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officier de Marine français du 18e siècle De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Louis Charles, comte du Chaffault de Besné, seigneur de Chambretaud, Meslay, la Goyère et autres terres, né le à Nantes[1] et mort en cette même ville le à la prison de Lusançay (manoir de la Hautière), est un lieutenant général des armées navales français. Originaire d'une famille noble nantaise, Louis Charles du Chaffault de Besné entre jeune dans la marine royale et se distingue une première fois au large du cap Finisterre pendant la guerre de Succession d'Autriche.
Louis Charles du Chaffault de Besné | ||
Portrait de Louis Charles du Chaffault de Besné Huile sur toile de Jean-Pierre Franque, 1839 Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon | ||
Naissance | à Nantes |
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Décès | (à 86 ans) à la prison de Lusançay |
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Origine | Français | |
Allégeance | Royaume de France | |
Arme | Marine royale française | |
Grade | Vice-amiral | |
Années de service | 1725 – 1790 | |
Conflits | Guerre de Succession d'Autriche Guerre de Sept Ans Guerre d'indépendance des États-Unis |
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Faits d'armes | Bataille du cap Finisterre (octobre 1747) Bataille d'Ouessant (1778) Bombardement de Larache (1765) |
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Distinctions | Grand-croix de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis | |
Hommages | Rue du Chaffault (Paris) | |
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La paix revenue, il effectue plusieurs missions dans les Antilles et ravitaille les établissements de Nouvelle-France. Promu lieutenant général des armées navales, il commande, en cette qualité, à la bataille d'Ouessant en , ce qui lui vaut son surnom de l'« homme d'Ouessant ». Retiré en son château de Meslay à La Guyonnière (en Vendée) à la Révolution, il encourage à partir de l'insurrection contre la Convention nationale. Il est arrêté et meurt à la prison de Lusançay le .
Louis Charles du Chaffault de Besné est issu d'une ancienne famille noble originaire de Bretagne et du comté nantais[2], quoique depuis longtemps établie en Bas-Poitou, où elle possédait la terre de la Senardière, près de Montaigu ; celle de la Guignardière, près d'Avrillé, et d'autres domaines[3]. Il est le deuxième des trois fils d'Alexis-Augustin, comte du Chaffault (1680-1740), seigneur de la Senardière et du Plessis-Besné, plus tard conseiller au parlement de Bretagne, et de Marie Boux de Saint-Mars, descendante de François Boux (v. 1512-1573), un médecin célèbre à Nantes, doyen de la faculté de médecine de Nantes, au XVIe siècle[3]. Son frère ainé, Julien Gabriel du Chaffault (1707-1771), est, comme son père, conseiller au parlement de Bretagne.
Les du Chaffault étaient alliés aux d'Escoubleau de Sourdis et aux La Roche-Saint-André, deux familles poitevines qui, depuis près d'un siècle, se distinguaient dans la marine[3].
Il épouse sa cousine Pélagie de La Roche Saint-André, petite-fille du chef d'escadre Gilles de La Roche-Saint-André[4], le [5] avec qui il a six enfants, parmi lesquels :
Le jeune du Chaffault de Besné entre dans la « Royale » sous les ordres de son futur beau-père Louis-Gilles de La Roche Saint-André[6]. Il intègre une compagnie de garde-marine le , à l'âge de dix-sept ans. En 1728, il participe au bombardement de Tunis à bord de L'Astrée, commandée par le chevalier de Gouyon. Il se distingue de bonne heure et gravit les échelons de la hiérarchie militaire, il est promu enseigne de vaisseau le [7]. En 1739, la France, souhaitant témoigner sa sympathie aux cours de Suède et de Danemark, envoie une escadre de quatre vaisseaux sous les ordres du marquis d'Antin, vice-amiral du Ponant. Du Chaffault sert dans cette escadre, à bord du Fleuron, commandé par Jean-André Barrailh. Dans son récit de la visite rendue au roi Frédéric Ier de Suède, le capitaine en second du Fleuron, le chevalier de Folligny écrit : « Il nous a dit qu'il était bien aise de voir à nos visages que l'air du pays nous était bon apparemment : l'embonpoint de Du Chaffault nous attirait ce compliment[8] ».
Promu lieutenant de vaisseau le , il reçoit à Brest en l'ordre d'armer deux frégates de 36 canons, l'Atalante, dont le commandement lui est confié, et La Syrène, commandée par le comte de Guichen pour aller croiser dans les eaux de Saint-Domingue. Du Chaffault, de deux ans l'ainé de Guichen, lui aussi lieutenant de vaisseau, reçoit le commandement de la division navale. Cette dernière quitte la rade de Brest le , mais doit faire face à une terrible tempête. Le , à l'ouest du Cap Finisterre, L'Atalante capture le Roi des Indes, un trois-mâts britannique parti des établissements de Caroline aux États-Unis avec du riz, du cuir et du bois à destination de Lisbonne. Du Chaffault confie à un de ses officiers le soin de la ramener dans un port de France. Le , la flotte arrive en vue de Porto Santo, près de Madère, et, après une traversée de l'Atlantique au cours de laquelle elle passe à proximité d'un convoi anglais sans l'attaquer, elle rallie les Antilles le et le Porto Santo deux jours plus tard. Les deux frégates reprennent la mer dès le et capturent un corsaire britannique, le Clinton.
La même année, Du Chaffault de Besné est alors capitaine de pavillon du marquis de l'Estenduère, à bord du vaisseau amiral Tonnant. À la bataille du cap Finisterre, le , L'Estenduère affronte les quinze vaisseaux de l'amiral britannique Hawke. Duchaffault est blessé au visage pendant le combat. Il est fait capitaine de vaisseau le , à 48 ans, et commande toujours L'Atalante.
Deux ans plus tard, en 1756, la guerre de Sept Ans éclate entre la France et l'Angleterre. Le au matin, après quarante-trois jours de traversée, alors que du Chaffault commande L'Atalante dans la division du comte d'Aubigny[9], la flotte française attaque sur les atterrages de la Martinique un vaisseau anglais de 60 canons, nommé le HMS Warwick commandé par Molyneux Shuldham. Malgré l'énorme supériorité des forces françaises, le Warwick, après avoir essayé de soutenir le feu de l’Atalante, gagna au large avec de graves avaries ; puis, rejoint bientôt par la frégate, il amena son pavillon. L’Atalante remporte cette victoire sous les yeux de la division d'Aubigny, qui est demeurée spectatrice de la lutte sans y prendre part (). Le lendemain, le Warwick est ramené à Fort-Royal. La division rentre en France. D'après Lapeyrouse-Bonfils :
« Louis XV écrivit de sa main une lettre des plus flatteuses au capitaine de L'Atalante, et les peintres du roi reçurent l'ordre de représenter ce fait d'armes dans un tableau destiné pour la galerie de Versailles[10]. »
Mais la guerre s'est déplacée vers l'Amérique du Nord et du Chaffault est chargé de transporter des troupes au Canada. Il appareille de l'île d'Aix le , avec une division composée de cinq vaisseaux et trois frégates[11]. Le , l'escadre mouille à Port-Dauphin sur l'île Royale, elle trouve le port de Louisbourg bloqué par dix vaisseaux britannique, et débarque les troupes dans la baie Sainte-Anne. Ce secours tardif n'ayant pu empêcher la colonie de tomber au pouvoir des Britannique, du Chaffault revient en France. Il rencontre en chemin, à 66 milles environ nord - nord-ouest d'Ouessant, une escadre anglaise composée de sept vaisseaux et d'une frégate qu'il réussit à éviter et arrive sans encombre à Rochefort, le .
Il est promu au grade de chef d'escadre le . En 1765, le Roi confie à du Chaffault une expédition contre les pirates salétiens. Le , il mouille devant Salé à bord de L'Utile, accompagné de six frégates[12], deux bombardes et une barque, L'Hirondelle. Le , les bombardes s'approchent de terre et font tirer leurs mortiers, qui envoient leurs bombes sur la ville mais sans succès. Cependant, le lendemain, la mer est énorme ; l'escadre dérade en filant les câbles d'ancres, par le bout sur des bouées, et croise au large. Le , les vigies annoncent l'arrivée d'un renfort, deux chebecs de Toulon : Le Caméléon et Le Singe, ce dernier commandé par une recrue, « gueulard, ventripotent, chercheur de plaies et bosses, tête chaude et fin manœuvrier[réf. nécessaire] » : le bailli Pierre-André de Suffren.
Il dirige sa flotte contre Larache, qu'il atteint le , bombarde le port, en détruit les batteries et brûle quelques navires marocains, du 25 au . Les troupes françaises perdront 300 hommes dont 30 ou 40 officiers et gardes de la marine après avoir été encerclées par les troupes marocaines. La France devra payer un lourd tribut pour que le Maroc relâche les prisonniers. La flotte n'a pas pu récupérer les prisonniers ou bien infliger des représailles aux forces marocaines. Cet échec fait suite à la guerre de Sept Ans qui s'était terminée par une défaite. La défaite de Larache a conduit à une trêve et un traité entre la France et le Maroc en 1767. Les prisonniers français auraient participé à la construction de la ville d'Essaouira[13].
Il appareille pour Cadix le .
Il reçoit une pension de 6 000 livres sur le budget de l'ordre royal et militaire de Saint-Louis, par brevet du [14]. Le , il est nommé lieutenant général des armées navales et commande, en cette qualité, à la bataille d'Ouessant, l'avant-garde de l'armée française, à qui le hasard du combat fit jouer le rôle et tenir la place de l'arrière-garde. À bord de La Couronne, 80 canons, il est grièvement blessé d'un coup de mitraille à l'épaule[15] et a en outre la douleur de voir son fils blessé à ses côtés[16]. La nouvelle de son infortune parvient jusqu'à la famille royale qui s'en émeut et le roi lui octroie une pension de 3 000 livres « en considération de ses services, et de la blessure qu'il a reçue au combat d'Ouessan »[17]. Il ajoutera, en 1779, une pension de 300 livres au chirurgien Jean Lambinet « en considération de ses soins et du succès qu'il a eu dans le traitement de la blessure reçue par M. le comte du Chaffault au combat d'Ouessant »[18].
Feuillet de Conches, p. 28 écrit :
« Madame Élisabeth parle de la blessure du lieutenant général comte du Chaffault. En effet, notre avant-garde avait longtemps soutenu seule le feu de l'ennemi, et c'est en cherchant à dégager un de ses bâtiments que du Chaffault reçut un éclat de mitraille si terrible, qu'on trembla longtemps pour ses jours. On parvint enfin à lui extraire de l'épaule un morceau de fer pesant environ cinq onces; et depuis cette opération sa blessure prit un caractère plus consolant. « Ce pauvre M. du Chaffault, que je le plains ! » disait Marie-Antoinette, alarmée de la situation inquiétante de cet officier. « Je voudrais être oiseau pour aller lui servir de garde[19]. »
Rétabli de ses blessures, du Chaffault reçoit, le [20], le commandement des flottes combinées de France et d'Espagne, en remplacement du comte d'Orvilliers, démissionnaire à la suite de la campagne infructueuse de l'été 1779 dans la Manche.
il refuse formellement, en , de servir à Cadix sous les ordres du comte Charles-Hector d'Estaing qui, pendant toute sa jeunesse, avait servi dans l'armée de terre en qualité de colonel d'infanterie, puis de brigadier des armées du Roi ; qui, prisonnier des Anglais dans l'Inde, et libre sur parole, avait, au mépris de son engagement, repris sur-le-champ les armes ; et qui enfin, était devenu vice-amiral, a toujours été contesté par les officiers, aimé par les matelots[21]. Du Chaffault est alors le second officier général à opposer un pareil refus. En 1779, le chevalier de Ternay, qui était prêt à partir pour l'Inde, avait préféré perdre le commandement de la flotte que de servir sous un tel chef. Inflexible, le , du Chaffault écrit une lettre pour motiver son refus : « Mon honneur est le seul bien qui me soit cher[22]. »
Il se retire en Vendée, dans le château de Meslay, qu'il possédait en la paroisse de La Guyonnière près de Montaigu, et consacre ses loisirs à l'agriculture, à l'architecture et à la bienfaisance[5].
Malgré son âge avancé, le Comité de la marine lui confère le titre de vice-amiral le , sans parvenir à obtenir ses sympathies[23]. Il encourage l'insurrection vendéenne. Pendant le combat de Montaigu, le , on vit le vieil amiral, tout invalide qu'il était, donner des ordres par sa fenêtre, et diriger la partie du combat qui avait lieu devant lui[5]. L'officier républicain Chavagnes le fait arrêter à Meslay et l'envoie à Nantes. Sur ordre du comité révolutionnaire de Nantes, il est conduit au château de Luzançay[5]. Malade, il fait parvenir des lettres au représentant du peuple, afin de réclamer sa libération.
« Citoyen Représentant,
D'après la réputation dont vous jouissez depuis que vous êtes à Nantes, c'est avec une parfaite confiance que je réclame votre justice, me flattant que je ne serai pas le seul qui ne l'éprouverai. Je suis dans ma 87ème année, j'ai servi ma patrie pendant 59 ans avec quelque distinction; je me ressens encore tous les jours d'une cruelle blessure que je reçus au combat d'Ouessant, où je commandais la 2ème division de l'armée navale ; je suis en outre fort tourmenté de la gravelle- Il y a plus de six mois que j'habite la maison d'arrêt de Lusançay, où le Comité révolutionnaire m'a fait conduire par une faveur particulière, en considération de mon âge, de mes infirmités, de mes services et de la conduite irréprochable que j'ai toujours menée. Daignez, citoyen représentant, vous en faire rendre compte. J'ose me flatter que vous en serez content; auquel cas je vous demande ma liberté, ou du moins la ville pour prison, afin d'être plus à portée des secours dont j'ai journellement besoin, et que je ne puis avoir à la distance où je suis de la ville, en attendant la saison des eaux, dont j'ai le plus urgent besoin pour adoucir les derniers instants de ma malheureuse vie; car je suis dénué de tout, moins douleurs.
Salut et fraternité.
DUCHAFFAUT. 21 floréal an II de la République française, une et indivisible (10 mai 1794). »
Mais cette lettre reste sans effet. Dans sa Biographie universelle, Michaud décrit sa captivité :
« Vieillard plus qu'octogénaire mais fort et robuste, il avait une figure vénérable et de très beaux cheveux blancs. Ses compagnons d'infortune eurent bientôt des droits à ses soins, à ses veilles, aux débris de sa fortune. Des Américains, des Irlandais, des Suédois, des Allemands, détenus avec lui, respectaient dans sa personne le caractère et l'honneur français, que les révolutionnaires français cherchaient à leur rendre odieux. Un savetier, un soldat de la compagnie Marat, eut un jour l'insolence d'aller s’asseoir dans la chambre du comte du Chaffault et lui dit, en fumant sa pipe, et le tutoyant avec l'arrogance de ces temps déployables : ton château vient d'être brulé. Les trésors que tu avais enfouis ont été découverts et confisqués. Le vieillard parut recevoir cette nouvelle avec assez d'indifférence ; mais il ne pouvait s'accoutumer aux cris épouvantables des malheureux qu'on engloutissait dans la Loire. C'est sous les fenêtres de sa prison que se faisaient les « noyades ». Le comité ne répondit à aucune de ses pétitions : son nom, ses services, ses vertus étaient de trop grands crimes. Il tomba malade dans le dixième mois de sa captivité et mourut quelques jours avant le 9 thermidor, à quatre-vingt sept ans, plus encore de chagrin et d'ennui que de son grand âge et des suites de son ancienne blessure, qu'on pansait tous les jours[25]. »
Il meurt, le , après deux mois de captivité, à l'âge de quatre-vingt-six ans. Sa tombe se trouve au cimetière Miséricorde. Son portrait figure dans les galeries historiques du château de Versailles.
16. Louis du Chaffault | ||||||||||||||||
8. Jacques du Chaffault | ||||||||||||||||
17.Eléonore du Plantis | ||||||||||||||||
4. Claude du Chaffault de La Sénardière | ||||||||||||||||
18. Jean Blanchet | ||||||||||||||||
9.Marthe Blanchet | ||||||||||||||||
19. Jacquette Méré | ||||||||||||||||
2. Alexis-Augustin du Chaffault de La Sénardière Conseiller au Parlement de Bretagne | ||||||||||||||||
20. Julien de La Roche, seigneur des Ganuchéres | ||||||||||||||||
10. Gilles de la Roche-Saint-André Chef d'escadre | ||||||||||||||||
21. Françoise Gignet | ||||||||||||||||
5. Marie de La Roche Saint-André | ||||||||||||||||
22. Jacques-René d'Escoubleau de Sourdis | ||||||||||||||||
11. Gabrielle-Brigitte d'Escoubleau de Sourdis | ||||||||||||||||
23. Renée Berland | ||||||||||||||||
1. Louis Charles du Chaffault de Besné | ||||||||||||||||
24. François Boux | ||||||||||||||||
12. Claude Boux | ||||||||||||||||
25. Françoise Drouet | ||||||||||||||||
6. Julien Boux (1634-1708) | ||||||||||||||||
26. Julien Pichon | ||||||||||||||||
13. Michelle Pichon | ||||||||||||||||
27. Anne Angibaud | ||||||||||||||||
3. Anne Boux | ||||||||||||||||
28. | ||||||||||||||||
14. François Baudouin | ||||||||||||||||
29. | ||||||||||||||||
7. Marie Beaudouin (1647-1729) | ||||||||||||||||
30. | ||||||||||||||||
15. Renée Prampart | ||||||||||||||||
31. | ||||||||||||||||
Famille du Chaffault
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Plusieurs voies ont été nommées en son honneur :
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