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groupe de chanteurs bretons De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Les Frères Morvan (Ar Vreudeur Morvan en langue bretonne) est un groupe musical français de chanteurs bretons formé de trois frères originaires du village de Botcol, dans la commune de Saint-Nicodème (Côtes-d'Armor). Le trio se compose de François (né le et mort le ), Henri (né le ) et Yvon (né le et mort le ).
Autre nom | Ar Vreudeur Morvan (en breton) |
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Pays d'origine | France |
Genre musical | Musique bretonne, kan ha diskan, gwerz |
Années actives | 1958-2019 |
Labels | Coop Breizh |
Membres | Yvon Morvan, Henri Morvan |
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Anciens membres | François Morvan, Yves Morvan |
Au départ, ils étaient quatre agriculteurs avec Yves (1919-1984). Les frères Morvan se sont constitués en un groupe de chanteurs traditionnels en 1958, avec l'arrivée des premières sonos. Le renouveau du fest-noz leur permet de se produire très souvent lors des soirées dansantes. Avec la vague bretonnante des années 1970, ils se produisent dans toute la région et sur les plus grandes scènes des festivals. Cependant, ils n'ont jamais voulu quitter la Bretagne.
Ils totalisent plus de trois mille prestations[1]. En continuant d'assurer des représentations, ils transmettent leur répertoire de chansons bretonnes (environ 80) et leur technique de chant en kan ha diskan (tuilé) aux plus jeunes, une transmission du patrimoine oral telle qu'ils l'ont reçu. Ils ont reçu plusieurs distinctions pour avoir été des promoteurs de la culture bretonne.
La famille Morvan est constituée de quatre frères et une sœur, Marie (-)[2]. Enfants, ils vont à l'école publique à pied, à Maël-Pestivien, à trois kilomètres de la ferme familiale du village de Botcol, où se sont mariés le leurs parents, Augustine Le Creff (-) et François Morvan, chanteuse pour l'une et danseur réputé pour l'autre[3]. Le breton étant la langue de la maison, les frères Morvan apprennent le français à l'école, mais apprennent leur catéchisme et les cantiques en breton[4]. Dès leur enfance, les frères Morvan apprennent avec leur mère Augustine Le Creff les airs et les chants qu'ils chantent par la suite[5]. Elle-même les avait appris de son père, Guillaume Le Creff (1852-1921), qui, sachant lire et écrire, avait pu acheter des feuilles volantes pour s'enrichir de chansons et devenir un chanteur de plinn réputé, tout comme l'autre grand-père Fañch Morvan[6]. Cette transmission orale s'est faite entre plusieurs générations[n 1]. Leur mère (mamm en breton) chantait également des gwerzioù (chant descriptif racontant une histoire) et ils en connaissaient eux-mêmes (comme Santez Jenovefa a Vrabant), mais leur spécialité est le kan ha diskan, le chant à danser[5].
C'est également lors des fêtes et dans les champs, que le quatuor va se forger un répertoire. Lors des noces, des pardons, des enterrements, les fêtes familiales annuelles — Noël, le Nouvel an qui pouvait durer jusqu'à mars — c'est aussi l'occasion de tendre l'oreille pour apprendre des airs[5]. C'est d'ailleurs lors des nozvezhioù ou nozajoù (« soirées »), ces longues soirées marquant la fin des grands travaux agricoles collectifs, que les trois chanteurs vont se faire connaître. Ils prennent l'habitude d'animer ces soirées festives qui rassemblent la population des villages voisins, l'utilisation d'instruments de musique étant peu fréquente[7]. Elles donnent parfois lieu à des concours de danses, avec des prix alimentaires plus importants après certains pardons[8]. En centre-Bretagne, ils vivent les restrictions de la guerre, l'exode rural des jeunes attirés par Paris puis l'arrivée de l'électricité dans leur ferme en 1958. Les fils électriques qui permettent de garder les vaches facilitent le travail, ce qui est également le cas avec l'eau courante en 1981[9].
Dans les années 1950, du fait de la mécanisation et de l'exode rural, les nozvezhioù deviennent plus rares. Pourtant, c'est dans ces années qu'un marchand ambulant de Callac, présent à l'une de ces soirées, tombe sous le charme des Morvan. Il leur propose alors d'animer un fest-noz « mod nevez », organisé par le cercle de Callac à Saint-Servais le [10]. Après la guerre, la formation de cercles celtiques, qui commençaient à organiser des festoù-noz, leur permet de chanter plus souvent. Débute alors une longue carrière d'animation de festoù-noz. Ils vont être régulièrement sollicités pour animer des soirées dansantes à proximité de leur ferme. Puis, lorsque Yvon obtient son permis de conduire en 1960, les frères se déplacent sur une plus grande zone[11].
Après mai 68 et les disques d'Alan Stivell, ils reçoivent des sollicitations de toute la Bretagne et d'ailleurs, mais ils n'ont jamais voulu sortir des limites de leur région[n 2], qu'ils sillonnent chaque année pour assurer une centaine de représentations (20 000 km par an)[n 3]. Cependant, leur ferme passe d'abord ; « Honnezh, n'eo ket ma micher [kananñ]. Ma micher 'zo labourat an douar[n 4] » et ils refusent d'être payés car pour eux « l'important c'est de donner du plaisir aux gens[11] ». Cependant, ils acceptent l'idée que des groupes aux moyens techniques importants se fassent payer, car c'est leur métier.
Comme les sœurs Goadec, ils ont contribué à sortir le kan ha diskan (« chant et contrechant ») de l'oubli. Leur chant le plus célèbre, Joli koukou, sur une dañs polka, est devenu leur « hymne »[12]. Avec leur manière de chanter typiquement bretonne et rythmée, ils font danser les bretons sur des gavottes, plinn, fisel, kost ar c'hoad et autres pach-pi… Dans les années 1990 et 2000, malgré leur difficulté à accepter la notoriété, — « nous ne sommes pas des vedettes[13] » tiennent-ils à préciser régulièrement —, ils ont eu l'honneur de fouler les plus grandes scènes des festivals de la région[14]. Ils sont devenus les symboles de la transmission de la chanson à danser. En témoignent les nombreux jeunes chanteurs qu'ils accueillent avec plaisir à Botcol pour transmettre leurs chansons comportant parfois plus de cent strophes, bien ancrées dans leur « ordinateur cérébral » comme dit Yves[15]. « Sur scène, il nous est arrivé de voir une vingtaine de magnétophones à nos pied », raconte Yvon.
Agriculteurs avant tout, portant chemises à carreaux et casquettes à chaque représentation, les frères Morvan arpentent les festoù-noz (une centaine de dates par an)[16] et tracent tous les ans le sillon de charrue qui marque l'inauguration du festival des Vieilles Charrues se tenant à Carhaix-Plouguer (Finistère). En 2001, ils chantent avec Georges Moustaki et sont félicités par Henri Salvador lors de la conférence de presse[17] et, en 2002, ils partagent l'affiche avec Iggy Pop[18]. Pour la première fois en 2009, le premier boys band de l'histoire bretonne joue sur la grande scène du festival, et cela en compagnie du groupe Les Tambours du Bronx, devant 60 000 personnes[19]. En 2001, ils chantent sous le chapiteau du festival des Terre-Neuvas et en 2003, ils rencontrent Manu Chao et chantent en ouverture de son concert au Festival du Bout du Monde[20].
Pour leurs 35 ans de kan ha diskan en 1993, Franz Wenner leur offre une statue à leur effigie, sculptée dans du granit de Gourin[21]. En , les trois frères fêtent leurs 40 ans de scène devant 10 000 spectateurs[22], en présence notamment de Dan Ar Braz, pendant trois jours à Saint-Nicodème, où ils reçoivent un cadran solaire en cadeau[21]. En 1998, lors de la 20e édition des Rencontres Trans Musicales à Rennes, François fête ses 75 ans. En , ils fêtent leurs 50 ans de carrière à Saint-Nicodème, avec la présence exceptionnelle sur scène du frère aîné François[23] et de Dan Ar Braz, Red Cardell et des frères Fred et Jean-Charles Guichen, notamment. En , ils publient avec leur maison de disques Coop Breizh un double album, Un demi-siècle de kan ha diskan, qui comprend notamment un des rares enregistrements de leur mère ainsi que leur frère Yves[24]. Il remporte le Grand prix du disque du Télégramme[25]. L'Association Produit en Bretagne leur rend hommage lors d'une soirée culturelle à Vannes, en lien avec le grand prix du disque[26] ; le lauréat Red Cardell interprète Joli Coucou, une version ska enregistrée en 2003 dans l'album Sans fard, en compagnie des frères Guichen, des frères Morvan et Louise Ebrel[27].
Le [28], François meurt à l'âge de 88 ans[29]. Enracinés dans leur terroir, les deux frères figurent parmi les quelques représentants emblématiques d’une langue et d’une culture populaire bretonne[30]. En 2002, ils sont nommés chevaliers des Arts et des Lettres par le ministre de la Culture, en récompense de leur rôle dans la transmission du patrimoine oral breton[31]. En 2012, ils reçoivent de l'Institut culturel de Bretagne, à Guingamp, le collier de l'ordre de l'Hermine, qui récompense les personnalités œuvrant pour le rayonnement de la Bretagne[32]. Henri et Yvon Morvan sont promus officiers de l'ordre des Arts et des Lettres le à la suite de la promotion du [33], puis le commandeurs des Arts et des Lettres par arrêté ministériel[34].
Une trentaine de fois par an, le duo chante en maison de retraite et aussi dans les écoles Diwan[2]. Après avoir animé le festival Yaouank 2012, devant 7 000 danseurs, au Musikhall de Rennes, le , ils sont les invités d'honneur de la « Nuit de la Bretagne » au même endroit, retransmise en direct sur Paris Première[35]. Durant l'année 2018, les frères Morvan fêtent leurs 60 ans de scène, l'été avec plus de 60 couples de sonneurs ou chanteurs réunis à Saint-Nicodème[36], et le à Guidel[16]. Ils enregistrent, pour la première fois en 2018, une chanson ne faisant pas partie de leur répertoire, mais écrite et composée par Alan Stivell pour son album Human~Kelt[37].
Le à Paimpol, Yvon et Henri Morvan annoncent qu'ils arrêtent de se produire en fest-noz après 61 ans de scène[38]. Le , Yvon meurt à l'âge de 87 ans[39].
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