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légende urbaine du XIXe siècle De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Le cimetière des éléphants est un endroit où, selon une croyance européenne apparue au XIXe siècle mais infirmée depuis par les zoologues, les éléphants d’Afrique se rendent d’eux-mêmes pour mourir. Fondée sur la découverte fortuite de groupes de squelettes et certaines similitudes entre le comportement des éléphants et celui des hommes, nourrie par l’attrait pour l’ivoire, cette croyance a marqué l’imagination et la culture populaires (fiction, cinéma, jeux, dessin animé, chanson) et fasciné les chasseurs d'ivoire nombreux du milieu du XIXe siècle au milieu du XXe siècle. L’expression cimetière des éléphants est parfois employée de façon métaphorique pour évoquer le déclin ou la mise au rebut de personnes ou d’objets jadis valorisés.
Ce mythe, déjà mentionné par David Livingstone, est probablement né de la découverte de squelettes groupés dans des lieux fréquentés par des éléphants âgés[1]. Enrico Bruhl a émis l’hypothèse que les découvertes paléontologiques de fossiles en grand nombre, comme les 27 Elephas antiquus de Saxe-Anhalt, avaient encouragé cette croyance[2].
Ces derniers pourraient avoir été victimes de chasseurs car leurs défenses avaient disparu.
Pour expliquer ces regroupements, certains chercheurs proposent que les éléphants vieillissants ont un état physique et des besoins alimentaires spécifiques qui les poussent à se rassembler dans des lieux adaptés. Ils recherchent la proximité des points d’eau ou des marécages où la nourriture est plus abondante[3] ou plus tendre à mâcher pour leurs molaires usées (chaque molaire se renouvelant en moyenne une fois tous les 10 ans et au maximum quatre à six fois au cours de leur vie, les éléphants âgés ont les lamelles de ces dents très usées[4])[5]. Christian Zuber propose que l’eau boueuse pourrait soulager leurs souffrances et leurs caries. Rupert Sheldrake, pour sa part, pense que les éléphants souffrant de malnutrition cherchent à s’abreuver abondamment, ce qui peut au contraire aggraver leur état en diluant le glucose sanguin. En tout état de cause, mourant souvent de vieillesse ou de maladie à proximité de réserves d’eau ou d’étendues boueuses, leur cadavre finit par disparaître. Cela expliquerait la relative rareté des restes d’éléphants remarquée par les chasseurs d’ivoire européens, qui a encouragé la croyance en l’existence de cimetières cachés.
Les cimetières d'éléphants pourraient être en relation avec l'existence de chambres à gaz naturelles telles que les « Mazukus » en République démocratique du Congo.
Les cultures vivant au voisinage des éléphants reflètent l’opinion d’une ressemblance particulière entre cet animal et l’homme. En ce qui concerne la mort, Pline est le premier auteur européen à mentionner le fait que les éléphants s’attardent longtemps auprès de la dépouille d’un membre du groupe. Leur intérêt pour les ossements et les défenses de leurs congénères a été confirmée par une recherche de 2005[6]. Cette vision anthropomorphique donne du poids au mythe du cimetière des éléphants, qui peut devenir une allégorie de la mort volontaire et du chemin suivi pour mourir seul et digne, choisi par certaines cultures nord-amérindiennes, par exemple. Les ancêtres, sentant la mort arriver, s'isolaient de leur groupe afin de mourir seul en paix, souhaitant garder toute leur dignité et laisser une image belle et noble, mais aussi voulant épargner à leur famille le fardeau d'un être grabataire. Dans d’autres cultures par contre, la mort est le plus souvent traitée comme un acte partagé par un groupe ; on meurt en famille, mais aussi dans des lieux collectifs (mouroir ou hôpital).
Dans le commentaire politique l'expression cimetière des éléphants est utilisée pour désigner des institutions, fonctions ou des rôles qui abritent les activités de personnages publics en fin de carrière.
Dans l'administration, les hauts fonctionnaires affectés en fin de carrière dans les services d'inspection sont souvent présentés comme étant au "cimetière des éléphants".
Le cimetière des éléphants est un sujet évoqué dans de nombreux ouvrages de fiction, dont le plus notable en français est Le Cimetière des éléphants d’Henri de Monfreid. Une nouvelle de Rudyard Kipling, intitulée Toomaï des éléphants et incluse dans Le Livre de la jungle, est fondée sur l'existence réelle d'un cimetière d'éléphants.
La bande dessinée y fait aussi référence, notamment :
Dans la musique, Le Cimetière des éléphants est le nom d'un album et d'une chanson d’Eddy Mitchell.
Le cinéma y fait référence, notamment :
Le jeu vidéo World of Warcraft l'évoque à travers le « cimetière des kodos » ; de plus, la région appelée Désolation des Dragons est réputée être le lieu où les dragons d'Azeroth se rendent pour y mourir.
Dans le jeu de cartes Magic : L'Assemblée, une carte de l'édition Arabian Nights dessinée par l'artiste Rob Alexander[7] porte le nom « Elephant Graveyard »[8].
Le youtubeur lyonnais Bassem Braïki a popularisé cette expression pour désigner péjorativement les femmes, généralement de plus de 27 ans, mariées, puis divorcés et ayant des enfants, et "qui cherchent à rattraper le temps perdu", en utilisant les réseaux sociaux, ou en adoptant des comportements d'adolescentes. Lors de ces émissions en live sur Youtube, il utilise un bruitage de cri d'éléphant lorsqu'une intervenante décrit ce profil en se présentant.
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