En contexte karstique, le chantoire ou chantoir, francisation du wallontchantwère ou tchantwêr (chanter), désigne en Belgique et plus rarement dans le Nord et l'Est de la France, une perte hydrologique d'un cours pérenne ou temporaire, dans une dépression marquée (doline ou aven) qui se produit lorsqu'un ruisseau quitte la surface et poursuit son cheminement sous terre.
Le bruit de l'eau du ruisseau en s'engouffrant dans le sol évoque un chant, d'où le mot chantoire. Adugeoir désigne une perte pérenne avec pour synonyme aiguigeois et chantoir (terme couramment utilisé dans l'Entre-Sambre-et-Meuse).
Le mot "chantoir" est masculin mais "chantoire" au féminin est employé dans le wallon de la région liégeoise. Le groupe d'étude de l'Inventaire cartographique et descriptif des sites karstiques et des rivières souterraines de Wallonie signale la variété des termes et des orthographes[1].
Les lexicologues distinguent l'emprunt des termes vernaculaires selon leur degré de nécessité, ainsi dans le vocabulaire karstique, la disparition d'un cours d'eau dans le sol, le français, scientifique ou commun, utilise des mots d'origines variées comme doline d'origine slave; aven du Rouergue, lapié de Suisse romande et karst de Slovénie.
Dolines ou entonnoirs, aiguigeois en Belgique devient fosses en Charente, l'adugeoir venant d'une transformation du mot "aiguigeois" (trou à eau). Adugeoir est la francisation du wallon adûjwè,
parfois francisé en aduisoir (voir aigue: eau)[2],[3],[4].
La grotte de la Chantoire (Trou des Sottais) est connue par les fouilles paléontologiques de la fin du XIXesiècle et par une légende qui en a fait l'habitation de nutons ou sottais. En rive droite de la Vesdre, la grotte se développe en un vaste couloir débouchant sur une petite salle comprenant plusieurs cheminées colmatées. La faune est constituée d'invertébrés troglophiles et de plusieurs espèces de chauves-souris[5].
Chantoire du Fond de Rostène (À ne pas confondre avec le chantoire de Rostène se situant quelques centaines de mètres plus haut)
Dans les chantoires, d'après les légendes, il serait possible de rencontrer des nutons et des sottais (lutins)[14] qui pourraient donc être assimilés à des troglodytes imaginaires (voir habitat troglodytique).
Bibliographie
De Block G., 2000 - De la Chantoire au Sotano: histoire de la spéléologie belge. Éditions Dricot, 268 pages
Dethier P., 1982 - Phénomènes karstiques de la région verviétoise. Mémoire de licence en géologie, Université de Liège, 128 pages
Dethier M., Hubart J.-M., 2003 - Nouvelles récoltes et observations concernant la faune souterraine de Wallonie. Bull. des chercheurs de la Wallonie, XLII, 45-56[15]
Fairon J., Thys G., et al., 1995 - Répertoire du milieu souterrain pénétrable de Wallonie. Inventaire descriptif des sites souterrains naturels et artificiels et leur intérêt biologique. Annexe au Rapport final du Projet global sur la conservation des Chiroptères en Région wallonne. IRScNB, Bruxelles, 389 pages
Leclercq J., 2007 - Le Trou des Sottais à Andrimont (Dison). Bulletin des Chercheurs de la Wallonie, 46: 141-154.
Leruth R., 1939 - La biologie du domaine souterrain et la faune cavernicole de la Belgique. Mémoire du Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique, 87: 506 pages
Levaux Jean, 1889 - La Chantoire et l'histoire des Nutons, par Jean Levaux. 3eédition, enrichie de légendes inédites... Impr. de L. J. Crouquet et fils, 336 pages