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personnalité politique française De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Guislain-François-Joseph Le Bon, né à Arras (Pas-de-Calais) le , mort guillotiné le 24 vendémiaire an IV (16 octobre 1795) à Amiens (Somme)[1], est un homme politique de la Révolution française.
Joseph Le Bon | ||
Joseph Le Bon, estampe de François Bonneville, Paris, BnF, département des estampes et de la photographie, 1796. | ||
Fonctions | ||
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Maire d'Arras | ||
– (3 mois et 9 jours) |
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Prédécesseur | Charles-Dominique Brassart | |
Successeur | Joseph Nicolas François Hacot | |
Membre du Directoire du département | ||
– (8 mois et 20 jours) |
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Député de la Convention | ||
– (2 ans, 3 mois et 15 jours) |
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Biographie | ||
Date de naissance | ||
Lieu de naissance | Arras, Royaume de France | |
Date de décès | (à 30 ans) | |
Lieu de décès | Amiens, France | |
Nationalité | française | |
Parti politique | Montagnard | |
Conjoint | Élisabeth Regniez () | |
Profession | professeur de rhétorique, prêtre constitutionnel | |
Religion | Catholique | |
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Fils d'un sergent de ville de l'échevinage d'Arras, il appartient à une famille de neuf enfants aux limites de la pauvreté. Élève chez les oratoriens d'Arras, puis de Juilly, il se destine à l'état ecclésiastique sans trop de conviction et part faire son noviciat à Paris en 1783. Entré dans la congrégation de l'Oratoire en 1784, il est nommé au collège de Beaune, où il s'avère un excellent professeur de rhétorique. Ses compagnons le surnomment le « Bien-nommé ». En , Talleyrand, évêque d'Autun, l'ordonne prêtre[2],[3].
Ses élèves s'étant échappés, le , pour assister à la fête de la Fédération à Dijon, Le Bon est blâmé par ses supérieurs ; il court en voiture après ses élèves, les ramène au collège, mais, à ce moment, déchire ses habits et déclare qu'il quitte la congrégation. Quand il revient sur ce coup de colère, le lendemain, on refuse de le reprendre[2],[3].
Il se retire à Ciel, près de Beauvais, chez le père d'un de ses élèves. Là, il reçoit, le , la nouvelle de sa nomination comme curé constitutionnel de Neuville-Vitasse (Pas-de-Calais) et du Vernois, près de Beaune. Il opte d'abord pour Le Vernois, mais, apprenant que sa mère est devenue folle à la nouvelle qu'il a prêté le serment constitutionnel, il accepte Neuville-Vitasse, pour se rapprocher de sa famille[2],[3].
La monarchie prend fin à la suite de la journée du 10 août 1792 : les bataillons de fédérés bretons et marseillais aidés des habitants des faubourgs de Paris prennent d'assaut le palais des Tuileries et le roi et sa famille sont incarcérés à la tour du Temple.
En septembre, Joseph Le Bon est élu député suppléant du département du Nord, le deuxième sur cinq, à la Convention nationale[4].
Il fait arrêter et chasser d'Arras les commissaires de la Commune de Paris envoyés pour expliquer et justifier les décisions prises à partir du 10 août, et Guffroy le signale comme suspect de modérantisme. Ses concitoyens marquent la confiance qu'il leur inspire en le nommant procureur-syndic du département le 20 octobre. Toutefois, l'assemblée départementale, réticente devant son abjuration, l'évince bientôt de cette dernière charge. En décembre, un nouveau conseil général est élu à Arras, dirigé par Nicolas François Hacot. Le Bon quitte alors sa fonction de maire pour celle de membre du Directoire. Le , il se marie avec sa cousine germaine, Élisabeth Regniez, de Saint-Pol-sur-Ternoise[2],[3].
Un temps proche, durant l'automne et l'hiver 1792-1793, des vues des Girondins, avec lesquels il partage l'opposition au procès de Louis XVI et le rejet de Marat, il salue leur chute lors des journées du 31 mai et du 2 juin 1793[2],[3].
Le , il est admis à siéger à la Convention, en remplacement de Magniez, et siège avec la Montagne. Envoyé une première fois en mission dans la Somme et l'Oise le (8 brumaire an II-22 messidor an II), avec André Dumont, il lutte contre les accapareurs pour assurer l'approvisionnement des armées. De retour à Paris, il est élu, le 14 septembre, au Comité de sûreté générale, où il est, avec Le Bas, l'un des fidèles de Robespierre. Bernard de Saintes le dénonce comme fédéraliste, pour avoir défendu, contre ce représentant, en mission dans la Côte-d'Or, les membres du conseil général de la commune de Beaune[2],[3].
Il refuse une mission dans l'Orne, à cause de la santé de sa femme. Le 29 octobre, il est envoyé dans le Pas-de-Calais, où il s'oppose aux tentatives des sans-culottes d'inspiration hébertiste, lutte contre l'accaparement, organise les réquisitions frumentaires et pourchasse prêtres réfractaires et déserteurs. Toutefois, il se montre assez modéré pour que Guffroy l'accuse de tiédeur et le présente à la Convention comme le protecteur des contre-révolutionnaires. Le , le Comité de salut public le rappelle, avant de le renvoyer, avec les mêmes pouvoirs, dans le même département[2],[3].
Emporté par la fièvre révolutionnaire, alors que l'ennemi est à quelques lieues d'Arras, il se met à sévir contre les royalistes et applique avec la dernière rigueur les mesures nationales : loi des suspects, taxation du maximum, réorganisation du comité de surveillance d'Arras. En , il obtient l'institutionnalisation du tribunal révolutionnaire, qui siège à Arras puis à Cambrai jusqu'au 10 juillet ; il veille personnellement à la composition des jurys et intervient lors de procès[2],[3].
Guffroy le dénonce à nouveau, comme révolutionnaire exagéré, cette fois, mais l'absence de probité de l'accusateur empêche à sa démarche d'obtenir l'écho suffisant à Paris. À l'origine de ces accusations, on trouve l'accusateur public d'Arras, Demuliez, qui, soupçonné par Le Bon d'intelligences secrètes avec la Contre-révolution, arrêté et conduit à Paris, appelle à lui son ami Guffroy, à qui il dépeint l'envoyé en mission d'Arras comme un monstre. Guffroy rédige alors une brochure intitulée : Les Secrets de Joseph le Bon et de ses complices, deuxième censure républicaine, ou Lettre d'A.-B.-J. Guffroy, Représentant du Peuple, Député à la Convention, par le Département du Pas-de-Calais, à la Convention Nationale et à l'Opinion publique. Pièces justificatives, où il reprend les calomnies de Demuliez[2],[3].
Toutefois, quand Guffroy porte à la tribune ses attaques contre Le Bon, le , l'affaire est renvoyée à l'examen du Comité de salut public, et Barère, dans un rapport présenté quelques jours après, rejette la dénonciation. D'autant que Le Bon s'est distingué par sa conduite énergique face aux Autrichiens, qui menaçaient Cambrai. Appelé dans cette ville par Saint-Just et Le Bas, Le Bon a ranimé les courages et préparé la victoire de Fleurus. Au terme de la Terreur, on a pu dénombrer plus de 1 000 détenus et plus de 300 personnes condamnées dans le Pas-de-Calais[2],[3].
Mais, le 15 thermidor an II (), quelques jours après la chute de Robespierre, de nouvelles dénonciations contre Le Bon aboutissent cette fois à un décret d'accusation. Rappelé à Paris, il est arrêté. Le 18 floréal (), l'Assemblée charge une commission de 21 membres d'examiner sa conduite. Quirot, le rapporteur, présente les conclusions de son enquête le 1er messidor an III (). Il a divisé en quatre classes les faits imputés à Le Bon (1° assassinats juridiques, 2° oppression des citoyens en masse, 3° exercice de vengeances personnelles, 4° vols et dilapidations) et conclut à la mise en accusation[2],[3].
Admis à la barre pour se justifier, Le Bon réclame trois paniers de papiers qui ont été enlevés de son domicile et dont ses ennemis se sont emparés. Après plusieurs semaines consacrées à entendre sa défense, comme la procédure traîne en longueur, il est décidé que Quirot lira son rapport article par article et que l'accusé y répondra dans le même ordre. Le Bon nie la plupart des faits qu'on lui reproche, en atténue d'autres. Sa défense est surtout centrée sur le fait qu'il n'a fait qu'exécuter les décrets de la Convention. Pour le quatrième chef d'accusation (vols et dilapidations), l'Assemblée refuse d'entendre la suite du rapport, déclarant que Le Bon s'est pleinement justifié à cet égard[2],[3].
Il n'en est pas moins traduit devant le tribunal criminel d'Amiens. Pendant ses quatorze mois de détention, il écrit à sa femme une série de lettres qui ont été recueillies et éditées en 1815 par Émile Le Bon, leur fils, juge d'instruction à Chalon-sur-Saône. On y trouve ce passage : « Ô mon amie, ne dis plus que je vais mourir, je vais commencer une nouvelle vie dans tous les cœurs dévoués à la République. » Condamné à mort le pour abus de pouvoir pendant sa mission, il est exécuté à Amiens le 24 vendémiaire an IV (). Le tribunal criminel a jugé sans appel, en fonction de la loi du 12 prairial. Vainement, Le Bon demande-t-il à bénéficier de la nouvelle constitution et à se pourvoir en cassation ; la Convention passe à l'ordre du jour[2],[3].
Pendant plus d'un siècle, l'image de Joseph Le Bon a donné lieu à un véritable conflit idéologique, marquée par des débats politiques au niveau local. Tandis que la droite l'identifiait à un proconsul sanguinaire, pour la gauche, il incarnait une République qui distribuait le pain bon marché et des fonctions politiques aux militants modestes[3].
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