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Le Collège de sociologie est un collectif qui s'est constitué à l'initiative de Georges Bataille de à pour constituer une communauté savante et morale ayant pour objet l'étude et la propagation des sciences sociales. Le collège donnait des conférences publiques ; il a contribué à enrichir la vie intellectuelle française de l'entre-deux guerres et il a laissé des traces dans les travaux de nombreux chercheurs.
Fondation |
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Dans le numéro 3/4 de la revue Acéphale, daté de et titré Dionysos, paraissait en page 26 une « Déclaration relative à la fondation d'un “Collège de sociologie” ». Cette déclaration était signée, selon l'ordre alphabétique, de Georges Ambrosino, Georges Bataille, Roger Caillois, Pierre Klossowski, Pierre Libra, Jules Monnerot. Elle présentait sur trois points et en moins de 40 lignes les objectifs du Collège :
Une note précisait que la déclaration avait été rédigée au mois de et que l'activité du Collège commencera en octobre. La correspondance devait être envoyée à l'adresse de Georges Bataille, rue de Rennes à Paris.
Ainsi commençait ce que Denis Hollier décrit comme la constitution du « dernier groupe littéraire d'avant garde » qui n'allait vivre que deux ans mais qui, comme toutes les entreprises intellectuelles de Bataille, allait laisser des traces importantes dans l'évolution des idées en France. Cette entreprise constitue comme le qualifie justement Michel Surya la partie exotérique (c’est-à-dire publique) des activités de Bataille qui s'oppose à l'ésotérisme d'Acéphale qui se poursuivait par ailleurs.
Il faut d'emblée lever une ambiguïté : la sociologie du Collège paraîtrait bien exotique, voire suspecte, à un étudiant qui viendrait de découvrir cette discipline en lisant les auteurs inscrit au programme. C'est que les membres du collège ne se situaient pas comme des universitaires mais comme des passionnés. Avec plus ou moins d'intensité, ils voulaient tous influencer la société par le travail intellectuel, tenter de modifier le cours de l'Histoire, notamment lutter contre le spectre de la guerre qui se profilait de façon toujours plus précise. Leurs travaux n'en sont pour autant pas disqualifiés comme l'écho qu'ils trouveront ultérieurement le montre mais il faut entendre que leur sociologie était très extensive.
Le Collège tenait des réunions publiques à raison de deux réunions par mois (de l'automne au début de l'été) dans l'arrière boutique d'une librairie, rue Gay-Lussac. Ces réunions donnaient lieu à des exposés, suivant un programme défini annoncé pour l'année à venir. Certains de ces exposés sont publiés dans l'étude de Denis Hollier et se retrouvent également dans les œuvres publiées par leurs auteurs. D'autres interventions, orales, ne peuvent être évoquées que par les souvenirs ou les notes des participants, travail également établi par Denis Hollier.
La lecture des exposés montre que le Collège était travaillé par plusieurs courants contradictoires :
Au delà ou en plus de ces divergences ou préférences théoriques, la communauté était traversée par des liens affectifs complexes :
Contrairement à d'autres entreprises de Bataille, le Collège de sociologie connut un réel succès public, si l'on s'en tient à l'aune du succès intellectuel. Denis Hollier signale que l'assistance était nombreuse et comportait souvent des personnalités marquantes de l'époque comme Julien Benda, Drieu La Rochelle, Walter Benjamin.
Malgré cet incontestable succès le Collège cessera ses activités en . Bataille prononce seul la dernière conférence, sur un ton très personnel pour « introduire dans les perspectives habituelles un maximum de désordre. » en accordant une large place aux notions d'érotisme et de mort[1]. Les tensions qui partageaient les promoteurs du projet étaient devenues trop fortes et la guerre qui conduisit certains membres à l'exil porta le coup de grâce à ce qui reste une belle aventure intellectuelle française.
Cette dimension du sacré est au cœur de la démarche de Bataille. Il s'agit pour lui de définir ce qui maintient une communauté humaine et qui pourrait consister en un noyau qui médiatiserait les relations humaines. Ces thèses seront développées ultérieurement par Bataille dans La Littérature et le Mal. Dans cet ouvrage, il développe une idée centrale : ce qui lie les êtres humains c'est la mort. Mais « la mort individuelle n'est qu'un aspect de l'excès proliférateur de l'être. La reproduction sexuée n'est elle-même qu'un aspect, le plus compliqué, de l'immortalité de la vie gagée dans la reproduction sexuée. De l'immortalité, mais en même temps de la mort individuelle. »[2]
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