Réalisé par un Marcel Carné qui a dépassé la cinquantaine, le film annonce la nouvelle vague, en tout cas au niveau du sujet: la vie quotidienne d'une bande de jeunes Parisiens plutôt aisés de la fin des années 1950, qui vivent entre rive gauche de Saint-Germain-des-Prés et rive droite du 16earrondissement de Paris.
Bob vient juste d'apprendre qu'il a obtenu sa licence de Sciences, mais plutôt que d'aller avec ses amis ou camarades de promotion fêter leur succès commun, il préfère rester seul à se remémorer tristement certains événements personnels récents.
Pour le jeune homme, tout a commencé avec la rencontre d'Alain qui, ayant abandonné Normale Sup, vit dans la bohème aux crochets de son entourage, fils de famille ou autres. Alain emmène Bob au Bonaparte, café de Saint-Germain-des-Prés et quartier général d'une bande de plus ou moins jeunes oisifs dont Clo et Mic.
Bob et Mic tombent amoureux sans oser le reconnaître ou l'avouer, car la bande qu'ils fréquentent considérerait cela comme un sentiment petit-bourgeois et ridicule.
Titre original français: Les Tricheurs
Titre italien: Peccatori in blue-jeans (litt. «Les Pécheurs en blue-jeans»)
Premier film pour Jacques Charrier et rôle qui l'a rendu instantanément célèbre et a lancé sa carrière en France.
Jean-Paul Belmondo et Jacques Perrin, encore pratiquement inconnus, jouent de petits rôles, ceux de jeunes du groupe. Belmondo avait été envisagé par Marcel Carné pour le rôle d'Alain, finalement dévolu à Laurent Terzieff, le réalisateur trouvant à Belmondo «un aspect un peu trop gouape à [son] gré pour jouer un philosophe, même de pacotille». Souhaitant tout de même aider Belmondo à travailler, Carné lui a confié le rôle de l'un des acolytes d'Alain, rôle secondaire mais qui lui permettait d'être présent de manière régulière tout au long du film. Le réalisateur ayant mis longtemps à se décider entre les deux comédiens, Belmondo lui voua ensuite, selon les dires de Carné, une certaine rancune durant le tournage[1]. Belmondo a, pour sa part, démenti en avoir voulu au cinéaste[2]. Quant à Jacques Perrin, on l'aperçoit au Bonaparte au milieu du film (à 1 h 08 min et 13 s exactement) avec Clo assise sur ses genoux. Un peu plus tard, il sort du bistrot en compagnie de Clo, alors que Bob, qui arrive tout juste, les interpelle. Enfin, il apparaît, assis à l'arrière d'un scooter, à la toute dernière scène, dans laquelle il prononce sa seule réplique, qui est aussi l'avant-dernière du film: («Et puis hein, piquez des bouteilles!»).
Guy Bedos apparaît au début du film (14 min 17 s). On l'entend rire au milieu du rire général d'un petit groupe. Il apparaît également sur plusieurs plans de la scène "du chat", dans l'encadrement de la fenêtre du balcon, à gauche de la caméra. Il n'a pas de réplique.
L'écrivaine Françoise d'Eaubonne en a tiré un roman (plus exactement, elle a fait du film un roman).
Marcel Carné: La Vie à belles dents (Souvenirs) / Éditions Jean-Pierre Ollivier / Paris, 1975.
Jean Chalmont: «Les Tricheurs» in Guide des Films P-Z de Jean Tulard / Éditions Robert Laffont - Collection «Bouquins» / Paris, / page 3257/ (ISBN978-2-221-10453-8) (tome 3).
Jean-Loup Alexandre: Les Cousins des tricheurs: De la 'qualité française' à la Nouvelle Vague / Éditions L'Harmattan - Collection «Champs Visuels» / 238 pages / Paris, / (ISBN2-7475-9167-0).