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archéologue préhistorien et réalisateur de documentaires français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Marc Azéma, né le 9 mars 1967, est un chercheur archéologue spécialisé dans l'étude de l'art préhistorique, et un réalisateur de documentaires cinématographiques, spécialisé dans les nouvelles technologies de l'image (3D, reconstitutions virtuelles de vestiges archéologiques, animations, etc.)
Naissance | |
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Nationalité | France |
Domaines | archéologie, Préhistoire, réalisation audiovisuelle |
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Institutions |
• UMR TRACES CNRS-Université de Toulouse Le Mirail • Centre Cartailhac (CREAP) |
Diplôme |
• doctorat Préhistoire (2003) • D.U. « Conception et Réalisation Multimédia » (1992) • maîtrise « Études Cinématographiques » (1990) • maîtrise « Histoire de l'Art et d'Archéologie » (1989) |
Formation |
• Fac. de Lettres Aix-Marseille (1990-2003) • Paris I (1989-1990) • Montpellier III (1986-1989) |
Directeur de thèse | Robert Chenorkian |
Renommé pour |
« La préhistoire du cinéma » « Quand Homo Sapiens faisait son cinéma » « La Guerre de Kirby » « Narbo Martius, la fille de Rome » |
Fusionnant ces deux spécialités, il fait remonter au Paléolithique l'histoire du cinéma en montrant les animations créées par les très fréquentes juxtapositions et superpositions de figures dans l'art des grottes et objets ornés préhistoriques.
Cette idée est présentée dans des films ayant reçu de nombreux prix.
Né le , Marc Azéma fait sa scolarité à Narbonne de 1970 à 1985[1].
Sa passion est de créer des images, particulièrement la bande dessinée. Il a suivi des études de Préhistoire « mais ce n'était pas du tout volontaire, ça s'est fait un peu en parallèle »[2]. Il passe une maîtrise d'« Histoire de l'Art et d'Archéologie » à l'Université Paul-Valéry - Montpellier III [3]. En 1989, il participe à la fouille archéologique du site gallo-romain du camp de César à Laudun (Gard)[3].
Il obtient en 1990 une maîtrise « Études Cinématographiques » à l'Université Panthéon-Sorbonne - Paris I (1989-1990), puis en 1992 un D.U. « Conception et Réalisation Multimédia » à la Faculté de Lettres d'Aix-Marseille[3].
Après son D.U. il reste à la faculté d'Aix-Marseille (1990-2003), y redirigeant son cursus d'études vers l'archéologie. En 1991-1992 il participe aux fouilles dirigées par Jean Clottes à la grotte du Placard (Charente)[3]. Il étudie de 1995 à 1999 la grotte ornée d'Ebbou (Ardèche) et y fait des relevés d'art pariétal, sous la direction scientifique de Philippe Novel. Puis il s'intègre en 2001 à l'équipe scientifique chargée d'étudier la grotte Chauvet (Ardèche), sous la direction scientifique de Jean Clottes puis de Jean-Michel Geneste ; il l'étudie, y fait des relevés d'art pariétal et de l'archivage numérique, un travail qu'il continue après son doctorat en 2003[3]. En 2002, il travaille aux fouilles du site néolithique de Shillourokambos à Chypre, dirigées par Jean Guilaine et où il revient régulièrement jusqu'en 2005[3],[4].
Il obtient en 2003 un doctorat en Préhistoire - archéologie, avec une thèse dont l'objet réunit ses deux branches d'étude - l'image en mouvement et la Préhistoire : « La représentation du mouvement dans l'art pariétal paléolithique de la France. Approche éthologique du bestiaire »[5], pour laquelle il reçoit la mention « très honorable » avec félicitation du jury (Michel Barbaza, Robert Chenorkian, Jean Clottes, Jean-Michel Geneste, Francisco Javier Fortea Pérez)[3].
Parallèlement, depuis 1992[1] il réalise des films documentaires sur le patrimoine, l'archéologie et les arts. En 2003, année de son doctorat, trois des documentaires qu'il a réalisés ont déjà été primés : Une maison romaine à Narbonne (réalisé en 1996, Prix du meilleur documentaire patrimoine aux Rencontres Thématiques Audiovisuelles Européennes de Narbonne, )[6] ; Le Canal du Midi (réalisé en 1999, Prix du meilleur film touristique au Festival International du Film touristique de Chaudes-Aigues en 2000)[7] ; et L'enfer retrouvé (réalisé en 2002, Prix du meilleur film pour son apport scientifique à ICRONOS, Festival International du Film Archéologique de Bordeaux, )[8].
Marc Azéma est chercheur associé à l'Unité mixte de recherche TRACES (Travaux et recherches archéologiques sur les cultures, les espaces et les sociétés), U.M.R. 5608, CNRS - Université de Toulouse Le Mirail-Culture ; ainsi qu'au Centre Cartailhac pour la recherche et l'étude sur l'art préhistorique (CREAP). Il est toujours membre de l'équipe scientifique chargée d'étudier la grotte Chauvet en Ardèche, qu'il a intégrée en 2001[3].
De 2009 à 2012, il a dirigé l'étude de la grotte La Baume Latrone située dans le Gard en employant les techniques du scan 3D pour réaliser les relevés[9]. Cela a permis de mettre en évidence des rapprochements techniques, stylistiques et thématiques avec l'art de la grotte Chauvet distante d'environ 70 km. Un charbon de bois récolté près des dessins a été daté en 2012 à 37 464 ans AP en âge calibré, ce qui fait de La Baume Latrone un des plus anciens sites d'art préhistorique d'Europe[10].
Ses travaux d'archéologie et de réalisation cinématographique restent pour l'essentiel intimement liés. Entre autres exemples, en 2007 il fait des relevés d'art pariétal dans l'abri du Colombier (Ardèche)[3], où il réalise aussi deux vidéos sur la numérisation des gravures : l'une en 2008[11], la seconde en 2010[12].
En 2006 il est membre de l'association APA (architecture et patrimoine)[13]. Il est aussi le directeur de la collection livres/dvd chez Errance[4].
Il vit actuellement à Montpellier[1] et Narbonne.
Il est président de l'association ARKAM (patrimoine, histoire, archéologie et multimédia)[13], qui organise depuis 2013 le vaste programme des Rencontres d'archéologie de la Narbonnaise (RAN)[14]. Directeur de ces Rencontres, Azéma a su mobiliser un certain nombre d'acteurs institutionnels dont la Communauté d'agglomération du Grand Narbonne qui, entre autres, met à disposition ses infrastructures (médiathèque et autres), et la Commission archéologique de Narbonne[15].
Ses documentaires intègrent souvent des séquences en images de synthèse 3D. Il travaille activement au développement de la numérisation/modélisation 3D dans le contexte archéologique, une application pratiquement née en même temps qu'Azéma entamait sa vie active et au sujet de laquelle Robert Vergnieux (d'Archéovision, la plate-forme technologique 3D de l'Université de Bordeaux III, leader français en la matière)[n 1] précise qu'en 2005 cette technique était encore très expérimentale quant à son application à l'archéologie[16]. La technologie 3D peut être utilisée en archéologie pour le relevé très précis des objets et images (y compris l'enregistrement des volumes sur lesquels sont réalisés ces images, qui pour des peintures pariétales font souvent partie intégrante de l'œuvre tout autant que le trait ou la gravure faite par le créateur de cette œuvre), facilitant ainsi l'étude de ces œuvres. Elle peut aussi être utilisée dans la recherche pour la conservation préventive[17], dans la production de programmes destinés à la reproduction d'œuvres[18] ou l'enregistrement virtuel très précis des sites destinés à être démolis ou recouverts, tels les sites découverts lors des fouilles préalables à la construction d'autoroutes ou d'autres structures.
Pour Marc Azéma, les images de l'art Paléolithique ne sont pas seulement des descriptions mais des narrations : elles représentent des sujets animés, de la même façon que le font les images d'un film[19].
En effet, un grand nombre de figures animales de l'art Paléolithique sont représentées avec plus de pattes qu'elles n'en ont en réalité ; ou bien tout ou parties d'entre elles (têtes, avant-trains, queues...) sont superposées ou juxtaposées dans des positions légèrement différentes. Ces différentes images correspondent à des positions successives du même animal en mouvement[20].
Marc Azéma lie le fait, établi de longue date, que nombre d'œuvres pariétales utilisent les reliefs ou creux des parois supports[21] ; et que la lumière tremblotante des flammes en mouvement, seul mode d'éclairage à l'époque, contribue à créer l'illusion du mouvement - notamment en faisant bouger les ombres données par les reliefs des parois de support des œuvres[19].
D'après Marc Azéma, environ 40 % des œuvres du Paléolithique tendent à créer l'illusion de mouvement[22].
Cela se retrouve sur les peintures pariétales mais aussi sur du mobilier - comme la « frise des lions » gravée sur os de bovidé, trouvée dans la grotte de la Vache (Ariège), qui montre trois lions qui se suivent, tous dans les positions successives d'un lion courant.
Déjà en 1990[23], dans le cadre de son DEA et en préparation de sa thèse de doctorat[24], il réalise la première version de ce qui va devenir une partie de son DVD Quand Homo Sapiens faisait son cinéma, accompagnant son livre La Préhistoire du cinéma. En 1990, il ne s'agit que d'une courte vidéo[25] montrant plusieurs animations de figures en mouvement, la motion étant représentée à l'aide de successions ou juxtapositions d'images. Les figures animées sont tirées de Lascaux (Dordogne), de la grotte des Trois-Frères (Ariège), de la grotte Chauvet, de Foz Coa (Portugal) et de la grotte de la Vache (Ariège).
Sur le même principe, des rondelles percées du Paléolithique supérieur, gravés sur les deux faces, sont de probables thaumatropes[19] - ces objets exploitant le phénomène de persistance rétinienne qui fait associer deux images séparées. Cette idée lui est suggérée en 2007 par Florent Rivère, spécialisé dans la fabrication de copies d'objets préhistoriques en respectant les savoir-faire de l'époque. Ces rondelles sont souvent interprétées comme des boutons, mais dans ce cas, pourquoi les graver sur les deux côtés ? Pour Florent Rivière, il s'agirait de possibles thaumatropes. Il fabrique donc le fac-similé d'une rondelle perforée, trouvée au XIXe siècle à Laugerie-Basse, représentant d'un côté une biche debout, et de l'autre une biche avec les jambes repliées[26], afin de tester l'animation de l'objet. Florent Rivère a contribué à l'élaboration de la 3e partie du livre d'Azéma La Préhistoire du cinéma[27],[28].
Cette hypothèse a été extrêmement bien accueillie par le public[29], qui l'a sanctionnée en montrant son approbation avec deux Prix du public pour la vidéo Quand Homo Sapiens faisait son cinéma en 2016.
Des expositions sur ce thème ont été réalisées, parmi lesquelles en avril- au musée régional de Préhistoire d'Orgnac (Ardèche), en avril- au Centre de préhistoire du Pech Merle de Cabrerets (Lot)[12],[30] et en mai- au Parc pyrénéen de l'art préhistorique de Tarascon sur Ariège[31].
Sa thèse complémente celle de Jean Clottes (qui a préfacé son livre La préhistoire du cinéma) et de David Lewis-Williams selon qui l'art pariétal préhistorique est la trace des voyages chamaniques des hommes préhistoriques.
L'hypothèse n'est pas nouvelle et M. Azéma a eu divers prédécesseurs :
Suivant une constante de l'art mural préhistorique, la plus grande concentration de peintures se trouve aux endroits dotés du maximum d'échos sonores[39]. Certaines niches ou recoins de grottes, dont les échos de sons choisis peuvent rappeler les cris d'animaux (meuglement du bison, hennissement du cheval...), sont particulièrement décorés ; par exemple, une niche de la Grande grotte d'Arcy, entourée de stalactites porteuses de points rouges, est signalée par les peintures d'un bison et d'un rhinocéros sur le mur lui faisant face[40]. Ces points rouges semblent être des indicateurs de repérage du maximum d'échos[41].
Cette association des points rouges avec les endroits recueillant le maximum d'échos est particulièrement évidente à la grotte d'Oxocelhaya et se rencontre dans d'autres locations étudiées (Portel, Labastide, Grande grotte d'Arcy...)[41]. La concordance sons/images est de 80% à 90% dans la plupart des cas, parfois de 100%[42].
Cette concordance va un pas plus loin : dans plusieurs grottes ornées (Rouffignac, etc), si on se dirige par le meilleur écho on arrive à des peintures[42].
Marc Azéma démontre la capacité de l'homme préhistorique à animer ses images de différentes manières, en anticipant ainsi le concept de cinématographie. Il met aussi en avant l'aspect de « récit graphique » ou narration graphique, avec une forte dimension naturaliste, des représentations hétérogènes et une grande finesse dans la représentation du mouvement - la maîtrise de ce dernier point étant directement tirée de l'observation attentive de la nature. Certaines de ces images ont été associées sur les parois, constituant alors des séquences d'actes individuels ou collectifs, une sorte de proto-bande dessinée. L'homme, très tôt, a pris conscience des propriétés narratives de l'image figurative et a su les employer tout au long de la préhistoire et de notre histoire de l'art[43],[44].
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