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historien, érudit, scientifique et patriote vénitien De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Pietro Paolo Sarpi, dit Fra Paolo, né le à Venise, mort le à Venise, est un historien, érudit, scientifique et patriote vénitien. Il est notamment l'auteur d'une histoire du concile de Trente.
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Paolo Sarpi est né Pietro Sarpi à Venise, fils de Francesco di Pietro Sarpi, marchand d'origine frioulane, et d'Isabella Morelli. Il perdit son père quand il était enfant et fut accueilli chez son oncle maternel, un prêtre qui fit son éducation. En 1566, il entra dans le monastère vénitien des Servites de Marie, contre la volonté de son oncle qui voulait en faire un prêtre. Envoyé en 1567 à Mantoue pour participer au chapitre général de son ordre, il est nommé théologien du duc de Mantoue Guglielmo Gonzague, alors que l'évêque de la ville le recrute comme professeur de théologie. Il se rend à Milan en 1574 auprès de l'archevêque Charles Borromée, puis retourne en 1575 à Venise, dans le couvent de son ordre. Docteur en théologie de l'université de Padoue en 1578, il devient prieur de la province vénitienne des Servites en 1579, puis procureur général de son ordre en 1585. Il réside alors à Rome (1585-1589), avant de retourner à Venise à la fin de son mandat.
À partir de 1606, il se porta défenseur de Venise dans ses démêlés avec le pape Paul V. La République entendait en effet soumettre le clergé au contrôle de la République. Ainsi, le , le Sénat vénitien interdit-il la fondation d'hôpitaux religieux, de monastères, d'églises et autres lieux de cultes sans l'autorisation de la Seigneurie. Le , il interdit l'aliénation de biens possédés par des laïcs à des ecclésiastiques et limite les compétences des tribunaux ecclésiastiques. Le , le pape exige l'abrogation des deux lois. Nommé théologien de la République par le doge Leonardo Donà le , Sarpi s'emploie à défendre la position de Venise par de nombreux écrits. Le pape Paul V frappe alors la république d'un interdit qui restera connu sous le nom d'Interdit vénitien, le . Les Jésuites, ainsi que les Capucins et les Théatins, sont expulsés de Venise le .
Sarpi dut affronter l'excommunication pendant le conflit. À l'université de Padoue, il rencontra Galileo Galilei, qui devint son ami. L'interdit ne fut levé que le 21 avril 1607.
Ayant été, en 1607, blessé par des assassins au Ponte Santa Fosca, il fut traité aux frais de l'État.
En 1619, est publié à Londres son chef-d'œuvre littéraire l'Istoria del Concilio Tridentino (Histoire du Concile de Trente). Ce livre paraît sous le nom de Pietro Soave Polano, une anagramme de Paolo Sarpi Veneto. Modifié par Marco Antonio de Dominis, son manuscrit n'est pas trahi par ces modifications. Il est presque aussitôt traduit dans d'autres langues, en anglais par Nathaniel Brent grâce aux efforts de ses amis Daniel Nijs et Dudley Carleton[1], en latin (1620) par Adam Newton, puis en français et en allemand.
C'est une histoire non officielle, et de fait Sarpi a été grandement utilisé par les protestants ; John Milton l'appelait le grand démasqueur.
Pour autant, Sarpi n'a jamais endossé sa paternité. Fut-ce sur les instances de Louis II de Bourbon, prince de Condé.
En 1613, le Sénat vénitien demande à Sarpi d'écrire l'histoire de l'Inquisition vénitienne. Sarpi y révèle que le tribunal, mis en place en 1289, est une institution de l'État vénitien, auquel le Pape de l'époque, Nicolas IV, a simplement apporté sa caution. En 1615, l'Inquisition recommande l'interdiction du livre de Sarpi.
Parallèlement, une histoire posthume de l'interdit, due à Sarpi, et imprimé à Venise l'année après sa mort, mais faussement enregistrée à Lyon, est mise à l'index dès 1611 par l'inquisition.
Des collections de lettres de Sarpi ont été publiées sous le titre : « Lettere Italiane di Fra Sarpi » (à Genève, 1673) ; « Scelte Lettere inédite de P. Sarpi » (à Capolago, en 1833) ; « Lettere di raccolte Sarpi » (à Florence, en 1863) et enfin « Lettere inedite di Sarpi » (à Venise, en 1892). En Allemagne, sous le titre « Paolo Sarpi. Briefe Neue, 1608-1610 » (à Leipzig en 1909). Enfin, une édition moderne (de 1961) « Lettere intérim Gallicane » de sa correspondance avec les français montre qu'il était en rapport étroit avec les juristes : Jacques-Auguste de Thou, Jacques Leschassier, Jacques Gillot. Sarpi fut également en correspondance avec William Cavendish, la traduction anglaise étant réalisée par Thomas Hobbes[2].
Sarpi se montre influencé par Michel de Montaigne et Pierre Charron. Aspirant à la tolérance du culte protestant à Venise, et espérant une séparation de la république avec Rome, Sarpi doit comparaître par trois fois devant l'Inquisition (1575, 1594, et 1607). Sarpi souhaite la mise en place d'une église vénitienne libre. Il n'aime pas dire la messe, et la célèbre le moins possible. Patriote avant tout, il préféra néanmoins demeurer fidèle au catholicisme et ne devint ni anglican, ni luthérien, ni calviniste. Selon l'avis de Pierre Le Courayer, "Sarpi était globalement Catholique et protestant dans les détails".
Sarpi fut également respecté par la communauté scientifique de son époque. Il a introduit en Italie l'Algèbre Nouvelle de François Viète, que lui a vraisemblablement fait connaître Marino Ghetaldi[3]. Il appréciait l'œuvre du grand mathématicien français. Et sa propre compétence en mathématiques est reconnue à l'époque par Anderson et Jacques Aleaume, qui lui soumettent leurs publications pour avis. En métaphysique, dans un traité aujourd'hui perdu, Sarpi aurait anticipé les idées de John Locke. On lui prête également d'avoir découvert la circulation du sang avant Walter Warner et William Harvey mais cette prétention ne repose sur aucune autorité. La seule découverte qui peut lui être attribuée en toute sécurité est celle de la contractilité du diaphragme.
La vie de Sarpi a été écrite par son disciple, Fulgenzio Micanzio, dont le travail est pauvre et dépourvu d'esprit critique. Au XIXe siècle, paraissent de nombreuses biographies, d'Arabella Georgina Campbell (1869), de Pietro Balan, Fra Paolo Sarpi (Venise, 1887) et Pascolato, Fra Paolo Sarpi (Milan, 1893). En 1983, David Wootton le présente dans Paolo Sarpi : Entre Renaissance et Lumières (Cambridge) sous les traits d'un athée philosophique.
Ses œuvres complètes ont été publiées à Naples, 1790, 24 v, in-8. Elles sont à l'index à Rome.
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