Avant la création du CAP, les employeurs, municipalités ou diverses associations organisaient des cours professionnels pour des jeunes de 13 à 18 ans. La direction de l'enseignement technique souhaite encadrer ces cours et crée par le décret du un «Certificat de capacité professionnelle» (CCP)[3] strictement réservé aux jeunes apprentis, transformé par la loi Astier du en «Certificat d’aptitude professionnelle» (CAP) sous l'influence des employeurs qui veulent se réserver le droit de décider de la capacité de leurs futurs ouvriers[4]. Le diplôme, ouvert à peu de personnes au départ, se développe progressivement, qualifiant dans les années 193015 000 jeunes dans plus de 3 500 spécialités différentes[5]. En 1936, le Front populaire décide d'intégrer ce premier diplôme professionnel dans les grilles de classification des conventions collectives, légitimant cette formation ouvrière[4].
Sous le régime de Vichy, l'État régule la formation professionnelle et prend le monopole de la délivrance de ce diplôme devenu national: après une formation de trois ans (à l'école ou en apprentissage), standardisée par la Direction de l'enseignement technique, le taux de réussite à l'examen atteint 60% dans le meilleur des cas, les employeurs et l'État montrant leur exigence face à ce diplôme[6]. L’enseignement professionnel est intégré dans les années soixante à l’ensemble du système scolaire qui prend le pas sur la formation en apprentissage. Dans ces années, 1950-1970, le CAP connaît une période d’essor[7]: les flux d’entrée dans les centres d’apprentissage atteint environ 15% pour les garçons de la génération née en 1942 et 10% pour les filles alors qu’ils n’atteignaient qu’environ 5% pour la génération de garçons nés en 1932 et 3% pour les filles[8]. Le CAP passe de 100 000 admis par an dans les années 1950 à plus de 200 000 dans les années 1970.
Le CAP étant considéré comme un diplôme trop lié à l'artisanat ou liés à des métiers de l'industrie qui décline, de nouveaux diplômes sont créés, comme le brevet d'études professionnelles (BEP) en 1965 puis le baccalauréat professionnel en 1985. Le ministère français de l'Éducation le retire des lycées professionnels et l'intègre alors à l'apprentissage ou la formation continue, le ministre Claude Allègre engageant à la fin des années 1990 une politique de «refondation» du CAP[6].
Devenu un instrument des politiques de massification au second degré, le CAP devient la quatrième filière d’enseignement dans la hiérarchie scolaire, derrière la filière générale, technologique et professionnelle. Cette situation fait l'objet de critique politique, le CAP accueillant beaucoup de jeunes en difficulté scolaire dans des spécialités et dont la formation professionnelle n'est pas bien corrélée avec les demandes des entreprises[4].
Le CAP est un diplôme de niveau 3[9],[10],[11],[12] qui se déroule en 2 années[13]. Le diplôme est doté d’une spécialité et comporte sept unités obligatoires et éventuellement une unité facultative. Une période en milieu professionnel de 12 à 16 semaines est obligatoire[14]. Il existe près de 200 spécialités[15]. Le CAP s’obtient par le passage d’examens ou par la voie par la validation des acquis de l'expérience. La formation se fait dans un lycée professionnel ou dans un centre de formation d'apprentis, dans le cadre de la formation professionnelle continue ou par l’enseignement à distance[16].
La formation associe enseignements généraux (de 14 à 16 heures par semaine) et enseignements techniques et professionnels (de 12 à 17 heures par semaine):
L'enseignement général comprend du français, des mathématiques, des sciences physiques, de l'histoire et de la géographie, une langue vivante, un enseignement de vie sociale et professionnelle, de l'éducation physique et sportive. Cet enseignement est destiné à fournir les bases d'une culture générale axée sur le monde moderne. La langue vivante donne lieu uniquement à une épreuve facultative.
L'apprentissage occupe un peu plus de la moitié des heures d'enseignement. Il se déroule sous forme de cours, de travaux pratiques et de travaux en atelier, en laboratoire ou sur le chantier en fonction de la spécialité. Il s'agit d'acquérir les savoir-faire et la technologie du métier.
Les personnes possédant déjà un diplôme de niveau IV ou V ne sont pas obligées de repasser les épreuves générales sauf celle de vie sociale et professionnelle.
En CFA
La formation au CFA se déroule fréquemment sur 2 ans, mais peut varier de 1 à 3 ans selon le diplôme préparé, avec, en règle générale, une alternance de semaines de cours au CFA et l'apprentissage en entreprise. Un contrat de travail est signé avec une entreprise. Pendant la durée du contrat, l'apprenti est sous la responsabilité d'un maître d'apprentissage qui peut être, soit le chef d'entreprise, soit un salarié qualifié. L'apprenti passe environ trois semaines en entreprise et une semaine au CFA par mois. Les semaines de cours au CFA sont au nombre 20 (soit 10 par an) et comprennent environ 40 h de cours, combinant enseignements généraux et enseignements de compléments de pratique. La durée de la formation en centre est au moins égale à 800 heures[17], en cas de réduction de la durée du contrat d'apprentissage à un an, la durée de formation en centre de formation d'apprentis ne peut être inférieure à 400 heures. L'enseignement professionnel (pratique) en tant que tel est du ressort de l'entreprise. L'apprenti est considéré comme un travailleur, et non pas comme un élève. Il est ainsi rémunéré en fonction de son âge et de son année de CAP.
Davantage d’informations Avant 18 ans, de 18 à 20 ans ...
Les spécialités du diplôme se répartissent en sept secteurs pour lesquels les programmes d'enseignements généraux sont différents. Le tableau ci-dessous présente une liste non exhaustive de quelques spécialités parmi les plus populaires, et donc proposées dans de nombreux établissements. Il existe cependant des spécialités plus rares telles qu'accordeur de piano, lapidaire, taxidermiste…
La liste des certificats d'aptitude professionnelle est définie par les commissions professionnelles consultatives. Depuis la loi no2018-771 du pour la liberté de choisir son avenir professionnel, onze commissions professionnelles consultatives (CPC) sont instituées auprès des ministères certificateurs en vertu des articles L. 6113-1 et suivants du code du travail. Elles remplacent les précédentes CPC, qui étaient propres à chaque ministère certificateur. Les CPC rendent des avis sur la création, la révision ou la suppression de diplômes et titres à finalité professionnelle et de leurs référentiels, dans le ou les champs professionnels relevant de leur compétence. Ces avis tiennent compte de l'évolution des qualifications, de leur usage dans le ou les champs professionnels concernés et de l'objectif de mise en cohérence des certifications professionnelles existantes. Les ministères certificateurs doivent d’obtenir un avis favorable de la CPC pour créer ou rénover un titre ou un diplôme[19],[20].
Davantage d’informations Métiers, Principales spécialités ...
Guy Brucy, Histoire des diplômes de l'enseignement technique et professionnel (1880-1965). L'État, l'École et les Entreprises et la certification des compétences, Belin, , 285p.
Guy Brucy, Fabienne Maillard et Gilles Moreau, Le CAP: un diplôme du peuple (1911-2011), Rennes, Presses Universitaires de Rennes, , 314p. (ISBN978-2-7535-2228-2)
J.-M. Chapoulie, «Une révolution dans l’école sous la Quatrième République? La scolarisation post-obligatoire, le Plan et les finalités de l’école», Revue d’histoire moderne et contemporaine, vol. 54, n° 4, 2007, p. 9.
«Bulletin officiel de l'Éducation nationale n° 47 du 19 décembre 2019», sur education.gouv.fr, (consulté le ) : «les élèves, les apprentis, les salariés en contrat de professionnalisation et les stagiaires de la formation professionnelle continue préparant un diplôme technologique ou professionnel ou un titre à finalité professionnelle enregistré au RNCP de niveau 3 (par exemple, le certificat d'aptitudes professionnelles)»
«Code de l'Éducation - Article D337-6» , sur Légifrance, (consulté le ) : «La formation préparant à l'examen du certificat d'aptitude professionnelle peut être suivie par la voie scolaire sur un cycle d'études de deux ans dans un établissement public local d'enseignement ou dans un établissement d'enseignement technique privé[...]»