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La grève étudiante québécoise de 2015 est un mouvement de contestation amorcé le [1], dans le cadre de ce que certains (associations étudiantes[2],[3], des groupes de gauche[4],[5], une chroniqueuse[6]) qualifient de « grève sociale », pour dénoncer les mesures de restrictions budgétaires adoptées par le gouvernement Philippe Couillard. 130 000 étudiants sont en grève à l'occasion de la première manifestation nationale du , dont 55 000 en grève générale. À l'image de la grève étudiante québécoise de 2012, le mouvement est initié par des étudiants et englobe différents enjeux, notamment celui des finances publiques.
Date |
21 mars au 13 mai 2015 (1 mois et 22 jours) |
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Localisation | Québec |
Organisateurs | Comités Printemps 2015 Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ) |
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Revendications | Abandon des mesures de restrictions budgétaires du gouvernement du Québec et contre les hydrocarbures |
Types de manifestations |
Grève étudiante Manifestation non violente Piquet de grève |
Le , le premier ministre Philippe Couillard, élu le 7 avril 2014, annonce dans son discours d'ouverture un redressement des finances publiques. Une première série de mesures d'austérité sont annoncées dans le premier budget du ministre des Finances Carlos Leitão[7], le . Les frais de garderie sont augmentés et plusieurs crédits d'impôts sont coupés. Un second budget, déposé le , limite la croissance des dépenses à 1,5 % et confirme le retour à un équilibre budgétaire. Le mouvement de contestation naît au début de 2015. Une première association étudiante tombe en grève le et elle est rejointe dans la semaine suivante par plusieurs dizaines. Les syndicats de travailleurs, eux, annoncent qu'ils se mobiliseront plutôt à l'automne[8].
Alors qu'en 2005 et en 2012 les objectifs de la grève étaient relativement clairs (annulation de la conversion de 103 millions $ de bourses en prêts, annulation de la hausse annoncée des frais de scolarité), les revendications du mouvement étudiant en 2015 étaient disparates et floues. L'utilisation importante de slogans tels que «Fuck toute» et «Mangez toute de la marde» témoigne selon le chroniqueur Marco Fortier d'un rejet de la totalité des aspects de la société, tant sociaux qu'économiques et que symboliques, qui peut sembler relever du nihilisme[9].
Dès le mois de , les représentants de la Fondation 1625, une association défendant le libre accès aux cours même en cas de mandat de grève, annonçaient être en préparation face au possible conflit étudiant. La Fondation souhaite faciliter la mise en place d'injonctions par les tribunaux pour permettre aux étudiants qui le souhaitent d'accéder normalement aux cours auxquels ils sont inscrits. Les représentants de la Fondation 1625 disent s'appuyer sur une large jurisprudence d'environ 50 jugements stipulant qu'aucun droit de grève n'est reconnu par la loi aux associations étudiantes[19],[20].
À l'Université de Sherbrooke, le , 13 étudiants de la Faculté de lettres et sciences humaines obtiennent une injonction provisoire de la Cour supérieure du Québec forçant leur association étudiante facultaire, l'AGEFLESH, de ne pas tenter d'empêcher la tenue de leurs cours. Seuls les cours suivis par les 13 demandeurs sont concernés par l'injonction[21]. Le , le meneur des demandeurs, Simon Roy-Grenier, annonça son intention de poursuivre l'association étudiante facultaire pour non-respect de l'injonction provisoire, des manifestants masqués les ayant chahutés pendant leurs cours[22],[23]. Le , malgré la fin de la grève le , le juge de la Cour supérieure décida de prolonger l'injonction provisoire de 30 jours, le temps de délibérer sur la pertinence d'accorder une injonction interlocutoire. Les 13 demandeurs souhaitent ultimement obtenir une injonction permanente, une assemblée générale de grève étant prévue pour le mois de septembre prochain[24]. Le , l'AGEFLESH demanda la réclusion du juge ayant décidé du prolongement de l'injonction, « la crainte et/ou l'apparence de partialité du juge présidant l'audition » ayant été soulevé[23].
À Québec, le , une étudiante de l'Université Laval obtient une injonction contraignant l'université et les deux associations étudiantes d'anthropologie et d'histoire de ne pas perturber les deux cours auxquels elle est inscrite[25],[26].
Le même jour, à Montréal, une injonction est accordée à l'UQÀM par la Cour supérieure du Québec. Celle-ci interdit aux étudiants favorables à la grève de bloquer les accès aux locaux de l'université ou de perturber les cours[27].
Dès le début de la grève étudiante, la porte-parole de l’ASSÉ, Camille Godbout, est victime de graffitis haineux à l’Université de Montréal[28].
Le , le ministre de l’Éducation, François Blais, reprend les menaces tenus lors de la grève étudiante de 2012 et affirment que les cours suspendus à cause de la grève étudiante ne seront pas repris[29] et que la session serait carrément annulée si la grève se prolongeait[30].
La contestation du droit de grève par certaines universités conduit, dès le début de la grève, à des affrontements. D’abord entre étudiants, comme au département de droit de l’université Laval, où l’université a décidé de maintenir un séminaire pour les étudiants de deuxième cycle, malgré un vote de grève positif[31].
En date du , selon la présidente de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec, Lise Millette, il y aurait eu depuis le mois de mars une dizaine de cas de journalistes qui auraient été entravés dans leur travail de couverture médiatique des événements liés à la grève étudiante, certains ayant été victimes notamment de tentative de vol d'appareil photo ou de blessures[32].
Selon le Service de police de la ville de Montréal, la grève étudiante de 2015 est plus violente que celle de 2012, dû à la présence nombreuse de manifestants masqués qui s'en prennent physiquement aux représentants de l'ordre et qui font preuve d'«intimidation et [de] violence auprès d'étudiants, de professeurs, de chargés de cours et d'autres employés de l'UQAM». Lors de la grève de 2012, même si cette dernière comptait beaucoup plus de manifestations, les méfaits visaient davantage les biens que les personnes[33].
Tandis qu’à l’UQÀM, le vice-doyen aux études de la Faculté de science politique et de droit, Jean-Guy Prévost, publie une lettre ouverte contre-signée par treize professeurs des départements de droit et de sciences politiques pour dénoncer « le vandalisme et l’intimidation » dont seraient victimes, selon les signataires, l’université et les étudiants de ces départements[34]. En réaction, 75 professeurs et chargés de cours de l’UQÀM publient une lettre remettant en cause ces allégations et dénonçant la politique répressive adoptée par la direction de l’UQÀM[35].
En effet, le , avant le début de la grève étudiante, la direction a décidé de convoquer, en sursoyant aux procédures normales, neuf étudiants et étudiantes, considérés comme des « meneurs », pour diverses « turbulences » qui se seraient produites entre les printemps 2013 et 2014, dans le but de les suspendre, voire de les expulser définitivement[35].
Cette action de la part de la direction a suscité immédiatement de nombreuses réactions d’appui aux étudiantes et étudiants menacés de la part d’autres étudiants (courriels, appels téléphoniques, assemblées extraordinaires), allant jusqu’à une grève illimitée de la part de l’Association des baccalauréats interdisciplinaires des champs d’études politiques (ABICEP) et de l’Association facultaire étudiante des sciences humaines de l’UQÀM (AFESH), le tout culminant le lundi par un blocage des portes de l’UQÀM par plusieurs étudiants en signe de protestation contre ces suspensions[36].
À la suite de ce blocage d’une journée, le ministre de l’Éducation, François Blais, émet sur les ondes de radio CHOI, la suggestion d’expulser deux ou trois étudiants chaque jour pour casser le mouvement qu’il qualifie de boycott[37]. Il devra se rétracter le lendemain (sur les ondes de Radio-Canada)[38], à la suite de nombreuses critiques, entre autres de la part de professeurs d’université[39] et de l’opposition[40].
La tension monte d’un cran à l’UQÀM quand, le (lendemain du blocage), la direction demande et obtient une injonction contre cinq des associations étudiantes considérées responsables pour leur interdire toute action pouvant empêcher ou perturber les cours (blocage, levée des cours, actes d'intimidation, vandalisme et autres actes de perturbation. dans un rayon de 25 m autour des pavillons)[41], même pour faire respecter les mandats de grève[42]. L’injonction est valide pour 10 jours (renouvelables)[43].
Pour éviter les mesures de représailles, les étudiants composant les « commandos » chargés d’assurer la levée des cours décident de se couvrir le visage pour ne pas être identifiés.
Après quelques jours, la direction invoquant la présence d’étudiants « cagoulés » organise une forte intervention du SPVM à l’intérieur des murs du pavillon J.-A. DeSève, le mercredi . À la suite de cette intervention, 22 personnes sont arrêtés[44].
En signe de protestation, entre 100 et 200 étudiants décident d’occuper le pavillon J.-A. DeSève pendant la soirée et la nuit. Malgré l’atmosphère festive (danse et musique)[45], quelques étudiants brisent des caméras de sécurité (depuis longtemps objets de contentieux entre étudiants et direction[46]). Des machines distributrices sont aussi brisées, pour obtenir de la nourriture, le pavillon étant complètement encerclé par les forces d’intervention spéciales du SPVM qui en font le blocus complet. Des barricades de fortune sont aussi érigées devant les portes. Les dégâts se monteraient à plusieurs milliers de dollars selon TVA[47]
Après quelques heures, l’antiémeute repousse des manifestants s’étant présenté en appui et finit par donner l’assaut du pavillon, fracassant une des grandes portes vitrées de l’entrée[48]. Une semaine plus tard, la direction de l'UQÀM annonce la signature d'un contrat de gré à gré avec son fournisseur de matériel informatique, Ciara inc., pour le remplacement de 50 ordinateurs qu'elle prétend avoir été détruits ou même volés lors de cette occupation[49]
Cette intervention « musclée » et l’escalade du conflit est appuyée par le gouvernement Couillard et plusieurs chroniqueurs[50],[51],[52], mais dénoncées par les professeurs et chargés de cour de l’UQÀM[53], ainsi que par plusieurs autres membres de la société civile[54],[55]. En revanche, 184 professeurs, dont l’ancien premier ministre Bernard Landry, signe une lettre ouverte pour se dissocier de leur syndicat et appuyer la direction de leur université, le même jour que la présidente du conseil d'administration de l'UQÀM, Lise Bissonnette, prend la parole dans les médias pour justifier les dernières décisions de la direction[56].
Au début du mois d'avril, il fut annoncé qu'une dizaine d'associations étudiantes participaient présentement à des discussions en vue de former une nouvelle association étudiante nationale aux côtés de la Fédération étudiante universitaire du Québec et de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante. Parmi ces associations, on compte la CADEUL et l'AELIÉS, les deux grandes associations de l'Université Laval, sans affiliation depuis la disparition en 2014 de la TaCEQ. La Fédération des associations étudiantes du campus de l'Université de Montréal (FAECUM), qui s'est désaffiliée de la FEUQ récemment, participent aussi aux discussions[57].
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