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film de Sergio Leone sorti en 1971 De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Il était une fois la révolution (Giù la testa) est un western spaghetti américano-hispano-italien de Sergio Leone sorti en 1971.
Titre original | Giù la testa |
---|---|
Réalisation | Sergio Leone |
Scénario |
Sergio Donati Sergio Leone |
Musique | Ennio Morricone |
Acteurs principaux | |
Sociétés de production |
Rafran Cinematografica Euro International Films San Miura United Artists |
Pays de production |
Italie Espagne États-Unis |
Genre | Western, guerre |
Durée | 157 minutes |
Sortie | 1971 |
Série Trilogie du temps
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.
Le film est une fable picaresque qui se déroule dans le contexte de la révolution mexicaine (1910-1920) et se situe par là dans la lignée des westerns zapata initiés par El Chuncho (1966) de Damiano Damiani, El mercenario (1968) de Sergio Corbucci ou Trois pour un massacre (1969) de Giulio Petroni. Dans la filmographie de Léone, Il était une fois la révolution est le second volet de la Trilogie du temps, précédé par Il était une fois dans l'Ouest (1968) et suivi par Il était une fois en Amérique (1984). S'il n'y a pas de lien direct entre les intrigues et les temporalités de ces trois films, ils partagent des thèmes communs. Ainsi, les trois films parlent d'amitié, de trahison, de vengeance et, dans les deux derniers, de pardon. Il est en outre frappant de constater à quel point l'argent et les questions politiques (révolution, lutte des classes, mouvement ouvrier, politiciens corrompus) sont explicitement au centre des deux derniers volets. Sergio Leone y déploie un point de vue critique mais nuancé du romantisme révolutionnaire au profit d'une vision plus anarchisante.
Rassemblant 6 millions de spectateurs en Italie et 4,7 millions en France à sa sortie, le film est un franc succès. Dernier western réalisé par Leone, il est considéré par certains comme l'un de ses films les plus sous-estimés[1].
« La révolution n'est ni un dîner de gala, ni une œuvre littéraire, ni un dessin, ni une broderie. On ne la fait pas avec élégance et courtoisie. La révolution est un acte de violence »
— Citation de Mao Tsé-Toung, mise en exergue du film
Mexique, 1913. Deux personnages font connaissance : un pilleur de diligences, Juan Miranda (Rod Steiger), et un Irlandais fénien, membre de l'Irish Republican Brotherhood en fuite, spécialiste en explosifs, John Mallory (James Coburn). Juan voit en John le complice idéal pour braquer la banque de Mesa Verde et va se trouver, bien malgré lui, plongé en plein cœur de la tourmente de la révolution mexicaine dont il sera le héros, grâce à (ou à cause de) son nouvel ami.
Au milieu de la révolution mexicaine - en 1913, un vagabond mexicain hèle une diligence remplie d'hommes riches, mais il est d'abord tenu en joue par le marshall qui mène l'embarcation puis désire voir la tête des voyageurs quand le péon s’insérera parmi eux. Quand la diligence repart, le vagabond subit les insultes racistes des passagers. Mais plus loin, la diligence est attaquée par une famille de bandits dont le vagabond, de son vrai nom Juan Miranda, est membre et est même le chef. Les hors-la-loi dépouillent les hommes riches tandis que Juan viole une passagère qui l'a insulté puis ils les chargent tous dans une charrette jetée dans une fosse à purin. Mais les bandits sont intrigués par une série d'explosions plus loin et comptent se rapprocher.
En passant à moto non loin, John H. Mallory, membre de l'IRB et spécialiste des explosifs, rencontre le hors-la-loi. Après que Juan eut tiré sur la moto pour l'arrêter, John descend de sa moto. Découvrant son habileté avec la dynamite et la nitroglycérine, Juan demande à John de l'aider à cambrioler la Banque nationale de Mesa Verde. John refuse, mais ordonne que Juan lui répare sa moto. Une fois la moto réparée, John s’apprête à repartir, mais Juan tire de nouveau sur la moto la rendant inutilisable. En guise de vengeance, John dynamite la diligence et s'en va. Juan, lui dit qu'il le retrouvera.
Plus tard dans la nuit, John se réveille dans une chapelle en entendant du monde arriver pour le retrouver. Il place un explosif dedans et se réfugie dehors d'où il actionnera le détonateur. Alors que l'équipe est arrivée dans la chapelle pour le retrouver, ce dernier découvre que Juan arrive derrière lui et appuie sur le détonateur. En effet, le mexicain l'a dénoncé à des soldats et ce sont ces derniers qui périssent dans la chapelle (et non la famille de Juan comme John pensait). Juan le fait accuser pour le meurtre de plusieurs soldats, faisant de lui un criminel recherché et offrant de le « protéger » en échange de son aide. John accepte à contrecœur d'aider Juan à attaquer la banque, mais s'enfuit sur le chemin de Mesa Verde.
Arrivé dans la ville avant Juan, John prend contact avec des révolutionnaires mexicains dirigés par le Dr Villega et accepte d'utiliser ses explosifs à leur service. Quand Juan arrive, John l'introduit dans les rangs des révolutionnaires. La banque est envahie lors de l'attaque des révolutionnaires contre l'armée mexicaine. Juan, intéressé uniquement par l'or de la banque, est choqué de constater qu'elle n'a pas de fonds et qu'elle est à la place utilisée par l'armée comme prison politique. John, Juan et sa famille finissent par libérer des centaines de prisonniers, faisant de Juan, contre son gré, un « grand, grand et glorieux héros de la révolution ».
Les révolutionnaires sont chassés dans les collines par un détachement militaire de l'armée régulière dirigé par le colonel Günther Reza. John et Juan se portent volontaires pour les arrêter avec deux mitrailleuses et de la dynamite. Une grande partie du détachement de l'armée mexicaine est détruite en traversant un pont et en se réfugiant dessous, lequel est détruit par John à l'explosif. Le colonel Reza, près d'une voiture blindée, apparait comme seul survivant. Après la bataille, John et Juan découvrent que la plupart de leurs camarades, y compris le père et les enfants de Juan, ont été tués par l’armée dans une grotte qui servait de repaire aux rebelles. Affolé et enragé, Juan sort seul pour combattre l'armée et est capturé puis emmené dans un camp militaire. Le soir, John se faufile dans le camp, où il est témoin des exécutions de plusieurs de ses camarades révolutionnaires par un peloton d'exécution. Ils ont été trahis par le Dr Villega, qui a été torturé par le colonel Reza et ses hommes. Cela évoque chez John des souvenirs d'une trahison similaire par Nolan, son meilleur ami en Irlande. Dans un flashback, après que Nolan eut donné l'identité de John, celui-ci tue les deux soldats britanniques de garde puis Nolan, forçant John à fuir l'Irlande. Le lendemain, Juan fait face à son propre peloton d'exécution, mais John arrive et fait exploser le mur avec de la dynamite juste à temps. Ils s'échappent sur la moto de John.
John et Juan se cachent dans un wagon d'animaux d'un train de l'armée régulière en direction des États-Unis. Il s'arrête pour récupérer le gouverneur tyrannique Don Jaime, qui fuit (avec une petite fortune) les forces révolutionnaires appartenant à Pancho Villa et Emiliano Zapata. Alors que le train est arrêté et pris en embuscade, John, pour tester la loyauté de Juan, lui permet de choisir entre tirer sur le gouverneur et accepter un pot-de-vin de sa part. Juan tue Jaime, volant également le butin du gouverneur. Alors que les portes de la voiture s'ouvrent, Juan est accueilli par une foule nombreuse et est à nouveau salué de manière inattendue comme un grand héros de la révolution. L'argent est emporté par le général révolutionnaire Santerna.
Dans un train avec les commandants de la révolution, John et Juan sont rejoints par le Dr Villega, qui s'est échappé. John seul est au courant de la trahison de Villega. Ils apprennent que les forces de Pancho Villa seront retardées de 24 heures et qu'un train de l'armée transportant 1 000 soldats et armes lourdes, dirigé par le colonel Reza, arrivera dans quelques heures ce soir-là, ce qui supprimera sûrement la position rebelle. John suggère de charger une locomotive avec de la dynamite et de l'envoyer vers le train de l'armée mexicaine. John a besoin d'un autre homme, mais au lieu de choisir Juan, qui se porte volontaire, il choisit le Dr Villega. Il devient clair pour Villega que John est au courant de la trahison, mais John dit qu'il avait l'habitude de juger les gens, mais ce n'est plus le cas. John le supplie de sauter de la locomotive avant qu'elle ne touche le train de l'armée, mais Villega se sent coupable et reste à bord. John saute dans le même temps, et les deux trains entrent en collision et explosent, tuant Villega et un certain nombre de soldats mexicains.
L'embuscade des révolutionnaires réussit, mais alors que John s'approche pour retrouver Juan, il est abattu dans le dos par le colonel Reza. Un Juan enragé abat le colonel avec une mitrailleuse. Alors que John est mourant, il continue à avoir des souvenirs de Nolan et d'une jeune femme qu'ils aimaient tous les deux. Juan s'agenouille à ses côtés pour poser des questions sur le Dr Villega. John garde le secret du médecin et dit à Juan qu'il est mort en héros de la révolution. Alors que Juan va chercher de l'aide, John, mortellement blessé, sachant que sa fin est proche, déclenche une deuxième explosion qu'il a secrètement préparée au cas où la bataille tournerait mal. Horrifié par la mort soudaine de son ami, Juan regarde les restes brûlants de John, avant de se tourner vers la caméra et de demander désespérément : « Et moi alors ? ».
Le développement d'Il était une fois la révolution commence pendant la production d'Il était une fois dans l'Ouest, lorsque Sergio Donati, collaborateur de Sergio Leone, lui présente une première mouture du film[3]. Au même moment, Mai 68 éclate à Paris, et les idéaux révolutionnaire et du nationalisme de gauche étaient devenus populaires parmi les étudiants universitaires et les cinéastes à travers l'Europe. Leone, qui avait consacré ses films précédents à déconstruire le romantisme de l'Ouest américain, décide de consacrer Il était une fois la révolution à déconstruire le romantisme révolutionnaire et à mettre en lumière l'instabilité politique de l'Italie contemporaine[3].
Leone, Donati et Luciano Vincenzoni travaillent ensemble sur le scénario du film pendant trois à quatre semaines, discutant des personnages et des scènes du film. Donati, qui avait déjà fait office de script doctor pour Le Bon, la Brute et le Truand, conçoit le personnage de Juan Miranda comme le pendant de Tuco dans Le Bon, la Brute et le Truand. Par ailleurs, Leone est en grande partie responsable du personnage de John Mallory et de l'accent mis par le film sur le développement de l'amitié entre John et Juan[3]. Cependant, Leone, Donati et Vincenzoni ont parfois constaté qu'ils avaient des opinions très divergentes sur la façon dont le film devait être réalisé, Leone souhaitant que le film soit produit à grande échelle avec une qualité épique, tandis que Donati et Vincenzoni percevaient le film comme un thriller à petit budget[3].
Leone n'a jamais eu l'intention de réaliser Il était une fois la révolution mais il voulait que le film soit réalisé par quelqu'un qui puisse reproduire son style visuel. Peter Bogdanovich, son premier choix de réalisateur, a rapidement abandonné le projet car il estimait qu'il n'avait pas suffisamment de marge de manoœuvre[3],[4]. Sam Peckinpah a ensuite accepté de réaliser le film après le départ de Bogdanovich, avant d'être refusé pour des raisons financières par le coproducteur américain United Artists. Donati et Vincenzoni, notant que le réalisateur embellit souvent les faits concernant ses films, affirment que Peckinpah ne l'a même pas envisagé - Donati a déclaré que Peckinpah était « trop rusé pour être produit par un collègue réalisateur »[4]. Leone recrute alors son assistant réalisateur habituel, Giancarlo Santi, pour réaliser, avec Leone supervisant les procédures. Santi met en scène les dix premiers jours de tournage. Cependant, Rod Steiger refuse de jouer le rôle de Juan si Leone ne le réalise pas lui-même, et les producteurs font pression sur lui pour qu'il réalise le film. Leone accepte à contrecœur, et Santi est relégué au second plan[3],[4].
L'inspiration pour la scène du peloton d'exécution est venue de Francisco Goya, et en particulier de sa série d'estampes Les Désastres de la guerre. Leone a montré les gravures au chef opérateur Giuseppe Ruzzolini afin d'obtenir les effets de lumière et de couleur qu'il souhaitait[4]. Selon le critique Elvis Mitchell du New York Times, le film a été influencé par La Horde sauvage de Peckinpah, et il partage certains éléments de l'intrigue avec Pat Garrett et Billy le Kid, un western américain mettant également en vedette James Coburn et sorti un an plus tard[5]. Le biographe de Leone et historien du cinéma Sir Christopher Frayling a noté qu'Il était une fois la révolution a été réalisé à une période du cinéma italien où les cinéastes « repensaient » leur rapport au fascisme et à l'occupation nazie de Rome. Il identifie de nombreuses références aux deux guerres mondiales dans le film, comme le commandement par le colonel Reza d'un véhicule blindé ressemblant à un char nazi, le massacre de la famille de Juan (qui présente des traits communs avec le massacre des Fosses ardéatines de 1944), et une victime d'exécution ressemblant à Benito Mussolini[4].
La sélection des interprètes principaux d'Il était une fois la révolution s'est avéré difficile. Le rôle de John Mallory était écrit pour Jason Robards, qui avait joué Cheyenne dans Il était une fois dans l'Ouest[3], mais le studio voulait un plus grand nom pour son personnage. Clint Eastwood est alors approché par Leone pour le rôle, mais il considère qu'il s'agit simplement d'une version différente du même personnage qu'il avait déjà joué dans la Trilogie du dollar, et il désire également mettre fin à son association avec l'industrie cinématographique italienne. Il décline donc l'offre et va jouer dans Pendez-les haut et court de Ted Post[6]. John Wayne est également envisagé pour le rôle de John, mais ce choix est rejeté par Leone, à la fois parce qu'il était considéré comme inadapté au rôle et parce que l'on estimait qu'un nom aussi prestigieux dans la distribution aurait pu trop mettre l'accent sur le personnage de Mallory. George Lazenby est ensuite approché pour jouer John, mais il décline l'offre. Un jeune Malcolm McDowell, alors surtout connu pour son interprétation dans If...., est envisagé pour incarner John ou Nolan, l'ami irlandais de John, mais Leone choisit finalement James Coburn pour jouer John[3],[4]. Coburn avait déjà été pressenti pour d'autres projets de Leone, dont Pour une poignée de dollars et Il était une fois dans l'Ouest. Il avait également été pressenti pour jouer dans un autre western zapata financé par United Artists, El mercenario de Sergio Corbucci, mais Franco Nero est ensuite choisi pour jouer ce qui était à l'origine son rôle[7].
Le rôle de Juan Miranda était écrit pour Eli Wallach, sur la base de son interprétation de Tuco dans Le Bon, la Brute et le Truand, mais Wallach s'était déjà engagé pour jouer aux côtés de Jean-Paul Belmondo et Bourvil dans Le Cerveau (1969) de Gérard Oury. Après que Leone ait supplié Wallach de jouer le rôle, ce dernier a abandonné l'autre projet pour jouer Juan. Cependant, Rod Steiger devait un autre film au studio et ce dernier a refusé de soutenir le film si Steiger n'était pas sélectionné. Leone n'a offert aucune compensation à Wallach, qui lui a ensuite intenté un procès[3],[8].
Pour jouer au mieux le rôle, Rod Steiger a pris trois mois de cours auprès d'une Mexicaine pour apprendre le rythme et l'accent de quelqu'un dont la langue maternelle est l'espagnol, mais qui est obligé de s'exprimer dans une autre langue. Pour ne pas perdre sa façon de parler, il a continué à s'exprimer ainsi, même dans sa vie privée, pendant toute la durée du tournage. Au départ, Leone n'était pas satisfait de la prestation de Steiger, qui jouait son personnage comme une figure sérieuse et zapatiste[4], ce qui a entraîné de nombreuses tensions entre Steiger et Leone, dont un incident qui s'est terminé par le départ de Steiger pendant le tournage de la scène au cours de laquelle John détruit la diligence de Juan. Une fois le film terminé, Leone et Steiger étaient satisfaits du résultat final, et Steiger s'est fait connaître pour faire l'éloge de Leone pour ses compétences en tant que réalisateur[3].
Le tournage s'est déroulé d'avril à . Les extérieurs sont principalement tournés en Andalousie, dans le sud de l'Espagne. Certains des lieux de tournage sont les mêmes que ceux déjà mis en scène dans la Trilogie du dollar de Leone ; par exemple, la gare d'Almería, utilisée pour la séquence du train dans Et pour quelques dollars de plus, revient dans ce film en tant que gare de Mesa Verde. D'autres plans de la ville de Mesa Verde sont tournés à la gare de La Calahorra-Ferreira (es), au Edificio del Círculo Mercantil e Industrial y Teatro Cervantes de Paseo de Almería (es), à Rodalquilar (es), à Los Albaricoques de Cabo de Gata (es), à Cadix devant l'église de Santiago (es) ou la cathédrale nouvelle. D'autres scènes sont tournées à Medinaceli en Castille-et-León et les plans larges de vastes paysages sont surtout tournés dans le désert de Tabernas[9]. Les scènes des souvenirs de Sean et ses amis ont été tournées en Irlande, au château de Howth (en) dans le comté de Dublin et au Toner's Pub sur Baggot Street, à Dublin[3]. Les intérieurs en studio sont tournés à Rome aux studios de Dino De Laurentiis Cinematografica. Au fur et à mesure du tournage, Leone a modifié le scénario : comme il n'avait initialement pas prévu de réaliser le film, il pensait que le scénario était trop « pensé pour un cinéaste américain » et il l'a donc modifié en conséquence pour l'adapter à sa propre mise en scène. Il était une fois la révolution a été l'un des derniers films grand public à être tourné en Techniscope[10].
La musique d'Il était une fois la révolution a été composée par Ennio Morricone, qui a collaboré avec Leone dans tous ses projets précédents en tant que réalisateur, à l'exception de ses deux premiers films, Les Derniers Jours de Pompéi (1959) et Le Colosse de Rhodes (1961). Elvis Mitchell, ancien critique de cinéma au New York Times, la considère comme l'une des partitions les plus illustres et inoubliables de Morricone[3]. Il considère également que Invention for John, qui se fait entendre pendant le générique d'ouverture et qui parcourt le film, est « plus épique et fabuleux que tout ce que Morricone ait jamais fait »[3]. La musique a été enregistrée en et les deuxièmes sessions d'enregistrement en août/septembre de la même année. Une bande originale pour le 35e anniversaire est sortie en 2006 avec des sessions d'enregistrement inédites et des prises alternatives.
Les noms de rôles des acteurs se réfèrent manifestement à des acteurs de la révolution réelle qui a duré de 1910 à 1920 et qui a renversé et provoqué le départ en 1911 de Porfirio Díaz. Par exemple, Joaquín Miranda et Figueroa Mata sont alors des généraux révolutionnaires. À un moment du film les révolutionnaires parlent de Francisco Villa et d'Emiliano Zapata et se séparent en usant du slogan Tierra y Libertad qui n'était utilisé par aucun de ces deux personnages, mais était celui de Ricardo Flores Magón qui n'avait plus aucun rôle après 1910.
Comme dans de nombreux westerns spaghettis, l'équipement des combattants présente certaines imprécisions. Ainsi, une partie des armes utilisées par les protagonistes n'existait pas encore à l'époque du film.
Dans la scène de l'embuscade sur le pont, Mallory et Miranda utilisent deux mitrailleuses de fabrication allemande, une MG 08 et une MG 42. Cette dernière n'avait pas encore été produite à l'époque de la révolution mexicaine (1910-1920).
Un autre anachronisme est le drapeau de l'IRA que Mallory garde dans son sac. Le film se déroule en 1913, mais l'IRA n'a été créée qu'en 1916[11], après l'insurrection de Pâques, à partir de l'union des Irish Volunteers et de l'Irish Citizen Army de James Connolly. Dans la scène finale de l'assaut du train des soldats, les révolutionnaires utilisent un lance grenade italien Brixia Mod. 35 (it), qui n'était pas encore produit à l'époque. De même, le personnage de John Mallory pilote une moto Indian Powerplus (dont la commercialisation n'a commencé qu'en 1916) au début du film.
Quand Il était une fois la révolution est sorti, les westerns spaghetti avaient déjà commencé depuis plusieurs années à mettre en scène de manières récurrentes deux protagonistes à l'esthétique et aux valeurs a priori opposées. Dans Et pour quelques dollars de plus, le personnage d'Eastwood est un chasseur de primes mal rasé, habillé de la même façon que dans Pour une poignée de dollars, qui entre dans un partenariat instable avec le colonel Mortimer (Lee Van Cleef), un chasseur de primes plus âgé qui utilise des armes plus sophistiquées et porte un costume. À partir d'El Chuncho (1966) de Damiano Damiani et de la vague des « westerns zapata », une variante du duo antagoniste de héros était constituée d'un péon mexicain prolétaire, fougueux et révolté et d'un Américain de la frontière des États-Unis[12], souvent cupide et condescendant, symbolisant l'impérialisme américain[13],[14]. D'autres westerns zapata de la même veine suivront comme El mercenario ou Compañeros de Sergio Corbucci, et Trois pour un massacre de Giulio Petroni. Selon Jean-François Rauger, « On a dans ces films deux figures de l’Italien des années 1960 [...] D'un côté, le chasseur de primes qui ne bosse que pour l'argent et de l'autre, l'homme du peuple, encore inconscient de sa mission politique, et qui va apprendre par la praxis qu'il est en fait au cœur d'un projet révolutionnaire »[15]. Cependant, dès El Chuncho, la révolution est dépeinte comme « une lutte désordonnée et confuse de factions multiples aux idéaux aussi patriotiques que douteux »[13].
Dans Il était une fois la révolution, dont le titre original italien Giù la testa peut se traduire « Baisse la tête » ou encore « Courbe l'échine »[2], Leone s'inscrit en même temps dans la continuité du western zapata tout en accentuant sa critique de la théorie révolutionnaire gauchiste[16] à travers sa scène emblématique de dispute entre Juan et John : John fait fausse route, la révolution sera toujours récupérée par les puissants[2].
« Ceux qui savent lire dans les livres vont voir ceux qui ne savent pas lire dans les livres, les pauvres, et ils disent : « Ici, il faut du changement » et les pauvres bougres font le changement. Après ça, les plus malins de ceux qui savent lire s’assoient autour d’une table et ils parlent et ils mangent et ils mangent et ils parlent et ils parlent et ils mangent. Et pendant ce temps-là qu’est-ce qu’ils font les pauvres bougres ? Ils sont morts ! »
— Juan (Rod Steiger) dans Il était une fois la révolution[17]
Leone lui-même a déclaré que la révolution mexicaine dans le film n'était qu'un symbole, et non une représentation de la révolution réelle, et qu'elle avait été choisie en raison de sa célébrité et de sa relation avec le cinéma, et il soutient que le véritable thème du film est l'amitié[4].
« J'ai choisi d'opposer un intellectuel, qui a vécu une révolution en Irlande, à un Mexicain naïf... vous avez deux hommes : un naïf et un intellectuel (égocentrique comme le sont trop souvent les intellectuels face aux naïfs). À partir de là, le film devient l'histoire de Pygmalion inversée. Le naïf donne une leçon à l'intellectuel. La nature prend le dessus et l'intellectuel finit par jeter son livre des écrits de Bakounine. Vous vous doutez bien que ce geste est une référence symbolique à tout ce qu'on a dit à ma génération en matière de promesses. Nous avons attendu, mais nous attendons encore ! Je fais dire au film, en effet, que "la révolution, c'est la confusion". »
— Sergio Leone[4]
Selon Olivier Père, Leone s'identifie à Juan en exprimant les déceptions de sa jeunesse socialiste et son scepticisme devant les idéologies et exprime finalement un point de vue anarchisant[16]. Il est aussi à noter que l'incipit qui introduit le film « La révolution est un acte de violence » occulte la suite de la phrase originale de Mao : « La révolution est un acte de violence par lequel une classe en renverse une autre »[2]. Pourtant, tout comme dans d'autres westerns zapata, le personnage central de Juan devient à son corps défendant un héros de la révolution et est célébré par les autres personnages révolutionnaires. On peut y voir selon Leone une référence aux Temps modernes (1936) de Charlie Chaplin : « C’est là la leçon de Chaplin qui, à travers ses comédies, en a plus dit et plus fait pour le socialisme qu’un leader politique. La séquence de la banque, avec Steiger se retrouvant à la tête de tous les prisonniers libérés, vient directement des Temps modernes et de Charlot avec son drapeau rouge »[18].
Un autre thème est le non-engagement moral : Juan est très loyal envers sa famille (composée de ses six enfants, chacun issu d'une mère différente), mais il ne peut faire confiance à personne d'autre. Il est également très cynique à l'égard des prêtres et se moque des lois codifiées. Cette situation se rapproche le plus des aspects de la vie dans le Mezzogiorno[4].
Le film est sorti en Italie le , et dans la version commerciale italienne, la séquence de torture du Dr Villega (interprété par Romolo Valli) a été coupée. Il est ensuite sorti le en Allemagne de l'Ouest et le en France. La toute dernière scène du film en Irlande où l'on voit les deux amis révolutionnaires embrasser la même femme a été coupée dans tous les pays sauf en France[20]. Cette scène avait pour Léone une signification particulière : « Ce n’était pas seulement l’idéologie libertaire et l’amour libre. Il y avait aussi une dimension symbolique : cette femme, c’était la révolution que tout le monde voulait embrasser »[20].
Il ne sera projeté que le à Los Angeles aux États-Unis et le à Madrid en Espagne. Au Mexique, où le film est connu sous le nom de Los héroes de Mesa Verde, le film s'est vu refuser un visa d'immatriculation et a été interdit de projection jusqu'en 1979 parce qu'il était considéré comme offensant pour le peuple mexicain et son histoire révolutionnaire[21].
Il était une fois la révolution a été projeté en 2009 dans le cadre de la section Cannes Classics du Festival de Cannes 2009[22]. La copie utilisée pour le festival a été restaurée par la Cinémathèque de Bologne et le laboratoire cinématographique Immagine Ritrovata.
Le titre du film a provoqué une certaine confusion. Le titre provisoire du scénario était C'era una volta la rivoluzione, mais ses producteurs en dissuadèrent Leone, craignant une confusion avec le titre d'un film de Bernardo Bertolucci : Prima della rivoluzione (1964)[23]. Leone lui-même a finalement choisi le titre Giù la testa, coglione! (litt. « Baisse la tête, couillon ! »). Le coglione ne sera pas retenu, mais cela n’empêche pas les personnages de passer leur temps à se traiter de « crétins ». Le film s’appellera donc simplement Giù la testa (litt. « Baisse la tête » ou encore « Courbe l'échine »[2]), qui a été traduit pour la version américaine par Duck, You Sucker (litt. « Baisse-toi, idiot ») que Leone croyait être de l'argot américain [24]. Alors que Giù la testa était une expression courante en Italie, le titre américain donnait au public potentiel l'impression d'une comédie de western, raison pour laquelle il a été modifié en A Fistful of Dynamite (litt. « Une poignée de dynamite »), en référence au titre du premier western de Leone, A Fistful of Dollars, le titre anglais de Pour une poignée de dollars (1964). En Grande-Bretagne, il est sorti sous ce titre dès le début.
En France, le film est sorti sous le titre de travail traduit Il était une fois la révolution, ce qui était aussi une manière de renouer avec le succès d'Il était une fois dans l'Ouest (1968). Le titre allemand Todesmelodie n'a absolument aucun rapport avec le film, mais a probablement été choisi en clin d'œil à Spiel mir das Lied vom Tod, le titre d'Il était une fois dans l'Ouest en Allemagne.
Dans les pays anglophones, on parle parfois de Once Upon a Time... the Revolution. Voici d'autres titres dans d'autres langues :
En raison des titres similaires des films, on parle souvent de la trilogie « Il était une fois », même si, ce n'est que dans les pays francophones que les trois titres de films commencent vraiment par « Il était une fois ». La trilogie est également désignée Trilogie américaine ou Trilogie du temps.
Le film a connu un franc succès en Italie, enregistrant 6 049 000 entrées et rapportant 2 464 773 000 lires[25] et se plaçant en 9e position du box-office Italie 1971-1972 ; il a été le troisième western spaghetti ayant fait le plus d'entrées au box-office italien cette année-là, derrière On continue à l'appeler Trinita (qui avec 14,5 millions d'entrées a dépassé Et pour quelques dollars de plus en tant que film le plus populaire jamais sorti en Italie à l'époque) et Soleil rouge. Bien qu'il s'agisse du plus faible des cinq westerns de Leone en Italie, il s'agit également du western Zapata le plus populaire sorti dans ce pays[26]. En France, Il était une fois la révolution est avec 4 723 338 entrées le quatrième film le plus populaire du box-office France 1972, derrière Orange mécanique, Les Fous du stade avec Les Charlots et Le Dernier Tango à Paris de Bernardo Bertolucci.
Pour Anne Dessuant dans Télérama, il s'agit d'un « film un peu maudit et injustement méconnu, c’est le second volet du triptyque consacré par Leone au dézingage des mythes fondateurs américains. Une œuvre d’un pessimisme réjouissant »[20].
Pour Vincent Ostria dans Les Inrockuptibles, « Le deuxième volet de la trilogie de Leone n’a ni l’aura mythique du premier ni la complexité onirique du troisième. Mais cette équipée picaresque où un anarchiste irlandais et un péon lourdaud s’associent dans un Mexique de fantaisie ne manque pas de charme »[27].
Pour Olivier Père, « Le film est génial car il débute ironique et finit tragique. Débordant de vitalité et de sentiments contradictoires, lyrique et trivial [...il] est le chef-d’œuvre populaire et foisonnant de Leone, brassant la violence du XXe siècle et la propre mythologie du cinéaste, avec truculence et émotion »[16].
En Italie, la revue Segnalazioni cinematografiche, il s'agit d'« Une histoire conventionnelle avec des personnages conventionnels. Pour réaliser "ses effets spectaculaires", Sergio Leone dilate les situations jusqu'à la limite du vraisemblable, en utilisant principalement de très longs regards "éloquents" et des silences "expressifs" »[28].
Selon F.Mininni dans L'Unità, « Malgré les erreurs de parcours dues à la genèse particulière du scénario (quelques sauts narratifs et quelques passages laborieux), Il était une fois la révolution a toutes les caractéristiques du morceau de bravoure, une authentique confession personnelle sous forme de récit spectaculaire »[29]
En Allemagne de l'Ouest, Arne Laser estime dans son ouvrage Das große Film-Lexikon : « [...] un élément comique bien présent [...] Mais dans l'ensemble, Il était une fois la révolution est un film assez féroce et violent. [... Steiger et Coburn] livrent d'excellentes interprétations de personnages fondamentalement différents [...] Les éléments aventureux de l'intrigue restent bien sûr prédominants, et le réalisateur les a intégrés dans un spectacle plein d'action et captivant, qui porte surtout sa marque visuellement. Ennio Morricone a de nouveau composé une de ses musiques caractéristiques »[30].
En 1972, un journaliste anonyme du magazine d'information Der Spiegel a brièvement commenté le film en ces termes : « L'usure immotivée de la poudre, du plomb, de la musique et des figurants, ainsi que de nombreux mouvements de caméra maniéristes, transforment finalement la parabole révolutionnaire de Leone, qui se voulait simple, en un spectacle brutal, dont on voit bien qu'il a coûté 3,5 millions de dollars »[31].
Aux États-Unis, Le Chicago Reader l'a loué pour son « merveilleux sens du détail et ses effets spectaculaires »[32] tandis que le New York Observer affirme que la mise en scène de Leone, la partition de Morricone et la prestation des acteurs principaux « déclenchent une explosion émotionnelle comparable à celle d'Il était une fois dans l'Ouest ».
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