Loading AI tools
commandos français de la France libre De Wikipédia, l'encyclopédie libre
L'expression commandos Kieffer désigne parfois par simplification, les hommes du 1er Bataillon de Fusiliers Marins Commandos (1er BFMC) créé au printemps 1942 en Grande-Bretagne par la France libre (FNFL) et commandés par le capitaine de corvette Philippe Kieffer.
1er bataillon de fusiliers marins commandos | |
Insigne de béret (porté à gauche) du 1er BFMC. | |
Création | 1942 |
---|---|
Dissolution | 1946 |
Pays | France |
Allégeance | France libre |
Branche | Marine |
Effectif | 177 |
Fait partie de | 1st Special Service Brigade - FNFL |
Garnison | Ciccrieth, Eastbourne, Bexhill, Staad |
Ancienne dénomination | Compagnie de Fusiliers Marins Commandos |
Surnom | Commando Kieffer |
Commandant historique | Philippe Kieffer |
modifier |
À sa création, le 1er BFMC est intégré au commando interalliés numéro 10 de la 1re Special Service Brigade de l'armée britannique. Détachés au sein du commando britannique numéro 4 avant le jour J, 177[1] membres du bataillon s'illustrent en participant au débarquement de Normandie (Sword Beach, Ouistreham), seuls représentants de la France à débarquer sur les plages[2], puis dans les combats qui ont suivi en Normandie. Le 1er Bataillon de Fusiliers Marins Commandos est fort de deux Troops (troupe) de combat (No 1 et No 8) et d’une 1/2 Troop d’appui (K-Guns).
Sur les 177 commandos qui débarquent le , 9 sont tués le jour même[3]. Seuls 24 hommes terminent la campagne de Normandie sans avoir été blessés, après 78 jours de déploiement, alors qu'ils ne doivent initialement combattre que 3 ou 4 jours[4].
À l'issue de la campagne de Normandie, ils sont déployés aux Pays-Bas, toujours avec le commando numéro 4 du Lieutenant-colonel Dawson. Ces combats méconnus sont pourtant plus durs que ceux de Normandie.
Au total, 20 hommes, parmi les 177 du 1er BFMC, seront tués au combat avant la fin de 1944[5].
Au cours de son existence, sous ses différentes appellations, le 1er BFMC voit passer 427 volontaires de toutes spécialités, armées et même nationalités (Argentine, Autriche, Canada, Hongrie, Luxembourg, Pologne, essentiellement anciens de la Légion étrangère).
Oubliés pour des raisons politiques (pour le général de Gaulle, le débarquement était un événement allié et pas français, et le commando avait été placé sous contrôle britannique)[6], les commandos survivants ne reçoivent la Légion d'honneur que soixante ans plus tard.
Les 7 Commandos Marine de la marine nationale française regroupés au sein de la Force maritime des fusiliers marins et commandos (FORFUSCO) sont les héritiers directs du 1er BFMC dont ils portent la coiffe (béret vert) et l'insigne directement dérivé de celui du 1er BFMC. En 2008 est créé une nouvelle unité de commandos, le commando Kieffer, qui porte le nom du fondateur et premier commandant du 1er BFMC[7].
Dès 1940, Winston Churchill décide la création d'une force d'assaut de 20 000 hommes. L'état-major britannique fait rapidement le constat qu'il lui manque de petites unités légères et mobiles, capables de mener des actions de renseignement ou de destruction, derrière les lignes ennemies sur les côtes de l'Europe occupée, du rivage atlantique français jusqu'au Nord arctique de la Norvège. C'est la création des unités «commandos». Le nom est repris du nom d'unités légères sud-africaines pendant la seconde guerre des Boers.
Philippe Kieffer, qui a rejoint le 19 juin 1940 les Forces françaises libres en Grande-Bretagne et sert comme officier de liaison du 3e Bataillon de Fusiliers Marins de langue espagnole (ou 3e BFM), est impressionné par les méthodes des commandos britanniques, en particulier le raid mené par les commandos anglais sur les îles Lofoten le .
Début janvier 1942, il prend la tête d'une compagnie d'instruction de 25 marins français, provenant essentiellement de l'Aviso «Arras», désignés[9] pour instruire les volontaires basques du 3e BFM. Face à l'inexpérience de ses hommes et au manque d'équipement, l'enseigne de vaisseau Kieffer sollicite et obtient de former ses cadres au sein d'unités britanniques. Il envisage aussi qu'ils puissent à terme devenir eux-mêmes des combattants et veut les préparer à mener des « coups de main en opérations combinées avec l'armée ou les commandos »[10]. La compagnie d'instruction, durant son stage chez les Royal Marines d'Eastney au mois de mars 1942, se fait remarquer par son zèle, sa soif d'apprendre et son comportement général dont le crédit est attribué à la valeur de son officier commandant[11]. L'idée d'un emploi opérationnel de type commando continue à mûrir chez Kieffer ; le concept d’intégration d'étrangers aux commandos britanniques commence à circuler.
Anticipant cette dynamique, la compagnie d'instruction du 3e BFM est dissoute le 23 mars 1942[12] et est créée avec le même personnel la "Compagnie de Fusiliers Marins français[13]", qui quitte sa base de Camberley pour rallier le camp d’entraînement HMS Royal Arthur de Skegness et se prépare au stage des commandos britanniques du « commando dépôt » à Achnacarry en Écosse. Pour nourrir les effectifs de la compagnie de futurs commandos, un groupe d'instruction spécifique est mis en place à Skegness.
Le 30 mars 1942, Winston Churchill valide la proposition de Lord Louis Mountbatten, chef des Opérations Combinées, de créer un commando de forces alliées[14]. Les Britanniques sont intéressés par l'apport d'hommes susceptibles d'opérer en Europe occupée, connaissant le pays et la langue des habitants. Ce commando serait ainsi formé de « Troops » constitués de Français, Polonais, Belges, Néerlandais, Norvégiens, Yougoslaves. Les discussions se tiennent au plus haut de la hiérarchie et font l'objet d'une correspondance fournie entre Lord Mountbatten et le général de Gaulle, pour ce qui concerne la France.
Dès le 2 avril 1942, l'état-major des FNFL signifie l'acceptation de placer l'enseigne de vaisseau Kieffer et ses hommes sous autorité britannique[15]. Fin avril, à l'issue de leur mois de préparation à Skegness, ces 29[16] français seront la première troop étrangère à être entrainée à Achnacarry, à l'instar des autres membres des commandos britanniques de la Special Service Brigade. Dans le même temps, Lord Mountbatten confirme au général de Gaulle le 30 avril 1942[17] l’acceptation d’intégrer une troop française au Commando interalliés Numéro 10 en cours de constitution. À l’issue de leur formation commando le 22 mai 1942, Philippe Kieffer et ses hommes resteront stationnés en Écosse, pour poursuivre leur entrainement au sein du commando numéro 2 à Ayr, avant d'intégrer officiellement le 16 juillet 1942, en tant que « Troop 1 », le Commando interalliés Numéro 10 dont le commandement a été confié au lieutenant colonel D.S. Lister M.C. La Troop 1 est basée à Criccieth, au pays de Galles, à quelques kilomètres de la Troop 2, hollandaise, formée à la même période.
Fait notable dans la constitution de la Compagnie de Fusiliers Marins Commandos, alias Troop 1 : elle fut rejointe par plusieurs groupes de volontaires de l'Armée de Terre dont le premier, en juin 1942, fut celui du lieutenant Charles Trépel, qui deviendra par la suite le commandant de la Troop 8, deuxième troupe française du 10e Commando.
À l'automne 1943, le 1er Bataillon Fusiliers Marins Commando (1er BFMC) est constitué de trois Troops : la No 1, la No 8 du capitaine Charles Trépel et la Troop d'appui (K-Guns). Environ un tiers de ces commandos sont originaires de Bretagne.
La formation a lieu avec les commandos de l'armée britannique, (les bérets verts), au château d'Achnacarry en Écosse. Ce château et les terres environnantes situés dans les Highlands ont été mis à disposition de la Special Service Brigade par le propriétaire, Sir Donald Walter Cameron of Lochiel, chef du clan Cameron, en février 1942. Le cadre est austère, sauvage et la formation particulièrement rude.
Philippe Kieffer et ses hommes seront les premiers étrangers à être formés dans ce centre d'entraînement dirigé par le lieutenant-colonel C.E. Vaughan. Les nouveaux arrivants doivent parcourir 30 km à pied de la gare au château, puis passer devant des tombes fictives de soldats prétendument morts pendant l'entraînement[18],[19]. Le bataillon français ainsi formé est placé sous le commandement de Lord Lovat qui dirige la 1re brigade de commandos (ou Special Service Brigade).
Cette rigueur de l'entraînement tient à la difficulté et à la dangerosité des missions qui leur seront confiées derrière les lignes ennemies. Le 18 octobre 1942, Hitler avait ordonné d'abattre tous les commandos faits prisonniers.
Le 14 juillet 1942, la Compagnie des Fusiliers Marins Commandos défile dans les rues de Londres.
Dans les jours qui précèdent le Débarquement, les photos des objectifs sont distribuées aux commandos sans précision du lieu. Mais certains des commandos français originaires de Normandie reconnaissent les sites prévus, ce qui suscite l'inquiétude de l'État-major anglais, qui décide alors de les cantonner dans leur camp avec interdiction de sortie jusqu'au débarquement. Les 177 hommes ont été répartis en deux « troops » et une section de mitrailleuses « K-Guns ».
Le lieutenant de vaisseau Philippe Kieffer débarque le 6 juin en Normandie à la tête de 176 hommes du 1er Bataillon de Fusiliers Marins Commandos fort de deux Troops de combat et d’une 1/2 Troop d’appui (K-Guns). Ils débarquent des barges Landing Craft Infantry No 523 (Troop 1) et No 527 (Troop 2) à 7 h 32 sur la plage de Sword Beach (Colleville-Montgomery) à l'est du dispositif allié. Sur ce secteur, ils sont les premiers à débarquer, les barges avec les commandos britanniques les ayant laissés passer en tête comme prévu initialement afin qu'ils touchent le sol de leur patrie les premiers. Leur objectif est La Brêche, à 500 mètres à l'ouest de Ouistreham.
Malgré des pertes significatives au sein de la Troop 1, les commandos français s’emparent d’une pièce de 50 mm encuvée qui avait mis à mal le LCI 523, puis de l'ex-Casino de Riva-Bella, avant de s’enfoncer dans les terres par Colleville et Saint-Aubin-d'Arquenay pour faire jonction à Pegasus Bridge (Bénouville) avec les troupes aéroportées britanniques de la 6e Division aéroportée. Ils y arrivent vers 16 h 30. Ils rejoignent Amfreville et occupent alors les lisières du Plain vers 20 h 00 (ils y resteront 7 semaines). Au soir du 6 juin, le 1er BFMC aura perdu presque 25 % de ses effectifs : outre les blessés mis hors de combat et évacués, dont son commandant, Philippe Kieffer touché deux fois dans la journée, deux officiers et huit hommes sont tués :
Avec le régiment canadien de la Chaudière, composé de Québécois, et quelques hommes des Antilles françaises parmi les Américains, elle fut la seule unité francophone à participer aux opérations.
Les commandos français vont combattre jusqu’au , puis le bataillon est renvoyé en Grande-Bretagne au repos et pour être recomplété. Le 1er BFMC est rapatrié à Bexhill-on-Sea, cantonnement du 4e Commando, à compter du 6 septembre 1944 pour permissions et rééquipement.
En novembre 1944, au cours de la bataille pour libérer l'Escaut (nécessaire pour utiliser le port d'Anvers), le 1er BFMC est débarqué sur l’île de Walcheren aux Pays-Bas et il prend Flessingue dans le cadre d’une opération combinée des commandos britanniques. Philippe Kieffer, promu capitaine de corvette depuis le 4 septembre 1944, devient le commandant en second du Commando N°4, sous les ordres du Colonel R.W.P. Dawson
Ont servi au 1er BFMC :
C’est fin 1943 que Maurice Chauvet, membre du commando (Troop 8), dessina l’insigne du Bataillon. Voici comment il décrit son œuvre :
« Sur un écu de bronze, qui est en France, pourtant au centre le brick de l’Aventure supporté par des vagues, surchargé d’un poignard Commando, dirigé d’un canton senestre du chef au canton dextre de la pointe, et décoré d’une Croix de Lorraine dans le canton dextre du chef. L’écu repose sur un ruban portant l’inscription : « 1er Bllon FM COMMANDO ». Ses deux extrémités repliées montrent deux petites ancres rappelant l’origine marine de l’unité »
La maquette primitive présentait sur le côté droit une étoile, rappel des Corps Francs 39/40. Refusée par un amiral qui y voyait un symbole US et URSS, l’étoile fut remplacée par une deuxième ancre, comme sur les rubans légendés anciens du chapeau breton de marin.
Petits détails pour les collectionneurs et les curieux : réalisé à Londres par la firme J.R. Gaunt, le tirage fut de 400 pièces numérotés ; les numéros de 1 à 195 couvraient les membres des Troops 1, 8, et K-gun et les disparus en raids ; quatre-vingt numéros, entre le 239 et 336 (le dernier attribué), furent octroyés de Hollande formés fin 44 ou début 45. Enfin une soixante de badges perdus en action furent remplacés et 44 attribués à des personnalités britanniques ou françaises libres[22].
L'insigne est officialisé le 14 mars 1944 et sera remis officiellement aux hommes du 1er BFMC quelques semaines avant le débarquement, le 10 mai 1944. Il est broché sur le béret vert des commandos britannique en lieu et place de l'insigne tissu FNFL. C'est de cet insigne qu'est dérivé celui porté actuellement par les Commandos Marine.
Les photos d'archive laissent penser que le bataillon a arboré plusieurs fanions durant son existence. Le premier fanion portait une ancre de marine en son centre (blanc). Le deuxième (et dernier?) portait au centre (blanc) de l'avers, l'insigne des Opérations Combinées avec en dessous "Fusiliers Marins Commandos". Au revers, cet insigne était remplacé par une crois de Lorraine. Sur le bleu du fanion, sont brodés le nom des lieux où se sont déroulés les différents engagements du bataillon:
La garde du fanion du 1er BFMC a été confiée à l'École des fusiliers marins puis transférée au Corps Amphibie de la Marine en novembre 1953 où il a disparu.
Depuis la disparition de l'original, plusieurs copies ont été réalisées pour être placées dans différents musées, sur lesquelles s'est parfois rajoutée l'inscription « Middelkerke ». Cette inscription a fait l'objet de protestation de non-conformité par le colonel Robert Dawson, qui commandait le Commando n°4 (UK) auquel était intégré le 1er BFMC pour les campagnes de Normandie et de Hollande.
Il existe également des fanions ultérieurs à la vie du bataillon commémoratifs du 1er BFMC et des Troops 1 et 8 mais qui n'ont pas ni valeur officielle ni historique.
Le bataillon a été cité 4 fois à l'ordre de l'armée[23] au titre de la croix de guerre 1939-1945. À ce titre, le bataillon et son fanion étaient décorés de la fourragère de la Médaille Militaire[24], remise le 23 novembre 1945 par le général de Monsabert à Strasbourg.
258 citations françaises individuelles ont été décernées aux hommes du 1er BFMC durant son existence.
4 hommes du bataillon ont été faits Compagnons de la Libération : le capitaine de corvette Philippe Kieffer, l'officier des équipages Alexandre Lofi, l'abbé de Naurois, l'officier des équipages Paul Chausse.
Depuis qu'il a été institué comme la coiffe des commandos britanniques le 27 octobre 1942[25], les commandos marine français coiffent le fameux béret vert, l'insigne porté à gauche dont le bord est relevé. Ils sont les seuls dans les armées françaises, avec les fusiliers marins et les unités françaises participant à la brigade franco-allemande, à porter le béret « à l'anglaise ».
Les commandos marine de la marine nationale française sont les héritiers du 1er BFMC et du Commando Jaubert. Sur les sept commandos actuels, deux portent le nom d'un officier du 1er BFMC mort au combat :
Le 8 mai 2008, le président de la République a officialisé la création du nouveau commando Kieffer en l'honneur de Philippe Kieffer.
Seamless Wikipedia browsing. On steroids.
Every time you click a link to Wikipedia, Wiktionary or Wikiquote in your browser's search results, it will show the modern Wikiwand interface.
Wikiwand extension is a five stars, simple, with minimum permission required to keep your browsing private, safe and transparent.