Digulleville
ancienne commune française du département de la Manche De Wikipédia, l'encyclopédie libre
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Digulleville est une ancienne commune française du département de la Manche et la région Normandie, à l'ouest de Cherbourg-en-Cotentin, peuplée de 260 habitants[Note 1].
Digulleville | |
Sémaphore de Jardeheu, sur la pointe de Jardeheu, racheté par la commune en 2005. | |
Administration | |
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Pays | France |
Région | Normandie |
Département | Manche |
Arrondissement | Cherbourg |
Intercommunalité | CA du Cotentin |
Statut | commune déléguée |
Maire délégué Mandat |
Louis Cranois 2020-2026 |
Code postal | 50440 |
Code commune | 50163 |
Démographie | |
Gentilé | Digullevillais(es) |
Population | 260 hab. (2020) |
Densité | 33 hab./km2 |
Géographie | |
Coordonnées | 49° 41′ 56″ nord, 1° 51′ 33″ ouest |
Altitude | Min. 0 m Max. 182 m |
Superficie | 7,89 km2 |
Élections | |
Départementales | La Hague |
Historique | |
Fusion | |
Commune(s) d'intégration | La Hague |
Localisation | |
modifier |
Depuis le , elle fait partie de la nouvelle commune de La Hague et a le statut de commune déléguée.
Manche | ||||
Omonville-la-Petite | N | Omonville-la-Rogue | ||
O Digulleville E | ||||
S | ||||
Herqueville | Beaumont-Hague |
Située sur la pointe de la Hague, la commune est constituée d'un « village-rue » (la rue Désert) et de hameaux dispersés.
Le territoire est borné par le havre de Plainvic que baigne la Manche, les communes d'Omonville-la-Petite à l'ouest, avec le lit de la rivière Sainte-Hélène, d'Omonville-la-Rogue à l'est, et d'Herqueville et Beaumont-Hague au sud, sur les hauteurs de Raumarais.
Le nom de la localité est attesté sous les formes Digulevilla en 1163, Deguleville, Digulvilla vers 1175, Deguillevilla vers 1200, Digoillevilla en 1203[1].
Il s'agit d'une formation médiévale tardive en -ville (élément issu du gallo-roman VILLA « domaine rural », lui-même du latin villa rustica « grand domaine rural »), précédé du nom de personne Decuil d’origine gaélique[1],[2]. Littéralement, « la ferme, le domaine rural de Decuil »[1],[3], ou « de Dicuil »[4].
Le gentilé est Digullevillais.
Les premières occupations sur le territoire de la commune sont très anciennes. Plusieurs foyers de combustion en forme de fosse à pierres chauffées datant de 4700 ans av. J.-C. ont été découverts près de Jardeheu[5]. Raumarais, où se tient désormais l'usine de retraitement de la Hague et l'Andra, abritait également deux sites datant du début du Mésolithique moyen (foyer en cuvette, poterie, petits grattoirs de silex…), probable station d'habitat saisonnier lors des campagnes de chasse ou de pêche[6].
Au XIXe siècle ont été recensés dix tumuli de l'âge du bronze sur le territoire (neuf au hameau des Asselins et dans les Monts, une aux Sablons), mais des recherches plus récentes ont permis d'en écarter sept comme étant des formations rocheuses naturelles. De l'âge du bronze date également le Hague-Dick, qui longe une partie de la commune, même s'il a pu être réemployé plus tardivement. Des fouilles dans l'anse de la Gravette enfin ont révélé des foyers importants de l'âge du fer[7] et la découverte de pièces de bronze témoignent d'une implantation celtique antérieure à la Guerre des Gaules. La légende d'Équinandra (voir ci-dessous), druidesse unelle[Note 2], liée au rocher d'Esquina[Note 3] dans la baie d'Écuty, évoque le souvenir de cette époque. En 1966, fut découvert à la pointe de Jardeheu, dans le limon, les corps d'un jeune couple enlacé datant de plusieurs milliers d'années. La tête de la femme reposait contre la poitrine de son compagnon[8].
Un village gallo-romain aurait été installé près de Plainvic. Certains auteurs[9] font de Digulleville le centre de Coriallo, cité des Unelles mentionnée dans l'Itinéraire d'Antonin. En effet, en l'absence de traces, Coriallo pourrait être, non pas une ville mais plusieurs hameaux couvrant la pointe de la Hague, protégés par la Hague-Dick, entre Éculleville et Omonville-la-Petite ce que conteste l'historien Robert Lerouvillois[10]. Quoiqu'il en soit, en 1823, suite à des travaux agricoles réalisés par un certain Lagalle, il fut découvert un ensemble de figurines romaines qui aurait été enfoui dans les années 50 et 150. Le lot partiellement représenté sur une lithographie de Pierre Langlumé, imprimeur à Cherbourg, publiée en 1825, ne nous est pas parvenu dans son intégralité[Note 4] ; de nombreux éléments ont disparu. Ce dépôt, l'un des plus conséquent du Cotentin, composé notamment de figurines en terre ou en bronze souvent utilisées comme offrandes, n'a malheureusement pas pu être localisé précisément, et laisse suggérer de la présence d'un sanctuaire romain encore inconnu sur la commune de Digulleville[11].
Au Moyen Âge, le territoire de la paroisse, partagé entre les fiefs nobles de Fontenay et de Mélinde, acquis par les Jallot aux XVIe et XVIIe siècles, est parsemé de plusieurs fermes-manoirs, propriétés des nobles des environs. Le manoir d'Ouville appartient aux comtes d'Aigneaux, la Chesnaye et Rantot à la famille Jallot, seigneurs et comtes de Beaumont. Leur frère, le chevalier de Rantot, corsaire et contrebandier, fait construire la ferme de la Basmonterie comme repaire. Le manoir des Gruberts est propriété de la famille du Bosq, dont un membre, Nicolas du Bosq, seigneur des Gruberts, fut général de Louis XIV.
L'église, dédiée à Paterne, évêque d'Avranches, avait pour patron le prieur de Vauville, qui percevait les deux tiers des produits, à l'exception des menues offrandes, le troisième tiers allant au curé[12].
Le plateau du Haut-Marais accueille au XVIIIe siècle un village de tisserands, confectionnant du droguet.
En , alors que les phares sont éteints à cause de la guerre, l'Astrée s'échoue sur les rochers de la Coque.
En 2005, la commune accueille le tournage du film Le Passager de l'été de Florence Moncorgé-Gabin.
Le conseil municipal était composé de onze membres dont le maire et trois adjoints[15].
Si la vie politique municipale est stable, avec le même maire depuis 1971, les scores du Front national ont explosé dans les scrutins, passant de 2,88 % aux européennes de 2009, à 30,08 % aux départementales de 2015[16].
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. À partir du , les populations légales des communes sont publiées annuellement dans le cadre d'un recensement qui repose désormais sur une collecte d'information annuelle, concernant successivement tous les territoires communaux au cours d'une période de cinq ans. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[17]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2006[18],[Note 5].
En 2020, la commune comptait 260 habitants, en évolution de −8,77 % par rapport à 2015 (Manche : +0,44 %, France hors Mayotte : +2,49 %). Digulleville a compté jusqu'à 781 habitants en 1831.
2019 | - | - | - | - | - | - | - | - |
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257 | - | - | - | - | - | - | - | - |
Le territoire communal est rattaché à la paroisse catholique du Bienheureux Thomas Hélye de la Hague, au sein du doyenné de Cherbourg-Hague[21]. L'unique lieu de culte est l'église Saint-Paterne, qui accueille une messe à l'occasion de la fête patronale, la Saint-Paterne, traditionnellement célébrée deux semaines après Pâques.
Le saint patron traditionnel de la commune est Paterne d'Avranches.
La commune est un village fleuri (deux fleurs) au concours des villes et villages fleuris[22].
Digulleville a bénéficié des retombées de taxe professionnelle dues à l'implantation sur sa zone industrielle, de nombreuses entreprises sous-traitantes de l'usine de retraitement de la Hague, ainsi qu'à l'extension de l'usine d'Areva (UP3) en 1991, et plus accessoirement au centre de stockage de la Manche de l'Andra.
La zone industrielle est gérée par la Chambre de commerce et d'industrie de Cherbourg-Cotentin. Une trentaine d'entreprises y sont présentes[23].
On relève aussi la présence d'un atelier de chaudronnerie nucléaire, à l'origine (1977) ACPP (Ateliers de constructions du Petit parc), puis Manoir ACPP (groupe Manoir Industries), depuis 2021 groupe Fives-Nordon[24]. Il emploie 162 personnes pour un chiffre d'affaires de 15,3 M€ (2019).
En , les légions romaines envahissent le Cotentin. Malgré la résistance des Unelles, les troupes de Jules César avancent, et les Gaulois, retranchés dans la Hague décident de sacrifier, par la main de la jeune druidesse Équinandra, le plus jeune enfant de la tribu, celui de leur chef, Viridovix. Mais ce sacrifice est vain, ils subissent une nouvelle défaite. Viridorix furieux d'avoir perdu la bataille finale et son enfant, se venge sur Clodomir[Note 6], époux de la prêtresse, blessé durant les combats, en le faisant agoniser toute une nuit sous les yeux d'Équinandra, par l'administration de feuilles vénéneuses sur les blessures[28].
Au petit matin, désespérée par la douloureuse mort de son époux, Équinandra demande à son père, le druide Vindulos, de l'enterrer vivante auprès de celui qu'elle aimait, au bout de la baie d'Écuty. Le rocher qui deviendra maritime par l'érosion des vagues, Esquina, garde depuis la trace dans son nom[28].
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