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stratégie ou doctrine politique de conquête De Wikipédia, l'encyclopédie libre
L'impérialisme ou expansionnisme est une stratégie et doctrine politique de conquête, visant la formation d'un empire ou d'une domination. Elle peut s'appuyer sur une justification historique, sur le nationalisme ou l'idée d'une menace extérieure comme dans le cas de l'eurasisme, ou encore sur l'idée d'une mission civilisatrice comme dans le cas des anciens empires coloniaux européens. Pour John Atkinson Hobson, la nouveauté dans l'impérialisme de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle, c'est qu'il n'est plus lié à l'idée d'un empire couvrant le monde connu, comme c'était le cas dans le cadre de la Pax Romana[1]. Au contraire, à la suite de la montée du nationalisme au XIXe siècle, cet impérialisme donne lieu à une lutte entre empires concurrents[1] (Empire allemand, Empire britannique, Empire russe, Empire français…). Sur le plan économique, l'impérialisme est alors de nature protectionniste et s'oppose au libre-échange. Par ailleurs, ses liens avec certaines formes de capitalisme (un système économique, politique et social fondé sur la propriété privée des moyens de production et d'échange) monopolistique sont mis en avant par de nombreux auteurs marxistes[2]. De nos jours, ce terme est employé de façon large pour désigner tout rapport de domination établi par une nation ou pays sur un ou plusieurs autres pays.
Le terme est employé en français à partir des années 1830 pour qualifier une doctrine favorable à la politique de conquête territoriale de Napoléon Bonaparte. Dans les années 1840, il sert aux historiens français à qualifier le système de gouvernement et de domination de l'Empire romain, sens que lui donne Jules Michelet dans son journal dix ans plus tard quand il analyse l'Empire colonial britannique[3].
John Atkinson Hobson emploie le terme pour la première fois en 1902 dans un livre intitulé Imperialism. L'auteur y analyse les forces et les facteurs économiques moteurs de l'impérialisme et certains de ses prolongements politiques.
Des auteurs marxistes, principalement Rudolf Hilferding, Rosa Luxemburg, et Lénine avec son ouvrage L'Impérialisme, stade suprême du capitalisme (1916), reprennent le terme de Hobson et le popularisent. Dans le cadre de la théorie marxiste, l'impérialisme correspond à un stade de développement historique du capitalisme, et répond à une logique essentiellement économique et non pas politique. Lénine, dans son ouvrage, propose cinq caractéristiques centrales de l'impérialisme :
- Concentration de la production et du capital parvenu à un degré de développement si élevé qu'elle a créé les monopoles, avec un rôle décisif dans la vie économique
- Fusion du capital bancaire et du capital industriel, et création sur la base de ce capital dit financier , d'une oligarchie financière
- L'exportation des capitaux , à la différence de l'exportation des marchandises, prend une importance toute particulière
- Formation d'unions internationales monopolistes de capitalistes se partageant le monde
- Fin du partage territorial du globe entre les grandes puissances capitalistes[4],[5]
L'impérialisme est le moyen de faire face à la baisse tendancielle du taux de profit[6] en étendant l'exploitation dans le monde colonial. Lénine analyse ainsi la Première Guerre mondiale comme le produit de la lutte entre capitalistes pour l'appropriation des colonies. Au cœur de ce stade de développement du capitalisme, on trouve, après la concentration ayant eu lieu au XIXe siècle, le « grand capital », largement contrôlé par les banques et la finance selon Lénine.
A partir de 1960 et notamment sous l'impulsion des mouvements de libération nationale et anti-coloniaux, de nouvelles théories marxistes analysent l'impérialisme et le tout jeune néocolonialisme. Les défenseurs de ces théories, par exemple Samir Amin ou Arghiri Emmanuel, s'opposent à certains points de la définition traditionnelle léniniste de l'impérialisme, notamment sur l'idée que l’exploitation des pays du Sud Global (ou du Tiers monde) se reposerait essentiellement sur la balance négative des capitaux vers les pays riches. Selon eux cette exploitation résiderait dans l'échange inégal en place entre pays exploiteurs et exploités. Ces tendances marxistes se basent, généralement, sur les travaux de Immanuel Wallerstein autour de la théorie des Système-mondes, retraçant l'histoire du capitalisme autour de la contradiction centrale entre le coeur du capitalisme (center ou core, càd les pays impérialistes) et sa périphérie (periphery) exploitée. Ces marxistes analystes de l'impérialisme depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale peuvent être regroupés sous le terme de l'école de la Théorie de la dépendance.
Cette thèse n'a cessé de faire l'objet de vives critiques. En particulier, de très nombreux auteurs[Lesquels ?] ont contesté l'idée que la finalité de l'impérialisme soit avant tout économique. Un des premiers critiques de cette théorie, Joseph Schumpeter défend, par exemple, l'idée qu'il faut voir dans l'impérialisme un phénomène de nature sociologique. Il insiste ainsi sur l'importance de l'aristocratie, notamment les Junkers en Allemagne, dont la position sociale est fondée sur le contrôle de ressources politiques, l'exploitation de richesses terriennes locales et la domination des métiers des armes. C'est plutôt dans cet habitus guerrier, entré en synergie avec l'appareil de l'État moderne, que Joseph Schumpeter situe l'impulsion première de l'impérialisme.
François Thual, géopolitologue, chargé de cours à l'École des Hautes Études et directeur d'études au Collège Interarmées de Défense, donne la définition suivante :
« Le mot impérialisme est employé ici comme signifiant avant tout une dynamique de contrôle territorial de vaste envergure complétée par un contrôle politique plus ou moins direct ; le contrôle territorial pouvant aller de l'annexion pure à une tutelle plus indirecte. »
— François Thual, Lignes 7 à 11 de la page 33 de la partie Le concept de sous-impérialisme de Contrôler et Contrer, Ellipses, 2000, (ISBN 2-7298-0269-X).
D'autre part, afin d'affiner l'étude des différentes formes de contrôle géopolitiques, le concept de sous-impérialisme a été créé par les spécialistes de la géopolitique. La définition donnée par François Thual est la suivante :
« Quelle signification peut-on donner au concept de sous-impérialisme ? En aucun cas une acceptation quantitative ne saurait convenir, un sous-impérialisme n'est pas un petit impérialisme ; ce serait plutôt un impérialisme qui fonctionne au service d'un autre impérialisme, qui le contrôle et le domine de différentes façons. »
— François Thual, Lignes 1 à 5 de la page 33 de la partie Le concept de sous-impérialisme de Contrôler et Contrer.
François Thual a identifié un certain nombre de cas de sous-impérialisme dont la classification peut se résumer à trois systèmes.
Cette première forme de sous-impérialisme est le modèle anglais des Dominions où une colonie devient elle-même un centre de colonisation et d'expansion à la fois pour elle-même et pour la métropole. Toutefois, ce modèle inclut également des colonies britanniques n'ayant pas le statut de Dominion.
Trois exemples sont données à travers les expériences coloniales de l'Australie, de l'Afrique du Sud et de la Nouvelle-Zélande à la fin de la Première Guerre mondiale :
Le contrôle exercé par Londres sur Canberra, Pretoria et Wellington était d'ordre politique, du fait que leur politique étrangère relevait à l'origine de la Grande-Bretagne et que les armées de ses trois pays étaient parties intégrantes de l'armée britannique[8].
L'Égypte, alors sous protectorat puis sous la période royale, a établi conjointement avec le Royaume-Uni une domination territoriale directe sur le Soudan. Le mécanisme est ici particulièrement différent du modèle des Dominions dans la mesure où Londres exerce directement son contrôle sur la région. En effet, la partie égyptienne n'a aucun réel pouvoir militaire ou politique dans le condominium : la souveraineté proclamée de l'Égypte sur le Soudan sert comme argument légal au contrôle des Britanniques sur la région. Le raisonnement était que leur contrôle sur le Soudan dépendait théoriquement de la souveraineté égyptienne.
Ce sous-impérialisme connut un sort différent de celui des colonies australiennes, néo-zélandaises et sud-africaines qui furent émancipées par leurs métropoles respectives (même si plus tardivement dans le cas de la Namibie sud-africaine). Dans le contexte du condominium anglo-égyptien sur le Soudan, la politique britannique avait été diviser pour régner : le Royaume-Uni avait ainsi privé l'Égypte de tout pouvoir réel sur le Soudan, administrant directement la colonie au nom du Caire.
En effet, dans le cas présent l'indépendance fut précipitée, entre 1953 et 1956, par Londres malgré l'opposition du Caire qui souhaitait annexer la région. L'Égypte étant devenue ouvertement hostile à la Grande-Bretagne, au sein du monde arabe, Londres n'a pas souhaité la renforcer en lui laissant cette colonie.
Cette seconde forme de sous-impérialisme est le modèle d'accaparement d'empire par un autre empire. Ce modèle a été décliné en trois variantes qui correspondent à trois exemples de capture partielle d'un effort impérial par un autre empire trouvé dans l'histoire moderne. Les trois exemples impliquent l'Empire britannique qui a réussi à satelliser à différents degrés les empires coloniaux du Portugal, de l'Italie et des Pays-Bas. Ces trois variantes sont :
Un quatrième exemple, plus récent et n'impliquant pas le Royaume-Uni, de contrôle par capture territoriale indirecte peut être donné avec l'occupation vietnamienne du Cambodge entre 1975 et 1990 et la satellisation du Laos.
La présence de comptoirs côtiers sur l'Atlantique et l'océan Indien constituait l'ossature principale du domaine portugais en Afrique au XIXe. Vers le milieu du siècle, Lisbonne réorienta sa politique coloniale en cherchant à contrôler l'espace intermédiaire entre l'actuel Angola et le Mozambique :
il s'agit des orientations définies dans la Carte Rose (« Mapa Cor-de-Rosa »), document synthétisant les prétentions territoriales lusitaniennes sur l'espace localisé entre les colonies côtières africaines du Portugal. Or, il s'avère que depuis le XVIIIe siècle le capitalisme anglais était parvenu à contrôler entièrement l'économie portugaise : l'établissement de traités commerciaux entre les deux pays, comme le Traité Methuen, avait rendu le pays complètement dépendant de l'économie anglaise.
Il découlait de cette situation que Londres bénéficiait indirectement des avancées coloniales portugaises en même temps qu'elles en fixait les limites, notamment en s'opposant à cette réunification terrestre des deux rives de l'Afrique portugaise qui perturbait son propre projet de route du Caire au Cap.
C'est ainsi que ce levier, combiné à l'ultimatum du (en violation des termes du Traité de Windsor), permit au Royaume-Uni d'obtenir le retrait des forces armées portugaises de l'espace en litige avant finalement d'obtenir la signature du Traité de Londres, le , imposant les frontières actuelles de l'Angola et du Mozambique comme limite de l'Empire colonial portugais en Afrique, ce au bénéfice de l'Empire britannique.
Les deux colonies portugaises de l'Angola et du Mozambique apportaient également comme avantages à Londres :
Ce sous-impérialisme montra toute son efficacité lors de la Première Guerre mondiale en permettant la reddition rapide, le , du Sud-Ouest africain allemand et en permettant d'isoler les forces armées de l'Afrique orientale allemande au cours de la campagne d'Afrique de l'Est durant toute la période du conflit.
Il fonctionna également lors de la Seconde Guerre mondiale en permettant aux alliés d'utiliser la Base aérienne de Lajes, malgré la sympathie du régime de Salazar pour les forces de l'Axe.
Une autre forme de sous-impérialisme est celui formé par l'extension coloniale italienne en Afrique : les trois domaines de l'Érythrée, de la Somalie et de la future Libye qui était sous domination turque furent ainsi colonisés par Rome parce que Londres ne voulait pas voir s'étendre la France sur la Mer Rouge, dans l'océan Indien ou en Méditerranée. La politique anglaise fut simple : favoriser l'implantation de l'Italie dans ces trois zones pour contrer les poussées françaises. Ce sous-impérialisme au service indirecte de Londres permit :
Cet impérialisme par « dérivation » ne fonctionna plus dès la montée du régime fasciste et après la Seconde Guerre mondiale lorsque la Grande-Bretagne échoua à récupérer les colonies italiennes en raison de l'opposition soviétique et américaine.
Dernier cas d'un contrôle d'un empire par un autre au profit du second, celui des Indes néerlandaises, de la future Indonésie. Cette prise de contrôle a été motivée par l’importance du commerce des épices, très prisée à l’époque[9]. Dans ce cas, il n'y eut pas de contrôle territorial anglais sur l'Insulinde, mais bien plutôt un mécanisme insidieux de domination, à partir de la fin du XIXe siècle, du capitalisme néerlandais et de ses prolongements coloniaux par le capital et les banques anglaises.
Ce contrôle partiel, financièrement parlant, et sans incidence territoriale constitue une forme limite de sous-impérialisme.
Ce sous-impérialisme au service indirect de Londres permit :
Le modèle de contrôle par capture territoriale indirecte s'applique également au micro empire vietnamien communiste constitué par l'occupation du Cambodge et la satellisation du Laos entre 1975 et 1990. Ce sous-impérialisme était alors au service de l'URSS qui, à la faveur de l'éviction des États-Unis de la péninsule indochinoise, l'utilisa pour encercler son adversaire de l'époque qu'était la Chine.
Auparavant, la Chine avait riposté à cet encerclement par une tentative de contre-encerclement, avec notamment le soutien apporté au régime des Khmers rouges du Cambodge pour contrer le Viêt Nam communiste. Ces manœuvres aboutirent à la victoire de Moscou et l'écrasement du Kampuchéa démocratique.
En parvenant à instrumentaliser l'expansionnisme séculaire du Vietnam, le Kremlin étendit directement son contrôle sur le Bassin du Mékong, un territoire de l'Asie du Sud-Est hautement stratégique.
Ce sous-impérialisme au service direct de Moscou permit :
Le concept de sous impérialisme ne se limite pas au seul aspect territorial quantitatif.
Certains pays exercent, de par leur poids géopolitique, une hégémonie régionale sans annexion territoriale pour le compte d'une autre puissance.
L'exemple type de cette posture géopolitique est fourni par le Brésil. En effet, le positionnement géopolitique dominant de cette puissance en Amérique du Sud fonctionne comme un relais à l'hégémonie nord-américaine exercée depuis plus de soixante-dix ans sur le sous-continent latino-américain. Les liens économiques, politiques et militaires qui lient ces deux pays depuis 1940, ont permis à Washington de mettre sous tutelle l'Amérique du Sud.
Les historiens se sont toujours intéressés aux processus de formation et de décadence des empires, plutôt qu'à leur conservation. Les empires se caractérisent souvent par une durée de vie plus courte que les nations. C'est ainsi que la nation russe survit au démembrement de l'URSS. En revanche, les empires qui ne subissent pas un écroulement interne, mais une invasion militaire ou migratoire, peuvent entraîner dans leur chute des nations.
L'impérialisme se justifie souvent par des arguments de nature ethnocentrique : la puissance impériale est censée jouir d'une supériorité de civilisation (supériorités culturelle, intellectuelle, technologique, économique ou raciale) sur le pays dominé. L'ethnocentrisme peut même être considéré comme consubstantiel à l'impérialisme. Ainsi, les empires des temps anciens (ex. Rome), se sont accompagnés de la diffusion des valeurs du peuple ou groupe dominant, et les formes modernes d'impérialisme (y compris l'impérialisme « démocratique », voir infra) n'y échappent pas.
Le principe de l'impérialisme n'a pas toujours été considéré comme incompatible avec la démocratie, certaines d'entre elles, à commencer par Athènes, ayant mené des politiques impérialistes à l'encontre des États voisins. Parfois même, la démocratie a pu servir de catalyseur à des idéologies impérialistes, les promoteurs de celles-ci jugeant que l'idéal démocratique dont ils se prévalent doit être exporté par-delà les frontières, au moyen de campagnes militaires si besoin est. L'exportation de valeurs démocratiques a pu justifier différentes guerres de conquête depuis la fin du XVIIIe siècle en particulier, lorsque la démocratie s'est développée comme mode de gouvernement en Occident. Mais il est rare que ces campagnes aient en fait donné lieu à l'émergence de démocraties stables (avec de notables exceptions, comme l'Allemagne fédérale et le Japon d'après 1945).
Cependant, la démocratie peut également dans une certaine mesure favoriser et encourager les conquêtes impérialistes. En effet, les démocraties ont historiquement émergé le plus souvent à partir d'une révolte de la classe marchande ou des bourgeois des grandes villes (Révolution française, guerre de Quatre-Vingts Ans) contre un système monarchique déstabilisé par le pouvoir grandissant de ces catégories de population vis-à-vis de la noblesse terrienne qui fondait son pouvoir sur le contrôle des terres agricoles. La diffusion de la démocratie à la fin du XVIIIe siècle et durant le XIXe siècle est ainsi souvent mise en parallèle avec la Première révolution industrielle, qui a permis aux bourgeois et aux marchands de s'enrichir considérablement là où la richesse des nobles stagnait[10] et donc à terme de renverser l'équilibre des pouvoirs en leur faveur.
La "démocratie des marchands", dont les Provinces-Unies sont l'archétype à l'époque moderne mais dont la république de Venise et la république de Gênes étaient les premiers représentants en Europe, est donc prompte à favoriser les aventures commerciales de ses membres ce qui attise à terme une forme d'impérialisme. La fondation de comptoirs, la conquête de territoires importants pour le commerce (Aden, Ormuz pour le Portugal ou Jakarta, Aceh pour les Indes Néerlandaises) par des États ou même par des entreprises privées à but lucratif (Compagnie néerlandaise des Indes orientales qui a mené la conquête de l'Indonésie, Compagnie britannique des Indes orientales qui a progressivement pris le contrôle de l'Inde) a montré que l'établissement d'une démocratie ne signifiait pas le renoncement à toute forme d'impérialisme, mais au contraire engendrait la transition d'une forme d'impérialisme plus traditionnelle, fondée sur la conquête de territoires agricoles, la propagation de sa foi et la mise sous domination du plus grand territoire possible, à une forme nouvelle (mais également bien plus rentable à court-terme) reposant sur la convergence des intérêts privés avec le projet impérial porté par l’État.
L'impérialisme est une méthode de domination qui peut prendre de nombreuses formes : le pays dominé peut avoir le statut de colonie, de protectorat. L'impérialisme peut aussi être masqué par une égalité formelle et fictive entre pays dominateur et pays dominé : les pays frères de l'Europe de l'Est étaient des satellites de l'URSS au sein de l'empire soviétique, des pays subjugués militairement ou économiquement par l'Empire romain ou les États-Unis se sont vu qualifier d'alliés. En outre, l'impérialisme ne passe plus forcément par des relations d'État à État, ou d'État à population ; il peut s'agir de relations d'entreprises multinationales à filiales nationales, ou de multinationales à populations. Ce terme recouvre donc une vaste diversité de réalités économiques, politiques et juridiques[11].
Si le colonialisme est toujours lié à une conquête territoriale, l'impérialisme n'est pas forcément territorial mais peut être une domination culturelle, économique et politique par exemple. Des puissances européennes comme la France et l'Angleterre ont été de puissants empires coloniaux. Les États-Unis, au XXe siècle, au contraire, ont mené une stratégie d'impérialisme économique, qui les mena à briser toute forme d'empire colonial à tendance autarcique pour ouvrir avec si possible un accès préférentiel (qui était l'une des conditions du Plan Marshall) le plus grand nombre de marchés possible à leurs produits. Avec la chute de l'URSS, l'impérialisme colonial a encore reculé face à l'impérialisme « immatériel ».
Certains penseurs altermondialistes comme Toni Negri et Michael Hardt s'écartent de la notion classique d'un impérialisme des nations et parlent métaphoriquement d'un impérialisme économique des multinationales, dont la mondialisation ne serait qu'un autre nom.
Les antimondialistes s'opposent à la mondialisation, considérant qu'elle renforce le pouvoir des pays puissants sur les pays les plus pauvres. Cependant, l'ouverture des pays d'Asie (Corée du Sud, Singapour, etc.) à la mondialisation leur a permis une croissance rapide, tandis que la Chine a également connu une trajectoire similaire: l'industrialisation massive et l'ouverture commerciale, après avoir été dans un premier temps principalement le fait de multinationales étrangères qui ambitionnaient de dominer à terme le marché chinois, ont été reprises par les entreprises locales qui se sont portées sur le plan technologique des plus grandes multinationales du monde à l'heure depuis la seconde moitié des années 2010 (exemple de Huawei). La mondialisation, si elle peut donc certainement favoriser une forme d'impérialisme économique des pays riches sur les pauvres, peut donc également permettre à un pays pauvre de s'enrichir considérablement et de concurrencer à terme les pays riches.
La mondialisation est considérée par certains comme un rempart contre les dominations unilatérales[réf. nécessaire].
Les libéraux considèrent les institutions internationales (ONU, Banque mondiale, FMI, OMC, UNESCO, BIT, etc.) comme des lieux d'échange et de collaboration permettant de rendre plus efficaces, par effet d'échelle, les politiques d'aide aux pays les moins avancés (prêts, ouverture commerciale, aide au développement), d'élaborer des normes communes, de réduire les barrières entre pays afin de faciliter les échanges, de mettre en place des organismes d'« assurances monétaires » (rôle des banques centrales et, en dernier ressort, du FMI).
Les réalistes considèrent qu'une puissance impérialiste, l' hegemon, est la mieux à même de garantir l'équilibre des puissances. Les idées serviraient les intérêts de la puissance impérialiste[12].
Le mouvement altermondialiste considère que les institutions internationales sont impérialistes ou bien qu'elles œuvrent au profit des pays impérialistes. Toutefois, certaines d'entre elles, dont le rôle ne touche pas aux aspects économiques ou militaires, comme c'est le cas pour l'UNICEF ou l'UNESCO, pourraient servir à réduire les effets néfastes que cette école de pensée attribue à la mondialisation économique.
Les tenants de la mondialisation démocratique considèrent que des institutions « élues » par la population mondiale, et moins soumises aux gouvernements des pays, pourraient permettre de lutter contre des dominations unilatérales.
Pour les libertariens, ces institutions constituent une bureaucratie supranationale, qui perturbe le libre jeu du commerce mondial.
Pour les néo-conservateurs, certaines institutions seraient néfastes car elles entravent la transition de pays vers les modèles de libéralisme politique et économique (en particulier, l'ONU au sein de laquelle des pays qu'ils considèrent non-démocratiques comme la Chine ou la Russie ont un pouvoir de véto).[réf. nécessaire]
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