Géomythologie

étude des références mythologiques aux évènements géologiques De Wikipédia, l'encyclopédie libre

Géomythologie

La géomythologie est une discipline historico-scientifique formalisée au début des années 1970 par la géologue américaine Dorothy Vitaliano, qui cherche à expliquer l'origine des mythes recelant la trace d'événements géologiques, d'éléments paléontologiques ou géomorphologiques. Ces traces sont reprises, remaniées, transformées et englobées dans des récits mythologiques qui font intervenir des forces et des êtres surnaturels, et dont la connaissance est préservée et transmise au travers des générations dans le contexte spécifique de chaque communauté.

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Un exemple emblématique de géomythe est la Tour du Diable. Selon une légende indienne, les prismes des orgues phonolithiques sont les marques des griffes d'un ours affamé cherchant à attraper sept jeunes Indiennes grimpées sur le rocher.
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Selon Mayor, la découverte de fossiles de grands mammifères du cénozoïque (notamment les membres des mastodontes) a conduit les communautés hellénistiques à les interpréter comme les os des héros à l'imposante stature ou des Géants de la mythologie grecque[1].
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Selon la mythologie celtique irlandaise, la Chaussée des Géants qui évoque des marches et une voie pavée utilisée par des Géants, serait les restes d'un passage qui reliait l'Irlande à l'Écosse.
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Dans l'histoire de la Tchéquie, le mont Říp en Bohême-Centrale est associé au mythe fondateur du peuple tchèque[2].
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Prêtresse de Delphes (John Collier, 1891). La Pythie, assise sur un trépied sacrificiel au-dessus d'une faille d'où s'échappe un pneuma, vapeurs susceptibles de provoquer un état de transe et des prophéties hallucinatoires[3].
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Une des figures en gerbe tracée il y a 36 000 ans dans la galerie des Mégacéros de la grotte Chauvet, pourrait représenter la fontaine de lave d'un volcan en éruption dans le Vivarais tout proche de la grotte[4].
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Le Ciampate del Diavolo (en) (littéralement le « sentier du Diable ») sur les pentes du volcan Roccamonfina (en). Considérées par le folklore local comme les traces de pas du Diable, seule créature capable de marcher dans la lave, ce sont en réalité des empreintes fossiles humaines.
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Jusqu'à la Renaissance, les ammonites et le rostre des bélemnites étaient interprétés comme des pierres de foudre[5].

Éléments historiques

Résumé
Contexte

Le terme géomythologie est créé en 1966 par la géologue Dorothy Vitaliano de l'université de l'Indiana[6]. Il est popularisé à la suite d'une intervention en mai 1967 au colloque de géologie de cette université sur le sujet « Geomythology - The Impact of Geology on History and Legend, with Special Reference to Atlantis », au cours de laquelle Vitaliano relie le mythe de l'Atlantide à l'éruption du Santorin qu'elle a étudiée avec son mari Charles, également géologue. Le professeur de folkloristique Richard Dorson (en) qui fait partie du public lui conseille d'écrire un livre sur ce sujet. Elle publie d'abord en 1968 un article qui résume le colloque, « Atlantis: a review essay »[7] dans lequel elle invente le terme de géomythologie, puis écrit en 1973 le livre « Legends of the Earth. Their Geologic Origins », qui relie les légendes à la géologie[8].

Au XXIe siècle, la géomythologie compte parmi les champs d'étude interdisciplinaires en grand développement comme le confirment les publications sur cette thématique dans des journaux académiques les plus prestigieux tels que Science[6]. Discipline historico-scientifique, elle mobilise géologues, géographes et anthropologues qui croisent les dossiers documentaires avec les données géo-archéologiques pour étudier dans les sociétés à transmission orale les mythes qui, sous un habillage fictif et divertissant, laissent la trace d'éléments géologiques[9],[10],[11].

Une autre preuve de reconnaissance de cette discipline peut être vue dans le processus de valorisation et d'offre géotouristique destinées à des non-spécialistes : le recours aux géomythes locaux peut jouer un rôle important pour attirer les touristes, notamment les géotouristes dont l'imaginaire sur le patrimoine géologique est amplement forgé par des médias stéréotypés ou une culture de légendes[12].

Géomythes

Résumé
Contexte

Les géomythes étiologiques chargés de faire connaître l'origine des êtres et des choses (récits originels) et les géomythes eschatologiques qui prédisent la ruine, la destruction et la fin du monde (récits légendaires sur les continents ou les cités englouties, mythes sur le déluge) comprennent des récits associés notamment à des événements géologiques inquiétants ou dangereux tels que les éruptions volcaniques[13],[14], les séismes[15], les tsunamis, les glissements de terrain[16], la remontée du niveau marin, les inondations ou les fossiles[17]. Les géomythes peuvent être universels (transmis selon un centre unique  théorie de la monogenèse et de la diffusion  ou selon plusieurs endroits éloignés géographiquement et à différentes époques  théorie de la polygenèse)[18] ou régionaux[19].

Dès l'Antiquité, de nombreuses traces issues d'empreintes fossiles d'espèces de vertébrés disparues sont associées à des dieux, des géants ou des héros. Au Moyen-Âge, elles sont associées à des créatures fantastiques (notamment des dragons), au diable ou des personnages saints[20].

Les découvertes de fossiles pourraient avoir inspiré les récits relatifs à de nombreux animaux surnaturels, branche de la cryptozoologie, et avoir renforcé l'interprétation évhémériste des mythes[21],[22].

Notes et références

Voir aussi

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