Élève en classes préparatoires au lycée Louis-le-Grand, Jean-Marc Moriceau intègre l'École normale supérieure entre 1976 et 1982 et est reçu premier à l'agrégation d'histoire en 1980. Enseignant en classes préparatoires au lycée Stanislas dans les années 1980 puis boursier de la fondation Thiers[1], il soutient en 1992 à l'université de Paris I, une thèse de doctorat d'histoire sous la direction de Jean Jacquart, portant sur les fermiers de l’Île-de-France, publiée en 1994, «ouvrage assez exceptionnel, destiné à marquer la production historique»[2]. En 1993, il soutient à l'université Paris IV une habilitation à diriger des recherches[1].
En 1992, Moriceau soutient sa thèse de doctorat Les Fermiers d'Ile-de-France qu'il définit comme «un essai d'une histoire sociale différentielle dans les campagnes»[6]. Dans les Annales, George Grantham écrit: «grâce à sa profondeur temporelle et à sa richesse documentaire, Les Fermiers d'Île-de-France s’affirment comme une contribution majeure à l’histoire rurale de la France.»[7]
En janvier 1993, Moriceau publie un manifeste pour un renouveau de l’histoire rurale[8]. Il annonce la création d’une association, l’organisation d’un colloque et le lancement d’une nouvelle revue. Ce texte programmatique est à l’origine de la refondation de l’histoire rurale française. Un article rétrospectif sur l'histoire des campagnes françaises souligne que la fondation de la revue Histoire & Sociétés Rurales constitue «l'événement fondateur du renouveau des études rurales françaises»[9].
Une histoire humaine du loup
Au détour de ses travaux de recherche sur les campagnes franciliennes, Jean-Marc Moriceau relève des mentions d'attaques de loups sur l'homme et prend conscience de l'importance du canidé sur l'économie rurale. Il entreprend alors une vaste enquête sur les attaques de loups sur l'homme dont il produit une première synthèse en 2007[10]. Le journaliste Fabrice Nicolino écrit de cet ouvrage qu'il a «radicalement changé [s]on point de vue» en établissant l'existence des loups anthropophages[11]. L'historien Jean-Daniel Piquet y voit une prolongation du chapitre " loup" dans les Animaux ont une histoire(1984) de Robert Delort qui établissait l'existence, depuis le Haut Moyen-Age, occasionnelle mais réelle d'attaques lupines anthropophages[12].
«Les crises démographiques dans le Sud de la région parisienne de 1560 à 1670», Annales de Démographie Historique, 1980, p. 105-123.
Ferme, entreprise, famille: grande exploitation et changements agricoles: les Chartier: XVIIe – XIXesiècles, avec Gilles Postel-Vinay, Paris, Éd. de l’École des hautes études en sciences sociales, 1992, 397 p.
Les fermiers de l'Île-de-France. L'ascension d'un patronat agricole (XVe – XVIIIesiècle), Paris, Fayard, 1994 (1069 pages)
L’élevage sous l’Ancien Régime: les fondements agraires de la France moderne XVIe – XVIIIesiècles, Paris, Sedes, coll. «Regards sur l’histoire», 1999, 256 p.
Histoire et géographie de l'élevage français du Moyen Âge à la Révolution, Paris, Fayard, 2005 (ISBN2-213-62332-5)
Histoire du méchant loup: 3000 attaques sur l'homme en France, XVe-XXesiècle, Paris, Fayard, , 623p. (ISBN978-2-213-62880-6), .
Réédition augmentée: Histoire du méchant loup: la question des attaques sur l'homme en France, XVe-XXesiècle, Paris, Pluriel, coll.«Pluriel», , 634p., poche (ISBN978-2-8185-0505-2).
Réédition augmentée: L'homme contre le loup: une guerre de deux mille ans, Paris, Pluriel, coll.«Pluriel», , 573p., poche (ISBN978-2-8185-0324-9).
Sur les pas du loup. Tour de France et atlas historiques et culturels du loup, du Moyen Âge à nos jours, Paris, Montbel, 2013, 352 p. (ISBN978-2-35653-067-7).
Secrets de campagne, figures et familles paysannes du XXesiècle. Paris, Perrin, coll. «Synthèses économiques», 2014, 210 p.
Le loup en questions: fantasme et réalité, Buchet Chastel, 2015, 218 p.
Les Grands fermiers. Les laboureurs de l'Île-de-France (XVe – XVIIIesiècle), Paris, Fayard, collection "Pluriel", 2017, 512 p., (ISBN978 2818 505 304)
La Mémoire des Croquants. Chroniques de la France des campagnes, 1435-1652, Paris, Tallandier, 2018, 608 p., (ISBN979-10-210-2765-7)
La Mémoire des Paysans. Chroniques de la France des campagnes, 1653-1788, Paris, Tallandier, 2018, 736 p., (ISBN979-10-210-2769-5)
Les couleurs de nos campagnes. Un siècle d'histoire rurale.1880-1960, Paris, Les Arènes, 2020, 237 p., (ISBN979-10-375-0253-7)
La Bête du Gévaudan. Mythes et réalités, Paris, Tallandier, 2021, 480 p. (ISBN979-1021048645)
La Mémoire des gens de la terre: Chroniques de la France des campagnes (1789-1914), Paris, Tallandier, , 751p. (ISBN979-10-210-5399-1)
La Mémoire des Paysans. Chroniques de la France des campagnes, 1653-1788, Paris, Tallandier, collection Texto Semi Poche, 2024, 992 p.
Les coulisses d'une vocation. Livre de raison d'un futur historien. Philippe Madeline; Sylvain Skora. Les Campagnes dans l'Histoire. Mélanges en l'honneur de Jean-Marc Moriceau, 14, Presses universitaires de Caen, pp.11-82, 2023, (Bibliothèque d'histoire rurale)(ISBN978-2-911369-27-8). ⟨hal-04591364⟩
Jean-Michel Sallmann, «Jean-Marc Moriceau. Les fermiers de l'Ile-de-France, l'ascension d'un patronat agricole (XVe – XVIIIesiècle)» (compte-rendu), Bibliothèque de l'École des chartes, vol.157, no1, , p.269–271 (lire en ligne)
George Grantham, «Jean-Marc Moriceau, Les fermiers de l'île-de-France. L'ascension d'un patronat agricole (XVe – XVIIIesiècle) [compte-rendu]», Annales, , p.1366-1369 (lire en ligne)
Fabrice Boudjaaba, «Les inflexions récentes de l'histoire économique et sociale des campagnes françaises à l'époque moderne», Obradoiro de Historia Moderna, , p.55-75 (lire en ligne)
Charles-Eloi Vial, «Jean-Marc Moriceau. Histoire du méchant loup. 3 000 attaques sur l’homme en France (XVe – XXesiècle)» (compte-rendu)», Bibliothèque de l'École des chartes, vol. 167, n°1, , p.255-257