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En littérature, la métafiction est une forme d'écriture autoréférentielle qui dévoile ses propres mécanismes par des références explicites. On parle aussi synonymiquement de métalittérature[1].
Il ne faut pas confondre la métafiction avec la métatextualité, le métatexte n'étant pas fictionnel par définition[2].
C'est le terme littéraire décrivant la littérature de fiction qui, de manière consciente et systématique, s’interroge sur son statut en tant qu'objet, en soulevant des questions sur la relation entre fiction et réalité, et souvent ironie et introspection. Elle peut être comparée à la représentation théâtrale, qui ne fait pas oublier au public qu’il regarde une pièce ; la métafiction ne permet pas au lecteur d’oublier qu'il est en train de lire une œuvre de fiction.
La métafiction est principalement associée à la littérature moderne et postmoderne, mais on la trouve dès le IXe siècle, Les Mille et Une Nuits et au XIVe siècle, dans les Contes de Canterbury de Chaucer[3]. Le Don Quichotte de Cervantès[4] est un roman métafictionnel. On peut citer aussi par exemple, dans la littérature française, Jacques le fataliste et son maître de Diderot, et les interventions métafictionnelles de son narrateur. Dans les années 1950, plusieurs romanciers français ont publié des ouvrages qui ont été regroupés dans le mouvement littéraire baptisé « Nouveau roman ». Ces romans « nouveaux » étaient caractérisés par leur détournement des genres et styles, et comportaient souvent des éléments de métafiction.
La métafiction a pris de l'ampleur dans les années 1960, avec des œuvres et auteurs tels que Lost in the Funhouse de John Barth[5], The Babysitter et The Magic Poker de Robert Coover[6], Abattoir 5 ou la Croisade des enfants de Kurt Vonnegut[7], et Willie Master's Lonesome Wife de William H. Gass[8]. Celui-ci a inventé le terme « métafiction » en 1970 dans un essai intitulé La philosophie et la forme de fiction[9].
Contrairement à l’antiroman[10], ou anti-fiction, la métafiction est spécifiquement la fiction sur la fiction, c'est-à-dire la fiction qui se reflète consciemment sur elle-même.
Parmi les formes habituelles de la métafiction, on trouve :
L'existence de la pièce Le Roi en Jaune, comme œuvre de fiction ne vaut que sa référence dans le recueil de nouvelles Le Roi en Jaune[72].
On retrouve des méthodes métafictives dans d'autres médias notamment comme Fearless Fosdick dans le comic strip Li'l Abner d'Al Capp, Tales of the Black Freighter dans la bande dessinée Watchmen écrite par Alan Moore, ou le Itchy et Scratchy Show dans Les Simpson, ainsi que dans le jeu Myst dans lequel le joueur représente une personne qui a trouvé un livre nommé Myst et qui a été transporté dans celui-ci.
Le thème de la métafiction peut être le point central de l'œuvre, comme dans La Vie et Opinions de Tristram Shandy, Gentleman (1759)[73] ou dans le chapitre 14 du Grand escroc[74] d'Herman Melville où le narrateur parle des techniques littéraires utilisées dans les autres chapitres. Mais en tant que technique littéraire, la métafiction est devenue fréquente dans la littérature postmoderne. Si par une nuit d'hiver un voyageur[20] d'Italo Calvino, « un roman sur une personne qui lit un roman » est un exercice de métafiction. L’auteur contemporain Paul Auster a fait de la métafiction le thème central de son écriture. Il est probablement le romancier actif le plus célèbre qui est spécialisé dans ce genre. Souvent la métafiction n’apparaît qu’un instant dans une histoire, comme quand "Roger" fait une brève apparition dans le Cycle des Princes d'Ambre de Roger Zelazny[75].
La métafiction peut être utilisée de multiples façons dans une même œuvre. Par exemple, le romancier Tim O'Brien, un vétéran de la guerre du Vietnam, écrit dans son recueil de nouvelles À propos de courage[76] sur le personnage de "Tim O'Brien" et son expérience de la guerre au Vietnam. Tim O'Brien, comme le narrateur, fait des commentaires sur la véracité de quelques récits de guerre, en glosant sur la "vérité" derrière le récit, même si le tout doit être considéré comme une fiction. Dans le récit du chapitre How to Tell a True War Story, O'Brien fait des commentaires sur la difficulté de saisir la vérité lorsque l'on raconte un récit de guerre.
Un des traitements les plus sophistiqués du concept de "roman à l'intérieur d'un roman" se retrouve dans le premier roman de Muriel Spark Les Consolateurs[77]. Spark fait entendre à Caroline, son personnage central, des voix, ce qui constitue la narration de ce que Spark vient d’écrire sur la page. Dans l'histoire, Caroline rédige un travail critique sur la forme du roman, quand elle commence à entendre une machine à écrire (accompagnée par des voix) à travers le mur de sa maison. Les voix lui dictent un roman, contenant des événements de sa propre vie, ses pensées et dans lequel elle croit être un personnage. Le lecteur est ainsi constamment focalisé sur la structure narrative, qui est à son tour l'histoire, c'est-à-dire une histoire sur la narration qui elle-même bouleverse les conventions de la narration. Cependant, à aucun moment, Spark, en tant qu’auteure n’entre dans le récit, restant omnisciente tout au long et se conformant aux conventions de la narration à la troisième personne.
Selon Paul de Man[37], toute fiction est métafictionnelle, puisque toutes les œuvres de la littérature sont concernées par la langue et la littérature elle-même. Certains éléments de métafiction sont similaires aux techniques utilisés dans les techniques du métafilm.
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