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La mesure à quinze temps est une mesure subdivisée en quinze unités de durée. Il s'agit la plupart du temps d'une mesure à cinq temps ternaire —
étant l'équivalent de
binaire[note 1] — mais d'autres combinaisons sont possibles :
+
est le plus équilibré,
+
est le plus classique. En fonction de la combinaison choisie, cette mesure peut donc comprendre un nombre variable de temps forts et de temps faibles.
Cette mesure est présente dans certaines musiques folkloriques, dans la musique classique et dans les musiques jazz, pop et rock.
Les plus anciens exemples de mesures à quinze temps sont les Hymnes de Mésomède de Crète, l'Hymne au Soleil et l'Hymne à Nemésis, qui présente une division régulière de 2 + 2 + 2 + 2 + 2 + 3 + 2 temps[1]. Cette disposition peut être notée comme une mesure composée à
+
[2].
Un autre exemple de musique ancienne se trouve dans le répertoire baroque d'Europe centrale, dans un ouvrage publié en 1714 par le maître à danser vénitien Gregorio Lambranzi. La forlane intitulée Polesana, probablement pour signifier « de Pola », une ville d'Istrie actuellement en Croatie mais qui fut possession vénitienne jusqu'en 1947. Lambranzi note cette danse à
, mais la structure de la pièce montre que les temps forts réclament une division d'une mesure sur trois en
, de telle sorte que les éditions modernes rétablissent sa mesure à
[3].
Dans le répertoire romantique, un premier exemple de mesure à quinze temps se trouve dans la Fantaisie sur La Tempête de Lélio ou le Retour à la vie d'Hector Berlioz, où apparaissent « des unités mesurées à
, se superposant aux mesures notées à
sur la partition, par la répétition de certains accents rythmiques[4] » visant à évoquer le personnage de Caliban (Piu mosso et Presto, no 36 de la partition, éditions Bärenreiter).
Dans le répertoire impressionniste, le second mouvement des Nocturnes de Claude Debussy, Fêtes, présente deux passages de deux mesures notées à
, après le glissando des deux harpes et préparant la section Un peu plus animé à
(no 36 de la partition, éditions Durand[5]).
La mesure à quinze temps est le plus souvent une mesure à cinq temps ternaire [6], mais d'autres dispositions sont possibles. Un exemple classique de notation à
+
se trouve dans le 2e mouvement, Assez vif et bien rythmé, du Quatuor à cordes, op. 10 de Claude Debussy, où ces mesures prennent place dans un mouvement de « scherzo ibérique[7] » noté à
[8] :
Fêtes de Claude Debussy présente une superposition des deux types de mesures à cinq temps, ternaire (
) pour les instruments à vent, et binaire (
) pour les instruments à cordes :
Un exemple très remarquable de cette double notation se trouve dans la dernière pièce composée par Maurice Ravel pour le piano : Frontispice, composé en 1918 et faisant suite à une commande de Ricciotto Canudo pour accompagner une méditation philosophique autour de la Première Guerre mondiale. La mention S.P. 503, le poème du Vardar correspond à la désignation du secteur postal de sa division au combat. Ravel a peut-être développé sa pièce, notée pour trois pianistes (à cinq mains), à partir de ces nombres — sur cinq portées, où un pianiste joue sur une mesure à
et un autre sur une mesure à
.
Dans son spectacle Que ma joie demeure ! en 2012, Alexandre Astier présente au clavecin des variantes du 1er prélude en do majeur (BWV 846) du Clavier bien tempéré de Bach, composé à 4 temps, sur des mesures à 3 temps, à 5 temps, à 7 temps et à 15 temps, « en prenant une mesure classique (
) à laquelle on enlève une double croche, ce qui donne
» :
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