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lac français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Le lac de Retournemer est situé dans le département des Vosges, sur la commune de Xonrupt-Longemer. C'est un lac naturel né d'un surcreusement d'origine glaciaire dans la roche granitique : il est traversé par la Vologne. Des mesures biologiques établissent la fragilité de ce milieu montagnard apparemment reculé et la dégradation de la qualité des eaux.
Lac de Retournemer | |
Le lac de Retournemer, vu de la Roche du Diable. | |
Administration | |
---|---|
Pays | France |
Région | Grand Est |
Département | Vosges |
Géographie | |
Coordonnées | 48° 03′ 27″ N, 6° 59′ 00″ E |
Type | Lac d'origine glaciaire |
Montagne | Massif des Vosges |
Superficie | 5 ha |
Longueur | 320 m |
Largeur | 250 m |
Altitude | 776 m |
Profondeur | 11,5 m |
Volume | 266 000 m3 |
Hydrographie | |
Alimentation | la Vologne
Ruisseau de Balveurche Goutte des Faignes-sous-Vologne |
Émissaire(s) | la Vologne |
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Le bassin versant représente 548 m2 car le lac est au débouché principal de la Goutte de Balveurche, de la Vologne venue de la passe du Collet, elle-même renforcée de la Goutte des Feignes Forie[1], enfin de la Goutte des Faignes-sous-Vologne.
En aval du lac, la barre granitique formant le verrou est bien visible. En amont du lac, des marmites torrentielles remplies de galets sont des reliquats rocheux attestant de puissants courants sous-glaciaires. Il y a aussi la cascade Charlemagne en remontant les hêtraies jouxtant le cours de la Vologne.
Les proches environs du lac étaient composés autrefois de tourbières et de prairies[2]. Les prairies régressent depuis les années 1950. Mais si ces milieux ouverts résiduels ne sont pas entretenus par l'homme ou broutés par les herbivores domestiques ou sauvages, ils s'appauvrissent ou se modifient radicalement. Il est même parfois difficile d'y trouver des plantes marginales, souvent détestées par les éleveurs d'autrefois sur leurs parcours lorsqu'ils les faisaient pâturer : crocus printanier, chardon fausse bardane, corydale solide, aconit napel, gagée jaune. Les tourbières sont par contre très sensibles aux piétinement et aux drainages. Mais il est paradoxal que l'exploitation d'autrefois (par simples trous longitudinaux) ou la fréquentation occasionnelle des troupeaux à ses bords causaient moins de dégâts que les diverses pratiques touristiques modernes. Les milieux humides entre prairies ouvertes et tourbières tendent à être envahis par des aulnaies, des saulaies, voire colonisés par la renouée du Japon, plante invasive.
Une tourbière flottante ou tremblante remplit progressivement le lac : elle atteste indirectement du phénomène d'atterrissement du lac, c'est-à-dire de son comblement, à côté de rives qui tendent à former des ramifications à bases tourbées recouvertes de sphaignes, il s'agit aussi de peaux principalement végétales, à base de plantes palustres à rhizomes flottants, qui forment parfois des radeaux instables, peu résistants à la pression, susceptibles de dériver avec un courant[3]. En coupe longitudinale, les espèces formatrices sont le ményante à trois feuilles, le comaret, la laîche filiforme[4]. La hauteur est assurée par la colonisation interstitielle de sphaignes, c'est-à-dire entre les rhizomes des plantes palustres citées. Le résultat peut constituer ainsi plusieurs tourbières bombées d'une dizaine à une vingtaine de mètres de diamètre.
Les tourbières, humides et fraîches, véritables éponges à la fois régulatrices et filtre acide des débits d'eaux, abritent des plantes reliques comme la scheuchzérie des marais, le lycopode inondé, la sphaigne de berge. La laîche noire se développe sur les buttes ensoleillées, créant par leur taille de légères proéminences chevelues nommées "têtes de chat". Les plantes insectivores, comme la droséra à feuilles rondes et l'utriculaire, espèces prédatrices adaptées à ces sols pauvres, profitent de la présence d'insectes. Ce milieu humide est une garderie pour les libellules, les papillons, les criquets... Ils attirent de nombreux batraciens adeptes des mares à la bonne saison de reproduction. On constate depuis plusieurs décennies dans les deux vallées dites "Vaux de Vologne" que le nombre des grenouilles se réduit par rapport à celui pléthorique des crapauds[5].
Les forêts alluviales sur la frange lacustre, parfois modestes en taille, en grande partie récentes mais encore moussues, jouent un rôle d'épuration et de rétention des eaux claires. Elles se distinguent des herbiers rivulaires par l'aulne glutineux, les saules, le populage et l'arum des marais... Les herbes rivulaires comprennent plutôt de la reine-des-prés, du géranium des bois, de la lunaire vivace, de l'impatience noli me tangere, de l'ail des ours...
Le randonneur trouve aujourd'hui moins facilement au voisinage ou dans ces milieux humides au début de l'automne les touffes blanches de la linaigrette. Cette laine blanche des marais, appelée wolle ou wollen en alsacien, s'envolait autrefois au point de blanchir le paysage et de provoquer parfois la création d'espaces féériques qui disparaissaient derrière des voiles cotonneux, plus ou moins discontinus. Les savants du XIXe siècle ont assimilé abusivement Vologne et Wolle, rivière et village (La Bresse) de la vallée des linaigrettes (bresses), dont la touffe cotonneuse ou laineuse (wolle ou laine) était commune au point d'être ramassés par les paysans. Le nom du massif de Hohneck, des vaux de Vologne ressortent plus vraisemblablement de racines désignant la divinité de la Terre gauloise, Wellaôna ou Wellauna, assimilée par le syncrétisme gallo-romain en Vellona ou, dans le monde germanique, en Ertha. Le lac de Retournemer correspond, dans les plus vieilles histoires paysannes souvent adoucies par la modernité, à l'équivalent d'un premier lac d'Ertha légendaire. Il est situé sous le Falimont. Il ne faudrait pas pour autant se limiter à une interprétation religieuse. Il s'agit des sources sommitales de ce massif château d'eau à l'origine de la Moselotte, de la Vologne et de la Meurthe. Le nom primitif de ce lac explique aussi le choix tardif de la Vologne, pour désigner le cours d'eau qui en sort.
Le nom de la localité est attesté sous la forme Retondemeix (XIVe siècle) et le lac sous la forme Retournemer (1770)[6].
Il s'agit d'une paire toponymique / hydronymique d'un type fréquent dans la toponymie française avec un élément -meix variante graphique de mais, metz, etc. « maison » et -mer « lac, étendue d'eau » issu du germanique occidental *mari / *meri. Le premier élément Retonde- « rond, arrondi » devait s'appliquer à l'origine au lac, par opposition avec le lac de Longemer de forme allongée.
Au cours du Quaternaire, le massif vosgien a connu des glaciations successives, mais c'est pendant la dernière phase, celle de la glaciation de Würm (80 000 à 10 000 ans av. J.-C. environ) que sont nés les trois lacs :
Le petit lac de Retournemer possède paradoxalement la qualité écologique la plus mauvaise parmi les trois lacs[7]. Le botaniste et forestier Henri Fliche ne semblait pas s'émerveiller en 1879 devant ce que nous appellerions aujourd'hui une exceptionnelle biodiversité de ces lieux à la fois humanisés et sauvages, en particulier devant les herbiers aquatiques des trois lacs, incluant nénuphars nains, isoètes et litonelles[8]. En 1947, le biologiste et limnologue Étienne Hubault constatait un état d'anaérobie persistant en profondeur du lac de Retournemer et anticipait la régression des herbiers sains[9].
Les analyses de la campagne 2001 confirme l'hyper-sensibilité environnementale de ce lac à la fois :
Il faut aussi signaler la pollution piscicole ancienne, surtout après 1875, date d'une installation piscicole et puis vers 1900, à l'origine dorénavant d'espèces de pisciculture invasives. La "truite du lac", c'est-à-dire la fario, a été concurrencée par des espèces piscicoles, d'abord lote, vairon, chabot, puis vers 1900, l'invasion non maîtrisée du brochet, de la perche et la carpe, bientôt renforcée au cours du XXe siècle après le déclin des premières espèces citées, par le gardon, le rotengle, la chevesne et la tanche.
La dégradation de qualité des eaux lacustres ou des rivières d'amont, ainsi que celle du milieu montagnard environnant, explique pour les naturalistes avertis la raréfaction des larves d'Epéorus, ainsi que celles des autres Heptagénéidés. Inquiétante, la baisse drastique en soixante années de la population de crustacés amphipodes, tels le minuscule crustacé herbivore Gammare et les autres Gamaridés, indique une capacité de régénération affaiblie du milieu lacustre pollué[11].
Le lac est situé au bord de la route départementale no 67 qui joint Xonrupt, puis les abords orientaux du lac de Longemer au col des Feignes sous Vologne, à l'entrée de la commune de La Bresse. Depuis l'ancienne chaume de Balveurche ou, plus bas, depuis la roche du Diable sur la route départementale 417, deux points de vue remarquables sur la haute vallée de la Vologne, un petit sentier pédestre permet d'accéder au lac et au col des Feignes.
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