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acteur français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Charles Marie de Chilly est un acteur de théâtre, né le (11 frimaire de l'an XII) à Stenay[1], et, mort le en son domicile dans le 10e arrondissement de Paris[2]. Il réussit surtout dans l'emploi des traîtres et la direction de théâtre.
Directeur Théâtre de l'Odéon (d) | |
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Directeur Théâtre de l'Ambigu-Comique | |
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Naissance | |
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Cimetière du Père-Lachaise, Grave of Hamon (d) |
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Activité |
Il perdit de bonne heure son père, Gabriel François de Chilly, receveur des contributions, et il fut élevé par son oncle maternel, le colonel Michaud. Ses biographes, Manne et Ménétrier[3], ont reproduit son acte de naissance, qui donne le nom de sa mère : Reine, Charlotte, Clémentine, née Mercey de Lenoncourt. Son éducation terminée, il vint à Paris et entra dans une maison de commerce.
Sa vocation pour le théâtre s'éveilla presque par hasard, en assistant au théâtre de la Porte-Saint-Martin à une représentation des Deux Forçats, mélodrame de Boirie, Carmouche et Poujol, où Marie Dorval tenait le premier rôle féminin. Il commença sa carrière dans un modeste théâtre du quartier Popincourt[4] à Paris, puis sur la scène du théâtre Doyen, rue Transnonain, où il joua avec succès le rôle de Daiglemont neveu dans les Étourdis de François Andrieux. Une fois lancé dans cette voie, il se mit à étudier sérieusement cet art, qu'il n'avait jusque-là considéré que comme un agréable passe-temps, et il prit les conseils de Joanny. Il parut pour la première fois sur la scène de l'Odéon le , où il tint des rôles d'amoureux du répertoire classique, comme Valère de Tartuffe. Mais il n'y fut que convenable, sans rien qui le distinguât de la foule des acteurs médiocres qui tenaient cet emploi à Paris. Lassé de végéter dans cette situation, il s'engagea dans une troupe formée par Bocage et Sabatier. Avec elle, il circula pendant deux ans en province, passant entre autres à Moulins en 1827 et à Tours en 1828.
En 1829, il rentra à Paris, où il fut de nouveau engagé à l'Odéon pour des emplois de second amoureux dans la comédie et de seconds rôles dans la tragédie et le drame. Son intelligence, développée par son éducation soignée et la pratique, le fit remarquer, mais sans le placer au premier rang. Il créa néanmoins avec tout le succès que ces rôles pouvaient lui apporter :
Le Parterre-Journal reprochait à Chilly à ses débuts des frétillements de corps et une prononciation impossible. Lui-même avouait que « dès qu'on entendait ma voix, même dans la coulisse, le public sifflait ». Cependant en 1831, la critique estimait qu'il était un « jeune amoureux dont la qualité la plus apparente est la chaleur ».
Depuis le début de 1831, Harel, le directeur de l'Odéon, voulait abandonner ce théâtre, qui le menait à la ruine, pour prendre un autre théâtre, mieux situé, et surtout qu'il pourrait gouverner à sa guise. L'Odéon étant en effet un théâtre subventionné, le directeur ne pouvait en gérer comme il l'entendait les finances, et devait se plier aux décisions du ministère des Beaux-Arts. Le , Harel se pourvut contre les décisions ministérielles devant le Conseil d'État, qui le débouta. Frappé par ce jugement, Harel traita définitivement avec le Théâtre de la Porte-Saint-Martin, et emmena avec lui une partie de la troupe, dont de Chilly, ainsi qu'une partie des auteurs : « Harel abandonne la rive gauche pour les Boulevards. Il est naturel que tout le romantisme émigre avec lui. », commente le numéro de de l'Archer, revue mensuelle de littérature et d'art.
De Chilly joua dans le Monomane, drame en cinq actes de Charles Duveyrier, Pinto ou la Journée d'une conspiration, drame historique en cinq actes et en prose de Népomucène Lemercier, Charles III, comédie-drame en quatre actes et en prose de Théophile Deyeux, et dans Marie Tudor, drame en trois actes et en prose de Victor Hugo, où le rôle du Juif, rendu par lui avec une verve amère et une sombre énergie, commença à attirer sérieusement sur lui l'attention du public. Indépendamment des rôles de jeunes premiers dans le drame, où plus d'une fois, il remplaça Lockroy sans trop de désavantage, il jouait dans le vaudeville et les comédies les amoureux, bien que son physique anguleux ne fût pas précisément en harmonie avec ce type d'emploi. Sa figure maigre, son nez proéminent, la spirituelle et railleuse expression de sa physionomie semblaient le désigner à tout autre rôle que celui de soupirant[3]. « M. Chilly, quoique fort mince, est assez bien fait ; seulement on s'aperçoit trop qu'il a le nez au milieu du visage. »[6] En 1836, il partit avec Delafosse à Amsterdam. Au Théâtre-Français de cette ville, il tint pendant un an des emplois de premier rôle dans le drame et la comédie. De retour à Paris, il entra au théâtre de l'Ambigu-Comique pour remplacer Saint-Firmin qui venait de mourir le .
Chilly débuta dans ce théâtre le en créant le rôle d'Arwed dans Christophe le Suédois, drame en cinq actes de Joseph Bouchardy, et il se fit applaudir aux côtés de Bocage. Bientôt il trouva sa véritable voie : il prit en chef l'emploi des traîtres, auquel son jeu et sa diction mordante donnèrent une physionomie distincte et caractéristique. Ce n'était plus le traître de l'ancien mélodrame, avec sa grosse voix, ses regards sournois, ses éclats de voix faisant rouler les R, et les gestes menaçants ; c'était un jeu plus mesuré, où la raillerie mordante est habilement dissimulée sous les dehors de l'homme du monde, dont la voix saccadée trahit seule parfois la passion de haine et de vengeance qui l'agite. Il rajeunit en quelque sorte par la souplesse de son talent et ses qualités naturelles ce type obligé du drame de boulevard.
Il joua ainsi le Montorgueil des Bohémiens de Paris, drame en cinq actes et huit tableaux d'Adolphe d'Ennery et d'Eugène Grangé, le Mordaunt des Mousquetaires, drame en cinq actes, dont un prologue, et treize tableaux d'Alexandre Dumas et d'Auguste Maquet, et surtout, le , Rodin du Juif errant, drame en cinq actes et dix-sept tableaux d'Eugène Sue, qui le plaça hors pair.
Indépendamment des pièces citées ci-dessus, de Chilly parut encore dans les rôles de :
Dans Shylock ou le Marchand de Venise, comédie en trois actes d'Alfred de Vigny, il fut un merveilleux Shylock[4].
En 1857, il parut au théâtre de la Gaîté et joua avec une profondeur sinistre un rôle d'avare fait à sa taille dans le Père aux Écus.
De Chilly fut nommé directeur de l'Ambigu le après la mort de Charles Desnoyer. Sa gestion habile ramena à ce théâtre le public qui s'en était éloigné. Après lui avoir rendu une prospérité, qui devait peu à peu disparaître de nouveau sous ses successeurs moins heureux ou moins habiles, il devint, en 1867, associé à la direction du théâtre de l'Odéon, où il se signala par son expérience de directeur. Des œuvres littéraires reparurent au répertoire ; des artistes célèbres, comme Ligier, Frédérick Lemaître et Lafont, y vinrent créer des rôles. En 1872, il monta Ruy Blas avec Lafontaine, Geffroy, Mélingue, et Sarah Bernhardt. Ce fut un triomphe, avec 400 000 francs de recettes. Le de cette même année, Victor Hugo donna au Brébant une fête intime aux artistes, pour célébrer le succès de la reprise de Ruy Blas. Chilly, déjà malade — il avait été frappé de paralysie — s'y rendit malgré tout. Il perdit soudain connaissance, frappé d'apoplexie. Son fils et Amédée Artus, son beau-frère, n'eurent que le temps de le reconduire chez lui, 46 rue des Marais, où il expira peu d'instants après. Sarah Bernhardt, au chapitre 21 de ses Mémoires, décrit longuement cette scène du repas où Charles de Chilly perdit connaissance.
Il laissa derrière lui la réputation d'un comédien expert, d'un directeur habile et d'un sociétaire dévoué à l'Association des artistes[3].
Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise (55e division)[10].
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