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conte de Kipling De Wikipédia, l'encyclopédie libre
L'Homme qui voulut être roi (titre original : The Man Who Would Be King) est une nouvelle de Rudyard Kipling parue en 1888. Elle raconte l'histoire de deux aventuriers britanniques peu scrupuleux du Raj britannique, qui projettent de devenir rois du Kafiristan (actuel Nouristan), une région reculée de l'Afghanistan. La nouvelle a été publiée pour la première fois dans The Phantom 'Rickshaw and Other Tales (en). Elle est également parue dans Wee Willie Winkie and Other Child Stories (en), ainsi que dans de nombreux autres recueils de nouvelles de l'auteur. Enfin, elle a été adaptée sur différents supports à plusieurs reprises.
Le narrateur de l'histoire est un journaliste anglais du XIXe siècle en Inde britannique. Lors d'une tournée dans plusieurs États indiens, sur un trajet ferroviaire entre Ajmir et Mhow (en), il rencontre deux vagabonds britanniques, anciens militaires : Daniel Dravot (en) et Peachey Carnehan. Après avoir écouté leurs histoires, il accepte de les aider dans un de leurs plans consistant à faire chanter un Raja. Mais il le regrette plus tard et en informe les autorités, qui empêchent les deux hommes de commettre leur forfait.
Quelques mois plus tard, le duo se présente à son bureau de presse à Lahore (dans l'actuel Pakistan), où ils racontent un nouveau plan qu'ils ont élaboré. Ils déclarent qu'après des années d’essais, ils ont décidé que « l'Inde n’était pas assez grande pour eux ». Ils ont donc l'intention d'aller au Kafiristan, pays légendaire de l'Hindou Kouch, où aucun Européen n'aurait mis le pied depuis Alexandre le Grand et ses troupes, afin d'en devenir les rois. Ils comptent y parvenir en se faisant passer pour des indigènes, armés de vingt fusils Martini-Henry. Comme autres préparatifs, ils demandent au narrateur d'utiliser des livres, des encyclopédies et des cartes de la région qu'il a à sa disposition en guise de faveur. D'abord parce qu'ils sont tous trois francs-maçons et ensuite parce qu'il avait gâché leur ancien plan. Ils le prennent également pour témoin de la signature d'un serment qu’ils ont établi entre eux, où ils jurent mutuellement loyauté et abstinence totale des femmes et de l’alcool, pour mener à bien leur projet.
Deux ans plus tard, par une chaude nuit d'été, Carnehan s'introduit dans le bureau du narrateur. Méconnaissable, il est devenu un homme brisé, un mendiant estropié vêtu de haillons et n'est plus que l'ombre de lui-même. Il lui raconte leur histoire incroyable : tous deux ont réussi leur entreprise. Après avoir passé Peshawar (dans l'actuel Pakistan), puis franchi la passe de Khyber dans des montagnes, ils ont rencontré des Kafirs (habitants du Kafiristan). Ceux-ci ont un teint plus blanc que les autres habitants de la région, ce qui laisse supposer qu'ils descendent des troupes d'Alexandre le Grand. En cours de route, les explorateurs ont également rencontré par hasard un Ghurka qui se fait appeler Billy Fish, seul survivant d'une expédition cartographique disparue des années auparavant. Billy parle parfaitement l'anglais, ainsi que la langue locale ; il aide nos aventuriers pour communiquer avec les autochtones, en tant qu'interprète et guide des coutumes.
Dravot et Carnehan ont projeté de rassembler les Kafirs en une armée, afin de prendre des villages, dans le but rêvé de bâtir une nation unifiée, et même un empire. Ils offrent alors leurs services comme conseillers militaires, aidant successivement plusieurs villages à triompher de leurs ennemis pour s'en faire des alliés. Au cours d'une bataille, Dravot reçoit une flèche en pleine poitrine mais continue à se battre ; les indigènes le croient alors immortel. En fait, la flèche a été arrêtée par sa ceinture à munitions, portée sous sa tunique rouge, où elle est restée plantée. Ils l'ont alors acclamé comme un dieu et l'ont tenu pour leur roi. Les héros décident de se servir de cette croyance pour leurs desseins.
Entendant parler des exploits des deux hommes, les prêtres les invitent dans le temple d’Imbra pour se faire leur propre opinion. Ceux-ci finissent eux aussi par les reconnaître comme des dieux lorsque Dravot révéla une connaissance des secrets maçonniques dont seul le plus vieux prêtre se souvenait. En effet, les Kafirs pratiquent une forme de rite maçonnique, comme en témoigne une pierre marquée d'un symbole franc-maçon.
Les stratagèmes des deux aventuriers finirent toutefois par être anéantis à cause de Dravot. Celui-ci décida d'épouser une fille Kafir, contre l'avis de Carnehan, qui lui rappela leur serment. Mais la royauté lui montant à la tête, il décida qu'il lui fallait une reine puis des enfants royaux. Terrifiée à l'idée de se marier avec un dieu, la jeune fille mordit Dravot lorsqu'il tenta de l'embrasser pendant la cérémonie de mariage. En le voyant saigner, les prêtres s'écrièrent qu'il n'était « ni Dieu ni le Diable, mais un homme ! » La plupart des kafirs se sont alors retournés contre les deux « divinités » démasquées. Quelques-uns de leurs hommes sont toutefois restés fidèles, comme Billy Fish. Mais l'armée a fait défection et les deux aventuriers ont été capturés, tandis que Billy succombe en voulant les défendre. Dravot, portant sa couronne, est envoyé sur un pont de cordes au-dessus d'une gorge pendant que les kafirs coupent les cordes, le faisant chuter mortellement. Carnehan, lui, a été crucifié entre deux pins. Ayant survécu à cette torture pendant toute une journée, les Kafirs l'ont considéré comme un miraculé et l'ont laissé repartir aux Indes.
Comme preuve de son récit, Carnehan montre au narrateur la tête de Dravot que les Kafirs l'ont autorisé à emporter, toujours coiffée de la couronne en or, dont il jure de ne jamais se séparer. Le pauvre hère repart en emportant la tête. Le lendemain, le narrateur le voit ramper le long de la route sous le soleil de midi, sans chapeau et devenu fou : il l'envoie à l'asile local. Lorsqu'il s'enquiert deux jours plus tard, il apprend que Carnehan est décédé des suites d'un coup de soleil. Aucun objet n'a été trouvé sur lui.
Le Nouristan fut longtemps appelé Kafiristan à cause de la tardive conversion à l’islam de ses habitants, au XIXe siècle (1895-1896), sous le joug d'Abdur Rahman Khan. Les populations de ces régions du nord-est de l'Afghanistan croyaient en diverses de divinités, dont les noms rappellent souvent ceux connus des anciennes sources iraniennes, védiques et hindoues. L'une d'elle, Imbra, évoquée dans la nouvelle, ne peut qu'évoquer Indra, Seigneur du Ciel des mythologies védiques et hindoue. Le terme arabe kâfir (arabe : كافر / kāfir, « mécréant, incroyant, ingrat, infidèle », au pluriel kouffar, كفار / kuffār, parfois francisé en « cafre »), à connotation péjorative, désigne celui qui n'est pas croyant en l'islam[1],[2]. Quant au suffixe -stan, il désigne un lieu en persan[3] ; le Kâfiristân désigne donc la « terre des infidèles », alors que Nouristan s'appelle le « Pays de lumière ».
En se documentant sur cette contrée, Carnehan et Dravot trouvèrent les documents suivants :
Outre les sources reconnues de Kipling, un certain nombre de personnes auraient pu avoir servi comme modèles possibles pour les personnages principaux de l'histoire :
Quand Rudyard Kipling publie cette nouvelle, l'Empire Britannique est à son apogée. Second plus vaste empire de l'histoire, cette domination s'étendra en tout sur plus de 33 millions de km2 (22 % des terres émergées) en 1922.
Mais cet empire n'est, en fait, tenu, notamment en Inde, que par des armées aux effectifs très réduits, composées d'engagés volontaires.
Seulement une cinquantaine de milliers de soldats contrôlent les 200 millions d'Indiens. Avec un art consommé de la séduction, additionné à la force, sans oublier celui de diviser pour régner (divide and rule), quelques aventuriers britanniques ont su bâtir cet empire à partir du XVIIIe siècle.
Il continuera de s'agrandir en Afrique du Sud, au moment de la guerre des Boers, mais il y montrera aussi ses premiers signes de faiblesse.
L'Homme qui voulut être Roi raconte l'odyssée de deux soldats qui tentent leur chance en Afghanistan et réussissent à y imposer leur domination sur un pays entier par ces mêmes procédés, avec un réel succès, mais pour très mal finir[12].
Ce roman résume à lui seul tout l'esprit d'aventure anglais outre-mer.[réf. nécessaire]
Plusieurs œuvres font allusion à cette nouvelle ou se contentent d'en reprendre le titre :
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