On lui attribue des cartons de vitraux ainsi que des miniatures. Une partie de ses enluminures ont été regroupées sous le nom de convention de Maître des Épîtres Getty, sans doute à la tête d'un atelier désigné par ailleurs sous le nom d'Atelier des années 1520.
Noël Bellemare est le fils d'un Anversois et d'une Parisienne. Sa présence est attestée à Anvers en 1512, mais on retrouve sa trace dès 1515 à Paris où il terminera sa carrière en 1546. Il est installé dans la ville en tant que peintre et enlumineur sur le pont Notre-Dame, aux côtés d'autres artistes et libraires[1].
Les archives documentent plusieurs commandes officielles à Paris: il peint le plafond de l'hôtel-Dieu en 1515, il décore l'entrée du pont Notre-Dame en 1531 pour l'entrée d'Éléonore d'Autriche[1], il est mentionné en 1536 comme peintre-enlumineur juré[2]. Il prend en charge un décor du palais du Louvre en collaboration avec Matteo del Nassaro pour la venue de Charles Quint en 1540 et il réalise aussi des dorures au château de Fontainebleau[1].
Les premières œuvres du peintre sont influencées par le maniérisme anversois ainsi que par la gravure d'Albrecht Dürer. Par la suite, s'y substitue une influence des peintures de Raphaël ainsi que de Giulio Romano. Cette influence lui vient sans doute de la fréquentation de l'École de Fontainebleau qu'il côtoie en participant aux décors du château[3].
Une seule œuvre est réellement attestée par les sources de la main de Noël Bellemare: il s'agit du carton d'un vitrail de la Pentecôte de l'église Saint-Germain-l'Auxerrois de Paris. Par analogie et comparaison stylistique, un ensemble d'enluminures et de cartons de vitraux lui sont attribués par l'historien de l'art Guy-Michel Leproux. Le corpus des enluminures qui lui sont attribuées a longtemps été désigné sous le nom de convention de maître des Épîtres Getty. Certaines des miniatures du Maître des Épîtres Getty sont postérieures à sa mort: il semble que ce même atelier a perduré quelque temps après sa disparition[1].
Ces œuvres ont aussi été regroupées un temps par l'historienne de l'art américaine Myra Orth dans un ensemble plus large de 25 manuscrits et sous le nom d'Atelier des années 1520[4]. Bellemare pourrait en avoir été le chef. Parmi elles, les miniatures attribuées au Maître des Heures Doheny pourraient correspondre à une période plus ancienne du même peintre.
Enluminures de manuscrits
Pour beaucoup, ces œuvres sont encore attribuées au Maître des Épîtres Getty du fait de la difficulté à distinguer la main du maître, qui pourrait être Noël Bellemare, des mains des autres collaborateurs.
Oraisons de Cicéron, traduction par Étienne Le Blanc, vers 1529-1530, manuscrit offert à François Ier, une miniature représentant le roi à la bataille de Marignan, BNF, Fr.1738[12]
La Paraphrase d'Érasme de Roterdam sur l’évangile saint Mathieu, offert par René Fame à François Ier, 1539, Bibliothèque nationale de France, Fr.934[14]
Livre d'heures d'Henri II, vers 1540-1549, dispersé entre la BNF (Ms.Lat.1429), le musée Marmottan-Monet (Wildenstein 159) et une collection particulière (passé en vente à Londres, Sotheby’s , lot 35)
Pontifical romain aux armes de Jean II de Mauléon, évêque de Saint-Bertrand-de Comminges (1523-1551), sur un texte d'Agostino Patrizi Piccolomini publié en 1485, réalisé entre 1525 et 1530[15]. Le pontifical a été réalisé en deux volumes se trouvant à la Bibliothèque nationale de France, Latin 1226-1 et Latin 1226-2. L'attribution à Jean de Mauléon a été faite grâce à son blason. Les deux livres ont été acquis par la Bibliothèque du roi en 1740. Le deuxième volume comprend une miniature en pleine page représentant Notre-Dame-de-Paris.
Louise de Savoie tenant un gouvernail, symbole de la régence (vers 1520-1522), miniature attribuée à Noël Bellemare tirée de la Gestes de Blanche de Castille, BnF.
Notre-Dame de Paris Pontifical romain aux armes de Jean II de Mauléon, BnF.
Lecture par Antoine Macaut devant François Ier et sa cour. Histoire universelle de Diodore de Sicile, miniature d'après Jean Clouet, musée Condé.
Cartons de vitraux
Noël Bellemare est l'auteur probable ou avéré des cartons de vitraux réalisés par le maître-verrier Jean Chastellain:
Saint Jean au pied de la croix, avec l'évêque François Poncher en donateur, huile sur bois, vers 1519-1529, musée national de la Renaissance, château d'Écouen[26]
Myra D. Orth, «French Renaissance Manuscripts: The 1520s Hours Workshop and the Master of the Getty Epistles», The J. Paul Getty Museum Journal, vol.16, , p.33-60
Guy-Michel Leproux, La peinture à Paris sous le règne de François 1er, Paris, Presses de l'université de Paris-Sorbonne, coll.«Corpus vitrearum» (no4), , 223 pages (ISBN2-84050-210-0, lire en ligne), p.111-142
François Avril, Nicole Reynaud et Dominique Cordellier (dir.), Les Enluminures du Louvre, Moyen Âge et Renaissance, Le Blanc Mesnil/Le Blanc-Mesnil/Paris, Hazan - Louvre éditions, , 384p. (ISBN978-2-7541-0569-9), p.246-251 (notices 130-132)
Guy-Michel Leproux, «Un peintre anversois à Paris sous le règne de François Ier: Noël Bellemare», Cahiers de la Rotonde, no20, , p.125-154
Cécile Scailliérez (dir.), François Ier et l'art des Pays-Bas, Paris, Somogy éditions d'art/Musée du Louvre, (ISBN978-2-7572-1304-9), p.133-188