Norma est un opéra en deux actes de Vincenzo Bellini, sur un livret de Felice Romani, d'après la tragédie d'Alexandre SoumetNorma ou l'Infanticide. L'opéra fut créé le à la Scala de Milan sous la direction du compositeur avec Giuditta Pasta dans le rôle de Norma[1] et Giulia Grisi dans celui de Adalgisa. Le rôle-titre était trop élevé pour Pasta et la première fut un échec. Après transposition d'un demi-ton, la quatrième représentation fut un triomphe[2].
Norma est à la fois orgueilleuse, passionnée, vindicative et la difficulté du rôle est de faire ressortir ces sentiments en plus de l'épreuve vocale car le rôle de Norma passe pour être vocalement difficile.
L'action se déroule en Gaule, lors du soulèvement du peuple gaulois mené par Oroveso, chef des druides et père de Norma. Elle est centrée sur le triangle amoureux formé par Pollione (proconsul romain de Gaule), Norma (grande prêtresse et son ancienne —et secrète— compagne), et la jeune prêtresse Adalgisa.
Norma, qui a rompu ses vœux de chasteté druidique et eu deux enfants de Pollione, découvre que celui-ci est maintenant amoureux de son amie Adalgisa. Elle tente de le convaincre de renoncer à Adalgisa, mais il refuse. Norma avoue alors publiquement sa faute: elle est condamnée à la mort par le feu. Pollione est condamné pour avoir poursuivi Adalgisa dans le temple et monte au bûcher avec Norma.
Le rôle de Norma requiert de la part de son interprète la technique la plus accomplie: le célèbre aria Casta Diva (cavatine), invocation mystique à la lune, est une leçon belcantiste: longueur du souffle, précision des vocalises jusqu'au contre-ut, par trois fois. De même pour le bouleversant arioso qui ouvre le second acte. Si les graves de Norma sont abondamment sollicités dans les passages les plus sombres, une simple soprano dramatique ne peut convenir pour le rôle car est exigée une extrême agilité vocale: dans les instants où culmine la fureur de l'héroïne, se libèrent des coloratures di bravura dont la réalisation exige la plus grande virtuosité. On songe notamment au terrible saut d'une octave et demie qui conclut, par deux fois, le Oh, non tremare ou bien au contre-ut de feu jeté avec rage à la fin du récitatif du temple d'Irminsul.
En outre, Bellini s'est attaché à donner aux récitatifs un relief particulier, en tentant de fusionner les composantes textuelles et musicales: aussi comprend-on que ce serait une fâcheuse méprise pour une prima donna de chanter ces récitatifs avec la négligence habituelle qu'on leur accorde. Le Sediziose voci instaure d'emblée le ton altier et souverain de la grande phrase déclamatoire; le Vanne e li celi entrambi est l'union subtile, et si constitutive de la psychologie de l'héroïne, de l'affection d'une mère et de la fierté d'une femme; quant au célèbre arioso Teneri figli, l'une des plus parfaites mélodies belliniennes, qui a inspiré une étude à Chopin, il est intégré à un récitatif particulièrement dramatique, celui d'une infanticide qui doute. Et comment ne pas mentionner la perfection dépouillée de l'aveu final de Norma: sur un sol a cappella, la prêtresse met littéralement à nu sa faute. On l'aura compris, Norma n'est pas une œuvre qui cultive l'exubérance et les effets faciles; bien au contraire, elle procède de la pureté du chant et de la quintessence du drame.
«si l'on fait abstraction de son excellente musique, comme de la diction qui ne peut être que celle d'un livret d'opéra, cette pièce, considérée du seul point de vue de ses motifs et de son économie interne, est une tragédie de la plus grande perfection»
Faits en bref Des difficultés à utiliser ces médias ?Des difficultés à utiliser ces médias ? ...
1950 - Maria Callas (Norma), Giulietta Simionato (Adalgisa), Kurt Baum (Pollione), Nicola Moscona (Oroveso) - Chœurs et orchestre du Palacio de Bellas Artes, Mexico, Guido Picco - CD: LPS ou Melodram
1952 - Maria Callas (Norma), Ebe Stignani (Adalgisa), Mirto Picchi (Pollione), Giacomo Vaghi (Oroveso), Joan Sutherland (Clotilda) - Orchestre et chœurs de Covent Garden, Vittorio Gui. Probablement l'un des témoignages les plus saisissants de la voix d'assoluta de Callas qui atteint un niveau technique et dramatique inégalable, au cours de cette soirée devenue mythique: la cantatrice s'affirme à l'évidence comme l'incarnation la plus mémorable du rôle-titre.[réf.nécessaire]
1953 - Maria Callas (Norma), Elena Nicolai (Adalgisa), Franco Corelli (Pollione), Boris Christoff (Oroveso) - Chœurs et orchestre du Théâtre Giuseppe Verdi de Trieste, Antonino Votto.
1955 - Maria Callas (Norma), Ebe Stignani (Adalgisa), Mario Del Monaco (Pollione), Giuseppe Modesti (Oroveso) - Chœur et orchestre de la RAI, Tullio Serafin.
1955 - Maria Callas (Norma), Giulietta Simionato (Adalgisa), Mario del Monaco (Pollione), Nicolai Zaccaria (Oroveso) - Chœur et orchestre de La Scala de Milan, Antonio Votto: célèbre Norma pour Maria Callas, dont l'enregistrement sur le vif témoigne de l'hystérie de la salle[17].
1974: Montserrat Caballé, Jon Vickers, Josephine Veasey, Agostino Ferrin - Orchestra e Coro del Teatro Regio di Torino, Giuseppe Patanè - (Hardy Classic Video) - Chorégies d'Orange le - Dans un combat contre un sournois mistral ce soir-là, Montserrat Caballé pousse sa maestria des mezze-voce, des legati et sa puissance vocale à des niveaux remarquables. Elle parvient à exprimer la large gamme d'émotions et de dilemmes qui déchirent l'héroïne avec justesse et élégance.[réf.nécessaire]
2024: Marina Rebeka (Norma), Karine Deshayes (Adalgisa), Luciano Ganci (Pollione), Marko Mimica (Oroveso), Orchestre et choeurs du Teatro Real de Madrid, sous la direction de John Fiore, enregistrement studio, CD Prima Classics.
La très célèbre cavatineCasta Diva est reprise de nombreuses fois au cinéma ou dans les médias.
Ci-dessous une liste non exhaustive d'utilisations d'autres séquences de Norma:
le court métrage français d'animation Maestro (2019), signé des cinq réalisateurs Florian Babikian, Victor Caire, Théophile Dufresne, Gabriel Grapperon et Lucas Navarro, sous le pseudonyme Illogic, filme un concert forestier d'animaux chantant le mouvement Squilla il bronzo del dio de l'Acte II de l'opéra.
L'air des chœurs de Casta Diva est le thème du refrain de la chanson Mille Colombes interprétée par Mireille Mathieu en 1977.
Selon André Tubeuf, «son disque officiel de Casta diva, surtout son enregistrement sur le vif de 1958 montrent en Cerquetti tout ce que Callas n'eut jamais, la consistance royale du son, la plénitude hardie de la ligne, et aussi, déjà, par endroits, reflet de l'art magique de Callas, cette impressionnabilité, cette ombre soudaine sur l'inflexion, cette fragilité grandiose inoculée par Callas Déjanire (tunique de Nessus!) qui, avant sa devancière et modèle et rivale, allait la dévorer», L’Avant scène Opéra, septembre 1980.