Doué d'un sens des affaires, il connaissait la médecine tibétaine, la musique et la divination religieuse[1].
Il eut des fonctions au commandement militaire et au département des finances de l’État. À la suite d'un long voyage en Europe, il avait une meilleure connaissance du monde que la plupart de ses compatriotes, et souhaitait organiser des réformes qui lui semblaient nécessaires pour maintenir l'intégrité et l'identité du Tibet[2]. Accusé d'avoir tenté de prendre le pouvoir par la force, il fut arrêté, emprisonné et énucléé, puis emprisonné durant quelques années, tandis que sa famille était privée de postes dans l'administration et de titre de noblesse.
Il est le père de Lhalu Tsewang Dorje, qui devint un homme politique tibétain célèbre.
Lungshar était issu d'une famille aristocratique traditionnelle, sur le déclin, originaire de Tanag (tibétain: རཊ་ནག,Wylie: rTa-nag) (aujourd’hui dans le district de Shey Tongmön, dans la préfecture de Shigatsé), dans l'Ü-Tsang à l'époque du 5e dalaï-lama[3]. Depuis cette époque, ses ancêtres, génération après génération, avaient été des fonctionnaires au service du gouvernement tibétain[4].
Il était le fils de Lungshar Lhundrub Dorje et de Dechen Bemo[5].
À l’âge de huit ans, il perdit son père mais sa mère s’occupa de lui et s’assura qu’il ait de bons professeurs pour étudier la matière qui l’intéressait: la médecine tibétaine. Il apprit aussi à chanter et à danser, et à jouer du hojin et du yangjin. Plus tard, il devait pratiquer la médecine tibétaine à ses moments perdus et, parfois, se produire avec des musiciens professionnels, pour le plaisir de la chose[6].
À l’âge de 20 ans environ, il épousa une jeune fille issue de la famille noble Lheguba à Tanag, dont il eut deux enfants, Chaba Rusu Wangchen Yulha et Bema Dromapug. C’est alors qu’il se rendit à Lhassa pour demander un poste de fonctionnaire du gouvernement tibétain. Comme il était bon en mathématiques et en rédaction, il fut nommé comptable (dziba) au service des Impôts et exerça cette fonction dix ans durant, se forgeant une réputation qui lui valut le nom de Dziba Lungshar[7].
Alors qu’elle s’était rendue sur le domaine familial pour superviser la moisson d’automne, son épouse décéda. Trois ans plus tard, Lungshar épousa Dendzin Droma, qui lui donna cinq garçons et une fille[8].
En , Lungshar était comptable de 6erang au bureau de la comptabilité à Lhassa quand le 13e dalaï-lama, qui voulait moderniser le Tibet, le choisit pour accompagner quatre jeunes tibétains, Möndro, Ringang, Kyibu II et Gongkar, à l'école de Rugby en Angleterre[9],[2], où ils devaient recevoir une éducation moderne, une première dans l’histoire du Tibet[10].
Avant de quitter le Tibet, Lungshar fut promu au quatrième rang. Il arriva en Angleterre le [11], accompagné de sa femme (Tenzing Dolkar, fille du général Horkhang)[12], de Laden La, un policier sikkimais, et de deux serviteurs[13]. Il s'initia à la démocratie et à la monarchie constitutionnelle en Angleterre. Il refusa d'être dirigé par les autorités britanniques et décida de rencontrer le roi George V et les ministres principaux et leur remit des cadeaux de la part du 13e dalaï-lama[2],[14].
Dès le départ, les Britanniques trouvèrent Lungshar plutôt gênant. Alors qu'en théorie il n'était guère plus que le chaperon des enfants, dans les faits il se considérait comme ambassadeur tibétain itinérant[15]. Il voyagea sur le continent européen (en France, Allemagne, Hollande et Belgique), où il contacta des militants indiens, japonais et chinois, ce qui inquiéta les Britanniques qui le firent surveiller par la police[13],[16].
On rapporte que l'épouse de Lungshar parvint à séduire l'un des quatre garçons[17]. Elle eut en effet une liaison avec Gongkar[18]. En 1914, enceinte, elle quitta l'Angleterre pour l'Inde. Lui-même quitta l’Angleterre le [19].
Après être rentré au pays, Lungshar devint l’ardent défenseur des réformes du 13e dalaï-lama[20].
il fut nommé tsi- pšn (responsable des finances) et passa plusieurs mois à Shigatsé à mettre au point des accords financiers entre Lhassa et Tashi Lhunpo[21].
En , il se rendit à Gyantsé en tant que responsable des finances dans l’équipe de Kunsang-tse Shape[22].
Il fut nommé, avec Drunyichemmo et Losang Tenkyong, à la tête du Babshi Office nouvellement créé pour collecter, auprès des grands domaines nobles et ecclésiastiques, un impôt en grains devant permettre de financer l’accroissement de l’armée. La collecte fut une telle réussite qu’à la mort du 13e dalaï-lama les silos du gouvernement étaient pleins. Ces prélèvements valurent à Lungshar l’inimitié des grands propriétaires terriens[23]
Selon Tsering Yangdzom, alors que sa carrière politique était à son summum, Lungshar eut une liaison avec la très jolie benjamine de la famille Shatra, Yangdzom Tsering. Ancienne nonne bouddhiste rentrée dans le siècle, celle-ci avait été la maîtresse de Langdun, le frère aîné du 13e dalaï-lama, puis, après la mort de son mari en 1904, la troisième épouse de Jigme Namgyal, lequel devait décéder à l’âge de 37 ans. Elle avait ensuite épousé le deuxième fils de la famille noble Rampa, mariage qui fut un échec. La liaison avec Lungshar ne pouvant être rendue publique, le dalaï-lama décida de faire adopter le fils de Lungshar, Tsewang Dorje, alors âgé de 12 ans, par la famille Lhalu[24].
Patrick French présente la mère de Lhalu Tsewang Dorje comme étant la première épouse de Lungshar. Après la mort de son époux en 1918, Lhalu Lhacham, veuve et sans héritier, épousa Lungshar, dont le fils Tsewang Dorjé passa dans la famille Lhalu en tant que fils adoptif pour perpétuer la lignée familiale, et en 1924, à l'âge de 9 ans, il prit le nom de Lhalu[25].
Lungshar fut nommé commandant en chef de l’armée tibétaine en 1925 en remplacement de Tsarong (et en sus de son poste de tsi-pšn) mais fut révoqué en 1931[26].
Ayant augmenté la paie et les rations des militaires, il était très apprécié de cette profession[27].
Après la mort du 13e dalaï-lama, Lungshar poussa le régiment des Trongdra, dirigé par son rival Thupten Kunphel-la, à la mutinerie[13]. Intrigant, Lungshar accusa Thupten Kunphel-la, avec la complicité de l'oracle de Nechung et du médecin du dalaï-lama, d'avoir précipité le décès de ce dernier[28].
Lungshar était rentré au Tibet juste avant la Première Guerre mondiale, la tête remplie d’idées de modernisation du pays[29]. Selon l'historien tibétain exilé K. Dhondup, ses rapports sur les progrès des étudiants tibétains en Angleterre et sur les systèmes politiques en vigueur en Europe impressionnèrent probablement le 13e dalaï-lama dont une préoccupation majeure était de moderniser le Tibet après sa déclaration d’indépendance. Il fut nommé ministre des finances[30]. Ses réformes des impôts le rendirent impopulaire chez ses alter-ego nobles. Bien qu'il fût réformateur, il ne s'alliait pas à d'autres, préférant se reposer sur le patronage du dalaï-lama pour préserver sa position[13].
En 1934, il lança une pétition demandant une réforme du gouvernement signée par de nombreux fonctionnaires. Il souhaitait que l'Assemblée nationale (Tsongdu) prenne le pouvoir du groupe fermé des aristocrates[13]. Il préconisait que les shape ou galoin soient non pas nommés à vie mais élus pour une durée de quatre ans. Il voulait que l’assemblée nationale choisisse les shape, ce qui aurait rendu ces derniers responsables devant l’assemblée[31]. Selon Tsering Yangdzom, cette réforme du Kashag heurtait de plein front les intérêts de la grande noblesse[32].
Il est décrit comme étant très intelligent et très au fait des questions politiques, mais aussi comme têtu. Il avait l’oreille du 13e dalaï-lama et était très apprécié des grands monastères – à qui il avait prodigué des cadeaux – mais ne l’était pas du tout des responsables laïcs et des nobles dont il avait confisqué maints domaines quand il était au pouvoir[33].
Il fut convoqué au Potala pour y être arrêté et emprisonné[34] sous l’accusation de conspiration contre le gouvernement, de tentative de prise de pouvoir[35].
Pour Patrick French, la découverte d'un texte dans une de ses bottes montre qu'il employa la sorcellerie contre Trimon, équivalent culturel d'assassinat. Il fut condamné à être énucléé en 1934[37].
L’énucléation, ordonnée par le Kashag, fut exécutée, selon l’historien Melvyn Goldstein, par des intouchables (les Ragyaba) qui, ne l’ayant jamais pratiquée auparavant, se rabattirent sur les indications techniques données par leurs parents. On s’efforça d’anesthésier le supplicié avec des stupéfiants mais sans grand succès. La méthode consistait à placer des os de yak contre les tempes de la victime et à envelopper la tête de lanières de cuir tout en plaçant à son sommet un bâton. En tournant celui-ci lentement, on resserrait les lanières jusqu’à ce que les globes oculaires sortent de leur orbite. Comme un seul des yeux de Lungshar avait jailli, il fallut extirper l’autre avec la pointe d’un couteau. On versa ensuite de l’huile bouillante dans les orbites pour cautériser les plaies[38]. Pour sa part, Patrick French, qui lors d'un séjour au Tibet en 1999 interrogea Ugyen, un ragyaba tibétain âgé de 65 ans, au sujet de l'implication d'un membre de sa communauté dans cette sentence, rapporte qu'Ugyen lui affirma qu'à cette époque, il était impensable qu'un ragyaba ait pu se charger de l'exécution d'une sentence à l'encontre d'un aristocrate. Il précise qu'alors les mutilations étaient rares, personne n'ayant été «aveuglé» depuis très longtemps; pas même les Kosha, dont c'était la tâche, ne purent s'en charger, et que l'on eut recours à un commerçant qui pour une raison inconnue connaissait la méthode[39].
Son nom de famille et son domaine furent abolis[40] et nombre de ses partisans furent bannis[41]. Le gouvernement décida qu’aucun membre de sa famille ne pourrait hériter d’un titre nobiliaire ni faire carrière dans l’administration[42]. Toutefois, son fils Lhalu Tsewang Dorje, en affirmant publiquement que Lungshar n'était pas son père biologique et en payant de gros pots-de-vin, put redevenir un responsable du gouvernement tibétain en 1937, devenant par la suite de plus en plus influent[43].
Lungshar fut relâché 4 ans plus tard, en 1938, et confié à sa seconde épouse, Lhalu Lhacham, auprès de laquelle il mourut un an plus tard[44].
Un des fils de Lungshar, Canjula, rapporte que son père lui avait dit de ne pas rendre les autres responsables de sa chute, car c’était lui-même qui avait choisi de ne pas recourir à la force[45].
Pour Melvyn Golstein, le mouvement de Lungshar fut la dernière tentative de réformer le système politique tibétain avant la Seconde Guerre mondiale. Sa destruction fut un tournant majeur de l’histoire du Tibet moderne. Selon cet auteur, Trimön, qui représentait le système traditionnel, déjoua les plans de Lungshar et punit celui-ci de façon à intimider les autres nobles. L’accusation portée contre Lungshar de vouloir instaurer un régime bolchévique paraît bien fausse en comparaison de son constat que les membres du gouvernement tibétain étaient incapables de comprendre sa vision d’un nouveau Tibet. Rétrospectivement, la chute de Lungshar a été le principal facteur à l’origine de la disparition de l’État lamaïste[46].
Pour Jamyang Norbu, la présentation de Lungshar sous les trais d'un révolutionnaire progressiste relève du mythe[47].
L'ancienne résidence de Lungshar au village de Shöl, en contrebas du palais du Potala, a été conservée et se visite. Elle est le siège d'une exposition permanente permettant de découvrir «le train de vie de la riche maisonnée»[48]. Cette demeure, qui était la propriété de la famille Lhalu, fut réquisitionnée en 1904 lors de l'expédition militaire britannique au Tibet. Elle est décrite comme ayant trois étages, des vitres aux fenêtres[49].
(en) Recollections of My Father Dorje Tsegye Lungshar (by) Lhalu, Tsewang Dorje, in Melvyn C. Goldstein, Gelek Rimpoche, Lobsang Phuntshog, Essentials of Modern Literary Tibetan: A Reading Course and Reference Grammar, University of California Press, 6 septembre 1991, 493 pages, p.385 et suivantes: «As for (the) Lungshar (family), (it) joined the ranks of government officials at the time of the 5th Dalai Lama and continued to serve as government serveants one generation after another. It is an aristocratic family from the Tanag area in Shey Tongmön district in Shigatse Prefecture.»
Recollections of My Father Dorje Tsegye Lungshar, op. cit., p.395-396: «When he was about eight years old, his father died. However, his mother cared for him and he grew up. (His) mother took concern even about his intellectual studies, and (he) studied with many teachers. Consequently, he achieved an excellent result (i.e., became knowledgeable). Because of that, he showed great respect and love for his mother all the time. Because my father liked studying Tibetan medicine, (he) worked with teachers and studied medical activities very diligently and became skilled. Thereafter, even when we were young, father in his spare time did such things as examine the urine and stool of patients and give out Tibetan medicine. Similarly, from small he liked singing and dancing, and not only always played the hojin and yangjin, but occasionally gathered with musicians in Lhasa and played with them again and again for pleasure.».
Recollections of My Father Dorje Tsegye Lungshar, op. cit., p. 396: «When he reached the age of about 20, he took as (his) bride a girl (from the) aristocratic family of Lleguba in Tanag, and she [lit., that one] bore him two children: Chaba Rusu Wangchen Yulha, and Bema Dromapug. After that, he went to Lhasa to petition to become a lay official in the old government and joined the ranks of officials. Because he was goodd in writing and in arithmetic, he was soon appointed as Dziba (accountant) in the Revenue Office. During the 10 years that he held the position of accountant, he worked diligently. Because he was very capable, he first came to be famous as Dziba Lungshar [i.e., people first came to refer to him by the name Dziba Lungshar)».
Recollections of My Father Dorje Tsegye Lungshar, op. cit., p. 386: «Once when faher’s wife went to Lungshar’s estate for doing the autumn harvest [i.e., overseeing it], she unfortunately died there. After about three years passed, (he) married my mother Dendzin Droma. (She) got (bore) us children, 5 boys and one girl.».
(en) Lungshar, The Tibet Album: «Was an Accountant of the 6th rank in the Accountant-General's Office at Lhasa, when the late Dalai Lama selected him in November, 1912, to take the four Tibetan students to England in 1913.»
Tsering Yangdzom, op. cit.: «Taking four noble youths to the UK to receive modern education – for the first time in Tibetan history, he won the confidence of the 13th Dalai Lama for his loyalty and talent.»
The Tibet Album, op. cit.: «He and the four boys were received in audience by Their Majesties King George V and Queen Mary in June, 1913, when he presented letters and presents from the Dalai Lama to Their Majesties. He was also granted an audience by Lord Crewe and Sir Edward Grey to whom he submitted gifts from the Dalai Lama while in England.»
(en) Alastair Lamb, The McMahon line: a study in the relations between India, China and Tibet, 1904-1914, Volume 2, Routledge & K. Paul, 1966, repris sous le titre Tom Browns from Central Asia, in The History of Tibet: The modern period: 1895-1959, the encounter with modernity, ss la dir. de Alex Mackay, Routledge, 2003, 737 p., p.325-328, p.326: «From the outset the British found Lungshar something of a nuisance. In theory no more than the official escort for the boys, in fact Lungshar regarded himself [...] as a Tibetan embassador at large.»
Tsering Yangdzom, op. cit. «Ambitious, energetic, fanciful and well-educated, he obtained an eminent position soon after returning and became a firm advocate of the 13th's reform policy.»
The Tibet Album, op. cit.: «Afterwards appointed Tsi-pšn (Financial Secretary) and spent some months at Shigatse in 1919 adjusting financial arrangements between Lhasa and Tashi Lhunpo.»
Recollections of My Father Dorje Tsegye Lungshar, op. cit., p.387: «After father returned to Tibet, the Dalaï Lama treated him specially and gave him the position of Revenue Head (Dzibön). At that time, they were in the midst of expanding the Tibetan military organization, but there was insufficient income for the military salaries and consequently a plan was made to collect extra grain. The Babshi Office was established (to collect it). Concerning it, the Dalai Lama approved thhe appointment of Drunyichemmo Losang Tenkyong and my father Dzibön Dorje Tsegye Lungshar to be its heads. They imposed extra grain levies on such sources as council ministers’ estates, generals’ estates that were not the one for which the official served the government. (Similarly, they were levied) on all those among the religious sector and the Debön midra, the Yabshi and other aristocrats who had extra estates that had been obtained without proper title. (In this manner) the larhe families had to pay extra levies of 4-5,000 ke of grain, and the families beneath (them) levies of several hundred ke. Because of this, the old government got a very large amount of grain. Afterwards, toward the end of the Dalai Lama’s life, the old grain storage places (of the government) were basically full. […] Because the target of the extra grain levies was the larger Debön midra (families), negative public opinion concerning Dzibön Lungshar was disseminated from one group of the highest officials»
Tsering Yangdzom, op. cit.: «The Shatra family's youngest daughter, Yangdzom Tsering, was originally a lay Buddhist nun. However, the attractive young woman soon resumed secular life and became the mistress of Duke Langdun, elder brother of the 13th Dalai Lama who was in power then. Though not receiving a public condemnation of her action, she still needed a proper social status just for the sake of her personal life and her eminent family. In 1904(30th year of Emperor Guangxu) the British troops invaded Tibet. Langdun, along with the 13th Dalai Lama, fled to Mongolia but died on the way. At that time Yangdzom Tsering already had a son named Phungtshons Rabrgyas. The Shatra family began to give a careful consideration to the young mother and her baby's future life. As a result of the consultation, she finally became the third wife of Jigme Namgyel. After the marriage they lived harmoniously and amiably. Phungtshons Rabrgyas, who became Jigme Namgyel's stepson, also received many prerogatives and favors from the 13th Dalai Lama. Jigme Namgyel died at the age of 37. Phungtshons Rabrgyas hence became the rightful heir. Together with his half brother Langdun Kunga Wangchug who inherited the family property from the late Yab-gzhis Landun, he frequently attended various ceremonies organized by the local government. Owing to his family background, he was the focus of public attention. Regrettably he lived only for 17 years. To continue the family bloodline, Yangdzom Tsering's remarriage appeared to be inevitable. About two years after Phungtshons Rabrgyas'death, the second son of the noble Rampa family became Yangdzom Tsering's new husband and moved into her house. The bridegroom then received the title of "Dzasak" from the 13th Dalai Lama. Nonetheless, he still remained sentimentally attached to his ex-wife, now his sister-in-law, which eventually turned his second marriage into a failure.»
The Tibet Album, op. cit.: «Was appointed Commander-in-Chief of the Tibetan army in 1925 in succession to Tsarong Shape and in addition to his own post of Tsi-pšn (Financial Secretary) but was deprived of the Commander-in-chief in 1931.»
The Tibet Album, Lhalu Se: «Lhalu Se's father, Lungshar, went to Britain in 1912 and returned to Tibet just before the First World War with many ideas about how to modernise Tibet. He particularly wanted to make the Parliament more powerful politically than the Cabinet.»
(en) K. Dhondup, The water-bird and other years: a history of the Thirteenth Dalai Lama and after, 1986, Rangwang Publishers: «Lungshar returned to Tibet in September 1914 with letter and presents from the British Crown to the Dalai Lama. His report of the Tibetan students progress in England and general observations about Europe and their political systems must have impressed the Dalai Lama whose main concern after the recent declaration of Tibetan independence was its modernisation in every sphere. Soon afterwards, Lungshar was appointed a Minister of Finance.»
(en) Melvyn C. Goldstein, A History of Modern Tibet, 1913-1951, University of California Press, 1991, 936 pages, p.208-209: «The critical reform Lungshar advocated concerned the Kashag (Gaxag). He wanted the shape (goloin)’s lifelong terms of office to be replaced by four-year terms. Moreover he wanted the National Assembly to select the shapes, thereby making the shapes responsible to the agency.»
Tsering Yangdzom, op. cit.: «Lungsharwa Dorje Tsegyel, who was in the 13th's favor, advocated abolishing lifelong tenure for the Galoin (bkav-blon); instead, a "referendum" should be held to vote the Galoin for a four-year term. Since his radical reform was targeted at the Gaxag (bkav-shag)—the supreme administrative organization of the local government, and thus encroached on the interests of the big nobility […]».
The Tibet Album, op. cit.: «Is intelligent but obstinate […]. He was popular with the Army, whose pay and rations he increased, and with the big monasteries, to whom he constantly gave gifts. But was extremely unpopular with lay officials and with the gentry whose estates he had confiscated right and left when in office. Was very influential with the late Dalai Lama and is very intelligent and well informed in all political matters but made many enemies.»
The Tibet Album, op. cit.: «on the charge (which appears to be well grounded) of conspiring to overturn the existing Government and to seize power for himself.»
Claude Arpi, op. cit., p.165: «L'un des conspirateurs, Rimshi Kashopa, rapporta ces plans au kalon Trimon, ministre du cabinet, qui en informa le régent. Celui-ci ordonna l'arrestation immédiate de Lungshar. La résidence de Lungshar fut perquisitionnée et des documents compromettants furent trouvés sur place. Il fut également prouvé qu'il avait prévu d'assassiner le kalon Trimon.»
Patrick French, op. cit., p.186-187: «Lorsqu'on lui enleva ses bottes, une feuille de papier tomba au sol. Il réussit à s'en emparer et à l'avaler, en dépit des efforts de ses gardiens pour l'en empêcher. Il y avait également une feuille de papier dans la seconde botte. C'est avec horreur que les moines découvrirent un mantra noir: Trimon Norbu Wangal [...], soit le nom complet d'un ministre important [...]. Ses partisans politiques l'abandonnèrent lorsqu'ils apprirent qu'il avait employé la sorcellerie. Culturellement, il avait projeté l'équivalent d'assassinat.»
Melvyn C. Goldstein, op. cit., p.208-209: «The method involved the placement of a smooth, round yack’s knucklebone on each of the temples of the prisoner. These were then tied by leather thongs around the head and tightened by turning the thongs with a stick on top of the head until the eyeballs popped out. The prisoner was heavily doped with a drug called langchen nyochu ("the water that makes an elephant mad") during this process. Only one eyeball popped out, and eventually the ragyaba had to cut out the other ball with a knife. Boiling oil was then poured into the sockets to cauterize the wound. The punishment of taking out someone's eyeballs had not been exacted for such a long time that there was no one who had ever seen it done. Mutilation punishments were done by the untouchable caste known as the ragyaba, who in this instance told the government that they were able to do it only because their parents had told them how it was done.»
Tsering Yangdzom, op. cit.: «The government also issued orders that none of the Lungsharwa family's offspring could inherit a noble title or have an official career».
Tsering Yangdzom, op. cit., p. 24: «Lhalu Tsewang Dorje himself admitted that he was awarded a grade-four official rank through bribing the then Galoin Khrimon-pa. After marrying into the Tibetan aristocracy, he managed to achieve a rapid rise up the official ladder.»
Melvyn C. Goldstein, op. cit., p.211: «Lungshar himself was released from prison in May 1938 and placed in the custody of Lady Lhalu, his common-law wife. He died about one year later, from natural causes.»
Melvyn C. Goldstein, op. cit., p.211: «Canjula remembers that his father told him not to blame others for his downfall, because the decision not to use force was his own.»
Melvyn C. Goldstein, op. cit., p.212: «Lungshar’s movement was the last attempt to reform and revitalize the traditional political system before World War II. Its destruction was a major turning point in modern Tibetan history. Trimön, representing the prerogatives of the traditional system, outmaneuvered Lungshar and punished him in a way that intimidated other aristocrats. Lungshar’s statement to his sons regarding the government officials’ inability to understand his dreams for a new Tibet rings true in the light of the absurd charge that his party was trying to establish a Bolshevik form of government. For all his personal faults, Lungshar was one of the great figures in modern Tibetan history. In retrospect, his downfall must be seen as a main factor underlying the demise of the Lamaist State.»