Gaule cisalpine
province romaine De Wikipédia, l'encyclopédie libre
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La Gaule cisalpine (latin : Gallia Cisalpina, Gallia Citerior, Gallia togata ou Provincia Ariminum), aussi appelée Gaule citérieure, est la partie de la Gaule qui couvrait l'Italie du Nord. Elle était ainsi nommée par les Romains en raison de sa position en deçà des Alpes (par opposition à la Gaule transalpine, s'étendant au-delà). La Gaule cisalpine est le territoire occupé par les Celtes, qui correspond aux deux régions (Regio XI Transpadana et Gaule Cispadana), et non l'ensemble du Nord de l'Italie, peuplé de populations diverses.
IVe siècle av. J.-C. – Ier siècle av. J.-C.
Statut | Terres celtiques puis Province romaine |
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Langue(s) |
(langue non indo-européenne) Ligure ancien Rhétique Étrusque (langues indo-européenne) Vénète Latin Langues celtiques continentales |
entre -350 et -250 | Établissement des Celtes |
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-387 | Hypothétique siège celte de Rome |
-232 | Début de la conquête romaine |
-191 | Fin de la conquête romaine |
-49 | Jules César franchit le Rubicon |
-42 | Annexion à l'Italie |
Entités précédentes :
Entités suivantes :
Gallia Cisalpina [« Gaule cisalpine »[1],[2]] est utilisé par Jules César dans ses Commentaires sur la Guerre des Gaules[3] ; Gallia Citerior [« Gaule citérieure »[4],[5]] l'est par Cicéron dans son discours sur les provinces consulaires[6] ainsi que par Suétone dans sa Vie des douze Césars[7]. Le terme "Gallia Cisalpina" a été utilisé pour dénommer certaines parties du Nord de l'Italie qui ont vu s'installer des tribus celtes arrivant de l'autre côté des Alpes. Elle fut agrandie, plus tard au XIXe siècle[réf. nécessaire], à l'ensemble de l'Italie du Nord.
Le territoire de la Gaule cispadane couvrait approximativement les actuels territoires suivants :
Le territoire de la Gaule transpadane (Strabon, "Géographie", Livre V, 1, 4) couvrait approximativement les actuels territoires suivants :
Ses limites topographiques étaient :
La plaine du Pô fut romaine depuis la fin du IIIe siècle av. J.-C. (-222), mais ce n'est qu'en 81 av. J.-C. que la province de Gaule cisalpine fut créée[8].
La Gaule cisalpine était administrée par un propréteur. Elle était gouvernée depuis Mutina (aujourd'hui Modène). La province fut annexée à l'Italie vers 42 av. J.-C. sous le second triumvirat. Les poètes Virgile et Catulle ainsi que l'historien Tite-Live étaient natifs de cette province.
Alors que le Monde celte apparaît globalement stable au milieu du Ier millénaire av. J.-C., les IVe et IIIe siècles av. J.-C. voient d'importants groupes celtes se mettre en mouvement vers la plaine du Pô, la Pannonie, le bassin des Carpates, les Balkans et la Grèce puis l'Asie Mineure[9],[10].
Au début du IVe siècle av. J.-C. se produit en Italie l'invasion celtique demeurée célèbre en raison de la victoire remportée en -387 sur les Romains lors de la bataille de l'Allia et de l'épisode des oies du Capitole suivi du célèbre « Vae victis » lancé par Brennos aux vaincus. Des groupes migrants de Sénons, Boïens, Lingons[note 1] et Cénomans s'établissent en force en Italie du Nord. Au côté des Insubres et Taurini, autres peuples celtiques déjà établis (depuis au moins le VIe siècle av. J.-C.[réf. souhaitée]), ils constituent la Gaule transpadane[11].
Dans le même temps a lieu l'invasion celtique en Pannonie, première étape d'une expansion plus vaste en direction du bassin des Carpates dont témoignent de nombreuses tombes découvertes sur le territoire de l'actuelle Hongrie. Vers -279, la Grande Expédition commandée par Brennos pénètre en Thessalie, force le passage des Thermopyles et marche sur Delphes. L'un des groupes celtes partis envahir la Grèce s'installe au retour au confluent de la Save et du Danube pour donner naissance aux Scordiques. D'autres groupes s'établissent en Thrace pour y fonder le royaume de Tylis. Un dernier groupe passe au service de Nicomède Ier, roi de Bithynie, qui l'installe en Anatolie où il fonde le royaume Galate[10],[12].
La troisième guerre samnite voit la défaite de la coalition constituée par les Sénons, Samnites, Étrusques et Ombriens devant les Romains à la bataille de Sentinum en -295. Malgré cette défaite à laquelle sont associés les Sénons, les Celtes de Gaule cisalpine parviennent à contenir les Romains au prix des batailles d'Arretium en -284 et du lac Vadimon en -283[13].
Avec sa victoire lors de la première guerre punique, Rome est libre de reprendre la conquête du territoire des Sénons. Pour ce faire, elle conclut des traités d'alliance avec les Vénètes et les Cénomans[14]. En dépit de leur pugnacité, les Sénons doivent se retirer d'Étrurie et se replier sur la Plaine padane en -232. Cette même année, le Sénat romain, sur proposition de Flaminius, vote une loi sur le partage des terres de ces derniers[14]. En -226, les Boïens et les Insubres obtiennent le renfort de contingents Gésates dirigés par Anéroeste et Concolitan. Rome fait alors appliquer les traités conclus avec les Vénètes et les Cénomans, qui lèvent une armée d'environ 20 000 hommes afin de s'opposer aux Insubres[14]. En -225, ces derniers remportent la bataille de Faesulae[14]. Lors de leur repli, ils sont mis en déroute par une seconde armée romaine au Cap Télamon[15]. En -224, les légions romaines investissent le territoire des Boïens, qui capitulent. En -223/-222, les Insubres sont défaits à la bataille de Clastidium[15]. En -222, Publius Cornélius Scipion et Marcus Claudius Marcellus prennent Mediolanum, après avoir tué le chef des Gésates Viridomar[15], et obtiennent la reddition des Insubres.
Malgré ces succès militaires, la République romaine n'a pas totalement soumis la Cisalpine. Lors de la deuxième guerre punique, les Celtes cisalpins s'allient à Carthage, excepté les Taurins, qui se sont opposés au passage des troupes d'Hannibal sur leur territoire. La résistance celte s'affirme aux côtés des Carthaginois, particulièrement à la bataille du lac Trasimène voyant notamment le consul romain Caius Flaminius Nepos tué par le cavalier insubre Ducarios.
L'issue de la deuxième guerre punique n'ayant pas été favorable à la Gaule cisalpine, les Romains défont de nouveau les Celtes à Bedriacum en -200, bataille à l'issue de laquelle seuls les Boïens et les Insubres opposent une résistance. Après la reddition de ces derniers à Mutina en -194, les Boïens résistent face à Rome jusqu'en -191. Dès lors, la Gaule cisalpine tombe sous la dépendance de la République romaine[16].
La première forme de romanisation de la province est la création de la Via Flaminia en 220 av. J.-C. par le censeur Flaminius. Cette voie, reliant Rome à l'Adriatique, correspond à l'itinéraire qui avait été suivi par les légions romaines au début du IIIe siècle av. J.-C. pour se rendre de l'Ombrie au territoire des Sénons[17]. Les premières cités de droit latin fondées en Cisalpine sont Plaisance et Crémone en -219[17].
La Gaule cisalpine devient en -81 la Provincia Ariminum administrée par un propréteur. En -73, Spartacus y défait la légion de Gaius Cassius Longinus. Vers -42, elle est intégrée à l'Italie romaine[18],[19].
Durant les crises qui secouent la république au Ier siècle av. J.-C., le contrôle de cette province est un enjeu majeur pour deux raisons. D'abord, elle est une position géostratégique capitale pour Rome, puisqu’elle est la porte d'entrée nord de l'Italie, que ce soit par l'est, l'ouest ou le nord (Alpes). Des armées y stationnent donc en permanence, Cette présence militaire explique la seconde raison: la Gaule cisalpine est la plus proche région militaire de Rome et celui qui la commande n'est qu'à quelques jours de marche de la capitale. En janvier -49, Jules César, proconsul des Gaules, y compris la Cisalpine, en franchit la limite (Rubicon) et envahit l'Italie, déclenchant la guerre civile[20].
À propos de la romanisation de la Gaule cisalpine, l’historien Jean-Michel David indique dans son livre La romanisation de l’Italie[21], et ce dès l’introduction[22], que cette partie nord de l’Italie, a connu une phase de colonisation importante caractérisée par l’installation dans cette zone frontière d’un grand nombre de Romains et d’Italiens en provenance du centre de la péninsule[23], ce qui a permis à Rome d’affirmer son emprise sur ces territoires.
Les déplacements de populations, conséquences de la seconde guerre punique, furent assez prégnants pour avoir des effets importants sur l’ensemble du peuplement de la péninsule[24]. Certains ont été forcés comme l’expulsion des Ligures à la limite du Samnium et de la Campanie[25], d’autres volontaires, comme l’important processus de colonisation de la Gaule cisalpine par les Romains et Italiens provenant de territoires plus méridionaux par rapport à cette zone frontière conquise par Rome.
L’auteur mentionne également que la profondeur de la colonisation au sein de la Gaule cisalpine n’a pas été partout la même, malgré son importance : la Transpadane, cette région au nord du Pô, a connu une colonisation moins dense que la Cispadane située au sud du fleuve[26], où elle a, selon ce dernier, fait disparaître les populations gauloises[27]. Ailleurs, en revanche, comme dans la partie septentrionale de l’Etrurie, dans la région de Luna, elle eut pour conséquence un certain maintien de l’équilibre démographique.
Au niveau de la péninsule italienne, ces déplacements ont engendré une homogénéité culturelle et politique accrue de cet espace géographique sous la domination de Rome[28], ainsi qu’une modification de son peuplement humain[29].
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