La Défense de Paris (groupe sculpté)
sculpture de Louis-Ernest Barrias De Wikipédia, l'encyclopédie libre
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La Défense de Paris est un groupe sculpté de Louis-Ernest Barrias, inauguré le au « carrefour de Courbevoie », renommé de ce fait « rond-point de la Défense » et que les travaux d'aménagement ont définitivement fait disparaître en 1971. Il se trouve sur la commune de Puteaux dans les Hauts-de-Seine, à l'ouest de Paris.
Artiste | |
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Date |
1883 |
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Il honore les victimes militaires et civiles du siège de Paris pendant la guerre franco-allemande de 1870.
Plusieurs fois déplacé, quelque temps remisé, il a jadis donné son nom à l'indicatif téléphonique desservant Courbevoie puis au quartier d'affaires de la Défense, dont il constitue aujourd'hui l'une des œuvres d'art.
En , les Républicains devenus majoritaires à la Chambre accèdent au pouvoir. Ils souhaitent rompre avec l'ordre moral d'inspiration monarchiste et catholique instauré par le président démissionnaire Patrice de Mac Mahon. Ils entendent aussi rappeler la politique de défense nationale qu'ils ont menée de à , pendant la guerre franco-allemande. De plus, en honorant la défense de Paris ils manifestent leur volonté de réintégrer la capitale dans la communauté nationale et, ainsi, de mettre fin aux divisions nées de la Commune[1].
À cette époque, l'édification de monuments commémoratifs a valeur de symbole. Dès les années 1880, la Troisième République suscite une « statuomanie » sans précédent qui valorise les « petites patries » autant que la grande, avec des œuvres comme « Les Bourgeois de Calais » d'Auguste Rodin ou « Le Triomphe de la République » de Jules Dalou.
En 1879, pour commémorer la défense héroïque de Paris contre les Prussiens durant la guerre de 1870-1871, la préfecture de la Seine organise un concours visant l'érection d'un monument. Il s'élèvera au « carrefour de Courbevoie » : c'est là que les Gardes nationaux, rassemblés place de l'Étoile dans la nuit du 18 au , sont passés avant d'aller affronter les troupes ennemies à Buzenval. Prolongeant l'avenue de Neuilly, le lieu ferme la majestueuse perspective de l'Arc de triomphe. L'endroit retenu ne doit donc rien au hasard : les combats de 1871 prolongent en quelque sorte l'épopée napoléonienne, dont le prestige suscite toujours la fierté nationale en ce début de Troisième République.
Parmi la centaine de participants au concours figurent plusieurs artistes en vue[2] :
Après cinq tours de scrutin, les membres du jury retiennent les projets de Barrias, Lequien et Moreau pour finalement choisir celui de Barrias. Ayant pris part aux combats, le lauréat saura en traduire l'âpreté[2].
Intitulé « L'Appel aux armes »[3], le projet de Rodin est rejeté par le jury dès la première sélection[1]. En 1937, selon la volonté du sculpteur, il est placé dans le jardin du musée Rodin. En 1916, le comité néerlandais de la Ligue des pays neutres, qui souhaite élever un monument commémoratif de la défense de Verdun, le choisit comme modèle. Après agrandissement au quadruple réalisé en 1917-1918, le monument est inauguré à Verdun le [4].
L'inauguration a lieu le dimanche en présence du ministre de l'Intérieur Pierre Waldeck-Rousseau, qui représente le gouvernement - ni Jules Grévy, président de la République, ni Jules Ferry, président du Conseil, ni même Jean Thibaudin, ministre de la Guerre, ne se sont déplacés. Estimée à plus de cent mille personnes, une foule nombreuse s'amasse.
Le groupe de Barrias se dresse au centre de la place, sur un socle de granit haut de 5 mètres[2] qui supportait naguère la statue en bronze de Napoléon Ier. Cette dernière a coiffé la colonne Vendôme de 1833 à 1863 ; installée à Courbevoie depuis 1870, immergée dans la Seine le de la même année vu l'approche des troupes prussiennes[2], elle sera transférée aux Invalides en 1911. Une grille en fer qu'orne aux quatre angles une lanterne à gaz entoure le monument[5].
La cérémonie débute à 16 heures par une salve de vingt-et-un coups de canon tirés du mont Valérien. La Garde républicaine interprète « La Marseillaise ». Suivent des discours rendant hommage au patriotisme des combattants et à l'héroïsme des Parisiens. L'allocution[6] de Barthélémy Forest, ancien président du conseil général de la Seine, souligne la participation active des « communes suburbaines dont, pendant cette guerre fatale les courageux habitants vinrent combattre côte à côte avec les citoyens de Paris »[7]. Un défilé militaire clôt la manifestation.
Des partisans de la Commune de Paris troublent l'événement. Pour commémorer les affrontements du entre les Fédérés et l'armée du gouvernement réfugié à Versailles, un drapeau rouge est déployé. Une exclamation fuse : « longue vie à l'amnistie, longue vie à la république sociale ! »[8].
L'emplacement choisi pour élever le monument commémoratif s'appelle « rond-point de Courbevoie », « de la Demi-lune », « de Chantecoq » ou « de l'Empereur »[2]. Après l'inauguration, il est renommé « Rond-point de la Défense » par référence au groupe sculpté.
En 1928, l'administration des PTT juge l'appellation « DÉFense » suffisamment représentative de Courbevoie pour en devenir l'indicatif téléphonique. Ce préfixe subsistera jusqu'en octobre 1963, avant d'être remplacé par sa combinaison chiffrée « 333 ».
Le « rond-point de la Défense » existe toujours en 1958 lorsque est inauguré le CNIT, construit au nord-ouest du site[9] à partir de 1954[2].
En 1953, un projet assez vite abandonné vise à remplacer le groupe de Barrias par une statue de Léon Gambetta[2]. Mais en 1964, le monument est remisé dans un chantier et juché sur des parpaings[2].
Avec l'essor du « quartier d'affaires de la Défense », les travaux se succèdent :
Le , cent ans après son inauguration, le groupe de Barrias en connaît une seconde entre la place de la Défense et l'esplanade, à quelques dizaines de mètres à l'est de son emplacement initial[9], là où se trouve l'actuelle Fontaine d'Agam[2]. Puis il subit d'autres déplacements liés à l'évolution du site. Relégué pour un temps dans un patio situé en contrebas, le long d'un axe routier souterrain, il échappe aux regards[2],[9].
En , il est transféré sur l'esplanade qui s'étend à l'est, devant le complexe de bureaux « Cœur Défense », au lieudit « Table Square »[2].
Situé à mi-chemin de la Grande arche et de la Seine, sur l'« axe de la Défense » qui prolonge la perspective de l'Arc de triomphe, il retrouve presque sa place d'origine[9].
Mais son piédestal d'un mètre insuffisamment haut et son emplacement problématique, jouxté par une terrasse de café et borné d'une tour, le privent de son initiale monumentalité[2].
Coulé en bronze par le fondeur Henri Léon Thiébaut, le groupe sculpté mesure 5,5 mètres de haut et pèse 3,5 tonnes[10].
Ses trois personnages incarnent plusieurs aspects de la « défense de Paris », dont ils résument l'héroïsme :
La femme et l'homme regardent vers le sud-ouest en direction du lieudit « Buzenval », où se déroulèrent les derniers combats en .
Formant une famille unie face à l'adversité, les trois personnages s'imposent comme une métaphore de la réconciliation nationale.
Barrias se serait inspiré de l'œuvre d'Amédée Doublemard intutilée « La Défense de la barrière de Clichy » ou « Monument au Maréchal Moncey », érigée place de Clichy à Paris en 1870[12]. En 1882, Antonin Mercié présente au Salon un groupe en bronze d'une composition très proche qui rend hommage aux défenseurs de Belfort ; nommé « Quand même ! », il est inauguré en 1884.
Selon le courbevoisien Henri de Frémont (1913-2007), il a échappé à tout le monde que la femme en capote de garde national représente non pas la Ville de Paris résistant aux troupes prussiennes mais la Commune insurgée contre les Versaillais d'Adolphe Thiers[13]. Et de fait, par rapport à Puteaux Versailles se trouve dans la même direction sud-ouest que Rueil-Malmaison, où eurent lieu les batailles de Buzenval d'octobre 1870 et janvier 1871.
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