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Lucienne Florentin est une journaliste, critique d'art et écrivaine suisse d'origine française, née à Tulle (Limousin) en 1872 et morte à Genève le [1].
Lucienne Florentin | |
Lucienne Florentin Alice Bailly, peinture sur laine (1918), 68 x 58 cm | |
Nom de naissance | Catherine Florentine Lucienne Chasteau |
---|---|
Naissance | Tulle, Limousin |
Décès | (à 69 ans) Genève |
Nationalité | Suisse |
Profession | Journaliste |
Spécialité | Critique d'art Critique de théâtre Critique littéraire |
Autres activités | Conseillère artistique Écrivaine |
Distinctions honorifiques | Ordre national de la Légion d'honneur |
Médias actuels | |
Pays | Suisse |
Historique | |
Presse écrite | La Suisse |
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Lucienne Florentin, de son vrai nom Catherine Florentine Lucienne Chasteau, est née en France le , à Tulle dans le Limousin. Fille d'Émile Joseph François Chasteau (1842-1918), dessinateur d'art et de Louise Saigne (1850-1926), institutrice, elle est aussi la sœur de la romancière française Marcelle Tinayre[2].
Elle acquiert la nationalité suisse à la suite de son mariage avec le peintre et graveur genevois Armand Cacheux[3] qu'elle rencontra dans les milieux artistiques parisiens[4].
En 1903, son mari devient professeur à L’École des arts industriels de Genève[3] ce qui lui permettra de s'intégrer au milieu artistique genevois. Elle ne fréquenta pas, toutefois, la culture des cafés représentée à cette époque par les amis du peintre Ferdinand Hodler au Café Chez Dussez, Place du Cirque et du peintre Otto Vautier au Café du Levant, Place du Port à Genève[4].
En 1909, elle est engagée comme critique d'art, de théâtre et de littérature au quotidien genevois La Suisse. Elle prend alors le pseudonyme de Lucienne Florentin et écrira pour ce journal jusqu'en 1941. Elle est chargée de rédiger la chronique artistique et de faire des comptes rendus des expositions qui ont lieu à Genève, en Suisse et même à Paris. Elle écrira aussi pour d'autres revues, notamment Pages d'Art et L'Art en Suisse.
Elle ne cachera pas sa préférence pour l'art « latin » plutôt que « germanique » et classique plutôt que moderniste[1]. Ce qu'elle exprimera dans certains de ses écrits par les désordres parisiens sans doute pour le cubisme et par l'art brutal, violent [...] abstrait et géométrique de l'Allemagne, probablement pour l'Expressionnisme[5].
Au début du XXe siècle, la critique d'art était l'apanage des écrivains et des peintres qui signaient la plupart des chroniques artistiques. Surnommée par ses confrères journalistes la sirène des galeries, la mère Florentin ou plus ironiquement l'oracle des arts, elle fut la première femme critique d'art professionnelle en Suisse romande, cela dans un milieu complètement dominé par la gent masculine[5]. Aidée par une certaine aisance à manier la plume de par son origine française proche des influences artistiques parisiennes, elle s'imposera rapidement comme une critique impitoyable ; on en veut pour preuve, parmi beaucoup d'autres exemples, ce jugement sur la jeune génération de peintres suisses romands dans un de ses articles :
« Quand donc ces jeunes oublieront-ils ce qu'ils ont mal appris ? Quand donc vomiront-ils leur science indigeste et empoisonnée; quand donc cesseront-ils de rechercher l'art perse, hindou ou égyptien, tout l'art oriental pour l'imiter aussi vainement, aussi platement qu'un Olsommer imite un peintre chinois ? Quand rechercheront-ils enfin la nature dans la nature et nous montreront-ils, ces fauves, leur cou que ne pèlera plus un collier ? »
— Casse-cou! / L. Florentin, In: La Suisse. - Genève. - 27 mars 1913, rubrique "Chronique artistique"
De même, ses critiques théâtrales furent toutes aussi virulentes au point que le directeur de la Comédie de Genève[6] de l'époque, Ernest Fournier[7] provoqua le scandale en menaçant Madame Florentin d'une fessée publique[4].
En 1913, en marge de son travail de journaliste à La Suisse, elle est engagée comme conseillère artistique par la Galerie Moos qui joue alors un rôle de premier plan sur la scène artistique locale. L'association d'un marchand de tableau et d'une critique d'art provoquera la polémique. Ce système marchand-critique[8] sera dénoncé par le peintre genevois Louis Baudit[9] qui publiera à compte d'auteur un opuscule[10] dont voici quelques lignes :
« Et pour peu que ce marchand de tableaux soit assez habile pour avoir avec lui un journaliste, critique d'art, intéressé dans sa maison aux appointements de cinq ou six cents francs par mois...avec une part sur les bénéfices...que sais-je encore ? et ayant encore une influence sur la direction du Musée de Genève, comme elle eut une influence sur L’École des Arts industriels, cela est plus qu'il n'en faut pour créer un courant assez fort pour violer et dompter le goût naïf mais juste du public. Tel est l'esprit du programme d’association de Mme Florentin avec la Galerie Moos. »
— Beaux-arts : critiques, marchands de tableaux / Louis Baudit, Genève : L. Baudit, 1919, p. 4-5
Cette notoriété grandissante, sa particularité de femme critique d'art, la publication de ses articles en première page du quotidien La Suisse, son rôle présumé dans la promotion des expositions de la Galerie Moos, sans oublier ses origines françaises et le caractère radical de ses jugements artistiques ont aussi inspirés deux violents pamphlets, à caractère le plus souvent misogyne, au peintre et écrivain Albert Trachsel[11] dont voici un extrait du premier[12] :
« [...] on se trouve simplement en face d'un impertinent saltimbanque, d'un drôle, dont le mérite le plus évident consiste à collectionner des potins de concierges, des racontars de vieilles filles »
— Le "Zed" de la "Suisse" ou la vieille lavandière de la Cité / Albert Trachsel, Genève : Impr. A. Kündig, 1914, p. 267
Le deuxième pamphlet est une autre longue suite de propos tout aussi virulents, parfois xénophobes, sur Lucienne Florentin[12] dont voici les premières lignes :
« Nombreux sont les lecteurs de La Suisse, ce journal dont le solide patriotisme, le noble désintéressement, les proses éblouissantes, les magistrales chroniques, sont l'honneur de la presse genevoise, et ont contribué à répandre bien au-delà de nos frontières la réputation du journalisme helvétique. Et ces nombreux lecteurs, entre autres pâtisseries et succulentes meringues, contenues dans cette feuille maraîchère, ont le bonheur quasi divin de savourer, de déguster avec délice, les étonnantes critiques d'Art signées "Florentin". »
— "Florentin" dit "L'oracle des arts" / Albert Trachsel, Genève : [A. Trachsel], 1920 (Genève : Dubouchet & Giamboni), p. [7]
Ces attaques, ne semblent pas avoir entamé la réputation de Lucienne Florentin dont l'autorité en matière de critique d'art ne fera que se confirmer dans l'entre-deux-guerres. Quelques années plus tard, elle écrira ces mots sur A.Trachsel dans un de ses articles :
« [...]. Mais l'écrivain se double d'un peintre et le peintre vaut mieux que l'écrivain. »
— Albert Trachsel / Lucienne Florentin, In La Suisse. - Genève. - 30 janvier 1929
Dans les années 1920[1], elle se divorcera et éduquera ses deux enfants[4].
Entre 1923 et 1936, elle publiera une série de monographies dans un style plus «aimable», notamment sur Théophile Robert[13] et sur le peintre japonais Takanori Oguiss, confirmant ses talents d'écrivaine.
En 1936, elle sera décorée de l'Ordre national de la Légion d'honneur[14] par le gouvernement français pour service rendu à l'Art et aux artistes, faisant l'admiration de la plupart de ses collègues journalistes suisses romands[5].
À partir de 1941, la maladie l'empêchera de poursuivre ses activités professionnelles. Elle meurt à Genève, le à l'âge de 70 ans[2].
Fonds Lucienne Florentin, 1901-1944 [5 classeurs, 3 cartons]. Section : Archives de la Bibliothèque d'art et d'archéologie de Genève (BAA); Cote : BAA ARCHIVES FLORENTIN. Ville de Genève, Musée d'art et d'histoire, Bibliothèque d'art et d'archéologie (présentation en ligne).
Les archives de Lucienne Florentin proviennent d'un don de Alfred Berchtold en 1986 à la Bibliothèque d'art et d'archéologie (Genève) du Musée d'art et d'histoire de la Ville de Genève. La consultation se fait uniquement dans les locaux de la bibliothèque. Elles contiennent des coupures de presses de divers journaux suisses et genevois dont la Tribune de Genève, Le Pilori, et majoritairement du journal La Suisse, de la correspondance, des manuscrits, et des monographies[15].
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