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personnalité politique allemande De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Friedrich August Jeckeln[1], né le à Hornberg en Forêt-Noire et pendu le à Riga en République socialiste soviétique de Lettonie était un criminel de guerre nazi.
Friedrich Jeckeln | ||
Friedrich Jeckeln détenu par les Soviétiques. | ||
Naissance | Hornberg (Empire allemand) |
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Décès | (à 51 ans) Riga (Lettonie) |
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Origine | Allemand | |
Allégeance | Empire allemand République de Weimar Troisième Reich |
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Arme | Deutsches Heer Luftstreitkräfte Waffen SS |
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Unité |
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Grade | Sous-lieutenant (Deutsches Heer, ) Obergruppenführer (Waffen SS, ) |
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Années de service | – | |
Commandement | 5e corps SS de montagne | |
Conflits | Première Guerre mondiale Seconde Guerre mondiale |
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Distinctions | Croix de fer 2e classe Ordre du mérite militaire de Charles-Frédéric en argent |
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Autres fonctions | responsable des massacres de Babi Yar, Rieseberg et autres en Europe de l'Est participant à la Shoah par balles | |
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Membre de la schutzstaffel (SS) avec le grade d’obergruppenführer, il a occupé la fonction de chef supérieur de la SS et de la police sur plusieurs territoires de l’est occupés par les nazis, dont la Bielorussie et les Pays Baltes.
Dans ses activités, Jeckeln a dirigé les einsatzgruppen sur ces territoires ; et notamment l’un des plus importants einsatzkommando (en français : commandos d’intervention), le « C » ; ordonnant l’exécution de plus de 100 000 Juifs, Roms, Slaves et autres « indésirables » visés par le Troisième Reich.
Friedrich Jeckeln était l’un des responsables des nombreux massacres de masse de la Shoah par balles, notamment celui de Kamenets-Podolski et de Babi Yar, en Ukraine, et de la forêt de Rumbula en Lettonie.
Arrêté à la fin de la guerre par les forces soviétiques, il a été jugé et condamné à mort pour crimes de guerre. Jeckeln est pendu à Riga en .
Friedrich August Jeckeln est le fils du propriétaire d'usine[2] Friedrich Heinrich Theodor Jeckeln (né en et mort en ), originaire de Weilmünster, et d'Emma Rosine Trautwein (née en )[3].
Jeckeln quitte l'école en et se forme dans plusieurs usines, avant de suivre un semestre d'études d'ingénieur au Friedrichs-Polytechnikum (de) de Köthen en , qu’il quitte sans diplôme[2].
L'année suivante, il s'engage pour une durée d’une année dans le 76e régiment d'artillerie de campagne (5e régiment d'artillerie de campagne badois), à Fribourg-en-Brisgau.
Après le début de la Première Guerre mondiale, Friedrich Jeckeln combat avec le régiment sur le front occidental.
Promu lieutenant de réserve en [2], Jeckeln est transféré le même mois dans le 40e régiment de fusiliers « prince Charles-Antoine de Hohenzollern » (régiment de fusiliers hohenzollernois). Au cours de la guerre de tranchées en Champagne, il est grièvement blessé en .
Il demande son transfert à la Luftstreitkräfte et est affecté à la Flieger-Ersatz-Abteilung 5 (librement traduit par « 5e Département de remplacement de l'aviation d’Hanovre ») jusqu'à la fin de la guerre.
De à , Jeckeln est membre des gardes-frontières Est (en allemand : Grenzschutz Ost)[4], qui combat notamment les révoltes à Posen et en Silésie. Il quitte le service militaire le [5].
Au retour à la vie civile, Friedrich Jeckeln épouse Charlotte Hirsch et trouve un emploi d'agent des terres dans les fermes de son beau-père ; mais s'oriente rapidement vers la politique[6].
À partir de 1930 il commence son ascension rapide dans deux organisations : le parti nazi et la SS. Il adhère au premier le et fait une demande d'adhésion en décembre 1929 pour être intégré à la SS, acceptée un mois plus tard () à l’époque où la SS, comparée à la Sturmabteilung (SA), n’est qu’un organisme embryonnaire. Il engage alors une fulgurante ascension dans le parti et la SS. Il passe du grade de SS-Anwärter le au grade de général commandant de la Ve SS-Freiwilligen-Gebirgskorps (Corps de montagne).
En 1932, il est élu député au Reichstag, mais l'assemblée est rapidement rendue inutile avec l'arrivée d'Hitler au pouvoir en 1933. De 1931 à 1933, il dirige alors la IVe section SS (SS-Abschnitt) dans les provinces de Hanovre et du Schleswig-Holstein. En même temps, il prend la direction du groupe SS « sud ».
Il prend part aux pogroms de Brunswick et à Hanovre connus sous le nom de « Nuit de Cristal ».
En 1933, il est nommé chef de la Gestapo, de la police nationale et chef de la police de Brunswick par le ministre nazi de l'État libre de Brunswick, Dietrich Klagges, dont l'objectif était d'assurer un lien plus étroit entre la police et la SS. Jeckeln fut responsable en 1932 des attaques à la bombe de Brunswick, dont par exemple celle qui visa la maison du maire Ernst Böhme (de) (SPD), qui en est sorti indemne. Jeckeln a été décrit comme impitoyable et brutal, complaisant et dur. Il a poursuivi sans relâche et jusqu'à leur mort les opposants politiques, en particulier les membres du KPD, SPD et des syndicats.
Il est directement impliqué dans les assassinats de Rieseberg[note 1] comme instigateur avec ses complices, Friedrich Alpers, membre du parti et ministre de la Justice et des Finances de l'État libre, et Klagges, le premier ministre. Lors de cette journée du 4 juillet 1933, en réponse à la mort d’un SS, 11 militants communistes sont assassinés. En outre, il a ordonné l'assassinat d'un SS rebelle à Brunswick.
Au début de la guerre, Jeckeln est rappelé au service au sein de la Waffen-SS. Comme c'était d'usage dans la SS, Jeckeln s'engage à un rang inférieur que celui qu'il avait dans l’Altreich et sert comme officier dans le 2e régiment de la division Totenkopf. En 1941, son service sur le front terminé, il est transféré par Himmler comme chef de la police dans la Russie de l'Est et SS de haut rang.
Il y a pour fonction d'organiser et de diriger les massacres de masse opérés par les Einsatzkommando des Einsatzgruppen de la région et de mener les luttes contre les opposants. Pour cela, il met au point ce qui sera nommé la « méthode de Jeckeln » ou « Sardinen Packung » (« de la boîte de sardines ») pour tuer un grand nombre de personnes. Certains membres des Einsatzgruppen, même expérimentés, sont horrifiés par sa cruauté. Ainsi Jeckeln démontre être un meurtrier très efficace et sans égard pour ses victimes, qu'elles soient non armées, âgées, ou encore des femmes et des enfants[7]. Il est entouré pour cela de groupes spécialisés pour chaque partie du processus.
La méthode initiale consiste à ce que la police régulière (Orpo) déplace les condamnés à quelques kilomètres des villages[8]. Les victimes sont dépouillées de leurs vêtements et de leurs biens. Elles creusent alors leurs propres fosses devant lesquelles elles s'alignent ensuite. On leur tire une balle dans la nuque jusqu'à ce que les fosses soient pleines, et on les recouvre ensuite.
Jeckeln trouve que les fosses se remplissent trop lentement, il décide alors d'allonger directement les personnes sur les corps déjà morts où les bourreaux tirent directement une balle dans la tête des victimes. Après chaque rangée, un officier vérifie que tous sont morts. On les recouvre alors d'une mince couche de terre et le groupe suivant vient s'allonger sur eux. Ceux qui ne sont pas encore morts finissent enterrés vivants. On rebouche la fosse après 5 ou 6 couches.
Après l'attaque allemande contre l'Union soviétique en , il a été nommé Höherer der SS und Polizeiführer, « chef de la police et de la SS ») en Russie du Sud. Il commande à ses subordonnés d'assassiner en masse la population juive de l'Ukraine occidentale. Ces mesures ont pour nom les Auskämmungsaktionen (« mesures de ratissage »). Lors de la création du Commissariat du Reich pour l'Ukraine s'est déroulé, près de la ville de Kamianets-Podilskyï, l'un des massacres de masse de Juifs les plus importants de la Seconde Guerre mondiale[note 2]. On dénombre 23 600 juifs assassinés par ses unités entre le 28 et 31 août 1941[9] dont quelque 14 000 victimes[10] avaient déjà été déportées depuis la Hongrie, les autres étant de la région[11].
Le 19 septembre 1941, Kiev est prise par les troupes allemandes, et quelques jours plus tard, le , y a lieu une réunion sur le thème « évacuation des Juifs locaux ». Parmi les participants figurent Friedrich Jeckeln, le SS-Brigadeführer (commandant de brigade) Otto Rasch, qui commande l'Einsatzgruppe C, et le commandant du Sonderkommando 4a SS, Paul Blobel. Il y est décidé de tuer tous les Juifs.
En l'espace de deux jours, le 29 et 30 septembre 1941, les Einsatzgruppen assassinent 33 771 personnes dans le ravin de Babi Yar. D'autres massacres ont lieu le 12 octobre 1941, ce qui donne un total de 51 000 victimes. En outre, des exécutions de masse ont été réalisées à Rivne, en collaboration avec Otto von Oelhafen, commandeur de l'OrPo[12], et à Dnipropetrovsk, où Jeckeln a été impliqué dans chaque cas comme en étant le principal responsable.
Le , Jeckeln, nommé chef de police en Russie du Nord et l'Ostland, est transféré à Riga.
En automne 1941, il y a déjà un ghetto à Riga qui comprend des dizaines de milliers de juifs lettons. Jeckeln a, selon lui, reçu l'ordre de Himmler de liquider les juifs du ghetto, pour faire place à des déportés provenant du Reich allemand[13]. Jeckeln, aidé de Franz Stahlecker, aurait directement commencé en à entreprendre l'extermination des juifs au sein de l'Einsatzgruppen A dans la région de Riga[14]. Il a choisi une forêt près de Riga, où il a fait tuer et enterrer les juifs allemands.
Dans la matinée du 30 novembre 1941, les juifs allemands et lettons sont emmenés par le SD à la forêt de Rumbula où 27 500 personnes, dont 21 000 femmes et enfants, sont exécutées en deux jours[15]. Les massacres de masse ont parfois lieu en présence de « visiteurs » : les membres des forces armées et de l'administration du commissariat général sont présents, parfois invités par Jeckeln.
Seules trois personnes survivent à ce massacre. Frida Michelson a simulé la mort, sous les chaussures entassées des victimes (plus tard récupérées par les hommes de Jeckeln). Elle raconte : « Une montagne de chaussures m'écrasait. Mon corps était endolori à cause du froid et de l'immobilité. Cependant j'étais pleinement consciente. La neige avait fondu sous mon corps à cause de sa chaleur. Il y a eu un silence pendant un temps. Soudainement, on entendit un cri d'enfant venant de la tranchée « Maman, Maman, Maman ! » Il y a eu quelques coups de feu. Puis, à nouveau le calme. Il avait été tué. »[16]
Le , un nouveau train transportant des juifs allemands en provenance de Berlin arrive en gare de Riga. Himmler lui aurait donné l'ordre par télégramme de ne pas les tuer, mais l'ordre arrive trop tard. Ce qui conduit Himmler à fortement critiquer Jeckeln pour son manque d’obéissance[17].
En , Jeckneln reçoit une décoration (Croix du Mérite de guerre, Kriegsverdienst ou KVK) pour le massacre de 25 000 personnes à Rumbula[18].
À partir du 22 août 1942, Jeckeln dirige l'opération dite « Sumpffieber » (« fièvre des marais ») : 6 500 hommes sont déployés dans le but de tuer tout être humain se trouvant dans les marais et forêts environnant les villages de la zone d'opération ; 8 350 juifs sont tués, dont certains du ghetto de Baranavitchy. L'opération est arrêtée le 21 septembre, considérée par Himmler comme un échec.
Dans ces opérations comme dans les autres, Jeckeln attache une grande importance à toujours impliquer personnellement ses hommes. Jeckeln n'est pas un technocrate calculateur, mais un fanatique anticommuniste et antisémite qui, pour cette raison, jugeait nécessaire d'assassiner les juifs d’Europe.
Friedrich Jeckeln sert jusqu'en comme Höhere SS- und Polizeiführer dans l'Ostland, puis en Courlande avant de prendre le commandement du 5e corps SS de montagne le .
Jeckeln est capturé par les troupes soviétiques pendant l'avancée de l'Armée rouge vers l'ouest, avec d'autres nazis qui opèrent dans le district. Ils sont jugés du au par un tribunal militaire siégeant à Riga. Reconnus coupables, ils sont tous pendus le jour de la sentence devant des milliers de personnes, au bord de la Daugava.
Jeckeln est présent dans le roman historique (notamment pour son rôle dans les massacres de la Seconde Guerre mondiale) du Français Jonathan Littell : Les Bienveillantes, publié en 2006. Ce roman connaît un très grand succès en France et rapporte deux prix à son auteur : le Grand prix du roman de l'Académie française et le prix Goncourt en 2006.
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