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chroniqueur grec De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Jean Malalas (en grec ancien : Ἰωάννης Μαλάλας / Iôánnês Malálas), né vers 491 et mort vers 578, fonctionnaire de l'Empire romain d'Orient et historien, est l'auteur de la plus ancienne chronique byzantine qui nous soit parvenue : la Chronographia (Χρονογραφία).
Fonctionnaire dans l’administration impériale, Malalas fait carrière alternativement à Antioche, ville qui occupe une place importante dans son œuvre, et à Constantinople.
Comme Jean le Lydien, Pierre le Patrice et Hésychios de Milet, Jean Malalas est le contemporain de Procope de Césarée et l’un des nombreux historiens qui écrivent durant le règne de Justinien, empereur de 527 à 565.
Écrite en grec populaire, mélangeant faits historiques, fables et légendes, sa chronique ne semble pas avoir obtenu le succès qu’il escomptait pour promouvoir sa carrière[réf. nécessaire], en dépit de ses rééditions successives. Assez peu fiable dans les premiers livres, elle devient plus exacte pour les règnes de Justin et de Justinien dont il est le contemporain. Sa chronique a exercé une grande influence non seulement sur les chroniques byzantines ultérieures, mais aussi, par le biais de traductions, sur les chroniques slaves.
On sait très peu de choses de sa vie, mais sa chronique fournit des indices permettant d’en retracer les grandes lignes.
Il nait vers 490 à Antioche d’une famille syrienne. Le nom mallālā est la traduction syriaque (approximative) du mot grec rhētōr (« rhéteur ») ; il s’agit en fait d’un surnom, pas d’un nom de famille[1]. Malgré ce titre dont il se réclame, son éducation semble s’être arrêtée au niveau secondaire si l’on en juge par l’absence des conventions utilisées par les auteurs ayant une éducation supérieure et par la piètre qualité de sa connaissance du grec[1].
Comme la plupart des habitants d’Antioche, Malalas est probablement monophysite, à une époque où il existe une controverse sur la nature (divine, humaine ou double) du Christ, mais il semble peu intéressé par les problèmes doctrinaux. Il se réfère aux patriarches de Constantinople et d’Antioche comme à des « nestoriens », terme qu’il applique également au concile de Chalcédoine (451). Inversement, il qualifie les monophysites d’« orthodoxes »[2][pas clair].
Elle se déroule entre Antioche et Constantinople. Les textes de sa chronique décrivent en effet des évènements qui prennent place alternativement dans l’une et l’autre ville.
Du fait de l’intérêt qu’il porte à la fonction de « comte d’Orient » (comes Orientis)[N 1], on peut supposer qu’il fait carrière dans la bureaucratie d’Antioche de 507 à 512[réf. nécessaire].
De 512 à 519, il sert sous Marinus, haut fonctionnaire syrien monophysite, à Constantinople[3]. Après un bref retour à Antioche, il est de nouveau à Constantinople en 522 et 523 sous les ordres de Théodotus, comte d’Orient et, pour un court laps de temps, préfet de la Ville[4].
Après la disgrâce de Théodotus en 523, Malalas semble être retourné à Antioche où il décrit le séisme de 526, suivi de terribles incendies qui ravagent la ville.
En 527 ou en 528, il repart vers Constantinople où il aurait obtenu un poste dans l’administration du service diplomatique, comme le montre l’intérêt qu’il accorde pendant cette période à la politique étrangère de Justinien, particulièrement en ce qui concerene les Perses Sassanides. Cet intérêt s’estompe cependant en 533, année à partir de laquelle Malalas se concentre à nouveau sur Constantinople.
Bien que le manuscrit se termine brusquement au milieu de l’année 563, il est probable qu'il se poursuivait jusqu’à la mort de Justinien (novembre 565) puisque Malalas mentionne la durée exacte de son règne (38 ans, 7 mois et 13 jours)[5].
On ignore la date de sa mort, mais étant âgé de plus de 74 ans en 565, il est peu probable qu’il ait survécu de nombreuses années[6].
La théorie selon laquelle Jean Malalas et Jean d’Antioche seraient une seule personne est aujourd'hui abandonnée. Même si les deux sont natifs d’Antioche et ont rédigé une chronique s’étendant d’Adam à Phocas dans le cas de Jean d’Antioche et à Justinien dans le cas de Malalas, celle de Jean d’Antioche est bien supérieure à celle de Malalas, tant par le style que par sa perspective beaucoup plus universelle[7].
La suggestion de J. Haury qui l’identifiait à Jean III le Scholastique, patriarche de Constantinople, est également rejetée[8].
La chronique de Malalas est la plus ancienne chronique byzantine que l’on ait conservée.
Le titre de Chronographia (Χρονογραφία) que l’on trouve dans les manuscrits parvenus jusqu’à nous n’est probablement pas le titre originel : si l’on se réfère à la traduction en slavon, le titre grec devait être approximativement [Histoire] générale par Jean Malalas, originaire de la grande ville d’Antioche des Syriens, depuis le temps de la création du monde.
Elle s’étend sur 18 livres, dont certaines pages ont été perdues, mais qu'on peut reconstruire grâce à la traduction en slavon, ainsi qu’à divers auteurs qui s’en sont inspirés presque textuellement, comme celui du Chronicon Paschale ou Théophane le Confesseur[9].
Alors que la plupart des écrivains de l’époque rédigeaient de longues et élégantes préfaces professant leur inhabileté à rendre justice au sujet, celle de Malalas se borne à citer les écrivains ayant entrepris une tâche similaire et à dire que son œuvre partira de la création du monde et s’étendra « jusqu’à l’empereur Zénon et aux empereurs qui l’ont suivi ».
Puis, innovation pour l’époque, chaque livre est pourvu d’un titre[10].
Malalas a produit différentes versions de son œuvre au cours des ans. La première version, terminée probablement en 527, est constituée des livres I à XVII, comme le rapporte Évagre le Scholastique qui en possédait un exemplaire à la fin du même siècle. Après son arrivée à Constantinople, Malalas y aurait ajouté nombre de textes sur la diplomatie impériale. De fait, le livre XVIII est de loin le plus volumineux. Une deuxième édition aurait été produite en 528, sur laquelle se base la traduction en slavon. Une troisième édition aurait été faite en 533, date à laquelle la Chronicon Paschale, rédigée au VIIe siècle, cesse de suivre le texte de Malalas. Enfin, la quatrième édition devait suivre le fil des évènements jusqu’en 565, bien que le manuscrit que nous possédions s’interrompt abruptement à la mi-563[11].
Dans sa Chronographia, Malalas innove en citant de façon constante les sources dont il s’est inspiré, surtout dans les livres I à XIV, alors que les livres XV à XVIII font plutôt usage de sources orales ou de l’expérience même de l’auteur[8]. Au total, Malalas cite soixante-quinze sources différentes, pour la plupart des auteurs ayant bien existé, mais d’autres auteurs demeurent totalement inconnus, comme Clément, Bottius, Eutychianus, Membronius de Babylone et Philostratus, et pourraient ne jamais avoir existé. Une chose est certaine toutefois, Malalas s’est fortement inspiré d’Eustathe d’Épiphanie dont il adopte la curieuse méthode de calcul pour la Création du monde. Il fausse cependant les propos de ce dernier en additionnant simplement les années de règne de divers empereurs alors qu’Eustathe avait indiqué que certains avaient régné simultanément : ainsi les règnes s’étendant de Dioclétien à Constantin auraient totalisé 95 ans alors que seulement cinquante-trois ans séparent 284 de 337, chose dont il semble s’être rendu compte avant de préparer la seconde édition, mais qu’il n’a pas corrigée pour autant[12],[13].
En plus de mal citer ses sources, Malalas y ajoute plusieurs détails de son cru, intégrant dans son texte légendes, anachronismes, répétitions et incohérences, du moins dans les livres I à XIV. Il est toutefois plus fiable en ce qui concerne le VIe siècle et les règnes de Justin et de Justinien dont il fut le contemporain[14]. Ses relations au service du comte d’Orient à Antioche et dans le service diplomatique sous Marinus à Constantinople lui permirent de donner des informations, fiables celles-là, par exemple sur l’administration des provinces ou la flotte de guerre[15].
On qualifie généralement Malalas d’« écrivain populaire », à la fois en raison de son style plus rapproché de la langue du peuple que du grec « atticisant » de ses prédécesseurs comme Eustathe ou Eunape[16],[17], et de son contenu qui se plait à décrire l’apparence et les manières des empereurs, y ajoutant anecdotes pittoresques et scandales sociaux[18].
En dépit de son utilisation du titre de « rhéteur », le style de Malalas trahit chez lui l'absence d’une éducation de haut niveau, ce qui peut expliquer le peu d’intérêt que son œuvre semble avoir recueilli à Constantinople[19]. Si les élites byzantines pouvaient regretter le bas niveau de langage et l’absence de grâce du style, le lecteur intéressé par l’histoire ne pouvait manquer d’être rebuté par la composition maladroite, la juxtaposition de sujets sans liens, les erreurs factuelles, l’association de faits historiques et de fables, ainsi que la manie pédante de citer à répétition des sources obscures tout en ignorant les grands historiens[20].
En fait, le style bâclé de l’œuvre, le traitement approximatif des sources, le caractère louangeur des passages se rapportant au règne de Justinien, le grand nombre de versions de la même œuvre et les similarités entre cette œuvre et celle d’Eustathe d’Épiphanie ont fait dire au professeur Treadgold que Malalas cherchait surtout par-là à promouvoir sa carrière, surtout si l’on tient compte des propos extrêmement flatteurs à l’endroit de Justinien contenus dans la troisième édition[19]. Si tel était en effet son but, celui-ci ne semble guère avoir réussi.
Toutefois, ce niveau de langue dialectal, dans lequel se greffaient termes latins et expressions orientales, était particulièrement prisé hors de la métropole. Ceci explique peut-être pourquoi, avec les fables et vignettes populaires qu’elle contient, l’œuvre eut davantage de succès dans la partie orientale de l’empire et influença considérablement la chronographie slavonne, comme le montre le grand nombre de traductions à partir desquelles on peut rétablir le texte original[21] ou le nombre d’auteurs subséquents qui s’en inspirèrent, y compris la Chronicon Paschale du IXe siècle, laquelle reprend presque textuellement Malalas[9].
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