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Sujet d'art De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Les Huit vues des rivières Xiao et Xiang (潇湘八景 ou Xiaoxiang Bajing) servent à nommer le sujet de nombreuses poésies et peintures, tant en Chine qu'en Corée et au Japon.
Ces peintures font référence à de magnifiques paysages, qui se situent dans une région de rivières et de lacs, non loin de Changsha, dans ce qui est à présent la province de Hunan en Chine. La rivière principale est la Xiang (Xiang Jiang ou Xiangjiang). Les rivières Xiao et Xiang se jettent dans le lac Dongting, c'est pourquoi le lac est parfois nommé Xiaoxiang. Ce lieu, plus un concept qu'une réalité géographiquement définie, est évoqué dans les poèmes, représenté en images et célébré par des poésies, en particulier au temps de la dynastie Song. Les « Huit vues des rivières Xiao et Xiang » peut se référer soit à des ensembles de peintures qui ont été réalisées sur ce thème, soit à des séries de vers composés sur ce même thème, soit à une combinaison des deux. Le thème « Xiaoxiang » doit se comprendre comme faisant partie d'un long héritage poétique et artistique.
La plus ancienne représentation artistique conservée de la région se trouve dans le chef-d’œuvre de Dong Yuan, les Rivières Xiao et Xiang. L'ensemble original des huit titres des peintures est conçu par le peintre, poète et fonctionnaire du gouvernement, Song Di (v. 1067 - v. 1080), durant le règne de Shenzong de la dynastie Song. Son œuvre ne nous est pas parvenue[1]. Le musée du Palais, à la Cité Interdite, conserve Vue merveilleuse de la Xiao et de la Xiang, exemplaire du traitement de l'encre que ce thème a produit. Il s'agit d'un rouleau[2] (env. 20 x 280 cm) de Mi Youren (1074-1153), caractérisé par un usage constant d'une peinture « sans os », c'est-à-dire sans trait de contour, sans hachures (ou « rides ») et sans points, donc n'utilisant pas la pointe du pinceau mais son épaisseur et la charge de l'encre plus ou moins diluée qu'il étale[3]. Le rôle du papier, support quotidien du lettré dans son travail d'administrateur, joue un rôle essentiel dans sa capacité à réagir avec l'eau pour une bonne diffusion de l'encre et, ainsi, obtenir des fondus délicats. Le paysage en parait d'autant mieux restituer l'atmosphère chargée d'humidité, vaporeuse voire brumeuse.
Ce type de peinture aura un très long succès, parmi les peintres d'Extrême-Orient, jusqu'au Japon, avec l'école de Maruyama Ōkyo, au XVIIIe siècle, et son héritage dans le style nihonga au XXe siècle, et en Chine même, dans l'école de Lingnan, depuis le début du XXe siècle et jusqu'à aujourd'hui avec des peintres comme l'artiste d'origine chinoise, Li Chevalier et la peinture expérimentale à l'encre.
Il existe différentes listes des huit vues.
Cette liste est de Shen Gua (ch. : 沈括 ; py : Shěn Guā), dans son Mengxi Bitan, publié vers 1090 :
Les huit vues de Xiaoxiang est un thème qui s'inscrit dans une tradition plus large. D'une façon générale, il s'agit d'un thème qui, tel que traduit en peinture et en poésie, tend vers l'expression d'un symbolisme sous-jacent profond, renvoyant à l'exil et à l'illumination. Par ailleurs, chaque scène exprime généralement certaines références parfois subtiles. Au niveau du sable : descente des oies sauvages par exemple, peut se référer à l'exil historique de Qu Yuan dans cette région et à la poésie qu'il a écrite à ce sujet. « Au niveau du sable » peut se comprendre comme une référence à Qu Yuan parce que le caractère chinois pour le niveau, ping, est son prénom (yuan est un nom de courtoisie). De plus, parce qu'il s'est volontairement noyé dans une des rivières souvent sablonneuses de cette région pour protester contre son injuste exil, Qu Yuan est souvent désigné en poésie comme « Embrassant le sable », notamment par Li Bo. L'oie sauvage est un des symboles les plus forts de la poésie classique chinoise avec différentes connotations : la descente de l'oie ou des oies, combinée avec la descente du niveau du sable, signifie que les oies volent au sud, la saison est l'automne et que les forces du yin se multiplient (ce qui ajoute au symbolisme impliqué )[5].
Les Huit vues des rivières Xiao et Xiang ont été d'abord une source d'inspiration pour les artistes chinois dès la dynastie Song (960-1279). Ensuite, le succès de ce motif a inspiré d'autres séries de « huit vues », au Japon et en Corée, comme d'autres série de paysages similaires.
En Chine, différentes versions des Huit Vues des rivières Xiao et Xiang ont été inspirés par la série originale qui a aussi été source d'inspiration d'autres séries de huit scènes de paysages. C'est devenu un thème de prédilection des moines bouddhistes.
Parmi les œuvres portant sur les Huit vues se trouvent un ensemble de peintures de Wang Hong (au musée d'art de l'université de Princeton), maintenant considéré comme la plus ancienne représentation encore existante des Huit vues[6] et un ensemble de peintures attribuées à Song Di (en partie au musée national de Kyoto) : les huit vues sont commentées ainsi : Oies sauvages descendant vers Sandbar, En remontant les voiles sur une côte lointaine, Marché de montagne dans une clairière, Rivière et ciel en soirée, Neige, lune d'automne sur le lac Dongting, Pluie de nuit sur les rivières Xiao et Xiang, Cloche du soir du temple enveloppé de brume et village de pêcheurs dans la lueur du soir[7], réalisées au milieu du XIe siècle.
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