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Dominique Collin, né à Mirecourt le et mort à Nancy le , est un graveur lorrain. Il s'est spécialisé dans la production de vues de villes, de portraits et d'ex-libris gravés.
Dominique Collin naît à Mirecourt le 30 mai 1725 de Nicolas Collin, marchand de la ville, et Françoise Collin, son épouse[1],[2].
Dès son enfance, Dominique est attiré par les arts, et formule le désir de se former à la peinture et à la sculpture[3],[4]. Faute de moyens financiers permettant de mener à bien une éducation artistique, il doit y renoncer[3]. Il est envoyé par ses parents à Metz pour y apprendre l'orfèvrerie, chez la veuve d'un orfèvre[2],[3]. C'est là qu'il apprend pour la première fois à manier le burin et les poinçons, pour graver des couverts et des cachets. Son apprentissage achevé, le jeune lorrain se rend à Strasbourg[4], où le graveur alsacien Jean Striedbeck le remarque pour la qualité de ses cachets ; il le prend dans son atelier et l'initie à la technique de la gravure en taille douce[1],[2],[4].
On ignore combien de temps Collin resta à Strasbourg. Sa formation achevée, il retourne en Lorraine, où les conditions économiques et sociales sont favorables[4].
Le , Dominique Collin épouse Marguerite-Françoise Hutet, fille de Yves Hutet, marchand et maître des orfèvres[1],[5], à la paroisse Saint-Roch de Nancy[5]. De cette union naissent cinq enfants, dont Yves-Dominique, le fils aîné, qui accomplit lui aussi une carrière de graveur[4].
L'atelier est installé dans un immeuble que Dominique Collin achète à son beau-père. Le bâtiment, dont le rez-de-chaussée est occupé par une boutique et une arrière-boutique, comporte trois étages et deux corps de bâtiments, l'un donnant sur le 95 (aujourd’hui n°45) de la Rue des Dominicains, l'autre rue Saint-Julien, tout près de l'actuelle place Stanislas[4].
Dominique Collin gagne en réputation : il continue de graver des cachets, qui lui donnent une certaine renommée et sont recherchés des amateurs[3]. Il travaille déjà pour la ville de Nancy, pour laquelle il fournit des médailles et estampes[5].
Le 29 avril 1758, Stanislas, duc de Lorraine, lui octroie le brevet de Graveur ordinaire de la ville de Nancy[1],[5]. C'est sans doute la même année qu'il est nommé graveur ordinaire du roi Stanislas[5].
À partir de cette date, Dominique Collin reçoit de nombreuses commandes officielles : des vues gravées de la ville, de ses monuments et de ses chantiers[5]. Il illustre également des ouvrages imprimés en Lorraine, grave des ex-libris ainsi que des médailles et jetons pour les dignitaires nancéiens[2],[6]. Il s'intègre au milieu artistique de la ville, créant de solides liens d'amitié avec les peintres François Senémont et Jean Girardet[4]. Il pratique exclusivement la taille douce. Son portrait du roi Stanislas nous laisse notamment un témoignage de ses essais à la manière de crayon[7].
Dominique Collin meurt à Nancy le à l'âge de 56 ans[4],[5],[6]. Il est inhumé le lendemain au cimetière de la paroisse Saint-Roch[5].
Dès le , l'année qui suit sa mort, Dominique Collin figure en bonne place parmi les artistes mentionnés par François-Dominique de Mory d’Elvange dans un discours prononcé à la Société royale des sciences et belles-lettres de Nancy, intitulé Essai historique sur les progrès de la gravure en médailles chez les artistes lorrains[3],[4].
Jean-Nicolas Beaupré, conseiller à la Cour de Nancy, a publié le premier catalogue de l'œuvre de Collin et de son fils, Yves Dominique, en 1861[3].
Lucien Wiener, conservateur du musée de Nancy, a contribué à la redécouverte de son œuvre[2].
En 1875, une exposition rétrospective sur les artistes lorrains fut organisée à Nancy, où le grand public a pu voir les œuvres des Collin exposées[1].
Formé à Metz auprès de la veuve d'un orfèvre[2], Dominique Collin rejoint l'atelier du graveur strasbourgeois, Jean Striedbeck, qui l'initie à la gravure en taille douce[4]. Remarqué pour son talent, Dominique Collin produit ses premières gravures pour le compte du maître alsacien. En 1750, Dominique Collin fait son retour à Nancy[4], où il s'installe du fait de l'attractivité que représente la cour du duc Stanislas pour les artistes. En 1752, il épouse Marguerite-Françoise Hutet, fille du maître des orfèvres nancéien Yves Hutet[2]. Ainsi, Dominique Collin évolue dans un univers artistique riche et stimulant aussi bien dans sa vie privée que dans sa vie publique.
L'atelier de la famille Collin prend place rue des Dominicains[2] donnant directement sur la Place Stanislas, lieu majeur de la ville de Nancy et du duché de Lorraine. Vers 1758, Collin obtient du roi Stanislas le titre de graveur ordinaire du roi[5]. Dominique Collin devient alors un graveur prolifique, recherché pour son talent et recevant de nombreuses commandes[4]. Ces œuvres étaient vendues au rez-de-chaussée de sa maison où se trouvait sa propre boutique[4].
Il ne reste que peu d'informations sur la composition de son atelier. Cependant, il est certain qu'Yves-Dominique Collin, son fils ainé, ait été formé par son père au sein de l'atelier familial[4]. Les productions du père et du fils étaient également vendues par le marchand d'estampes nancéien Jean d'Orvasy[5]. Ce dernier vivait lui-même rue des Dominicains[5]. En outre, il est fait mention dans plusieurs ouvrages de la présence du futur graveur du roi et de la chambre des comptes de Lorraine Claude-François Nicole comme apprenti au sein de l'atelier de Dominique Collin[8],[9].
À la cour du duché de Lorraine, le roi Stanislas s'entoure d'une cour riche d'artistes, de philosophes et de scientifiques. Il fonde notamment l'Académie de Stanislas mais également la Bibliothèque municipale de Nancy[10] en 1750, année durant laquelle Dominique Collin fonde son atelier en ville.
Auprès du roi Stanislas et de son entourage, Dominique Collin se lie d'amitié avec les peintres nancéiens François Sénémont et Jean Girardet[4] avec lesquels il collabore à de nombreuses reprises. Si Dominique Collin a gravé les œuvres des deux peintres, il a également réalisé des gravures en commun avec Jean Girardet pour le compte du roi Stanislas et de son architecte Emmanuel Héré[11]. En 1772, les deux hommes travaillent également sur le projet de décor du catafalque l'église du Noviciat des Jésuites de Nancy[2].
Dominique Collin s'est également adonné à la pratique du portrait gravé, le plus remarquable étant le portait en buste de Jean Girardet[11]. Ce dernier sert de modèle au peintre Joseph Laurent en 1801 pour le médaillon situé sur le tombeau de Jean Girardet[12] et où il est explicitement mentionné « Déssiné et gravé par son ami et très humble serviteur Collin »[11]. Quant aux portraits de François Sénémont, ils se rapprochent de la caricature voire de la moquerie au sujet des mœurs de son ami[2], en le représentant notamment sous les traits d'un singe[2].
Au XVIIIe siècle, la ville de Nancy représente un foyer artistique majeur, notamment du point de vue de la gravure française à travers les figures de Jacques Callot, avec lequel il semble que Collin Père n'ait pas travaillé, et de Dominique Collin lui-même. Ce dernier à toute fois collaboré avec de nombreux artistes nancéiens, graveurs, sculpteurs, peintres[13]. Parmi l'une de ces collaborations les plus célèbres, citons le Recueil des ouvrages en serrurerie que Stanislas le Bien-Faisant, roi de Pologne, duc de Lorraine et de Bar, a fait poser sur la Place royale de Nancy, à la gloire de Louis le Bien-Aimé réalisé par le célèbre maître serrurier Jean Lamour. Les planches répertoriant les réalisations de Jean Lamour pour les grilles de la Place Stanislas ont été gravées par Dominique Collin et son ancien élève Claude-François Nicole Père, et également par Nicole Fils[11].
En tant que graveur du roi Stanislas, Dominique Collin est chargé de représenter les différents bâtiments de la ville de Nancy afin de glorifier les travaux entrepris et de présenter le roi de Pologne comme le protecteur des arts. Ces vues sont notamment présentées dans l'appendice du Compte général de la dépense des édifices et bâtimens que le roi de Pologne a fait construire pour l’embellissement de la ville de Nancy de 1751 à 1759, ouvrage dans lequel il reproduit les dessins de Girardet[14]. On y retrouve principalement des gravures des monuments de la place royale avec l’hôtel de ville, l’hôtel de M. Alliot, l’hôtel des fermes, le pavillon Jacquet, la comédie et les petits pavillons, mais aussi des représentations de la Place de la Carrière (une vue de la place et du palais du gouvernement, l'Intendance), ainsi que le pavillon pour les officiers de la garnison qui étaient logés dans l'aile Nord réparée de l'ancien palais ducal[15]. Il a également réalisé des planches isolées présentant d'autres monuments nancéiens, tels que les différentes places de la ville et le quartier royal des casernes militaires[15].
La caserne Sainte-Catherine (ou caserne Thiry) représente l'un de ses travaux majeurs. En effet, Dominique Collin avait été chargé de représenter le début de la construction. Présent le jour de la cérémonie de pose de la première pierre, il n'a pourtant pas reproduit fidèlement la situation pour des besoins artistiques (les travaux étant plus avancés sur la gravure qu'ils ne l'étaient en réalité). Les premières gravures sont livrées le . Au premier plan, on peut voir Stanislas s'entretenir avec Richard Mique, l'architecte chargé de la construction, ainsi que le jardin botanique à l'arrière[11]. Cette gravure permet d'établir un lien avec Yves-Dominique Collin puisque ce dernier complète les travaux de son père en présentant l'achèvement des travaux, en 1769.
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