d'agir selon une mise à jour de ses pouvoirs et enfin de se définir en considérant toujours la nature qui le détermine.
Ce courant philosophique se développe surtout en France vers 1930 et s'impose comme une vision réaliste de l'homme en contraste et comme une alternative à la fois aux individualismes et aux totalitarismes qui s'installent à cette époque.
Le personnalisme en tant que courant de pensée se déroule dans un environnement entouré de diverses idéologies égales de la situation politique[pas clair] que traversait le monde au cours de la première moitié du xxe siècle .
Le scientisme et le positivisme faisaient partie de ce contexte et étaient deux des idéologies qui avaient le plus de répercussions sur la pensée et l'action humaines à l'époque. La cause de la popularité de ce nouveau matérialisme intellectuel réside dans le succès remporté par la science expérimentale.
La méthode scientifique était considérée comme la seule méthode de connaissance valable et les seules dimensions qui existaient réellement étaient les dimensions physiques et matérielles puisqu'elles pouvaient être contrôlées par cette méthode. De cette façon, les dimensions transcendantes de la personne ont été rejetées.
Le capitalisme, pour sa part, proclame la liberté de l'individu et son droit à la propriété privée mais sans établir de mécanismes de solidarité entre les sujets, considérés avant tout comme des individus séparés, d'où le remplacement des solidarités par une approche contractuelle des relations garantie par le droit. L'individualisme capitaliste est un produit du libéralisme - autant philosophique qu'économique - des Lumières, et aboutit à ce que les individus ne doivent compter, in fine que sur leurs propres forces et ressources.
En réponse au capitalisme, le marxisme oppose une analyse sociale et économique de la modernité et des relations sociales, où se dégage une lutte des classes entre bourgeoisie, propriétaire des moyens de production, et prolétariat, forcé de vendre sa force de travail. Le marxisme étudie les origines et conséquences du rapport d'exploitation et d'aliénation de la bourgeoisie sur le prolétariat en en dégageant les mécanismes de la création de plus-value, de fétichisation de la marchandise, entre autres concepts clés. Il conclue surtout à la nécessité de renverser ce rapport social de domination. Ses idées seront diversement employées par les différentes tendances du socialisme, allant du communisme autoritaire, au communisme libertaire ou anarchisme.
Parallèlement au marxisme, deux mouvements totalitaires sont apparus avec une conception très particulière de la personne. Le nazisme, est une forme du fascisme et prône la suprématie de la race aryenne sur toutes les autres. Il est une forme mystique - mais athée - et spécifiquement raciste du fascisme qui contient déjà ces mêmes éléments de primat de l’État sur les individus et le peuple, qu'il est censé incarner, l'identification du peuple à son chef, auquel il est impératif d'obéir. Et, au travers du chef et de l’État, c'est à une terre et une nation sublimée que le fascisme invite à se plier. C'est bien d'un totalitarisme qu'il s'agit[réf. souhaitée].
Face aux courants de pensée qui subordonnaient l'homme à une entité supérieure et réduisaient sa nature à des dimensions spécifiques qui ne couvraient pas tout ce qu'implique être une personne, le besoin se fait sentir d'une réponse qui le revalorise et défende sa véritable identité.
Cette réponse doit être contextualisée dans la réalité du monde d'aujourd'hui et doit être un moyen de faciliter les propositions d'action sur les problèmes de l'homme. La mise en lumière de la notion de personne, de l'expérience de son être, de la rencontre avec les autres, de sa transcendance, de sa subjectivité et de sa liberté constituait une tâche de la plus haute importance et assiduité que le personnalisme a cherché à mener à bien[non neutre].
Le terme personnalisme a été inventé par un pasteur réformé, Albin Mazel, dans le cadre d'une étude intitulée « Solidarisme, individualisme et socialisme »[2]. Le terme a été repris ensuite par Charles Renouvier dans une optique kantienne en 1903[3]. Emmanuel Kant pourrait donc passer pour le vrai fondateur du personnalisme. En effet, Kant, en mettant le sujet au centre de l'expérience en général, et de l'expérience morale en particulier, met en pleine lumière la personne capable d'être à elle-même sa propre fin. La philosophie personnaliste doit aussi beaucoup à Nicolas Berdiaev, philosophe orthodoxe russe arrivé à Paris en 1924 avec lequel Emmanuel Mounier collabore dès les premiers numéro d’Esprit. Mounier lui emprunte le concept de personnalisme communautaire et son insistance sur la liberté et la créativité comme fondement de la personne, comme fondement de la spiritualité. Le philosophie Günther Anders estime quant à lui que le personnalisme est un néologisme forgé par son père William Stern en 1903 ou 1904[4]. Il confirme qu'il s'agissait d'une référence explicite à Kant. Günther Anders sut directement de Max Scheler que ce dernier s'appropria la notion avant que Mounier la lui récupère (« C’est Mounier lui-même qui me l’a raconté sur le Boul’Mich, début 1933, peu après que j’ai réussi à fuir l’Allemagne[4]. »)
En France, Emmanuel Mounier fonde autour de la revue Esprit un mouvement recherchant une troisième voie humaniste entre le capitalisme libéral et les fascismes. Le personnalisme « post-Mounier » est une philosophie éthique dont la valeur fondamentale est le respect de la personne. Le principe moral fondamental du personnalisme peut se formuler ainsi : « Une action est bonne dans la mesure où elle respecte la personne humaine et contribue à son épanouissement ; dans le cas contraire, elle est mauvaise »[5]. Le personnalisme post-mounier perd sa dimension spirituelle et privilégie la dimension éthique.
Il a une influence importante sur les milieux intellectuels et politiques français des années 1930 aux années 1950. Il influence, entre autres, les milieux de l'éducation populaire et plus tard de l'éducation spécialisée[6], et les libéraux-chrétiens notamment conservateurs dont Chantal Delsol.
À partir des années 1930, le personnalisme devient un mouvement intellectuel de réaction à la crise économique profonde de cette décennie, que la jeunesse intellectuelle française perçoit comme une crise de civilisation plutôt que comme une crise essentiellement économique. Cette crise, ces jeunes la caractérisent en opposant l'« individu » et la « personne », opposition empruntée d'ailleurs à Charles Péguy, pour manifester leur refus de l'ordre établi exacerbé par la crise économique mondiale qui sévit. Daniel-Rops écrit à ce propos :
L'individu, c'est ce qui, en bout de piste, apparaît comme le rejeton des tendances aliénantes du monde moderne. C'est celui qui sacrifie sa dimension spirituelle et son potentiel d'énergies créatrices et de liberté, au profit d'un idéal petit-bourgeois qui ne vise qu'au bien-être. Pour Emmanuel Mounier : « l'individu, c'est la dissolution de la personne dans la matière. […] Dispersion, avarice, voilà les deux marques de l'individualité ». Aussi, la personne ne peut croître « qu'en se purifiant de l'individu qui est en elle »[8].
Autant la notion d'individu veut exprimer la faillite de la société occidentale que met en relief la crise économique des années 1930, autant celle de personne renferme « comme une absence, un besoin, une tâche et une tension continuellement créatrice »[9]. Contre le gigantisme des mécanismes sociaux, politiques et économiques qui président aux destinées des hommes ; contre l'idéalisme et le rationalisme abstraits qui détachent l'homme de la nature et de ses communautés immédiates, tous les mouvements de la jeunesse française se rejoignent en une même aspiration : celle de renouer avec ce qu'ils appellent l'homme « concret » pour en faire un être responsable, c'est-à-dire capable « de réponse »[10].
Cette opposition entre individu et personne, assez répandue au début des années 1930, est donc à la fois un jugement sur la situation et un projet pour la modifier. Ce projet pourrait se formuler de la manière suivante. Le bourgeois, cet être incapable d'élévation spirituelle a, par ses visées égoïstes, inversé l'ordre des valeurs mettant ainsi en péril les possibilités d'épanouissement de la personne et de la civilisation occidentale. Pour mettre un terme à la crise de notre civilisation, la transformation des structures sociales et économiques doit inévitablement s'accompagner d'une révolution spirituelle. Dès 1927, Jacques Maritain soutient cette Primauté du spirituel. À sa suite, des revues comme la Jeune Droite, l'Ordre Nouveau et Esprit reprennent cette exigence. Ainsi, en , l'un des premiers manifestes de l'Ordre Nouveau lance ce slogan promis à un succès durable : « Spirituel d'abord, économique, ensuite, politique à leur service ». Emmanuel Mounier écrit quelque temps plus tard : « Le spirituel commande le politique et l'économique. L'esprit doit garder l'initiative et la maîtrise de ses buts, qui vont à l'homme par-dessus l'homme, et non au bien-être »[11].
Selon ces jeunes intellectuels français, redonner la « primauté à la personne », c'est retrouver la voie de la vraie hiérarchie des valeurs ; c'est réunir ce que le monde moderne a eu tendance à séparer. Cette volonté est surtout le souci de la revue Esprit et, dans une moindre mesure, celui de l'Ordre nouveau, revues qui possèdent quelques collaborateurs communs. Toutefois, puisqu'il n'est personne pour croire que cette nouvelle civilisation s'édifiera seulement à coup d'idéal, on a aussi pensé à organiser ce qui relève du matériel sur une base concrète qui puisse permettre d'atteindre la réalisation de cet objectif. Il faut savoir que pour cette génération, Proudhon sera, en ce qui a trait à l'organisation de la dimension matérielle, ce que Charles Péguy représenta pour la dimension spirituelle. Esprit, qui est avant tout Emmanuel Mounier, approfondit surtout la réalité de la personne alors que l'Ordre Nouveau s'attache plutôt, en s'inspirant plus directement de Proudhon, à définir le cadre organisationnel qui va permettre à l'humanité nouvelle d'émerger.
Le personnalisme se constitue en France dans les années 1930-1934 avec l'apparition d'une nébuleuse de groupes et de revues que l'historiographie du XXe siècle rassemble sous le terme de non-conformistes des années 30, en se référant à l'ouvrage éponyme de Jean-Louis Loubet del Bayle.
Au sein de cette mouvance, animée par de jeunes intellectuels qui ont la volonté de situer leur « engagement » en marge des mouvements d'idées établis, on peut distinguer trois courants :
Face à ce qu'ils perçoivent comme une « crise de civilisation », ces jeunes intellectuels présentent, malgré certaines divergences, un « front commun » :
Après 1934, face aux événements, les itinéraires de ces intellectuels divergent. Pourtant leur influence ultérieure n'est pas négligeable, même si elle se manifeste de manière quelque peu diffuse. Sur la lancée des débats intellectuels de l'avant-guerre, les hommes et les idées des années 1930 apparaissent dans les années 1940 :
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