Doctrine Dahiya
stratégie militaire de guerre asymétrique impliquant la destruction d'infrastructures civiles pour pousser les civiles à mettre la pression sur leur gouvernement De Wikipédia, l'encyclopédie libre
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stratégie militaire de guerre asymétrique impliquant la destruction d'infrastructures civiles pour pousser les civiles à mettre la pression sur leur gouvernement De Wikipédia, l'encyclopédie libre
La doctrine Dahiya est une doctrine militaire israélienne qui prône un usage de la force disproportionné au cours de représailles contre des zones civiles servant de base à des attaques. Il s'agit, contre le principe fondamental du droit de la guerre, de ne plus faire de distinction entre cibles civiles et militaires[1]. Cette doctrine a été formulée à la suite du conflit israélo-libanais de 2006 par le général israélien Gadi Eizenkot. Elle porte le nom de la Dahieh Janoubyé, la banlieue sud de Beyrouth, zone densément peuplée qui abritait un bastion du Hezbollah et qui a été rasée par les bombardements israéliens lors du conflit de 2006.
Le but déclaré est la dissuasion, dans un contexte de guerre asymétrique en milieu urbain.
La première formulation publique de cette doctrine eut lieu en , dans une interview à l'agence Reuters au cours de laquelle le général Eizenkot déclare :
« Ce qui est arrivé au quartier Dahiya de Beyrouth en 2006 arrivera à tous les villages qui servent de base à des tirs contre Israël. […] Nous ferons un usage de la force disproportionné [sur ces zones] et y causerons de grands dommages et destructions. De notre point de vue, il ne s'agit pas de villages civils, mais de bases militaires. […] Il ne s'agit pas d'une recommandation, mais d'un plan, et il a été approuvé. […] S'en prendre à la population est le seul moyen de retenir Nasrallah[2],[3]. »
L'Institut d'études de sécurité nationale de l'Université de Tel Aviv publie un ouvrage intitulé Disproportionate Force: Israel's Concept of Response in Light of the Second Lebanon War (Force disproportionnée : le concept de réponse d'Israël à la lumière de la seconde guerre du Liban), de Gabi Siboni, colonel de l'armée israélienne, qui présente la doctrine Dahiya comme le meilleur moyen de réagir aux attaques de groupes armés[4].
Selon Heidi Matthews, professeure canadienne de droit à la Osgoode Hall Law School, causer « des dommages clairement disproportionnés à des civils en utilisant des moyens qui atteignent de manière indiscriminée les civils et les combattants rend la doctrine elle-même illégale, dans le sens où elle équivaut à une version de la punition collective »[5].
Selon Seth Anziska, professeur au University College de Londres, les guerres menées par Israël au Liban en 2006 puis en 2024, ainsi qu'à Gaza « ont repoussé les limites du droit humanitaire international, créant de nouveaux précédents dangereux »[6].
Après la guerre au Liban de 2006, l'armée israélienne a mis en application la doctrine Dahiyeh à Gaza[5],[6],[7], puis de nouveau au Liban lors de la campagne de bombardements massifs contre ce pays dès le 23 septembre 2024[8].
Toutefois selon Amal Saad, professeure de sciences politiques à l'université de Cardiff, les bombardements au Liban de septembre et octobre 2024 « ressemblent davantage à la "doctrine de Gaza", qui est similaire, mais dont l'objectif est de cibler et de déplacer spécifiquement une communauté » ; elle estime que ces opérations militaires au Liban vont « au-delà de la doctrine Dahieh »[9].
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