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commerce de détail multispécialiste exploité par une société commerciale unique De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Un grand magasin est un commerce de détail multi-spécialiste exploité par une société commerciale unique.
L'assortiment des marchandises proposé est large : celles-ci sont exposées dans des rayons spécialisés répartis sur une grande surface allant de 2 500 à 92 000 m2.
Généralement implantée en centre-ville et occupant plusieurs étages d'un bâtiment, cette forme de commerce apparaît au cours de la seconde partie du XIXe siècle.
Depuis les Trente Glorieuses, les points de vente multi-spécialistes — concurrencés par la grande distribution — ont été contraints de se restructurer et de se repositionner (le plus souvent dans le haut de gamme).
Les grands magasins apparaissent sur les boulevards des grandes villes vers 1850. Sur de vastes surfaces, ils disposent de comptoirs multiples, sont mieux approvisionnés et renouvellent régulièrement l'assortiment des produits offerts.
Ces grands magasins font suite aux petites échoppes médiévales situées dans des ruelles sombres, aux merceries du XVIIe siècle où se vend tout ce qui concerne l'habillement, mais aussi des objets de parfumerie, de quincaillerie, des instruments de musique, des remèdes, ainsi qu'aux « marchandes de frivolités », dites aussi « marchandes de modes », se spécialisant au XVIIIe siècle dans la vente de vêtements, chapeaux, plumes et ornements destinés à parer la clientèle féminine (fanfreluches, colifichets)[1].
Les grands magasins succèdent également aux « magasins de nouveautés » (comme « Au Grand Mogol »[2], « Le Tapis rouge » « La Fille d'honneur », « Les Deux Magots », « La Barbe d'or », « Aux Dames élégantes », « À la Belle Jardinière », « Le Bazar des Bons Marchés »). Ces enseignes — qui vendaient tout ce qui concerne la toilette de la femme — étaient apparues dans la deuxième partie du XVIIIe siècle dans des rues-galeries, des rues-salons et des passages couverts, tous lieux qui favorisent un chalandage[3] paisible à l'abri des intempéries et d'une circulation parfois anarchique[4].
Ces grands magasins se présentent comme un nouvel espace de liberté pour les femmes de la bourgeoisie dont la vie sociale se limite encore à l'époque aux fêtes familiales et à quelques sorties au théâtre. Pour leur respectabilité, des entrepreneurs comme Jules Jaluzot , créateur du Printemps Haussmann, confient la tenue des stands non plus à des vendeurs hommes, les calicots, mais à des midinettes[5].
Accompagnant l'émergence des classes bourgeoises et de leur pouvoir d'achat, les grands magasins pratiquent l'entrée libre, des prix fixes (alors que les échoppes avaient tendance à vendre au plus cher, selon des prix « à la tête du client »[6]) et affichés qui mettent fin au marchandage. Une marge plus faible compensée par un volume d'affaires plus important, rend les prix attractifs. Par ailleurs, la révolution industrielle favorise cette tendance de baisse des prix par la mécanisation et la production en série (notamment dans l'industrie textile), ce qui permet de diffuser une offre plus abondante et plus diversifiée (accélération du cycle de la mode qui se démocratise, logistique favorisée par le développement du chemin de fer). Sans que l'on puisse encore parler de démocratisation de la consommation, on remarque que « Les magasins proposent une offre plus large, régulièrement renouvelée et soutenue par les réclames, des soldes, des livraisons à domicile, la vente par correspondance ou les reprises de marchandises, ce qui accélère la rotation de stock »[7].
En 1852 à Paris, le premier grand magasin qui incarne véritablement cette révolution commerciale et offre un vaste choix de rayons différents sur une très grande surface est Le Bon Marché, conçu et réalisé par Aristide Boucicaut. Il inspire le roman Au Bonheur des Dames d'Émile Zola.
Sur le modèle d'Aristide Boucicaut, les « grands magasins » vont éclore un peu partout et occuper de vastes bâtiments, sur plusieurs étages. L'aménagement est conçu de manière quasi-théâtrale : Gustave Eiffel est le concepteur technique du bâtiment pour Le Bon Marché. L'utilisation des structures métalliques permet d'abriter dans un volume grandiose plusieurs étages desservis par des escaliers majestueux. Il est fait une large place au luxe décoratif, et les derniers progrès techniques (électricité, ascenseurs, escaliers roulants) sont employés . Ces aménagements inédits s'inscrivent dans les transformations urbaines du XIXe siècle à l'image du Paris haussmannien. Émile Zola n'hésite pas à qualifier les Grands Magasins de « cathédrales du commerce ».
À partir du milieu du XIXe siècle, les ouvertures se multiplient en Europe, aux États-Unis et au Canada :
Actuellement, les deux principales enseignes de grands magasins sont : le Printemps (créé en 1865 par Jules Jaluzot, ancien vendeur du Bon Marché) et les Galeries Lafayette (1893). Ces enseignes louent leurs espaces aux marques[16].
Outre les précédents, présents au niveau national, Paris compte Le Bon Marché (1852), le Bazar de l'Hôtel de Ville (situé près de l'Hôtel de Ville, il est couramment appelé le « BHV » et fut créé en 1856 par Xavier Ruel, ancien colporteur) et La Samaritaine, qui voit le jour en 1869. Des grands magasins existent aussi dans certaines grandes villes, comme Midica (1946) à Toulouse ou le Grand Bazar (1886) à Lyon. Cas unique en province, les Magasins Réunis (1890) de Nancy s'implantent à Paris mais également dans toute la France dans l'entre-deux guerres.
Autrefois, Paris abritait les activités du Tapis Rouge (1784) au 67, rue du Faubourg-Saint-Martin, des Grands Magasins du Louvre (1855-1974), d'À la Belle Jardinière (1866-1974), du grand magasin À Réaumur (Gobert-Martin), au 82 à 96 rue Réaumur, du Grand bazar de la rue de Rennes, du Palais de la Nouveauté, ou Grands Magasins Dufayel[17], sur le boulevard Barbès, du Petit Saint-Antoine, au 33 rue du Faubourg-Poissonnière, du grand magasin Au Gagne-Petit, avenue de l'Opéra, de la Maison Cheuvreux-Aubertot, sise boulevard Poissonnière et des Magasins Réunis.
Les grands magasins perdent de leur influence à partir des années 1970 avec l’essor de la grande distribution. Bernard Arnault et LVMH reprennent Le Bon Marché en 1985, puis la Samaritaine en 2000 ; François Pinault et PPR reprennent Le Printemps en 1992 (l’enseigne est revendue en 2006). Les magasins sont rénovés, mais la morosité est toujours présente. Ces groupes sont en difficulté à cause de grandes surfaces spécialisées comme Zara ou H&M qui sont également fabricants. Les Galeries Lafayette et le Printemps ont choisi à partir des années 2000 de jouer la carte du luxe et ciblent une clientèle aisée[16].
En raison de la pandémie de Covid-19, l'année 2020 est la pire de l'histoire des grands magasins parisiens. Outre le report à 2021 de la réouverture de la Samaritaine[18],[19] et les fermetures temporaires survenues lors des confinements (notamment celle de deux mois entre la mi-mars et la mi-mai, longueur jamais connue, même pendant les guerres), ils subissent aussi la perte de leur clientèle étrangère, à quoi se surajoute une forme de désaffection des Français pour la mode, le développement du commerce en ligne et des restrictions de l’utilisation de la voiture dans la capitale[20].
L'Allemagne possède les chaînes Kaufhof, Hertie, Karstadt et le KaDeWe à Berlin.
L'Espagne a El Corte Inglés comme enseigne de référence.
Au Portugal, on trouve les enseignes Marques & Soares et El Corte Inglés.
Au Royaume-Uni, les enseignes Fortnum & Mason, Harrods, Selfridges, Hamleys, Liberty, Woolworth's, House of Fraser, et John Lewis occupent ce créneau de la distribution. Pour des raisons historiques ou de proximité géographique, Debenhams et Marks & Spencer, sont présents tant au Royaume-Uni qu'en Irlande.
En Italie, La Rinascente et Coin sont présents dans la plupart des grandes villes du pays.
En Belgique, Galeria Inno possède plusieurs grands magasins.
En Suisse, on trouve dans tout le pays les grands magasins Manor, Coop City et Globus. Le plus grand magasin de Suisse est Jelmoli, à Zurich.
L'Irlande est le berceau de Arnotts (Ireland), Brown Thomas, Clerys, Dunnes Stores, Harvey Nichols et House of Fraser.
En Finlande, Stockmann et Sokos sont implantés dans la capitale. En Suède, Nordiska Kompaniet et Åhléns se partagent les faveurs des chalands.
Au Danemark, le Magasin du Nord se trouve à Copenhague, sur la place Kongens Nytorv, à proximité de Nyhavn.
En Russie, on trouve les centres commerciaux Goum, le Tsoum ainsi que le Marché Gorbouchka à Moscou, et plusieurs Gostiny Dvor dont celui de Saint-Pétersbourg, ainsi que Le Passage également à Saint-Pétersbourg.
Les grands magasins du Canada sont la Compagnie de la Baie d'Hudson, Saks Fifth Avenue, Nordstrom, Holt Renfrew, et La Maison Simons.
Les États-Unis, sont le berceau de Bloomingdale's, JC Penney, Saks Fifth Avenue, Sears qui ont une implantation internationale et des chaines locales de Dillard's, Gottschalk, Macy's, Nordstrom, Lord & Taylor ou Neiman Marcus.
Les principaux grands magasins du Japon sont Isetan, Matsuzakaya, Mitsukoshi et Takashimaya.
Dès l'écriture de Au Bonheur des Dames par Émile Zola en 1883, les grands magasins sont le sujet de créations artistiques.
Au cinéma, outre l'adaptation d'Au Bonheur des Dames par André Cayatte en 1943, ces enseignes apparaissent dans Bébert et l'Omnibus d'Yves Robert (1963), Peur sur la ville d'Henri Verneuil (1974), Riens du tout où Cédric Klapisch met en scène les méthodes managériales du commerce (1992)[21].
À la grande époque, les enseignes commandent également des réclames aux affichistes parmi lesquels Jean-Alexis Rouchon et Jules Chéret, alors qu'aujourd'hui les Galeries Lafayette louent le talent du graphiste et photographe Jean-Paul Goude pour leurs publicités[22].
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