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figure de style propre à la poésie scandinave De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Un kenning (pluriel savant : kenningar) est une figure de style, qui consiste à remplacer un mot par une périphrase à valeur métaphorique[1]. Elle utilise ainsi un langage figuratif à la place d'un nom plus concret composé d'un seul mot.
Les Kennings sont fortement associés aux vers allitératifs en vieux norrois et en vieil anglais. Ils ont continué à être une caractéristique de la poésie islandaise (y compris la ríma) pendant des siècles, avec le heiti, étroitement apparenté. La guerre est par exemple appelée « vacarme des épées » dans certaines parties du Skáldskaparmál.
Les kenningar sont souvent composés de deux noms dont l'un est au génitif. Certains d'entre eux peuvent cependant contenir jusqu'à six termes[réf. nécessaire]. Le « cheval de la mer » signifiant le bateau, le timonier est parfois désigné comme l’« homme du cheval de la mer ».
Les kenningar font souvent appel à des images mythologiques. Dans le Lokasenna, Loki est ainsi nommé « père du loup », en allusion à sa parenté avec Fenrir. De même, l'or peut être désigné par la « farine de Frodi », le « feu du lit du serpent », « la chevelure de Sif », « la semence de Kraki » ou le « tribut de la loutre » (ou selon les traductions, le « prix du sang de la loutre »), en référence à différents chants de la mythologie nordique.
L’Edda de Snorri Sturluson en recense et explique certains.
La kenning (le nom en vieux norrois est féminin) est également à la base de noms propres comme celui de Beowulf, le « loup des abeilles », une désignation indirecte de l'ours qui est la conséquence possible d'un tablou de chasse[2].
Ce type de figure de style remonte à la période commune des Indo-Européens où l'or, par exemple, est désigné comme le « feu des eaux »[2]. Figure typique de la poésie germanique et de la poésie celtique, elle se rencontre parfois dans d'autres parties du domaine indo-européen comme en Grèce. Le bateau « cheval de la mer » a ainsi un correspondant homérique halòs híppoi[3] Pour Chérilos de Samos, les pierres sont les « os de la terre » et les fleuves ses « veines »[4].
On retrouve ce type de métaphores figées, sous forme de qualificatif quasi-obligé, dans les épithètes homériques mais alors que les aèdes disent « l'Aurore aux doigts de rose », les scaldes occultent le sujet et diraient quelque chose de plus sibyllin, comme « la rose aux doigts », pour signifier l'aurore. Jorge Luis Borges, qui lisait le vieux norrois comme le grec ancien, évoque ces similitudes et rapproche aussi les kenningar du langage précieux[5]. Ces procédés stylistiques sembleraient aujourd'hui pauvres et répétitifs mais doivent être compris dans le contexte d'une poésie essentiellement orale à la scansion de laquelle ils participaient.
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