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linguiste allemand De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Karl Konrad Friedrich Wilhelm Lachmann, né le à Brunswick et mort le à Berlin, est un philologue prussien spécialisé dans la littérature latine et les vieux dialectes allemands. Il révolutionna la méthode d'édition des textes classiques par un classement scientifique des manuscrits disponibles.
Karl Lachmann, fils d'un prédicateur nommé Carl Ludolf Friedrich Lachmann, fréquenta d'abord l'institution du Catharineum de Brunswick. Il se consacra aux lettres classiques à partir de 1809 à l’université de Leipzig, puis à la littérature allemande à l’université de Göttingen sous la direction de Georg Friedrich Benecke (de). Il soutint sa thèse d'habilitation à Göttingen en 1815, mais préféra mener ses recherches en franc-tireur plutôt que de se borner à une carrière universitaire.
D'abord remplaçant dans un lycée de Berlin au début de 1816, et Privat-docent de l'université de cette même ville, il partit l'été suivant pour Kœnigsberg où on lui offrait une place de professeur principal au lycée Frédéric. En 1818, l’université Albertina de Kœnigsberg lui proposa un poste de professeur associé. Puis, en 1825, il fut nommé professeur suppléant de latin et de philologie germanique à l'université de Berlin, et professeur titulaire en 1827. Il fut nommé à l'Académie des sciences de Prusse en 1830.
Lachmann entretint des liens étroits avec Jacob et Wilhelm Grimm. Il a eu pour élève Adolf Kirchhoff.
Lachmann est le père de l'édition historico-critique des textes (voyez critique textuelle et ecdotique). Il substitua aux préférences subjectives des leçons des critères fermes dans l'établissement, non seulement des classiques grecs et latins (ce qui fut le plus souvent le cas) mais aussi de la vieille littérature allemande : ainsi les éditions des poètes du moyen haut-allemand Hartmann von Aue, Wolfram von Eschenbach et Walther von der Vogelweide sont des grands classiques de l'édition allemande. Ces éditions reposent sur une recension stemmatique des manuscrits existants.
Dans le domaine des classiques de l'Antiquité, il y a lieu de distinguer ses Considérations sur l'Iliade d'Homère (1837), où cette œuvre est analysée comme un collage de plusieurs poèmes juxtaposés, et son édition hétérodoxe de Lucrèce (1850). Il restitua également les œuvres suivantes :
Il édita aussi les Notices philologiques de son ami Klenze (1839).
La Loi de Lachmann reste considérée jusqu'à aujourd'hui comme un mécanisme essentiel de la linguistique latine.
Lachmann a aussi étudié les évangiles synoptiques et proposé une théorie pour répondre au problème synoptique. L'évangile selon Matthieu, celui de Marc et celui de Luc ont une structure commune, des passages et des expressions semblables mais aussi des divergences importantes. Alors que Johann Jakob Griesbach supposait qu'un évangile était premier, en l'occurrence celui de Matthieu, et que venait ensuite celui de Luc puis celui de Marc, reprenant et résumant les deux autres, Lachmann inverse la proposition et voit dans l'évangile de Marc le premier texte qui aurait servi de référence à Luc et Matthieu (hypothèse de l'antériorité de Marc)[1].
Au premier rang de ses travaux de germanistique, il faut citer son essai sur le Chant des Nibelungen, très discuté lors de sa parution, et considéré aujourd'hui comme daté ; une notice «Sur la forme primitive du poème La misère du Nibelung» (1816) ainsi que «La complainte du Nibelung» (1826; remarque et recommandations, 1837). Il y a lieu d'évoquer aussi un volume publié en édition de luxe pour le jubilé de l'invention de l'imprimerie, «Vingt chansons anciennes des Nibelungen» (1840), qui contient les seuls poèmes considérés comme authentiques par Lachmann. Il publia par ailleurs une «Anthologie des poètes haut-allemands du XIIIe siècle» (1820), des «Specimina linguæ francicæ» (1825), les œuvres de Walther von der Vogelweide (1827), le « Yvain » d’Hartmann (en coll. avec Benecke, 1827), et le « Grégoire » d'Hartmann von Aue (1838), Wolfram von Eschenbach (1833), Ulrich von Lichtenstein (en coll. avec Theodor von Karajan, 1841) ainsi que les notices suivantes : «Fragments de poèmes allemands des XIIe et XIIIe siècles» (1829), «Sur l'accentuation et la versification du vieux haut-allemand» (1831), par lesquels il se fit connaître comme le maître de la métrique allemande ; «Sur le Hildebrandslied» (1833), «Chants et légendes» (1833), «Le prologue de Perceval» (1835), etc.
Il traduisit aussi les Sonnets (1820) et Macbeth (1829) de Shakespeare en allemand. Il donna une édition critique des œuvres de Lessing (1838–40, en 13 volumes). À partir de ses papiers, M. Haupt publia une anthologie des premiers Minnesänger, découverts par Lachmann («Le printemps des Minnesanger» 1857).
Ce qui subsiste du fonds Lachmann depuis les bombardements de la Seconde Guerre mondiale est entreposé à la Staatsbibliothek de Berlin (SBB-PK). Lachmann possédait en effet une collection respectable de manuscrits du Moyen Âge, parmi lesquels des fragments du Willehalm d'Ulrich von dem Türlin et des chants des Nibelungen, qui ont survécu.
Il n'y a malheureusement pas de livre en français consacré au travail de Lachmann, mais son travail d'éditeur infatigable se retrouve évoqué dans bien des notices modernes des classiques grecs et latins.
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