dialecte occitan du Croissant De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Le marchois (autonyme: marchoés ou marchois selon les graphies) forme la partie occidentale des parlers du Croissant, espace linguistique de transition entre langue d'oc et la langue d'oïl[1],[2] parlé dans la région historique de la Marche et ses alentours. Les parlers d'oc et d'oïl s'y rejoignent et s'y mélangent[3],[4].
Totes las persones naissan lieures e egales en dignitat e en droét. Als son dotades de raison e de conscience mais als leur fau agir entre als dens un esprit de frairesse.
Norme française:
Toutes las persones naissant lieures et égales en dignitat et en droét. Ales sont dotades de raison et de conscience mais alles leur faut agir entre ales dins un esprit de frairesse
Carte
Carte linguistique de la Marche selon l'Atlas sonore des langues régionales (2022). En bleu clair: marchois (parlers du Croissant), en bleu foncé: berrichon (langue d'oïl); en jaune orangé: le nord-occitan.
Il forme les deux-tiers occidentaux du Croissant où les parlers oscillent entre langue d'oc au sud et langue d'oïl au nord[8],[9].
Traits
Concernant les traits occitans ils se rapprochent davantage du limousin que de l'auvergnat, tous deux dialectes nord-occitan. Il est quelquefois classé comme un sous-dialecte du limousin caractérisé par sa transition avec le français[10].
Il est plus régulièrement mentionné comme un dialecte à part entière[11],[12],[13] du fait des difficultés d'intercompréhension entre limousins et marchois plus méridionaux[14],[15],[16] et par ses nombreux traits qui le rapproche des parlers d'oïl[17],[18],[19]. De transition avec la langue d'oïl, le marchois est aussi de transition entre les dialectes occitan limousin et auvergnat, respectivement à l'ouest et à l'est de ce dernier[20],[21]
Il est parfois considéré comme une langue à part entière, du fait de sa position intermédiaire entre langue d'oc et langue d'oïl de la même manière que le francoprovençal[22],[23],[24].
Les parlers voisins d'oïl voisins comme le poitevin-saintongeais connaissent des traits communs avec le marchois, qui a des interactions avec ces derniers[25], et ont un substrat commun important[26].
Trois grands systèmes d'écritures peuvent être utilisées pour écrire le marchois[43]. Tous trois sont encouragés par le groupe de recherche sur les parlers du Croissant (CNRS):
La graphie française peut aussi être utilisée et permet aux locuteurs de transcrire leurs parlers avec l'écriture de la langue française dont ils ont aussi tous connaissance. Le marchois étant un dialecte intermédiaire avec la langue d'oïl il peut donc également s'appliquer, d'autant plus que cette graphie permet de souligner les prononciations qui lui sont propres.
La graphie occitane classique avec une adaptation locale précise pour le marchois[44]. En marchois le «a» final occitan n'existant pas il est remplacé par un «e» muet comme en français. Ex. le terme «jornade» (= «journée») vient remplacer la forme «jornada» des autres dialectes occitans. Cette codification propre à ce dialecte est celle préconisée par l'Institut d'études occitanes et ses sections locales (IEO Lemosin, IEO Marcha-Combralha).
Une francisation précoce
Le vaste comté de la Marche a connu une francisation plus précoce que le reste des pays de langue occitane. Dès le XIIIesiècle, une classe aristocratique de langue d'oïl, avec par exemple les Lusignan[Information douteuse], s'installe localement au milieu d'une noblesse endogène occitanophone. Mais le fait que la noblesse poitevine utilise l'occitan ne prouve en rien que la population elle-même utilisait cette langue. Il y a désaccords sur ce point. La région de Montluçon se voit rattacher à la même période à la seigneurie de Bourbon et à un territoire dont les seigneurs sont très proches des rois de France. Ils sont par ailleurs originaires de Champagne et ramènent comme c'est le cas en Poitou et Saintonge des «colons», qui sont ici champenois et qui parlent le dialecte du même nom. Ces derniers exerceront une influence notable sur le bourbonnais d'oïl mais également les parlers occitans marchois et arverno-bourbonnais.
Les Bourbons arriveront par la suite dans le reste de la Marche avec par exemple le célèbre comte Jacques de La Marche, qui influencent encore plus la langue des nobles. Le Berry voisin fortement francisé, même si subsistent encore des parties importantes occitanes, dès la fin du Moyen Age influence aussi les villes et villages du nord de la Marche comme dans la région de Boussac.
Les maçons de la Creuse originaires de la moitié nord de ce département, utilisent le marchois y compris dans leur déplacement dans d'autres régions. Ils jouent sur les influences s'ils ne souhaitent pas être compris dans certaines régions «étrangères»: ils utilisent tantôt les traits d'oc pour ne pas se faire comprendre en territoire où l'on parle français, comme à Paris, ou inversement dans d'autres régions occitanophones ils appuient les traits d'oïl.
Utilisation comme en français du «e» muet tandis que tous les autres parlers occitans, y compris l'arverno-bourbonnais, maintiennent le «a» final latin au féminin.
Traits distinctifs du bourbonnais d'oc (sens strict)
Préservation générale du d intervocalique qui chute en bourbonnais d'oc: chantada en marchois («chantée» - prononcé chantade) et chantaa en arverno-bourbonnais.
Maintien du déterminant et de son élision devant un verbe qui disparaît partiellement en arverno-bourbonnais: Qu'es finit en marchois («C'est fini» - prononcé kou'i finit) et u'es chabat en arverno-bourbonnais (prononcé ou'é chaba - qui se rapproche du francoprovençalou'est - «c'est»).
Les traits occitans demeurent néanmoins très forts en marchois qui reste attaché à l'occitan.
«A l'ore de las legendas, quand le clhocher sone mineut, rendam nos dins las eglesias, per i passar le moment pieus.
Vos, las fennas que siatz prias, mesme quos qui que cresan pas. Anatz remplir las eglesias. Las eglesias seran plenas.
E tos los cuers sauran chantar, e mesme en plhurant, esperar... Las prieras par le païs, par los absents, par los amics, s'envoleran au Paradis; le petiot Jesus sau escotar; On sau veire le Nadau de guèrre, las misèras, la paubre tèrre.
O sau tot veire e pardonar, Oc-es, raluman nostres amas, a l'ore de las legendas, a l'ore de las prieras.»
(fr + oc) Jeanine Berducat, Christophe Matho, Guylaine Brun-Trigaud, Jean-Pierre Baldit, Gérard Guillaume, Patois et chansons de nos grands-pères marchois: Haute-Vienne, Creuse, Pays de Montluçon, Paris, Éditions CPE, , 160p. (ISBN978-2-84503-827-1).
Philippe Boula de Mareüil, Gilles Adda, Lori Lamel, «Comparaison dialectométriques de parlers du Croissant avec d’autres parlers d’oc et d’oïl», Le Croissant linguistique entre oc, oïl et francoprovençal: des mots à la grammaire, des parlers aux aires, Paris, L'Harmattan, (ISBN978-2-343-23050-4, lire en ligne).
Guylaine Brun-Trigaud, «Les enquêtes dialectologiques sur les parlers du Croissant: corpus et témoins», Langue française, vol.93, no1, , p.23-52 (lire en ligne, consulté le ).
Guylaine Brun-Trigaud, Le Croissant: le concept et le mot. Contribution à l’histoire de la dialectologie française au XIXesiècle [thèse], 1990, coll. Série dialectologie, Lyon: Centre d’Études Linguistiques Jacques Goudet
Maximilien Guérin, «Le parler marchois: une particularité du patrimoine linguistique régional», D'onte Ses, Limoges, Cercle de généalogie et d'histoire des Marchois et Limousins, (ISSN2116-1437, lire en ligne)
Maximilien Guérin, «Les parlers du Croissant: une aire de contact entre oc et oïl», XIIe Congrès de l'Association internationale d'études occitanes, Albi, (lire en ligne)
(fr + oc) Institut d'études occitanes du Limousin, «En Lemosin: La croix et la bannière», sur 7alimoges.tv; site officiel de la chaîne télévisée 7 à Limoges, : «Nous avons suivi la procion en 2014, guidés par de vieux habitués, qui nous ont fait partager, en occitan limousin et en marchois (car Magnac se trouve tout au nord de l'aire culturelle occitane), leur longue expérience de dévotion et d’observation participante.».
(oc + fr) «L’occitan a sa plaça a la Bfm dempuei sa dubertura: La langue limousine présente depuis l’origine de la Bfm», Vivre à Limoges (revue officielle de la ville de Limoges), Limoges, no142, (lire en ligne)
Laurène Barbier, «Le parler de Genouillac. Les particularités d’un patois dit «francisé» et ses enjeux descriptifs», 2èmes rencontres sur les parlers du Croissant
15-16 mars 2019 Montluçon, Montluçon, (lire en ligne)
Marianne Christophe (dir. Étienne Rouziès), Le fonds de l’IEO Lemosin. Aménagement de la bibliothèque d’une association, Limoges, Université de Limoges, (lire en ligne)
«Les parlers marchois forment une transition entre ceux de l'Auvergne et ceux du Limousin, avec des traits limousins prédominants. Délimitation uniquement linguistique.»
Pierre Goudot, Microtoponymie rurale et histoire locale: dans une zone de contact français-occitan, la Combraille: les noms de parcelles au sud de Montluçon (Allier), Montluçon, Cercle archéologique de Montluçon, coll.«études archéologiques», , 488p. (ISBN978-2-915233-01-8)
Jean-Michel Monnet-Quelet, Glossaire marchois des animaux ailés: insectes, oiseaux, gallinacés et autres volailles de basse-cour, Cressé, Editions des Régionalismes, , 183p. (ISBN978-2-8240-0798-4)
Olivier Dussauchaud (dir. Patricl Sauzet), Synthèse sur l’étude de la part d’occitan limousin en poitevin-saintongeais (mémoire en langue occitane), Toulouse, Université Toulouse-Jean-Jaurès, (lire en ligne)
Nicolas Quint, «Grammaire du parler occitan nord-limousin marchois de Gartempe et de Saint-Sylvain-Montaigut (Creuse): Étude phonétique, morphologique et lexicale», La Clau Lemosina, Limoges, Institut d'études occitanes, (ISSN0339-6487, lire en ligne)
Gilbert Pasty, Glossaire des dialectes marchois et haut limousin de la Creuse, Châteauneuf-sur-Loire, G. Pasty, , 253p. (ISBN2-9513615-0-5, BNF37034808)
Linguasphere Registrer: Le marchois est enregistré sous le numéro 51-AAA-gk et comprend deux sous dialectes: le marchois creusois (51-AAA-gkb - Cruesés) et le marchois montluçonnais (51-AAA-gkc - Montleçonés).
Jean-Pierre Baldit, «Les parlers de la Marche. Extension et caractéristiques», Patois et chansons de nos grands-pères marchois. Haute-Vienne, Creuse, Pays de Montluçon (dir. Jeanine Berducat, Christophe Matho, Guylaine Brun-Trigaud, Jean-Pierre Baldit, Gérard Guillaume), Paris, Éditions CPE, , p.22-35 (ISBN9782845038271):
Maximilien Guérin, «Description du parler marchois de Dompierre-les-Églises: phonologie, conjugaison et lexique (communication)», 1ères Rencontres sur les parlers du Croissant, Le Dorat, (lire en ligne)
(fr + oc) Maximilien Guérin et Michel Dupeux, Mes mille premiers mots en bas-marchois, La Crèche, Edition Tintenfaß & La Geste Éditions, (ISBN979-10-353-0735-6, lire en ligne)
«Les traducteurs du Petit Prince», sur petit-prince-collection.com; Petit Prince collection : «Les deux dialectes du Croissant sont représentés: le marchois par Marie-Rose Guérin-Martinet et l'arverno-bourbonnais par Henri Grosbost.».
(oc) «Es pareguda una nòva version del Pichon Prince en parlar del Creissent: Entitolat Le Pitit Prince, es estat traduch dins lo parlar de Furçac per Marie-Rose Guérin-Martinet», Jornalet, Toulouse, Barcelone, Association de Diffusion Occitane en Catalogne (ADÒC), (ISSN2385-4510, lire en ligne)