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figure de style De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Une périphrase (substantif féminin), du grec peri (« autour ») et phrazein (« parler ») periphrazein : « exprimer par circonlocution », est une figure de style de substitution qui consiste à remplacer un mot par sa définition ou par une expression plus longue, mais équivalente. Autrement dit, elle consiste à dire par plusieurs mots ce que l'on pourrait exprimer par un seul[1]. L'antonomase et l'adynaton sont des périphrases.
Étymologiquement, la périphrase vient d'une expression grecque signifiant « parler de façon détournée ». La périphrase remplace un mot A par une expression B :
La difficulté a principalement pour origine la caractéristique de A exprimée par B : même si on sait ce qu'est A, on ne sait pas forcément qu'il a la caractéristique B. La métonymie, elle, est presque toujours facile à comprendre car, si on connaît A, on connaît très fréquemment sa caractéristique B. En conséquence, la périphrase nécessite une bonne connaissance du sujet ou/et du contexte pour être comprise ; elle est souvent employée de ce fait dans l'ironie et a une fonction d'amplification (la périphrase euphémique, plus rare, a une fonction d'atténuation[2]) : l'expression périphrastique est généralement plus étendue et plus complexe que l'expression première ; sans le contexte communicationnel, le récepteur ne pourrait comprendre l'effet.
Le mot, en dialectique fait partie du vocabulaire théophrastéen. La périphrase est un mécanisme linguistique de bienséance, à l’œuvre dans la dénomination de nouveaux mots, dans les emprunts d'une langue à l'autre surtout. Par exemple le mot ascenseur a été traduit en allemand fahrstuhl qui désigne par périphrase la fonction de cet objet : « chaise qui va, qui se déplace ».
La figure s'apparente à la métonymie et à la métaphore dans leur fonctionnement : elle opère sur des relations de voisinage, les mots la composant appartiennent tous aux mêmes champs sémantique ou lexical que le terme substitué. Comme l'antonomase (mais à son inverse : les traits expriment le personnage), la périphrase désigne par exemple un personnage par une de ses actions qui est connue de tous. De Gaulle est l'« homme du » ou Balzac est l'« auteur de la Comédie humaine ». Un élément ou trait de l'objet est pris pour son tout ; la périphrase a donc ici un fonctionnement métonymique. Mais la figure peut tendre aussi vers la métaphore, comme dans l'expression poétique de Jean-Jacques Rousseau, dans La nouvelle Héloïse, à propos de l'eau : « cristal des fontaines ». Les fables également utilisent cette ressource d'image dévolue à la périphrase, le lion par exemple est « le roi des animaux ». L'emploi fréquent de périphrases peut confiner à la création éculée de clichés, lieux communs ou poncifs (voir les articles correspondants). Cependant malgré ces tendances à ressembler à d'autres figures, la périphrase est une figure autonome, de nature expansive.
Il existe plusieurs variantes à la périphrase :
Les effets visés par la périphrase sont multiples :
« — Rien à me dire ?
Pour toute réponse, il reçut une des injures les plus crues de la langue anglaise faisant allusion à la façon dont sa mère l'avait conçu.
— Qu'est-ce qu'il dit ? questionna Torrence.
— Il fait une discrète allusion à mes origines. »
— Georges Simenon, Maigret, Lognon et les gangsters, chapitre 7. 1952
Trois effets principaux peuvent être identifiés :
Celui de qui la tête au ciel était voisine
Et dont les pieds touchaient à l'empire des Morts
De manière générale, l'effet de la périphrase est à rechercher dans ses connotations comme dans les expressions « les yeux sont le miroir de l'âme ».
La périphrase s'emploie dans tous les genres littéraires : en poésie, elle permet de développer des qualités d'un concept ou d'une idée (« Aurore aux doigts de rose » pour l'aurore) ; dans le récit, elle permet de diluer les descriptions notamment ou de permettre l'allusion à des personnages par leurs traits caractéristiques.
La périphrase « devoir + infinitif » est considérée « comme un véritable tic stylistique de Balzac » par José-Luis Diaz[4]. Exemple :
« Par un concours de circonstances imprévues, ce dieu devait faire trébucher dans l'escarcelle de l'ivrogne le prix de sa vente[5]. »
L’école de Socrate avait adopté une manière d’argumenter qui procède par induction ; Théophraste donnait la préférence à l’épichérème et a également utilisé la périphrase, une des règles du théâtre classique de bienséance de l’enthymème.
On désigne sous le nom de kenning les périphrases utilisés dans les sagas scandinaves par les scaldes. La périphrase fut très utilisée en littérature, au point que les Romantiques, Victor Hugo en tête, en firent un synonyme de préciosité et la condamnèrent : « J'ai de la périphrase écrasé les spirales » (Les Contemplations).
C'est vers le XVIIe siècle que la langue proscrivit l'utilisation de mots dits vulgaires, et dans une entreprise de simplification du registre on permit l'expansion de la périphrase et donc on appauvrit paradoxalement la langue, emploi d'euphémisme sur lequel Hugo s'insurge plus haut.
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