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rabbin, industriel et archiviste français cofondateur du CDJC De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Isaac Schneersohn, né le [1] à Kamianets-Podilskyï et mort le à Paris 16e[2], est un rabbin[3], industriel et archiviste juif russe.
Émigré en France après la Première Guerre mondiale, il fonde à Grenoble en 1943 un centre de documentation qui, relocalisé dans le quartier du Marais après la Libération, devient le Centre de documentation juive contemporaine (CDJC). Schneersohn en demeure le directeur ainsi que le rédacteur en chef de sa Revue jusqu'à sa mort.
Isaac Schneersohn naît en 1879[4] ou en 1881 à Kamenetz-Podolsk[5], alors située dans l’Empire russe. Issu d’une illustre lignée hassidique qui remonte à Shneour Zalman de Liadi, le fondateur du hassidisme Habad, il est nommé rabbin à l'âge de seize ans et demi[6].
Officiant comme rabbin de la couronne (en) à Gorodnia puis à Chernigov, il est vite attiré par les idées de la Haskala, entamant une carrière dans les affaires et dans la politique, siégeant comme membre du conseil municipal et maire adjoint de Riazan dans la région occidentale de la Russie[7]. Membre du parti Kadet (constitutionnel démocrate)[8], il s’implique particulièrement dans l'éducation de la communauté juive russe, s’attachant à les faire franchir les quotas pour l’accès à l’enseignement supérieur en usant de ses contacts avec le Tsar et d'autres personnalités.
À la suite de l’accession au pouvoir des bolchéviques, Isaac Schneersohn immigre en France en 1920[4],[7].
Ayant acquis la citoyenneté française durant l'entre-deux-guerres[5], il délaisse le rabbinat bien qu’il continue à observer les préceptes du judaïsme par égard pour sa femme. Devenu administrateur délégué de la Société anonyme de Travaux métalliques (SATM, sise 10 rue Marbeuf à Paris)[9],[10] et menant la vie d’un « grand seigneur hassidique », il tient un salon où se rencontrent de nombreux dirigeants juifs parmi les plus connus, dont Chaim Weizmann et Vladimir Jabotinsky, Isaac Schneersohn adhérant lui-même au sionisme révisionniste de ce dernier[7].
Il accueille aussi, à l’occasion, ses cousins Menachem Mendel Horensztajn et Menachem Mendel Schneerson, futur dirigeant des hassidim Habad. Celui-ci pourrait d’ailleurs avoir été influencé dans ses choix académiques par trois des fils de son cousin, Boris, Arnold, et Michel, étudiants à l'École spéciale des travaux publics, du bâtiment et de l'industrie.
En 1938 il participe aux côtés du sculpteur Jacques Lifshitz et du peintre Marc Chagall à la transformation de « l'Arbeiter Orden » en Union des Sociétés Juives de France.
Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, les fils d'Isaac Schneersohn sont mobilisés comme officiers de réserve de l'armée française. Arnold et Boris, sont faits prisonniers. Isaac Schneersohn se voit dépossédé de son poste en vertu des lois d'aryanisation. Interné dans un Oflag, Arnold y organise un noyau de résistance, ce qui lui vaudra d’être transféré dans un camp disciplinaire de Lübeck. Quant à Boris, libéré en , il participera aux combats dans les maquis de Dordogne son fils Michel, quelques jours avant la prise d'un collaborateur avec l'Allemagne nazie avait préparé avec Édouard Valéry une opération de libération des détenus de la prison de Bergerac. Il captura Charles Platon, dans sa maison de Pujols. La cour martiale est présidée par Michel Schneersohn la défense est assurée par André Urbanovitch (alias « double-mètre » par rapport à sa taille puis l'accusation par Yves Péron la peine de mort prononcée. Il est fusillé le 28 août 1944 dans les allées du domaine de la Querrerie à Valojoulx à 22 h 40[9],[11], Mussidan qu'Isaac Schneersohn s'installe avec sa famille en 1941, après avoir quitté Paris pour Bordeaux. Il se réfugie ensuite à Grenoble, dans la zone d'occupation italienne.
À Grenoble, il conçoit le projet de créer un centre de documentation juive[9] en vue d’« amasser des preuves et des archives, constituer des dossiers aisément accessibles, préparer le travail des historiens ». Une réunion se tient à son domicile ; y participent son secrétaire Léon Poliakov et une quarantaine de délégués d'organisations juives[12] dont le philosophe Jacob Gordin[13],[14]. Le comité de direction est composé, outre Isaac Schneersohn lui-même, de deux représentants du Consistoire central israélite de France, deux représentants de la Fédération des Sociétés juives de France, deux représentants de l'Union des Sociétés Juives de France, un représentant de l'Organisation Reconstruction Travail et un représentant du rabbinat.
Les travaux du comité sont interrompus par l'invasion allemande de la zone italienne en . Isaac Schneersohn et Léon Poliakov rejoignent Paris lors de l'insurrection d'août 1944, réussissant à prendre possession des archives du Commissariat général aux questions juives, de l'ambassade d'Allemagne à Paris, de l'état-major et, surtout, du service antijuif de la Gestapo[15]. Le Centre de Documentation Juive Contemporaine est officiellement fondé peu après dans le Pletzl, centre de la vie juive avant la guerre ; il publie dès 1945 trois ouvrages et une quinzaine d’autres au cours des six années suivantes, permettant aux historiens de la Seconde Guerre mondiale de découvrir ce que fut la condition des Juifs de France au cours de la Shoah..
En 1946, Isaac Schneersohn est nommé président du CDJC tandis que son fils Arnold en devient le trésorier à titre honorifique. Le 25 mars de cette année, il s'adresse au ministre de l'Information pour que son Bulletin, qui deviendra Le Monde juif, soit autorisé à paraître légalement. Il en sera le directeur jusqu'en 1969[9].
Proche du rabbin et historien David Feuerwerker qui participe en maintes occasions aux cérémonies annuelles du CDJC en présence des autorités, Isaac Schneersohn se voit remettre la Croix de Chevalier de la Légion d'honneur des mains de futur prix Nobel de la paix René Cassin le [9]. De l’avis d’Éric de Rothschild, sans l’action d’Isaac Schneersohn,
« Bien des procès auraient été perdus, […] bien des livres n’auraient pas été écrits ou l’auraient été bien plus tard […], à une époque extrêmement difficile où le silence, la gêne étaient le lot des déportés survivants[16]. »
L’« archiviste de l'esprit contre la bureaucratie de la barbarie » meurt à Paris le , à l'âge de 88 ans[17],[18].
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