Kitty Crowther est la fille d'un Anglais et d'une Suédoise. Elle est née le à Uccle, Bruxelles trois ans après sa sœur.
Son enfance a eu une influence sur sa vision des choses et ses futurs livres. Elle est née malentendante et commence à parler seulement à 4 ans[1]. À cause de ses problèmes auditifs elle rêve beaucoup et regarde le monde à travers les livres. «En tant que malentendante, je vois un peu à travers les gens et je suis toujours étonnée de la différence entre l'apparence et la réalité. C'est déstabilisant de ne pas pouvoir s'appuyer sur ce qu'on entend. Alors je lis la manière de se tenir, la manière de bouger[2]...»
Durant son enfance Kitty passe beaucoup de temps dans la petite ville portuaire de Veere en Zélande, Pays-Bas. Cet endroit devient très important pour elle, il l'éveille à la nature et à l'eau. Beaucoup de souvenirs de ce lieu ressortiront dans ses livres, entre autres dans Mon ami Jim et Le grand désordre.
Sa grand-mère anglaise et son père lui transmettent l'enthousiasme pour la nature et la sensibilité à la beauté des lieux. Sa famille lui donne la chance d'apprendre les différentes cultures. Kitty commence à lire avec des albums de Beatrix Potter[1], Richard Scarry. Mais elle est aussi entourée par les images suédoises, scandinaves, américaines, françaises.
Dès son enfance elle invente des histoires, d'abord en mettant en scène les flacons de la salle de bain. Elle se considère plutôt comme quelqu'un qui raconte des histoires que comme une dessinatrice.
En 1986, Kitty commence ses études à l'Académie des Beaux-Arts de Bruxelles; en 1990 elle continue ses études à École supérieure des arts Saint-Luc. Très vite après la fin de ses études, elle publie son premier livre, Mon Royaume[3], en 1994.
En 1997 naît son fils Théodore, suivi par Elias en 1999.
Plusieurs de ses albums, comme Mon ami Jim ou Scritch scratch dip clapote!, se diffusent à l'internationale[4]. En 2010, elle se voit décerner le Prix commémoratif Astrid-Lindgren, récompense internationale dans le domaine de la littérature de jeunesse[5].
Kitty Crowther publie tout au long de sa carrière dans la collection Pastel de l'École des loisirs[4].
Dans ses albums, Kitty Crowther n’aborde pas les thèmes classiques de la littérature enfantine mais plutôt des sujets essentiels de la vie: l’amitié, la solitude, la perte d’un être cher (Moi et Rien), et aussi des sujets quotidiens: la peur du noir (Scritch scratch dip clapote!) l’attente, le temps qui passe (Alors?), les petites réussites de chaque jour (la série Poka et Mine). La nature est également très présente dans ses albums. A partir des années 2000, Kitty Crowther se tourne vers des thématiques davantage "psychanalytiques"[6], via des albums comme Annie du lac, Le Petit Homme et Dieu ou Mère Méduse[6].
Les origines anglaise, suédoise, hollandaise et belge de Kitty Crowther donnent naissance à un univers singulier empreint à la fois de nonsense britannique et de mystère, de fantaisie et de gravité.
Kitty Crowther dessine et fait parler beaucoup d’animaux dans ses albums. L’illustratrice laisse cependant une grande place au doute. Entre un animal déguisé en humain ou le contraire, la frontière est floue. Son parti pris est que ses personnages ne soient jamais complètement identifiables afin de ne pas les enfermer dans un genre. Elle leur donne «une présence consciente», à la limite du réel et de l’imaginaire[2].
Ses histoires où les personnages principaux sont des animaux sont généralement quotidiennes. À l’inverse, ses histoires faisant intervenir des personnages humains se situent très souvent dans le registre de l’étrange.
Kitty Crowther travaille le plus souvent directement dans des carnets, dans un rapport proche du livre, et proche de l’expérience propre du lecteur, à 30 cm de soi.
Puis retravaille à partir de photocopies de ses carnets sur une table lumineuse pour approfondir les expressions de ses personnages, les mouvements, les ombres et les lumières.
Certains de ses albums ont été adaptés au théâtre. C'est le cas de Moi et rien qui a été adapté en 2017 par la compagnie Teatro Gioco Vita en théâtre d'ombre et d'objets[7].
2009: Grand prix SGDL du livre jeunesse 2009[9] pour Petits poèmes pour passer le temps
2010: Prix commémoratif Astrid-Lindgren, qui récompense l’intégralité d’une œuvre de littérature jeunesse[11]. Son montant de cinq millions de couronnes suédoises (env. 560 000 euros) en fait le plus grand prix de littérature pour l’enfance et la jeunesse au monde.
2019: Prix Libbylit[10] délivré par l' IBBY, catégorie Roman junior, pour La Cavale, texte de Ulf Stark
2016: Gemeente Museum Den Haag - La Haye: À l'occasion de l'exposition des œuvres du peintre Jan Toorop dans ce musée, exposition simultanée dans la galerie des enfants du musée des originaux du livre de Kitty Crowther Le chant du temps[8], commande passée à l'illustratrice d'un livre s'inspirant des peintures de Jan Toorop.
Myriam Deru et Mireille Moureau, «Voyage au royaume de Kitty Crowther», dossier de la revue Cahiers du CLPCF, no2, 2001, p.46–57. [lire en ligne]
Le Monde de Kitty Crowther, textes réunis d'après un entretien avec Lucie Cauwe, L'École des loisirs, 2007 (ISBN978-2-211-11000-6)
Véronique Antoine-Andersen, Conversation avec Kitty Crowther, Pyramyd, 2016 (ISBN978-2-35017-375-7)
La revue des livres pour enfants n°314, septembre 2020, numéro dédié à Kitty Crowther. lire en ligne
Marie Lallouet et Marine Planche, «Éditer Kitty Crowther: rencontre avec Odile Josselin», La Revue des livres pour enfants, no314, , p. 124-131. (lire en ligne[PDF])
Marine Planche et Christophe Patris, ««Moi, j’ai envie d’aller là!»: dans l’univers de Kitty Crowther», La revue des livres pour enfants, no314, , p. 98-109. (lire en ligne[PDF])