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loi de la pression osmotique De Wikipédia, l'encyclopédie libre
En chimie physique, la loi de l'osmométrie, aussi appelée loi de van 't Hoff ou loi de la pression osmotique, est une loi relative au phénomène de l'osmose. Jacobus Henricus van 't Hoff l'énonça en 1886 et reçut en 1901 le premier prix Nobel de chimie « en reconnaissance des services extraordinaires qu’il a rendus par la découverte des lois de la dynamique chimique et de la pression osmotique dans les solutions ».
Cette loi est l'une des lois relatives aux propriétés colligatives des solutions chimiques, avec les trois énoncées par François-Marie Raoult à partir de 1878 : la loi de l'ébulliométrie, la loi de la cryométrie et la loi de la tonométrie (lois de Raoult). Ces quatre lois ont notamment permis d'établir des méthodes de détermination expérimentale de la masse molaire des espèces chimiques.
Lorsque l'on place un solvant pur et une solution d'un soluté quelconque dans le même solvant de part et d'autre d'une membrane semi-perméable (ne laissant passer que le solvant), le solvant migre spontanément à travers la membrane du compartiment A contenant le solvant pur vers le compartiment B contenant la solution (voir figure 1) : ce phénomène est appelé osmose. Au bout d'un certain temps la migration du solvant cesse et un équilibre s'établit entre les deux compartiments. À l'équilibre osmotique la membrane subit une pression plus importante de la part de la solution que de la part du solvant pur ; le solvant a donc migré du compartiment de plus faible pression, le compartiment A, vers celui de plus forte pression, le compartiment B.
La loi de van 't Hoff permet de calculer le surcroît de pression exercée par le compartiment contenant la solution dans le cas des solutions très diluées selon :
Loi de van 't Hoff, ou loi de l'osmométrie : |
avec :
La forme de cette loi rappelle celle des gaz parfaits . Elle est totalement indépendante des propriétés intrinsèques du solvant et du soluté. Quelles que soient les conditions opératoires , c'est donc toujours le compartiment B contenant la solution qui exerce la pression la plus importante sur la membrane.
En notant la concentration molaire du soluté dans le compartiment B, avec la relation :
on peut également écrire :
Si les deux compartiments contiennent tous les deux une solution, de solutés qui peuvent être différents mais dans le même solvant, alors la pression osmotique totale exercée sur la membrane est égale à l'écart entre les pressions osmotiques exercées par les deux solutions. On note :
avec :
La pression osmotique totale exercée sur la membrane lorsque les deux compartiments contiennent une solution vaut, en prenant le compartiment B comme milieu de référence (par exemple le cytoplasme d'une cellule en biologie, voir figure 2) :
Trois cas se présentent :
La loi de l'osmométrie peut également s'exprimer en fonction de la molalité du soluté, qui représente la quantité de soluté pour 1 kg de solvant (en mol/kg) :
avec la masse volumique du solvant pur à la température (en kg/m3).
Par définition, la molalité vaut :
avec :
En conséquence, on peut écrire :
Puisque l'on suppose que le soluté ne contribue que de façon négligeable aux propriétés de la solution, le ratio est assimilable à la masse volumique du solvant pur à la même température :
Si le soluté se dissocie dans la solution liquide, comme par exemple un sel se dissociant en ions, l'expression de la loi est modifiée par le facteur de van 't Hoff :
Cette loi n'est valable que sous les hypothèses suivantes :
Contrairement à ce que l'on observe dans un équilibre de phases (par exemple dans le cas d'un équilibre liquide-vapeur), l'équilibre osmotique est atteint alors que les pressions exercées par les deux phases A et B sur la membrane sont différentes (voir figure 1). Soit :
On a alors, à l'équilibre osmotique, l'égalité des potentiels chimiques du solvant pur en A et du même solvant dans la solution B :
Cet équilibre étant à la température pour une fraction molaire de solvant en solution dans le compartiment B, le potentiel chimique du solvant en solution peut s'écrire, en considérant que la solution est idéale :
on réécrit la relation (1) :
Ainsi si le solvant est pur dans le compartiment B, soit , on a , ce qui impose que : on retrouve la condition d'équilibre normale entre deux compartiments ayant le même contenu, à savoir que les pressions de part et d'autre de la membrane sont identiques.
La relation de Gibbs-Duhem donne la variation du potentiel chimique du solvant pur à température constante :
avec le volume molaire du solvant pur. On peut donc intégrer, en considérant une faible variation de pression sur laquelle le volume molaire peut être considéré comme constant :
On peut par conséquent réécrire la relation (2) :
Considérant que la quantité de soluté est négligeable devant celle du solvant dans la solution du compartiment B :
soit la fraction molaire du soluté :
alors par développement limité :
on réécrit la relation (3) :
Pour la même raison, on peut considérer que est le volume de la solution dans le compartiment B. On obtient finalement la loi de l'osmométrie :
L'osmométrie[1] est une technique permettant de déterminer la masse molaire d'un soluté.
On considère deux compartiments séparés par une membrane semi-perméable (voir figure 1). Chaque compartiment est équipé d'un tube montant verticalement, les deux tubes sont en équilibre gazeux permanent. L'un des compartiments (compartiment A) est rempli de solvant pur de masse volumique , l'autre (compartiment B) d'une solution dans le même solvant d'un soluté à la concentration massique (masse de soluté dans un volume de solution). Le remplissage des deux compartiments s'effectue de façon que les liquides se situent initialement à la même hauteur dans les tubes. Le solvant migre par osmose à travers la membrane du compartiment A vers le compartiment B. Lorsque l'équilibre osmotique est établi, la hauteur du liquide dans le tube B est plus grande que la hauteur du liquide dans le tube A. On mesure l'écart entre les deux hauteurs. La pression osmotique vaut .
On note :
avec les relations, par définition :
La loi de l'osmométrie :
permet donc d'écrire :
ainsi que :
On suppose que la quantité de solvant passant par osmose à travers la membrane du compartiment A vers le compartiment B est suffisamment faible pour ne pas modifier la concentration initiale du soluté dans le compartiment B (la variation de volume induite est négligeable).
On note :
On considère que le soluté est suffisamment dilué en solution pour que le solvant et la solution aient la même masse volumique . Les pressions exercées de part et d'autre de la membrane à l'équilibre osmotique valent respectivement pour le compartiment A et le compartiment B, en vertu de la loi de l'hydrostatique :
On a par conséquent :
avec :
Avec les relations (a) et (b) on obtient :
La masse molaire du soluté, en g/mol, est obtenue selon :
avec l'accélération de la pesanteur.
Pour rappel, les formules données précédemment ne sont valables que si la concentration de soluté est très faible. Pour étendre le domaine d'application de la loi de l'osmométrie à des solutions non idéales, la formule est étendue sous forme d'une équation du viriel :
Les coefficients sont appelés coefficients du viriel osmotiques. Cette expression est généralement tronquée au deuxième terme :
On fait alors une série de mesures de en faisant varier à température constante. On trace ensuite le rapport en fonction de (voir figure 3). Le segment de droite obtenu est extrapolé à : l'ordonnée à l'origine vaut et permet de déterminer (on fera attention aux unités des diverses grandeurs).
(g/l) |
(cm) |
(cm·l/g) |
---|---|---|
1,00 | 0,28 | 0,28 |
2,00 | 0,71 | 0,36 |
4,00 | 2,01 | 0,503 |
7,00 | 5,10 | 0,739 |
9,00 | 8,00 | 0,889 |
On considère le même dispositif que pour l'osmométrie (voir figure 1), mais l'on supprime l'équilibre gazeux entre les deux tubes, ce qui permet d'appliquer des pressions différentes aux deux compartiments. La pression est la pression supplémentaire qu'il faut exercer dans le compartiment B, celui de la solution, pour ramener la hauteur de liquide dans le tube B à la hauteur du liquide dans le tube A, celui du solvant pur (voir figure 4).
On note :
On applique la pression au ciel du compartiment B. Les pressions exercées de part et d'autre de la membrane valent alors respectivement pour le compartiment A et le compartiment B :
En conséquence :
C'est le principe de l'osmose inverse : en exerçant une pression plus élevée dans le compartiment B contenant une solution que dans le compartiment A contenant le solvant, l'écart de pression étant supérieur à la pression osmotique, le solvant passe à travers la membrane semi perméable du compartiment B vers le compartiment A, donc dans le sens inverse de l'osmose. Ceci permet d'extraire le solvant de la solution et de le purifier. L'osmose inverse est notamment utilisée dans le dessalement de l'eau de mer : la pression osmotique de l'eau de mer (3 % en masse de chlorure de sodium dans l'eau) est de 25 bar, le dessalement se fait en appliquant une pression comprise entre 40 et 80 bar dans le compartiment contenant l'eau de mer. L'eau extraite de l'autre compartiment, à basse pression, est adoucie et potable.
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