Parmi les pyrénomycètes de l'ancienne classification, à présent recentrés chez les Sordariomycetes, on trouve l'ordre des Clavicipitales, dont les espèces possèdent des asques longs et très étroits, à paroi mince et sommet épaissi. La famille des Clavicipitaceae comprend 23 genres et plus de 200 espèces.
Cordyceps s.s., Fr. 1818 emend. Sung et al. 2007[3]:
Ce sont des espèces pâles ou très colorées, qui produisent des stromas de consistance molle, masse mycélienne formant des endosclérotes[N 1] à l'intérieur des insectes, avec un feutrage partiel à la surface de l'hôte. Elles infectent les larves ou les pupes de Coléoptères et de Lépidoptères, dans la litière de feuilles ou de mousse, parfois aussi en terre nue.
Le stroma est unique ou cespiteux, charnu, fibrilleux, ou rarement marasmioïde; la tige est simple ou ramifiée, filiforme, cylindracée, clavée, avec ou sans couche péridiale; la partie fertile est apicale ou latérale. La couche péridiale est pseudo-parenchymateuse, hyphale ou palissadique, poilue ou glabre.
Le périthèce est superficiel, immergé ou semi-immergé, vertical ou oblique. Les asques sont allongées, cylindriques à sommet hémisphérique ou allongé, contenant quatre ou huit spores. Les ascospores sont hyalines, longuement cylindriques ou fusiformes, septées, donnant des spores secondaires, sauf rares exceptions.
Les spores secondaires sont fusiformes ou en cylindres tronqués.
Cordyceps est abondant en zone tropicale sur les fourmis, insectes et araignées. Il en existe quelques espèces en Europe.
La présence de Cordyceps peut révéler la présence de «fausses-truffes» du genre Elaphomyces (Elaphomyces granulatus en particulier). Ce sont les Elaphocordyceps et les Metacordyceps qui sont endémiques à l'Est de l'Asie.
Le type du genre est Cordyceps militaris (L.) Fr.
Il existe de nombreux stades imparfaits (anamorphes): Isaria, Hirsutella, Hymenostilbe, etc.
L'analyse biomoléculaire[3] a séparé le genre Ophiocordyceps (Petch 1931 emend. Sung et al. 2007). Il s'agit du plus grand groupe de champignons parasites des arthropodes, surtout sur des hôtes enterrés ou des débris ligneux en décomposition. Stroma et subiculum sont sombres, rarement colorés, fibreux, tenaces à flexibles, rarement charnus. Les périthèces sont groupés en coussinets au sommet ou latéralement, superficiels ou complètement immergés, généralement disposés perpendiculairement ou obliquement. Les asques sont hyalins, cylindriques, plutôt épaissis au sommet, rarement fusoïdes à ellipsoïdes. Les ascospores sont cylindriques, multiseptées, désarticulées ou non en parties sporales.
Le nom Cordyceps signifie «tête de nœud» ou «tête en massue», du grec κορδύλη (cordylê), «bosse», «enflure», «nœud», et du latin ceps, «tête». Mais il pourrait également vouloir dire «tête de têtard», de cordylos qui signifie «têtard»[4].
Le nom sinojaponais tōchūkasō (冬虫夏草) signifie littéralement «insecte l'hiver, herbe en été».
Les premiers microscopes ne permettant pas de distinguer la vraie nature des ascomes, Carl Linnæus[5], suivant Sébastien Vaillant, place les Cordyceps dans les Clavaria et C. H. Persoon[6] dans les Sphaeria. Ce dernier genre couvre à l'époque plusieurs genres des actuels Hypochreales et Spheriales.
Vingt-deux ans plus tard, Fries démantèle ce genre Sphaeria en plusieurs sections, dont l'une nommée Cordyceps, pour accueillir les ascomycètes à fructifications charnues, dressées comme le sont les Cordyceps actuels, ainsi que Sphaeria alutacea, à présent assigné à une espèce de Podocrea.
Il faudra attendre les travaux de Charles Tulasne[7] pour que le genre Cordyceps reçoive une définition à peu près semblable à la conception actuelle, bien que le nom de Torrubia qu'il propose pour ce dernier soit invalide. Trois genres sont considérés les plus proches des Cordyceps, tous porteurs d'ascospores filamenteux:
Torrubiella forme un endosclérote dans le corps des insectes et le subiculum à l'extérieur.
Claviceps forme un exosclérote portant le stroma sur les inflorescences des graminées et carex.
Balansia forme un pseudosclérote (formé de cellules de l'hôte et d'hyphes fongiques) sur les tiges et inflorescences de graminées.
Les Cordyceps forment un endosclérote produisant un stroma à l'intérieur des insectes, les fructifications d'Elaphomyces et le sclérote de Claviceps[8].
Cordyceps shanxiensis B. Liu, Rong & H.S. Jin 1985
Cordyceps sheeringii Massee 1890
Cordyceps shimaensis Kobayasi 1981
Cordyceps shimizui Y.J. Yao 1995
Cordyceps singeri Mains 1954
Cordyceps spegazzinii M.S. Torres, J.F. White & J.F. Bisch. 2006
Cordyceps sphaerocapitata Kobayasi 1976
Cordyceps stiphrodes P. Syd. 1922
Cordyceps subcorticicola Henn. 1902
Cordyceps submilitaris Henn. 1896
Cordyceps subochrocea Penz. & Sacc. 1901
Cordyceps sulfurea Kobayasi & Shimizu 1983
Cordyceps suoluoensis Z.Q. Liang & A.Y. Liu 2002
Cordyceps taishanensis B. Liu, P.G. Yuan & J.Z. Cao 1984
Cordyceps takaomontana Yakush. & Kumaz. 1941
Cordyceps tarapotensis Henn. 1904
Cordyceps telfairii Berk.
Cordyceps tenuipes (Peck) Kepler, B. Shrestha & Spatafora 2017
Cordyceps termitophila Kobayasi & Shimizu 1978
Cordyceps thaxteri Mains 1939
Cordyceps translucens Petch 1924
Cordyceps trictenae Olliff 1895
Cordyceps trinidadensis Mains 1959
Cordyceps truncata Moureau 1949
Cordyceps typhuliformis Berk. & Cooke 1884
Cordyceps uleana Henn. 1904
Cordyceps ussuriensis Koval 1961
Cordyceps variegata Moureau 1949
Cordyceps velutipes Massee 1895
Cordyceps venezuelensis Mains 1947
Cordyceps vinosa Moureau 1961
Cordyceps vorobjovii Koval & M.M. Nazarova 1970
Cordyceps wallaysii Westend. 1859
Cordyceps washingtonensis Mains 1947
Cordyceps wittii Henn. 1897
Cordyceps yahagiana Kobayasi & Shimizu 1980
Dans les jeux vidéo et mangas Pokémon, une espèce, Paras et Parasect, est contaminée par un champignon appelé tôchûkasô. Ce champignon vole la nourriture du Pokémon, et le Pokédex de la version Ultra-Soleil précise même de Parasect que «l'insecte est quasiment mort, à ce stade, et le champignon est devenu le véritable cerveau. Si on l'ôte de son dos, il ne peut plus bouger», rappelant clairement le fonctionnement des cordyceps[réf.nécessaire].
Dans le jeu vidéo et sa série dérivéeThe Last of Us, le Cordyceps est à l'origine de l'infection qui a contaminé toute la planète en rendant ses hôtes extrêmement agressifs (en raison de son développement dans l’encéphale, il agit sur le système limbique à la manière d'un cancer), les transformant même physiquement (bien que, dans le jeu, les apparitions du Cordyceps ne soient que fictives puisqu'il ne s'attaque, en réalité, qu'aux insectes et araignées)[10].
Dans la série télévisée Legion, Amahl Farouk, le Némésis de David déguisé en son ami Lenny, utilise le Cordyceps pour imager sa présence parasite en David, ainsi que l'amour.
Dans la série télévisée Fringe (saison 4 épisode 3 titré «Lien toxique»), un champignon Cordyceps génétiquement modifié est rendu responsable de la putréfaction accélérée de cadavres.
Ce champignon participe à l'intrigue du film d'horreur britannico-irlandais Le Sanctuaire, réalisé par Corin Hardy et sorti en 2015.
Dans le manga Horion, le Cordyceps de l'araignée, une fois ingurgité, a une chance sur dix de donner des pouvoirs surnaturels. Dans le cas contraire, la personne meurt.
Dans le roman d'anticipation Les nouveaux humains de Nicolas S. Demazeau publié en octobre 2017, le Cordyceps et notamment sa faculté entomopathogène sont des éléments clés du récit[11].
Dans le roman de Mike CareyCelle qui a tous les dons, c'est une forme de cordyceps qui a muté et qui parasite l'humanité.
Dans le roman de David KoeppChambre froide[12], c'est une forme de cordyceps qui a muté à bord de Skylab et qui est retombé sur terre avec les débris de celui-ci, qui parasite tout ce dont il arrive à se nourrir et le tue si c'est un être vivant.
Dans l'Univers Marvel, au sein notamment des séries X-men, Cordyceps Jones (issu de la Terre-616) est une spore fongique parasite, propriétaire d'un casino intergalactique et chef du crime notoire.
Sung, G.H., N.L. Hywel-Jones., J.M. Sung., J. Luangsa-aard., B. Shrestha. and J.W. Spatafora. 2007. Phylogenetic classification of Cordyceps and the clavicipitaceous fungi. Studies in Mycol. 57: 5–59.