Le collège Saint-Michel( officiellement Centre Scolaire Saint-Michel) est un établissement scolaire catholique, situé à Etterbeek (Bruxelles). Le bâtiment actuel fut construit en 1905 pour remplacer l'ancien collège du centre-ville devenu trop exigu. Le pouvoir organisateur du collège est jésuite, même si la plupart des professeurs sont aujourd'hui laïcs ou appartiennent à d'autres croyances.
Le Collège Saint-Michel est, chronologiquement, le troisième collège jésuite de Bruxelles.
Premier collège (1604-1773)
Les jésuites sont installés à Bruxelles depuis 1586. À la demande des archiducs Albert et Isabelle, ils acceptent d’y ouvrir un collège. Inauguré le ce collège occupe un vaste quadrilatère formé par la rue de la paille, rue de Ruysbroeck et la rue d’or. L’église de l’architecte Jacques Francart II, est achevée en 1621. Des gravures d’époque nous montrent un bel ensemble de bâtiments flanqués de son église baroque. La population scolaire restera assez constante de sa fondation à sa suppression: entre 500 et 600 élèves. Comme de coutume le collège est base d’autres activités apostoliques à Bruxelles et dans les environs: prédications dans les églises de la ville, retraites et exercices spirituels, service des prisons et hôpitaux.
La Compagnie de Jésus est supprimée le . Le l’Ordre est aboli en Belgique, le collège est fermé le et les 35 jésuites expulsés. En 1777 il rouvre sous le nom de Collegium theresianum, mais cela ne dure pas. Les temps sont troubles et les bâtiments sont utilisés comme caserne et hôpital militaire (entre autres, en 1815, pour les blessés de Waterloo) durant la domination française. En 1816 c’est la cour de justice qui s’y installe. Entre-temps l’église avait été démolie (1811). Lorsque Bruxelles obtient son premier palais de justice (remplacé à la fin du siècle par le palais actuel), tous les bâtiments sont rasés. Il ne reste plus rien de ce premier collège (à l'actuelle place de la Justice), sauf les livres de sa bibliothèque qui sont passés à la Bibliothèque royale de Belgique.
Deuxième collège (1835)
Les jésuites reviennent à Bruxelles en 1833. En 1835 un collège est rouvert dans une ancienne demeure seigneuriale du XVesiècle, l’hôtel de Hornes, à la rue des Ursulines. Il compte immédiatement 60 élèves et Jean-Baptiste Boone en est le recteur. L’acquisition au fil des années de maisons voisines permet l’agrandissement du collège et son développement: cours complet d’humanité en 1841; section scientifique et préparation à l’école militaire en 1860. Un internat est construit et fonctionnera de 1841 à 1884. L’église dédiée à saint Michel est construite de 1850 à 1852 et consacrée par l’archevêque de Malines, le cardinal Engelbert Sterckx en 1852. La Société des Bollandistes, reconstituée en 1837, s’installe au collège et reprend ses travaux hagiographiques.
En 1900, avec ses 800 élèves, le collège est à l’étroit. La Société des Bollandistes, dont la bibliothèque est en pleine expansion, également. De plus le projet d’une jonction entre les deux gares de Bruxelles (Nord et Midi) entraîne l’expropriation d’une partie des bâtiments. Il est décidé de construire un nouveau Collège Saint-Michel hors de la ville. Ce sera sur le boulevard militaire à Etterbeek en cours d'urbanisation. Le projet est approuvé en 1901 par le Père Luis Martin, supérieur général de la Compagnie de Jésus.
Il était initialement prévu que le transfert serait complet et le vieux collège fermé, mais en 1908 il fut annoncé aux parents des élèves que la décision avait été changée. Le vieux palais de Hornes fut démoli et de nouveaux bâtiments furent érigés de 1908 à 1913. En 1921, le «vieux» collège Saint-Michel (de la rue des Ursulines) prend le nom de Collège Saint-Jean-Berchmans et devient officiellement, en 1938, le Sint Jan Berchmanscollege: il est entièrement néerlandophone à partir de 1953.
Le projet du nouveau collège est mené tambour battant: 6 hectares sont achetés en le long du boulevard militaire, à Etterbeek. Les plans sont dessinés par les architectes Alphonse Gellée et Joseph Prémont. Les terrassements sont faits et la première pierre posée en août de la même année. Trois ans plus tard (), le premier recteur du nouveau collège s’installe dans les bâtiments et le le Collegium novum, comme il était appelé, ouvre ses portes: 497 élèves et 100 pensionnaires investissent les lieux. Le chantier s’achève avec la construction (1908 à 1912) de l’église de style néoroman (dédiée à Saint Jean Berchmans)[1]. En 1908, le boulevard militaire devient Boulevard Saint-Michel.
Les nouveaux bâtiments n'abritent pas que le collège. Toute la partie nord fut conçue pour y recevoir la Société des Bollandistes. La bibliothèque, en particulier, était particulièrement moderne et aménagée suivant les dernières connaissances scientifiques en la matière.
Après l’armistice de 1918 le collège reprend son essor: 1200 élèves (dont 180 pensionnaires) en 1919. En 1921 la Fédération des anciens élèves est fondée. En 1928: l’Association des Ardents de Saint-Michel (les scouts).
Construction de «La Diglette Saint-Michel» (à Saint-Hubert) en 1930. En 1932, 1350 élèves (dont 167 internes). Le théâtre scolaire est très actif. Le magazine de spiritualité pour jeunes Foyer Notre-Dame du père Fernand Lelotte a du succès: 7 500abonnés en 1939.
1940-1945: Seconde Guerre mondiale. Les Allemands occupent le collège. Plusieurs professeurs laïcs (résistants) sont condamnés à mort et transférés en Allemagne. Quelques bombes font des dégâts au collège. La guerre se termine avec la présence des Anglais au collège.
En 1950: 1 366élèves. De nouvelles revues paraissent: la Vie à Saint-Michel, feuille des anciens (AESM), en 1953. La revue pédagogique Famille, Collèges et instituts a 27 000abonnés en 1959, D’autres activités culturelles telles que les Soirées de l’amitié (à partir de 1952), les Ciné-forum pour adultes (1954), la Bibliothèque des anciens (1954), l’Exposition missionnaire (en 1958), élargissent l’audience du collège. La grande salle de fête récemment rénovée est fort fréquentée.
L’internat est supprimé en 1961. Le corps professoral devient mixte en 1968; parmi les élèves la mixité s’introduira progressivement à partir de 1981. Avec la création de l’Association des Amis du collège Saint-Michel en 1964 (AMICOLMI) un tournant est pris. Le quadrilatère formé par le boulevard Saint-Michel avec les rues du Collège St-Michel, Devroye et Liétart devient un site Saint-Michel sur lequel se multiplient diverses activités et centres.
au 26 Boulevard Saint-Michel:
Le Centre scolaire Saint-Michel, qui a formé avec le Sacré-Cœur de Lindthout (en 1981) un ‘Centre d’Enseignement Secondaire’ [CES], reste, et de loin, l’activité principale du site Saint-Michel: 2260 élèves (en 2008) Ce qui veut dire: 570 en école primaire, 1600 en humanités générales, 60 en humanités professionnelles, 30 au cours scientifique supérieur. Peut-être est-il numériquement le plus grand institut d’enseignement secondaire à Bruxelles. 250 membres du personnel, académique et administratif. Le parascolaire y occupe une place importante: sports et scoutisme, équipes de vie chrétienne, choralePueri cantores, cercles (photo, philatélie, judo, politique, etc), camps de vacances, volontariat de toute sorte (Saint-Vincent de Paul).
En septembre 1959, Jean-Marc Turine a 13 ans et intègre le collège Saint-Michel. Il y subi des agressions sexuelles et des viols de la part de plusieurs prêtres jésuites pendant toutes son adolescence. Il pense alors à mourir: «Et c’est ça qu’ils amènent à faire, ces types. Ils amènent à nous tuer. Et s’ils ne nous tuent pas physiquement, ils nous tuent quand même. Nous sommes morts. Quand on sort de leur chambre, nous sommes morts. Morts. […] Je crois que nous sommes tous des survivants». C'est uniquement en 2022 qu'il relate cette partie de sa vie dans son ouvrage Révérends pères. Depuis ce témoignage quatre autres personnes ont porté plainte pour des agressions sexuelles. Bruno Tackels est l'un des plaignants: «Beaucoup de pratiques sombres ont été gardées silencieuses, Turine a pris soixante ans, j’ai gardé le silence pendant quarante ans.». L’ordre des Jésuites invite les anciens élèves victimes de pédophiles au sein de l'établissement à se signaler[2],[3].
En 2001, un instituteur du collège Saint-Michel, Luc Tihon, âgé de 44 ans, est arrêté. Il avoue des agressions sexuelles sur 4 enfants, dont le viol d'un garçon de 10 ans, au début des années 1990. Il est condamné, en 2005, à 5 ans de prison, assortis d'un sursis correspondant à la peine déduit de la détention préventive déjà purgée[4],[5].
Hubert Pierlot, (1883-1963), ancien élève, premier ministre de Belgique (1939-1945)[6]
Du troisième collège Saint-Michel
Georges Lemaître, (1894-1966), ancien élève, physicien et astronome, prêtre catholique et professeur d’université, considéré comme le fondateur de la théorie du Big Bang
Thomas Coomans, L’église Saint-Jean-Berchmans du Collège Saint-Michel (1908-1912), au cœur d’un projet pédagogique et identitaire jésuite, in: Bernard Stenuit (ed.), Les collèges jésuites de Bruxelles: histoire et pédagogie (1604-1835-1905-2005), Bruxelles, Éditions Lessius, , 656p. (ISBN2-87299-133-6), p. 399-430.
Thierry Demey, Histoire des écoles bruxelloises (Bruxelles, ville d’art et d’histoire, 39), Bruxelles: Ministère de la Région de Bruxelles-Capitale, Service des monuments et sites, 2003, 48 p.
Alain Deneef, D’une guerre à l’autre. Source et nature des engagements citoyens des anciens élèves sortis des collèges jésuites bruxellois entre 1906 et 1945, Bruxelles, mémoire de master en histoire, ULB, 2017, 516 p.
Alain Deneef, Xavier Dusausoit, Christophe Evers, Maurice Pilette s.j. et Xavier Rousseaux, Les Jésuites belges 1542-1992. 450 ans de Compagnie de Jésus dans les Provinces belgiques, Bruxelles: AESM éditions, 1992, 377 p.
Alain Deneef et Xavier Rousseaux (dir.), Quatre siècles de présence jésuite à Bruxelles – Vier eeuwen jezuïeten te Brussel, actes du colloque international tenu à Bruxelles en , Bruxelles: Prosopon Editions, 2012, 712 p.
Bernard Stenuit (dir.), Les Collèges jésuites de Bruxelles. Histoire et pédagogie (1604, 1835, 1905, 2005), Bruxelles: éditions Lessius, 2005, 656 p.