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ingénieur des mines français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Henry Kuss (1852-1914) est un ingénieur des mines français. Il s’est illustré par sa contribution décisive à la sécurité des mines du bassin houiller de la Loire, particulièrement en faisant mettre en place une politique efficace de prévention des coups de grisou, et a été l’organisateur de l’École des mines de Douai puis, brièvement, le directeur de l’École des mines de Paris. Il a aussi réalisé de nombreuses explorations géologiques et minières internationales, et écrit plusieurs ouvrages destinés à vulgariser la connaissance scientifique et technique nécessaires à l’exploitation minière[1].
Directeur École nationale supérieure des mines de Paris |
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Issu d’une ancienne famille alsacienne, Henry Kuss est né le à Cernay. Il est le fils du pasteur Jean-Frédéric Kuss et de Louise Amélie, née Kuss.
Henri Kuss ne va pas à l’école primaire mais étudie d’abord sous la férule de son propre père, Jean-Frédéric Kuss, qui éduqua lui-même ses enfants et certains de ses neveux, dont quatre devinrent polytechniciens ! Malheureusement Jean-Frédéric Kuss décède alors qu’Henry n’a que onze ans. Son épouse met toute son énergie dans la poursuite de l’éducation de ses six enfants, et Henry Kuss peut ainsi, malgré la modestie des moyens familiaux, suivre de brillantes études secondaires d’abord à Colmar puis à Strasbourg. Il y entre en classe préparatoire scientifique en 1869, et il termine les épreuves écrites des concours alors qu’éclate la guerre franco-prussienne, qui provoque l’annulation des oraux prévus à Strasbourg, puis la rétention des Strasbourgeois dans leur ville assiégée puis occupée. Ce n’est qu’en mars 1871 qu’Henry Kuss peut se rendre à Paris pour s’enquérir de sa situation. Étant donné ses excellents écrits, l’administration ne refuse pas de lui faire passer les épreuves orales annulées huit mois plus tôt, mais lui fait observer que la promotion 1870 a déjà intégré l’école et que le retard qu’il a pris sur ses condisciples pourrait perturber ses études ; on lui suggère plutôt de repasser les épreuves en 1871, ce qui ne peut que lui assurer un très bon rang au concours d’admission. Henry Kuss accepte, mais n’a pas un sou pour financer sa demi-année scolaire supplémentaire ! Il s’adresse alors au collège Sainte-Barbe, faisant miroiter les retombées favorables pour l’établissement de son intégration en très bon rang, et il est ainsi admis à Sainte-Barbe comme boursier. Il entre à l’X major de promotion en 1871. Exceptionnellement doué pour les mathématiques et grand travailleur, il est également major du classement de sortie et entre donc à l'École nationale supérieure des mines de Paris en 1873. Major du Corps des mines, il sera attaché pour un an au secrétariat du Conseil Général des Mines à sa sortie de l’École.
Le Corps des mines demandant à ses ingénieurs-élèves de compléter leurs études théoriques par des missions en France et à l'étranger, Henri Kuss visite entre 1874 et 1876 les bassins houillers du Nord de la France, de Belgique et d’Allemagne, et les régions métallifères d'Allemagne, d'Autriche, d'Espagne et d’Algérie. De ces voyages, il rapporte des observations détaillées et publie plusieurs notes dans les Annales des Mines, notamment sur la statistique de l'Industrie minérale allemande et sur l'enseignement de la minéralogie en Espagne. Son mémoire sur les mines de mercure d'Almaden en Espagne, qui comporte des recherches inédites sur la géologie de la région et traite en détail des techniques d’exploitation minière, marque particulièrement les esprits. Pendant la première partie de sa carrière, il mènera en parallèle avec ses responsabilités au sein de l’Administration des Mines une série d’explorations géologiques et minières qui fournissent la matière de nombreux articles scientifiques et techniques (Revue de géologie, Annales des Mines) :
Son souci de la sécurité et des conditions de travail lui confèrent une crédibilité qui le fait souvent appeler comme arbitre dans les conflits du travail et lui permet renseigner avec pertinence l'Administration quant aux enjeux de ces conflits.
En outre, Henry Kuss met sur pied à la demande du ministère des Armées, un plan permettant d’assurer, en cas de guerre, un approvisionnement régulier des armées en charbon par les mines d'Anzin en remplacement du charbon anglais, considéré comme peu sûr depuis l’incident de Fachoda. Il le fait avec d’autant plus de cœur que l’annexion de sa région natale à l’Empire allemand lui pèse, et que, en prévision du conflit vers lequel on se dirige inexorablement, il sent qu'il faut mobiliser toutes les énergies. Particulièrement satisfait de ses services, le Ministère de la Guerre lui fait attribuer le grade d’officier de la Légion d’Honneur.
Enfin, Henry Kuss prend simultanément la direction de l'École des maîtres-mineurs de Douai (aujourd’hui l’École des mines de Douai), dont il redresse rapidement la situation pour en faire un établissement de référence dont les diplômés se placent soit dans les mines de la région à la plus grande satisfaction des entreprises, soit à l’étranger et particulièrement dans les colonies où ces compétences techniques sont très demandées.
Le , il est nommé Inspecteur général de première classe. Mais l'Administration n'a pas attendu jusque-là pour le faire entrer dans nombre de Commissions. En 1914, il est ainsi Président de la Commission interministérielle de navigation aérienne, membre de la Commission centrale des machines à vapeur, de la Commission d'hygiène dans les mines, de la Commission des recherches scientifiques sur le grisou et les explosifs, du Comité consultatif des chemins de fer, de la Commission permanente des stations hydrominérales et climatiques. En outre, il a été pendant plusieurs années Commissaire technique à la Commission militaire des mines. « À toutes ces Commissions, et surtout au Conseil général des Mines, Kuss apporte la collaboration la plus assidue et la plus précieuse, ne reculant jamais devant la tâche de rapporteur, dans les questions délicates où sa compétence le désigne. C'est d'ailleurs en toute conscience qu'il remplit sa mission. Il n'est pas une pièce du dossier qu'il ne lise attentivement ; pas une des circonstances de l'affaire qu'il ne veuille tirer au clair ; pas un point litigieux qu'il n'élucide avec sa rectitude de jugement et sa clarté coutumières. Aussi, les conclusions de ses rapports, toujours formulées avec netteté, sont-elles adoptées le plus souvent à l'unanimité, tellement grande est la confiance qu'il inspire à ses collègues[2]. »
Outre le travail précédent, Henry Kuss a beaucoup écrit sur des questions de mines ou de métallurgie en parallèle de son activité principale :
Outre ses compétences techniques et scientifiques, Henry Kuss maîtrise l’anglais, l’allemand et l’espagnol, y compris dans le domaine technique ; il est donc naturellement délégué par le Ministère des travaux publics à de nombreuses Conférences internationales :
Quand Henry Kuss en prend la direction en 1904, l’École des Maîtres Mineurs de Douai est une institution en crise profonde. Créée par décret du , à l'image de celle d'Alès trente-cinq ans plus tôt, elle a pour vocation de former des maîtres mineurs et des géomètres pour l'industrie minière. Si le nombre des admissions (24 en 1878 et 20 en 1879) avait initialement été suffisant pour satisfaire aux besoins, il était tombé à 15 en 1880, et n'atteignait plus que 13, en moyenne, dans la décennie suivante. Henry Kuss rénove l’école sur le plan de la qualité de l’enseignement, du recrutement des élèves, du lien avec les futurs employeurs potentiels et du placement des diplômés :
Sous la direction d’Henry Kuss, le nombre des admissions remonte rapidement à la pleine capacité de l’école, soit trente élèves par promotion. Lors de l'Exposition universelle de 1900, l’École expose, dans le Palais des Mines et de la Métallurgie, quelques travaux des Élèves, accompagnés de tableaux statistiques ou synoptiques, ainsi qu'une notice où Kuss résume l'histoire, l'organisation et les progrès de l'établissement. Une médaille d'argent est attribuée à l’École en reconnaissance de ses résultats. Au travers de ses efforts payants pour établir l’École des mines de Douai, Kuss se révèle un éducateur-né, digne fils de son père lui-même grand formateur. En outre, il veut contribuer par là à l'œuvre de la concorde sociale, l'une de ses principales préoccupations, ainsi qu’il l’écrit lui-même : « J'estime que, dans notre démocratie en travail, les maîtres-mineurs ont un rôle essentiel. Originaires de familles d'ouvriers, ils comprennent le langage des ouvriers, connaissent leurs aspirations et peuvent, mieux que personne, leur servir d'éducateurs et de guides dans la marche vers le progrès social, à réaliser par l'union harmonieuse du travail manuel et du travail intellectuel. »
L’attachement patriotique d’Henry Kuss à la France est une affaire de famille puisque son grand-père Georges Jacques (1753-1811), pasteur luthérien, avait été, sous la Révolution, agent national de Bouxwiller. Cet attachement se manifeste à plusieurs reprises. D’abord, alors qu’Henry Kuss est élève à l’École polytechnique, il doit opter pour la nationalité française, comme le prévoyaient les clauses du traité de Francfort du , ce qu’il fait à la mairie du 5e arrondissement, le . Dans ses fonctions de responsable de l’arrondissement minéralogique de Douai, il s’illustre par les services rendus au ministère des Armées, ce qui lui vaudra la promotion au grade d'officier de la Légion d’Honneur à la demande du Ministère de la Guerre. Lorsqu’il apprend le , alors qu’il est déjà cloué sur son lit de souffrance, que les troupes françaises ont libéré Mulhouse et Cernay, sa ville natale, sa joie est si grande qu’il fait pavoiser son lit de deux petits drapeaux français; ils y resteront jusqu'à l'heure de sa mort. Jusqu'à la fin, il suit avec passion les péripéties du conflit. À tous ceux qui le visitent, il demande des nouvelles du front, et, même aux jours les plus sombres, il exprime son inébranlable confiance dans le succès final.
Fils et petit-fils de pasteur, Henry Kuss s'était, dans chacune de ses résidences successives, associé à la vie de la paroisse protestante. Lors de la séparation de l’Église et de l’État, étant donné son expérience de l’Administration, on lui demanda de préparer les statuts et règlements du synode régional des églises du nord-Est de la France. Son travail fut tellement apprécié qu'on le sollicita pour représenter ce synode au sein de l'Union nationale des Églises évangéliques réformées. Il assuma donc une part considérable des travaux des comités d'études et d'organisation, puis de ceux de la Commission synodale permanente et des réunions des Synodes.
Henry Kuss fut soutien de famille dès un très jeune âge, soutenant financièrement sa mère veuve et assurant le rôle de chef de famille à l'égard de ses frères et sœurs. Le , il épouse Jeanne Weiss[3], dont une alliance de famille lui avait fait faire la connaissance, à Grenoble, au foyer d'Alsaciens émigrés comme lui. Compagne attentionnée, elle n'hésita pas à l'accompagner en Afrique, ni à traverser la mer Rouge et l'Océan Indien avec lui lors de leur voyage en Australie. Ils eurent une fille.
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