Son nom apparait dans le colophon d'un graduel destiné au couvent de Sion à Bruges: elle y est signalée comme une religieuses professe de ce couvent de Carmélites, autrice de l'enluminure du manuscrit achevé en 1505. Elle est documentée au sein de ce couvent de 1495, début de son activité de copiste, jusqu'à sa mort en avril 1540. C'est Grietkin Sceppers, designée comme une femme dévote dans le même colophon, qui a entamé la décoration du manuscrit et qui a initié Cornélia à l'art de l'enluminure dès 1503[1].
Les lettrines historiées du graduel du couvent de Sion ont servi à reconstituer le corpus des miniatures attribuées à l'artiste. Cornelia semble avoir rencontré un grand succès en tant qu'enlumineuse: elle répond à de nombreuses commandes de la part d'autres établissements religieux de Bruges mais aussi d'ailleurs en Flandres, ainsi que des commandes de laïcs. Plus d'une vingtaine de manuscrits lui sont attribués dont certains ont été réalisés en collaboration avec des enlumineurs laïcs. Si la copie de manuscrits et l'enluminure est une pratique courante dans les couvents de l'époque et notamment les couvents féminin, une production si abondante et avec une diffusion aussi large reste très rare. Son usage de nombreux modèles en circulation à Bruges à cette époque et sa collaboration avec des enlumineurs laïcs nécessitent probablement une ouverture sur l'extérieur, ce qui revient à contrevenir aux règles de l'ordre des Carmes, pourtant appliquées strictement dans son couvent. À tel point que l'historien de l'art Dominique Vanwijnsberghe a douté du fait qu'elle soit réellement l'auteur des miniatures et Cornelia pourrait n'être que l'autrice des décorations de marges des manuscrits[1].
Au moins 23 manuscrits lui sont attribués, parmi lesquels:
Livre d'heures, vers 1490-1500, British Library, Ms. Stowe 19
Antiphonaire à l'usage de l'abbaye cistercienne d'Oosteeklo (partie été), 1498, 13 lettrines historiées, bibliothèque du Musée des Beaux-Arts de Gand, inv. 1952-AB[2]
Heures Rokeghem, vers 1500, 2 grandes et 16 petites miniatures, Middlebury College Museum of Art, 2012.005[3]
Livre d'heures à l'usage des Prémontrés, vers 1500, en collaboration avec le Maître des Heures de Claremont, Université Memorial de Terre-Neuve, MS 1[4]
Livre d’heures lillois à l’usage de Tournai, vers 1500, bibliothèque municipale de Douai, Ms. 191[5]
Manuscrit d'une compilation de textes religieux (Carmen paschale, Hymnus I, Evangeliorum libri IV, Monotessaron, cum glosa). à destination de Raphaël de Bourgogne, bibliotèque de l'université de Gand, Ms.17[9]
Graduel pour la léproserie de la Madeleine de Bruges, 2 volumes achevés en 1504 et 1506, Centre public d'action sociale de Bruges, ms. O. SJ 211.I et O. SJ 210.I
Livre d'heures à destination de la famille Ayala à Bruges, vers 1510, 31 miniatures et 12 lettrines historiées, Bibliothèque royale de Belgique, Bruxelles, IV 104
Livre d'heures brugeois, vers 1510, Tuliba Collection, Hilversum, Ms.14
Livre d'heures à l'usage de Rome, vers 1510-1520, 15 grandes miniatures, 1 lettrine historiée, ancienne collection Frost, passé en vente chez Sotheby's, Paris, le 29 novembre 2023, lot 3[11]
Anne-Margreet As-Vijvers, Re-Making the Margin. The Master of the David Scenes and Flemish Manuscript Painting around 1500, Turnhout, Brepols, 2013, (ISBN978-2-503-51684-4), p.319-343
Anne-Margreet As-Vijvers, «Manuscript Production in a Carmelite Convent: The Case of Cornelia van Wulfschkercke», dans Books of Hours Reconsidered, éd. Hindman, S. et Marrow, J., Londres/Turnhout, Harvey Miller, 2013, p.279-296.
Alain Arnould, De la production de miniatures de Cornelia van Wulfschkercke au couvent des carmélites de Sion à Bruges, Bruxelles, Vicariat Général des Dominicains, Elementa historiae ordinis praedicatorum, no5, 1998
Dominique Vanwijnsberghe, «L’Antiphonaire d’Oosteeklo et son enlumineur (Cornelia van Wulfschkercke?)», CeROArt [Online], HS, (DOI10.4000/ceroart.4749)