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Guitare électrique De Wikipédia, l'encyclopédie libre
La Stratocaster, souvent surnommée Strat, est un modèle de guitare électrique produit par la marque américaine Fender. Elle apparait en avril 1954 à la suite de la Telecaster, sans la remplacer, ces deux instruments demeurant au catalogue jusqu'à nos jours. C'est un des modèles les plus répandus au monde, et sa silhouette est devenue une icône de la guitare électrique.
Fender Stratocaster | |
Fender Stratocaster 1997 | |
Fabricant | Fender Elect.Inst.Corp. |
---|---|
Période | Depuis 1954 |
Fabrication | |
Corps | Solid body |
Manche | Vissé (3 ou 4 vis selon l'année de fabrication) |
Bois utilisés | |
Corps | Frêne, aulne, et quelques versions en bois divers |
Manche | Érable |
Touche | Manche d'une pièce en érable ou avec une touche rapportée en palissandre |
Accastillage | |
Chevalet | Chevalet-cordier |
Cordier | Bloc vibrato flottant, cordier fixe sur certains modèles |
Micros | 3 single coils ou humbuckers selon le modèle |
Couleurs disponibles | |
Nombreux coloris, opaques et translucides | |
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La Stratocaster est née des impressions et remarques des premiers utilisateurs de Telecaster, nombre d'entre eux désirant une guitare plus élaborée, utilisable en blues ou pour la musique folk, avec un second pan coupé pour l'équilibre de l'instrument en position de jeu, un micro supplémentaire médium, un micro aigu moins « métallique » et un vibrato afin de détendre les cordes et d'obtenir un effet « guitare hawaïenne ». Si la Telecaster tirait son nom de l'engouement du public pour la télévision naissante, c'est le début de la conquête spatiale qui inspira celui de sa petite sœur.
Les premières esquisses sont dessinées en 1954 par Leo Fender, avec l'avis de Freddie Tavares et George Fullerton. La Stratocaster adopte une forme avant-gardiste pour l'époque. N'étant pas guitariste lui-même, Leo Fender fait appel à des professionnels de musique country, tels que Bill Carson et Rex Gallion, pour essayer et faire valider les options choisies dans les étapes de la conception.
Dès le départ, la guitare est conçue pour une production industrielle en série. Toutes les parties sont aisément démontables à l'image du manche qui est vissé et non collé sur le corps, à l'opposé des guitares Gibson. Le millésime d'un exemplaire est ainsi parfois difficile à établir, le manche pouvant être d'une année et le corps d'une autre. Le démontage/remontage et la modification de l'instrument sont fréquemment pratiqués avec un mélange de différents modèles. La Blackie d'Eric Clapton est un exemple de ces pratiques.
Depuis sa naissance en 1954, avec très peu de modifications, la Stratocaster a continuement accompagné l'évolution de la musique populaire occidentale.
La Stratocaster est une guitare de type solid-body, c’est-à-dire à « corps plein » par opposition à une guitare acoustique dont le corps creux forme une caisse de résonance. La forme générale du corps est conservée tout au long de son existence, avec quelques modifications peu sensibles, notamment de la tranche, des deux cornes haute et basse et de la tête plus large à l'époque dite « CBS ».
Initialement proposée uniquement avec un corps en frêne travaillé en série sur machines automatiques, elle comporte à partir de 1956 un corps en aulne constitué d’une ou plusieurs pièces collées longitudinalement pour les finitions opaques, ou en frêne pour les finitions translucides.
Le manche en érable comporte vingt-et-une cases et est vissé au corps par quatre vis. Durant l’époque CBS, en mai 1971, la fixation passe à trois vis, avec un système de réglage de l'inclinaison du manche. Cette modification est finalement abandonnée au début des années 1980. En 1959, Fender dévoile son nouveau modèle haut de gamme, la Jazzmaster, et utilise une touche en palissandre collée pour la fabrication de son manche. Cette nouveauté est étendue à la totalité du catalogue, et la Stratocaster reçoit donc une touche en palissandre à partir de la fin 1959, le manche d’une pièce en érable restant disponible en option. À partir de décembre 1965, première année du rachat par CBS, la tête de manche est redessinée, plus large dans le but de faire ressortir le logo de la marque[1].
L'ensemble de l’instrument se révèle très robuste, comme Léo Fender le souhaite, malgré un niveau de sophistication supérieur à la Telecaster. En attestent les épreuves subies par les modèles utilisés au fil de décennies de concerts, qui restent en parfait état de marche bien qu’ayant pour certains plus d’un demi-siècle.
Dotée au départ de trois micros magnétiques simple bobinage identiques, la Stratocaster permet à l'origine d'obtenir trois sons, à l'aide de son sélecteur à trois positions, chaque position correspondant à la sélection d'un des trois micros. En plaçant ce type de sélecteur dans une position intermédiaire, c’est-à-dire e équilibre entre deux crans, il est possible d'obtenir deux autres sons correspondant à la combinaison de deux micros en parallèle. L'astuce est utilisée par de nombreux guitaristes et le commutateur à cinq positions apparaît dans les années 1970, rendant la sélection des combinaisons intermédiaires plus stable. Les premiers modèles de sélecteurs cinq positions ne sont pas montés en usine sur la Stratocaster mais sont ajoutés en option avec l’instrument, laissant la possibilité au guitariste d’effectuer le branchement.
Les micros évoluent au cours du temps, proposant par exemple un niveau de sortie plus ou moins élevé ou étant munis de plots de hauteur égale ou étagés. Ils sont réétudiés et fabriqués suivant la position qu’ils occupent sur la guitare ou encore proposés en version noiseless afin de limiter les parasites en conservant un son relativement proche de l'origine.
La guitare est munie de trois potentiomètres : un pour le volume général en haut, un second pour la tonalité du micro manche, le troisième pour la tonalité du micro intermédiaire au milieu, tandis que le micro chevalet est relié uniquement au bouton de volume, ce que certains guitaristes font modifier afin d'adoucir le son réputé très aigu voire criard.
Une des caractéristiques de l’électronique de la Stratocaster vient de l’utilisation astucieuse d’une plaque métallique emboutie en creux vissée sur le parement de la table destinée à recevoir la prise de jack du câble allant vers l’amplification. Cet accessoire, imaginé par Léo, permet à la prise mâle du cordon de ne plus dépasser le bord de l’instrument. Cette plaque n’apparaît sur aucun autre modèle de la gamme Fender.
Dans les années 1950, la Stratocaster est la première guitare à être munie d'un bloc vibrato/tremolo efficace. Les autres blocs vibrato de l'époque, tels que ceux de Paul Bigsby, ne permettent pas de garder un accordage stable et précis en utilisation intensive. Le bloc chevalet-cordier-vibrato de la Stratocaster, imaginé et breveté par Leo Fender (voir schéma), permet des effets de vibrato plus importants que sur les modèles présents sur le marché (au-delà d'un demi-ton), ce qui donne de nouvelles perspectives d'effets sonores aux guitaristes. Il reste probablement un des modèles les plus efficaces malgré l'arrivée des chevalets de vibrato à blocage Floyd Rose dans les années 1980.
Le modèle d'origine comporte six vis de fixation (Fig.1) contre lesquelles la platine du chevalet est mise en butée, grâce à l'action de cinq ressorts disposés à l'intérieur du corps et accessibles par l'arrière sous un capot rectangulaire perforé. Le vibrato est en équilibre entre la force exercée par les cordes et celle compensée par les ressorts ainsi le nombre de ressorts varie selon le tirant de cordes utilisées. Fender propose dans les années 1990 un modèle de vibrato à couteaux (Fig.2) sur certaines guitares comme les modèles « American Standard », presque identique au vibrato originel. Il est cependant reconnaissable au fait qu'il ne repose que sur deux vis de fixation, au lieu de six. Il est réputé permettre un accordage plus stable que le modèle d'origine, sans toutefois prétendre rivaliser avec un Floyd Rose. En 1991, Fender équipe une Stratocaster Deluxe avec un vibrato à blocage sous licence Floyd Rose (Fig.3) permettant son installation sur la Stratocaster sans aucune modification majeure du corps. Ce vibrato est facilement reconnaissable car les deux noms sont gravés sur le chevalet (Fender près de la tige du vibrato et Floyd Rose de l’autre côté). Baptisé mini-Floyd-rose ce modèle disparaît du commerce en 2007.
Certains modèles à vocation économique sont proposés sans vibrato dans les années 1970. Le bloc cordier-chevalet est identique sans manche, mais dans ce cas directement vissé au corps en lieu et place du bloc vibrato métallique.
En termes de design, la Stratocaster se démarque rapidement des autres instruments produits à l'époque en se parant de couleurs vives empruntées aux peintures et vernis automobiles, qui se diversifient à la même époque aux États-Unis. Les guitares produites jusque-là adoptaient des coloris classiques de type bois teinté ou en « sunburst », un dégradé de brun. Le dessin révolutionnaire du corps nommé French curves « courbes françaises » prend également en compte plusieurs considérations ergonomiques, qui sont globalement reprises depuis par de nombreux fabricants, comme le « chanfrein de découpe ventrale » haute arrière, ou encore le chanfrein de confort pour l'appui de l'avant-bras droit.
La Stratocaster se distingue ainsi par ses aspects pratiques et ergonomiques[2] : son poids peu élevé en comparaison d'autres modèles, son échancrure basse qui permet un accès facilité aux cases les plus aiguës, son échancrure haute qui donne un meilleur équilibre en position de jeu. Enfin, elle regorge de bonnes idées pratiques, comme la position de la prise Jack en façade qui évite des arrachements fréquents, sur scène notamment, le placement étudiée des potentiomètres pour qu’il « tombent bien sous la main », ou encore les possibilités de réglage individuel de la hauteur des cordes, par l'intermédiaire du chevalet doté de six pontets. Elle est sans aucun doute le modèle de guitare électrique le plus polyvalent, et aussi celui qui sera le plus imité, voire purement et simplement copié.
Son succès est assuré dès le début par de nombreux guitaristes célèbres qui l'adoptent au cours des premières années. Des modèles « signature » sont créés, souvent en série limitée, pour rendre hommage à ces artistes, à des prix souvent assez élevés.
Les modèles originaux des années 1950 et début 1960 atteignent de telles cotes dans les années 1980 que Fender décide de rééditer des modèles reprenant les spécificités de leurs aînés sous le nom de « re-issue ». Ces rééditions continuent à être commercialisées de nos jours.
Les instruments sont initialement produits uniquement aux États-Unis mais pour répondre au marché grandissant et proposer des guitares financièrement abordables, Fender délocalise des ateliers, dans les années 1980 et 1990, au Japon, au Mexique puis en Chine. Ces ateliers ont un savoir-faire différent, ce qui donne des sonorités plus ou moins différentes selon leur provenance, essentiellement par le montage de micros différents, l'écart majeur portant sur la fiabilité, la finition et la qualité des manches. Des Stratocasters sont également fabriquées en Corée du Sud sous la marque Squier by Fender.
Quelques améliorations sont apportées au cours des années comme les mécaniques à bain d'huile, ou des pontets de chevalet redessinés. La Stratocaster est déclinée avec de nombreuses adaptations mais l'originale parait finalement être un instrument abouti, sans véritables limites dans le genre d'utilisation couvrant tant le shred, que le blues, le rock, le funk ou le jazz.
Dans les années 1970, le succès du modèle amène de nombreux fabricants japonais, comme Ibanez et sa sous-marque Cymar, à proposer des copies de très bonnes qualités à des prix abordables. Ils développent par la suite des « superstrat » au dessin plus agressif, accompagnant la mode. Ces guitares hybrides proposent généralement des Humbuckers avec différentes configurations de micros (type HSS, H, HH, HSH et HHH), et éventuellement un vibrato Floyd Rose. Elles sont cependant moins polyvalentes qu'une véritable Strat. En contrepartie, leur équipement et leur design répondent mieux aux demandes de guitaristes aux styles plus extrêmes, comme le hard rock ou le metal.
L'électronique de certains modèles récents de Stratocaster est munie d'un switch spécial nommé « S-1 ». Il permet une palette sonore plus étendue. Les guitares de la gamme American Deluxe sont notamment équipées de ce commutateur. Certaines guitares sont pourvues d'un circuit actif avec atténuation des graves et des aigus nommé TBX (treble-bass expander) ou égalisation variable des fréquences moyennes nommé MDX (mid boost) avec 12 ou 25 dB de puissance sonore.
Les combinaisons sont quasi-infinies, même en l'absence de réelles nouveautés, les micros, le bois du corps pouvant être différents, le type de vibrato, la tête, etc. Deux guitares fabriquées dans une même journée peuvent ne pas sonner de la même façon. Le vieillissement progressif des différents éléments (micros, bois notamment), différencié selon l'utilisation et les conditions de conservation, a tendance à augmenter les écarts de sonorité entre les exemplaires d'une même époque. Qui plus est, sur le marché de l'occasion, les Fender Stratocaster sont souvent modifiées, en particulier les modèles des années 1970 et 1980 de l'époque CBS, de moindre réputation.
La production actuelle se décline en plusieurs configurations[3] :
Malgré les choix de conception prenant en compte l'industrialisation, la production relativement artisanale et pragmatique des premières années (jusqu'à l'époque CBS) a donné lieu à des exemplaires hors standard, comme la numérotation des « séries L » (voir plus haut) ou l'utilisation de bois différents de la spécification (certains exemplaires ont le corps manifestement en acajou, sans que l'existence de commandes spéciales soit établie), ou encore des pièces constitutives montées d'origine mais différentes du standard en raison d'un approvisionnement spécifique (en dépannage parfois), que l'on peut découvrir lors du démontage.
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