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sport consistant au développement de sa masse musculaire De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Le culturisme[1], ou bodybuilding en anglais[2],[3], est une discipline sportive ainsi qu'un art du corps et de la performance qui consiste principalement à développer sa masse musculaire (hypertrophie). Dans un but esthétique pour l'exhiber en exécutant des poses plastiques codifiées, isolément ou enchaînées dans une chorégraphie.
La préparation du culturiste pour une compétition se compose principalement d'un entraînement de musculation, de repos, et d'un contrôle strict de l'alimentation (régime généralement riche en protéines et nutriments essentiels, avec un apport calorique très variable selon les phases de la préparation). Certains culturistes utilisent des stéroïdes anabolisants et d'autres produits dopants améliorant la performance pour développer leur masse musculaire et récupérer plus rapidement. Les compétitions interdisent parfois l'utilisation de ces produits en raison des risques pour la santé ou des considérations concernant la concurrence loyale. Malgré certains appels à tester les stéroïdes, la principale fédération de culturisme (National Physique Committee) n'exige pas de test[4].
Les culturistes professionnels exposent le fruit de leur travail lors de compétitions pendant lesquelles ils doivent se mettre en ligne et exécuter des poses spécifiées (et plus tard une séquence de celles-ci chorégraphiée) devant un jury qui les classe en fonction de la symétrie, de la musculature, de la taille, du conditionnement, de la pose et de la présentation sur scène.
Sport uniquement pratiqué par des hommes à l'origine, des femmes ont commencé à prendre part à des compétitions distinctes au cours des années 1980.
Le culturisme ne doit pas être confondu avec la musculation, méthode d'entraînement principale du culturiste, mais pouvant être pratiquée pour d'autres motifs. Il ne faut pas le confondre non plus avec les compétitions de sport de force et de force athlétique, où c'est la force pure qui est recherchée, ni avec l'haltérophilie où l'on accorde autant d'attention à la force physique qu'à la technique. Bien qu'il y ait des similitudes entre ces disciplines, le culturisme implique des différences majeures au niveau des objectifs (avant tout d'ordre esthétique), du type d'entraînement et du régime alimentaire.
Héraclès, le plus grand héros de la mythologie grecque et un symbole de masculinité, peut être considéré comme le précurseur du culturisme moderne[5]. La statuaire qui lui est consacrée représente l'idéal du développement musculaire masculin dans la Grèce antique.
Le culturisme est apparu en tant que tel à la fin du XIXe siècle en Europe. Un de ses principaux pionniers fut l'athlète d'origine allemande Eugen Sandow, né en 1867. Il se rendit célèbre par ses démonstrations dans de nombreuses expositions ou des spectacles où il se produisit, en France, en Grande-Bretagne et aux États-Unis. Il fut l'un des premiers à rechercher l'esthétique musculaire plutôt qu'une démonstration de force brute.
Intégrant les expériences de Hippolyte Triat, Eugène Paz et les enseignements de Georges Hébert, considérés comme les pères de la culture physique en France, d'autres athlètes tels que George Hackenschmidt, Edmond Desbonnet ou Earle Liederman (auteur d'un traité de culturisme vers 1920), marquèrent les débuts de ce sport. Autre personnage-clé de l'histoire du culturisme, Joe Weider inventa ou codifia de nombreuses techniques d'intensification utiles à la progression[6], créa la fédération IFBB, le concours Mr. Olympia – inauguré en 1965 et rapidement devenu le plus prestigieux de la discipline – et plusieurs revues spécialisées. Il fut l'un des mentors d'Arnold Schwarzenegger. Ce dernier, et d'autres comme Steve Reeves ou Larry Scott, marquèrent une nouvelle ère, celle du culturisme moderne, caractérisée par la multiplication des salles d'entraînement, l'apparition de lieux dédiés comme la plage Muscle Beach (en) en Californie, et la création des premiers concours professionnels. Véritable phénomène à tout point de vue, Arnold Schwarzenegger s'est illustré comme le meilleur athlète pendant de nombreuses années (sept titres de Mr. Olympia), puis a grandement contribué à la popularisation de cette discipline, via le documentaire semi-fictif Pumping Iron puis ses rôles dans des films d'action à grand succès dans les années 1980, et continue encore aujourd'hui d'être une source d'inspiration ; le concours Arnold Classic qu'il a créé en 1989 est rapidement devenu le deuxième en importance dans le circuit professionnel.
Pour stimuler la croissance (hypertrophie) des muscles, les culturistes utilisent différents moyens :
Soulever des poids provoque des micro-déchirures dans les fibres des muscles impliqués, qui provoquent la douleur ressentie après l'exercice. La croissance du muscle résulte de la réparation de ces lésions (anabolisme). Généralement, la douleur provoquée par l'entraînement (courbature) est à son maximum entre 24 et 36h après la séance (d'où l'appellation en anglais « Delayed-Onset Muscle Soreness »).
Toutefois, la réparation et la croissance ne peuvent pas avoir lieu sans les « briques » biochimiques nécessaires, fournies par une alimentation de qualité. Les culturistes ont donc besoin d'un régime alimentaire extrêmement spécialisé :
L'apport généralement recommandé en protéines d'après la littérature scientifique pour maximiser ses gains en masse musculaire est d'environ 1,6 grammes par kilogramme de poids corporel. Cependant dans la pratique, la majorité des pratiquants se situent entre 2 et 3 grammes par kilogramme de poids corporel pour aider le corps à récupérer et à se régénérer (au lieu de 0.8 à 1g par kilogramme pour un adulte sédentaire ou à l'activité sportive modérée[7]). Ces protéines proviennent en priorité de sources de qualité et pauvres en lipides telles que : viande maigre de bœuf, blanc de poulet ou de dinde, chair de poissons, œufs (plus particulièrement le blanc d'œuf, le jaune étant évité ou consommé en quantité limitée – par exemple un jaune pour six blancs – en raison de sa teneur en lipides et cholestérol[8]), lait et dérivés laitiers partiellement ou totalement dégraissés. Les protéines végétales peuvent être intéressantes, surtout si elles sont combinées pour compenser leurs carences respectives en certains acides aminés essentiels ; ainsi, l'association dans un même repas de céréales (blé, riz...) et de légumineuses (soja, lentilles, pois chiches...) permet d'obtenir un apport équilibré en acides aminés, et donc de diminuer l'apport en protéines animales, voire de s'en passer totalement dans le cadre d'un régime végétalien (même si cela complique encore une discipline déjà passablement fastidieuse sans cette restriction, quelques végétaliens stricts parviennent à atteindre un développement musculaire remarquable). Les poudres protéinées, qui sont le plus souvent à base de lait (le petit-lait ou lactosérum ou whey protein étant la forme la plus prisée en raison de sa haute valeur biologique et de sa rapidité d'assimilation, mais la caséine, absorbée plus lentement, peut être préférable avant le coucher, afin de limiter le catabolisme tout au long du sommeil), de blanc d'œuf ou de soja, permettent également de compléter l'apport et constituent un moyen pratique d'ajouter des collations riches en protéines sous forme de boissons de type milk-shake, pouvant être avalées rapidement, notamment hors du domicile. Toutefois certains « puristes » préfèrent que leur apport protéique provienne exclusivement de la nourriture, plutôt que de suppléments de protéines en poudre.
Une large proportion de l'apport en calories provenant des glucides est nécessaire, permettant au corps de recevoir suffisamment d'énergie pour supporter les rigueurs de l'entraînement et pour favoriser l'anabolisme au repos. Les sucres complexes, ou polysaccharides (les amidons), à indice glycémique bas, sont privilégiés, car libérant leur énergie plus lentement que les sucres simples[9], que sont les monosaccharides (glucose, galactose) et les disaccharides (saccharose, lactose, maltose). Ceci est important, car les sucres simples produisent un pic de sécrétion d'insuline, qui induit l'organisme à absorber l'excédent dans le tissu adipeux. De plus, une trop grande consommation de sucres simples associée à une prédisposition génétique[10] peut favoriser l'apparition d'un diabète de type 2. En revanche, il est fréquent dans la pratique culturiste d'ingérer des sucres simples juste avant ou juste après l'entraînement pour regarnir les réserves de glycogène des muscles.
Les lipides complètent l'apport, dans des proportions variables. Si dans les années 1980-1990 il était souvent conseillé dans les livres et magazines spécialisés d'en réduire l'apport autant que possible, même en période de prise de volume, avec un taux d'environ 15 % du total de l'apport énergétique, des études plus récentes ont montré qu'à apport énergétique égal un taux plus bas de lipides ne favorisait pas la perte de graisse, et pourrait même avoir un effet inverse puisque l'augmentation concomitante du taux de glucides entraîne une plus forte variabilité de la sécrétion d'insuline. De plus, outre l'apport en acides gras essentiels (voir ci-dessus), les lipides favorisent l'assimilation des vitamines liposolubles (vitamine A, vitamine E, vitamine D) et jouent des rôles multiples de régulation hormonale.
Un apport adéquat en vitamines et en minéraux est nécessaire : bon nombre de culturistes prennent quotidiennement un complément multi-vitamines, éventuellement associé à des compléments spécifiques (vitamine C, vitamine E, magnésium...). Les acides gras essentiels, que le corps ne synthétise pas, sont aussi consommés, en particulier les Oméga-3 qu'il est plus difficile de trouver dans l'alimentation (seules quelques huiles végétales en contiennent en quantité significative – lin, colza, soja, noix – ainsi que les poissons gras), et dont l'alimentation moderne est souvent carencée (le rapport Oméga-6 / Oméga-3 devrait être proche de 5 alors qu'il est en pratique bien plus élevé[11]). Dans l'idéal les vitamines et minéraux devraient être puisés autant que possible à partir d'aliments entiers, où ils sont associés à une quantité de molécules actives bien plus vaste que ce que contiennent les compléments parapharmaceutiques, qui favorisent l'assimilation des vitamines et minéraux ou ont un rôle de synergie (par exemple, les flavonoïdes agissent en synergie avec la vitamine C), mais il n'est pas toujours possible en pratique d'en obtenir des quantités optimales dans l'alimentation moderne (les taux de micro-nutriments dans la plupart des végétaux ayant fortement décru depuis le début de l'agriculture industrielle), et lors d'un régime fortement hypocalorique une supplémentation est particulièrement recommandée (puisque l'alimentation fournit mathématiquement moins de micro-nutriments, tandis que l'organisme est dans un état de stress nettement accru qui augmente les besoins).
Les suppléments peuvent aider la croissance musculaire, même si certains se sont avérés inefficaces.
La supplémentation représente une part à ne pas négliger dans le culturisme. En effet, des suppléments naturels existent et sont là pour aider et optimiser le métabolisme sans risque. Les poudres protéinées sont quasiment incontournables. Elles sont simples et rapides à préparer et permettent de faire les 5 à 7 repas nécessaires pour maintenir l'organisme en situation d'anabolisme tout au long de la journée. Étant de plus rapidement assimilées, elles remplacent avantageusement les sources alimentaires lorsque ce facteur est particulièrement favorable, soit juste avant l'entraînement, juste après l'entraînement, ou encore au réveil. Toutefois il est déconseillé d'en faire la base de l'alimentation. Les protéines sont constituées des acides aminés nécessaires à la construction musculaire. Il existe également des compléments d'acides aminés spécifiques sous forme de gélules, en particulier la glutamine et les acides aminés branchés (BCAA).
Il existe de nombreux autres suppléments aux effets très divers : des modulateurs hormonaux naturels qui jouent un rôle dans l'anabolisme, des dérivés et combinaisons d'acides aminés (dont la créatine) permettant l'augmentation de la force, les compléments de renforcement des articulations à base de glucosamine et chondroïtine, des enzymes digestives et stimulateurs d'appétit pour assimiler davantage en période de prise de masse, des stimulateurs du métabolisme pour favoriser la combustion des graisses en période de « sèche », etc.
Les culturistes de haut niveau ont généralement recours au dopage hormonal afin d'obtenir des résultats – en termes d'hypertrophie musculaire et de définition – supérieurs à ce qu'il leur serait possible d'atteindre de façon naturelle ; cette pratique, marginale à l'origine, est devenue systématique chez les athlètes de niveau international au cours des années 1960-1970, et s'est désormais répandue même parmi les compétiteurs de niveau régional, parallèlement à l'évolution du niveau d'exigence des critères d'évaluation. Arnold Schwarzenegger a avoué publiquement avoir pris des anabolisants, tenant toutefois à préciser qu'il s'agissait surtout pour lui de maintenir sa masse musculaire tout en suivant un régime strict à l'approche des compétitions[12]. Les stéroïdes anabolisants ont pour effet d'augmenter l'anabolisme, de limiter le catabolisme dû à l'entraînement, d'augmenter la capacité d'effort, de favoriser la récupération, et d'augmenter l'assimilation des protéines. Les effets négatifs de ces substances sont d'abord liés à une rétroaction négative qui mène au déclin de la production naturelle de testostérone, l'apport exogène de testostérone entraînant une baisse de la production endogène), ce qui peut à terme induire une atrophie des testicules et une infertilité temporaire (le taux de testostérone endogène retrouve le plus souvent sa valeur normale après l'arrêt des apports exogènes, mais il y a des cas de stérilité définitive) ; un effet secondaire courant est la gynécomastie[13], due à une conversion de l'excès d'androgènes en œstrogènes ; une prise au long cours peut entraîner des dommages au foie ou aux reins. Toutefois, ces effets sont très variables en fonction des individus et des dosages ; Dorian Yates, ancien compétiteur au plus haut niveau mondial, estime (en faisant référence au documentaire Supersize me) que manger trois fois par jour chez McDonald's a des effets plus néfastes sur le métabolisme que ses douze ans de prise régulière de hautes doses d'anabolisants[14]. Les cas de morts prématurées parmi les compétiteurs de niveau international sont plus fréquemment imputables aux diurétiques (Mohamed Benaziza, Andreas Münzer), même si la prise simultanée de plusieurs types de substances avec des dosages nettement supérieurs aux recommandations thérapeutiques, pouvant produire des interactions imprévues, rend très difficile l'attribution d'une grave perturbation métabolique à une cause précise (par exemple dans le cas d'Andreas Münzer, l'autopsie a révélé la prise d'une vingtaine de produits[15]). Akbar Khazaei, arbitre de compétitions professionnelles de culturisme ( NPC ) et Mr. Olympia, est contre le dopage des athlètes. Afin d'éviter la mort d'athlètes, il a souligné les effets secondaires dangereux des stéroïdes sur la santé et considère que le Dopage: est contraire aux règles[16],[17].
Les compétitions sont un moment important pour les athlètes qui y participent.
Le principe est de présenter le meilleur physique possible, en termes de volume, de définition, de galbe et donc de muscularité générale.
On distingue trois phases pour préparer un concours : la prise de force, la prise de masse, et la « sèche » (ou « séchage »).
De nombreuses fédérations existent, plus ou moins reconnues au niveau international. Certaines sont dites naturelles, c'est-à-dire que les compétiteurs sont soumis aux contrôles antidopage. Les autres fédérations, elles, pratiquent des contrôles plus laxistes voire inexistants ou alors portant sur certaines substances spécifiques. Par exemple, Shawn Ray a perdu son titre à l'Arnold Classic 1990 pour avoir été testé positif à un produit diurétique interdit.
La troisième condition, pour que le culturiste développe sa masse musculaire, est le repos. Sans un repos de qualité et sans une quantité suffisante de sommeil, le corps n'a pas l'occasion de récupérer et de se reconstruire convenablement. Au moins sept à huit heures de sommeil sont nécessaires pour récupérer de chaque séance d'entraînement et maintenir l'organisme en situation d'anabolisme. Certains pratiquants ajoutent une sieste en milieu de journée pour améliorer la capacité de leur corps à utiliser ses ressources à la réparation des tissus. L'activité physique permet de stimuler la production d'hormone de croissance (GH) qui est essentiellement produite lors du sommeil profond[19]. Si le sommeil est insuffisant, la production de GH sera alors moindre, réduisant d'autant la capacité de prise musculaire, ainsi que le métabolisme basal.
L'entraînement intensif à fréquence trop élevée ou associé à un repos insuffisant peut mener au surentraînement qui est par définition totalement improductif et peut mener au mieux à une stagnation et au pire à une régression voire à une blessure. Sa détection et sa prévention[20] sont une des clefs du succès du pratiquant.
Le culturisme est le thème central de quelques œuvres culturelles.
Le documentaire semi-fictif Pumping Iron de George Butler (1977) a largement contribué à populariser cette discipline (et à faire connaître ses deux principales vedettes, Arnold Schwarzenegger et Lou Ferrigno). D'autres documentaires spécialisés ont été réalisés par la suite, comme Pumping Iron 2 (1980), également connu sous les titres Total Rebuild ou The Comeback.
Pumping Iron II, documentaire de George Butler sorti en 1985, est dédié au culturisme féminin.
Avec le développement de la vidéo personnelle (VHS puis DVD), les champions les plus en vue ont commencé à réaliser des vidéos d'entraînement, dont certaines ont gardé un cachet particulier, en particulier Blood and Guts de Dorian Yates.
Parmi les films de fiction on peut citer Bodybuilder (France, 2014), Teddy Bear (Danemark, 2012) ou Love Lies Bleeding de Rose Glass (États-Unis, 2024).
L'épisode « Dead Lift » de la série Les Rues de San Francisco[21] met en scène Josef Schmidt (joué par Arnold Schwarzenegger), un culturiste doué et passionné, mais fragile psychologiquement, qui ne supporte pas la moquerie et s'emporte très facilement[22], au point de commettre involontairement un meurtre quand une jeune femme se met à rire alors qu'il lui montre quelques poses plastiques (scène ayant d'ailleurs généré un mème du fait de son outrance involontairement comique) ; vers la fin a lieu une compétition « Mr. San Francisco » (fictive) à laquelle prend part Josef Schmidt, faisant face à quelques-uns des culturistes les plus en vue à l'époque : Franco Columbu, Robby Robinson, Ed Corney, John Isaacs, Roger Callard ; Schmidt se classe 2e, mais, se sentant malgré tout humilié, il a un nouvel accès de colère dramatique et étonnamment didactique[23].
Florida, roman de l'écrivain français Olivier Bourdeaut paru en 2021, raconte l'histoire d'une ex mini-miss américaine qui se tourne vers le culturisme[24].
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